"Le centre droit uni pendant les consultations : "Non à des majorités fragiles"."
27/01/2021
Italie. Revue de presse.
A la Une de la presse italienne, les titres mettent en avant les suites de la démission de Giuseppe Conte et le risque que ce dernier ne soit pas reconduit à la tête du nouvel exécutif. Dans l’ensemble, les observateurs demeurent prudents sur l’issue et soulignent la nécessité d’un accord entre G. Conte et Italia Viva : « Une course d’obstacles pour le gouvernement Conte III » - Le Président du Conseil lance un appel de « salut national » (Corriere della Sera), « Le sort de Conte est entre les mains de Renzi » - Consultations jusqu’à vendredi. Les négociations avec Italia Viva ont commencé (La Repubblica), « Le futur gouvernement Conte III en difficulté, il n’a pas les voix suffisantes » (La Stampa), « Le gouvernement Conte III ne décolle pas » - Le Président du Conseil sortant a du mal à trouver des « responsables » pour un troisième mandat et fait des ouvertures à Renzi (Il Messaggero), « Un gouvernement Conte III impossible sans Renzi » (Il Mattino), « Conte fait un nouvel essai » - Les responsables se manifestent mais ne sont pas suffisants (Fatto Quotidiano), « Conte en soldes » - Conte est prêt à tout afin de trouver des « responsables » pour le soutenir (Il Giornale).
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de A. Polito « Ne gâchons pas l’opportunité offerte par cette crise, pour qu’un exécutif meilleur puisse naitre » : « En réalité, il y a peu de solutions possibles. La plus probable serait un gouvernement Conte III avec une majorité renforcée : le retour de Renzi qui serait contrebalancé par un petit groupe de « responsables » qui enlèverait à Italia Viva le pouvoir de chantage ou le « golden Share ». Le cas échéant, Conte deviendrait un Houdini moderne de la politique, parvenant à accumuler en une demi-mandature trois majorités différentes pour trois gouvernements différents. Il est vrai qu’il a été aidé par le centre-droit à tracté par le tandem Salvini-Meloni qui n’a eu de cesse de proposer des élections anticipées. Ils finiront peut-être par convaincre ainsi le Parlement qu’après Conte ce sera le déluge et donc la fin de la mandature sachant que plusieurs d’entre eux ne reviendront plus jamais. Par ailleurs, ce Parlement ne semble pas être à la hauteur d’un « gouvernement de salut national » comme le propose Berlusconi. Du coup, la possibilité d’un Conte III est la plus cotée chez les « bookmakers ». Quoi qu’il en soit, les Italiens ne peuvent qu’espérer obtenir un gouvernement qui soit meilleur : avec une majorité plus solide pour éviter le risque de report, avec des ministres plus indépendants, experts et à la hauteur de la tâche qu’ils auront, et qui sachent incarner une vision politique, poursuivant des objectifs qui ne soient pas ceux de la simple survie ».
COMMENTAIRE, La Repubblica, de S. Folli « Le déclin de Conte et ce qui se joue » : « C’est peu probable, mais on ne peut pas exclure complètement que Conte parvienne à se réincarner à la faveur d’un troisième gouvernement. Dans ce cas, un seul exécutif possible : la même majorité qu’auparavant (5S, Pd, LeU et ceux d’Italia Viva avec lesquels il aurait fait la paix), plus la poignée de « volontaires ». Matteo Renzi a trop d’expérience pour opposer son véto lors des consultations avec le Président de la République, mais il n’est pas dit pour autant qu’il soutienne Conte à sa succession. Ainsi, la coalition solide exigée par le Chef de l’Etat afin que le prochain gouvernement puisse s’appuyer sur des effectifs clairs au Parlement n’existe pas à l’heure actuelle. Toutes les autres voies, d’un gouvernement de « Sauvetage national », à la possible inclusion de tout ou partie de Forza Italia dans la nouvelle coalition de gouvernement, impliquent le départ de Giuseppe Conte du Palais Chigi. Il s’agira surtout de le constituer rapidement et de rassurer les Italiens aussi bien que l’Europe sur la capacité du pays à faire face aux prochains défis qui l’attendent (aides économiques, Plan de relance, réformes…). Conte en appelle d’ailleurs largement à « l’esprit européen » pour la formation d’une nouvelle coalition, mais il semble que cet européisme seulement rhétorique ait fait son temps. Les forces politiques, quelles qu’elles soient, ont maintenant la possibilité de remettre l’Italie au cœur de l’Europe et de faire un usage correct des fonds européen du Next Generation EU. Sergio Mattarella pourrait alors confier à une autorité prestigieuse et politiquement neutre la gestion du Plan de relance. »
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Cremonesi et P. Di Caro « Le centre droit uni pendant les consultations : ‘’non à des majorités fragiles » : « Pour le moment, le centre droit met de côté ses divisions et, après une réunion, annonce par un communiqué que tous les dirigeants se rendront ensemble chez le Président de la République pour dire leur non à une majorité fragile comme celle du gouvernement Conte II. Et pour demander en revanche un exécutif ‘’avec une base parlementaire solide et avec une forte légitimité’’. Il est vrai que Cambiamo! de G. Toti s’oppose à l’idée d’élections anticipées. Par ailleurs, les centristes de Noi per l’Italia de M. Lupi et l’UdC, mais surtout Forza Italia, demandent en revanche un gouvernement d’unité nationale. Par ailleurs, dans le parti berlusconien, certains ont manifesté leur agacement à l’égard de la subordination vis-à-vis de la Ligue et Fratelli d’Italia. Berlusconi a été catégorique : le centre droit ne se fissurera pas. La possibilité qu’il y ait une sorte de « majorité Ursula » est donc pour le moment écartée ».
ARTICLE, Corriere della Sera, T. Labate « Le PD de Zingaretti soutient Conte et décide de faire voter la direction sur cette ligne » : « ‘’Notre soutien à Conte n’est pas remis en cause. A ce stade, nous n’envisageons pas d’autres noms’’. Pour comprendre quelle est la dimension temporaire de ce ‘’à ce stade’’, il suffira de suivre le ton de la discussion qui se tiendra aujourd’hui au sein de la direction du PD. La délégation dirigée par Zingaretti se présentera ce mercredi au Quirinal pour donner un soutien clair en faveur du Président du Conseil sortant. Toutefois, le périmètre de la majorité du gouvernement Conte III est déjà discuté au sein du parti. L’aile de Zingaretti veut mettre l’accélérateur de la recherche des « responsables » au Sénat et faire en sorte de neutraliser Renzi. La base réformiste, qui réunit les anciens renziens, dément vouloir partager les propos de leur proche Marcucci, qui avait dit ‘’oui à Conte mais pas à tout prix’’. Au siège du PD, on attend vendredi pour décider : si d’ici là Mattarella aura donné à Conte le mandat pour former un nouveau gouvernement, alors le plus dur aura été fait pour le gouvernement Conte III. Autrement, s’il fallait attendre davantage, la devise « Conte ou la mort » n’existera plus et le PD exigera à ce moment le poste de Secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil (Andrea Orlando) pour contrôler de près le nouveau chef du gouvernement. Un peu comme avait fait Salvini, conseillé par Giorgetti, lors du gouvernement Conte I. A suivre. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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