"Le gouvernement Conte tombera mais le centre droit n’est pas encore prêt."
16/12/2020
Italie. Revue de presse.
La perspective proche d’une autorisation du vaccin Pfizer par l’Agence Européenne pour le Médicament fait les gros titres des médias italiens : « Vaccins, nous sommes prêts » - L’Agence Européenne pour le Médicament pourrait donner son feu vert dès lundi (Corriere della Sera), « Le vaccin de Noël » - Le feu vert à Pfizer avancé au 21 décembre (La Repubblica), « Vaccin à Noël, feu vert de l’UE » (La Stampa), « Vaccin, l’UE accélère » (Sole 24 Ore).
Le débat autour des nouvelles restrictions prévues pendant les fêtes de fin d’année et sur la réouverture des écoles est aussi largement commenté : « Ecoles ouvertes, le gouvernement freine » - Les experts et l’exécutif prudents sur le retour en classe dès janvier (Il Messaggero), « Noël et école, les experts divisés » - Le tour de vis pour Noël, malgré les divisions au sein du CTS (Il Mattino).
ARTICLE, La Repubblica, de A. Cuzzocrea « Conte fait des concessions sur le Plan de Relance ainsi que sur les services de renseignements » : « C’est une vérification faite à l’aveuglette ou du moins sans abattre toutes les cartes : c’est la tactique du PD, inquiet de l’affaiblissement de la majorité causé par les attaques de Renzi, mais aussi celle de Conte, qui dit qu’il serait ‘’ même disposé à renforcer l’équipe, mais personne ne me l’a demandé’’. Matteo Renzi n’abat pas non plus ses cartes et il ne le fera pas vendredi matin quand il se présentera chez le Président du Conseil avec sa liste de points à discuter : du plan de relance aux infrastructures en passant par le MES sanitaire. Il aura en tout cas obtenu une chose : le comité d’experts pour le plan de Relance n’aura plus les pouvoirs dérogatoires comme annoncé initialement par Conte. Le ministre de la Défense L. Guerini (PD) s’y était lui aussi opposé ouvertement : ‘’je peux comprendre les objectifs mais c’est un instrument dangereux’’. Le discours prononcé par Renzi au Sénat l’a rendu quasiment impossible. Toutefois, selon le PD, l’enjeu d’Italia Viva est ailleurs : miser sur un des deux ministères clés pour le Plan de Relance : le développement Economique ou les Infrastructures, ainsi que sur les nouvelles nominations au printemps, dont la direction de la Caisse des Dépôts et Prêts- actuellement dans les mains de Fabrizio Palermo, ayant les faveurs des 5 Etoiles,mais pas du PD. N. Zingaretti, leader du PD, craint plus que tout un enlisement des réformes institutionnelles et de la loi électorale ».
ARTICLE, Repubblica, S. Folli, « Draghi, les partis et une réalité urgente à affronter » : « La mini-vérification se déroule comme prévu : sans qu'aucune idée réelle ne soit mise sur la table. On a l'impression que Conte et les 5 étoiles cherchent à ne rien toucher dans la substance de crainte que le château de cartes du gouvernement ne s'effondre. Et si Le Pd a envie d'agir plus, il évite par craint e sans doute lui aussi des conséquences d'une secousse trop forte, compte tenu de la précarité générale. Renzi est là, bien sûr, mais le report du rendez-vous avec Conte et l'annonce qu'Italia Viva prépare un document comportant une série de points essentiels, suggère que le sénateur florentin est encore incertain et est soucieux de gagner du temps sans avoir l'air de battre en retraite. En outre, ses relations avec le président du Conseil sont, comme on le sait, très mauvaises et il est peu probable qu'elles s'améliorent. Par ailleurs, dans ce cadre de Noël un peu mélancolique, il est surprenant qu'une certaine force politique n'ait pas immédiatement repris et relancé l'analyse faite par Mario Draghi dans un rapport du G30. Il ne s'adresse pas spécifiquement à l'Italie, mais le drame qu'il décrit colle parfaitement à notre pays. Il décrit le précipice dans lequel les entreprises - surtout les petites et moyennes - peuvent tomber en raison d'une "crise de solvabilité" potentielle liée à l'épuisement de la phase aiguë du Covid. Draghi n'est pas pessimiste - pas encore, du moins - et n'a évidemment pas l'intention d'interférer dans les choix de fond, encore moins dans ceux de l'Italie. Il se limite à offrir aux "décideurs politiques" un rappel à la réalité articulé. Le sentiment d'urgence qui se dégage de l'étude est frappant. Le temps presse et l'insolvabilité des entreprises équivaudrait à une catastrophe sociale, d'autant plus grave en Italie, le pays étant fondé sur son réseau de petites et moyennes entreprises. C'est le véritable risque de la post-pandémie. Les réunions politiques en cours semblent avoir pour objectif de renforcer la structure du gouvernement Conte, mais les problèmes du monde productif - de ceux qui créent la richesse indispensable à la reprise et de ceux qui perdent leur emploi, ne semble pas être au cœur du débat. Si c'est le cas, la tension émotive et le caractère concret qui seraient nécessaires ne sont pas ressenties par l'opinion publique. Et ils se perçoivent très bien dans les mots de Draghi ».
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Giancarlo Giorgetti, vice-président de la Ligue « ‘’ Le gouvernement Conte tombera mais le centre droit n’est pas encore prêt’’ » : « ‘’Le pays est plus apeuré qu’agacé. Au gouvernement il y a une bande d’incapables et les partis d’opposition demeurent des compagnons de voyage occasionnels. Le centre droit peut l’emporter facilement lors des prochaines élections mais il n’est pas prêt à gouverner. C’est comme si le centre droit avait peur d’un autre centre droit différent, alors que c’est justement de cela dont a besoin l’Italie. Meloni a critiqué la nouvelle stratégie de Salvini, celle de la responsabilité. C’est pourtant la bonne voie. Le leader de la Ligue a raison d’éviter de se laisser cuire à petit feu par cette législature. Salvini doit profiter du peu de temps à disposition pour sortir du personnage qu’on lui a bâti et acquérir la fiabilité d’un homme de gouvernement. Pour gouverner l’Italie il faut des alliances et de la crédibilité. Un consensus électoral fort n’est pas suffisant. Le ‘’semestre blanc’’ débutera en juillet : il ne sera alors plus possible de dissoudre les Chambres. Là commencera le ‘’showdown’’».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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