"La Ligue se divise et Conte en retire les bénéfices."
22/10/2020
Italie. Revue de presse.
La hausse très forte des cas de Covid-19 (+15 199 cas en 24 h) et le débat autour d’un couvre-feu généralisé font les gros titres des médias italiens : « Flambée de cas positifs et de victimes » : ‘’Conte : évitez les déplacements inutiles. La Lombardie décide de mettre en place l’enseignement à distance pour les lycées » (Corriere della Sera), « Les grandes villes assiégées » - ‘’ Record de contagions à Milan, Rome, Naples et Gênes. Le Latium décide de mettre en place un couvre-feu’’ (La Repubblica), « Le gouvernement prêt à verrouiller les villes » - ‘’ Bras-de-fer entre les maires et l’Intérieur sur le contrôle des mesures“ (La Stampa), « L’évolution du virus, les villes en alerte » (Sole 24 Ore), « Nouveau pic de contagions, le Latium instaure le couvre-feu » - ‘’L’Italie dépasse à nouveau le seuil des 15 000 cas’’ (Il Messaggero), « Un couvre-feu à minima » ‘’Des fermetures nocturnes inutiles, les experts demandent le confinement de Milan et de Naples’’ (Fatto Quotidiano).
ENTRETIEN, Corriere della Sera, Luca Zaia (Ligue), président de la Région de Vénétie : « ‘’Environ 10 centres Covid sont prêts. Ce sont les indicateurs qui nous dictent ces nouvelles mesures“ » : « Le président vénitien n’a aucune intention de critiquer son collègue Fontana pour l’utilisation du terme ‘’couvre-feu’’ et surtout, il n’exclut pas de nouveaux confinements, aussi parce que ‘’ces décisions relèvent de choix sanitaire et non politiques’’ car ‘’le seul moyen est de partager les bonnes pratiques et tenter d’amortir le choc, car ce choc va arriver“. Zaia ajoute que ‘’son calendrier est déjà revenu en mode confinement, j’ai relancé les réunions quotidiennes de la cellule de crise. Si le chiffre des patients en thérapie intensive devait augmenter, je suis prêt à ouvrir 10 centres Covid’’ ».
SONDAGES, La Stampa, A. Ghisleri « Nouvelle vague, la peur de l’Italie » : « Le sondage Euromedia Research réalisé le 20 octobre indique que 53% des sondés (surtout les électeurs du centre droit) estiment que l’Italie n’est pas prête ni préparée à affronter cette deuxième vague. En revanche, 48,3% estiment que par rapport aux autres pays, le gouvernement Italien dirigé par G. Conte a bien agi (33,6% disent le contraire, 18,1% ne se prononcent pas). Enfin, une majorité d’Italiens (52,7%) pense que l’on va vers un reconfinement ».
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « La Ligue se divise et Conte en retire les bénéfices » : « Petit à petit, l’Italie est en train de se refermer. Dans ce contexte, Conte a décidé de suivre une ligne prudente et rusée : au lieu de passer pour celui qui ferme le pays, comme en février, il laisse que ce soient les Régions qui en décident. Il tient aussi à démontrer qu’il sait être à la hauteur et produit une liste de données à l’appui. Il n’est pas certain que cette stratégie sera efficace à long terme, surtout si son principal but est de garantir le maintien de sa côte de popularité. Du coup, les grandes villes dirigées par la droite, notamment par la Ligue, doivent assumer la responsabilité de proclamer le dénommé « couvre-feu » et les confinements ciblés. Salvini n’a pas su empêcher le président de la région de Lombardie, A. Fontana, de prendre ses nouveaux arrêtés, même si tous étaient au courant de ses doutes. G. M. Centinaio, l’un des hommes les plus proches du chef de la Ligue, a dit ne pas vouloir suivre les règles décidées par son collègue, le président de la Lombardie. Il n’est pas clair si Conte voulait ce résultat, toujours est-il qu’aujourd’hui la Ligue exprime deux visions opposées sur la manière avec laquelle il faut se battre contre la Covid. Il est certain qu’avoir divisé le principal parti d’opposition ne fait que favoriser le Palais Chigi ».
COULISSES, La Repubblica, de C. Lopapa, « Voilà pourquoi Attilio Fontana (Ligue) a désobéi à Matteo Salvini » : « Il y a quelques jours, le président de la région Lombardie, parmi les plus sévèrement touchées d’Italie, a pris la décision d’instaurer un couvre-feu. Or cette décision a été prise à l’insu du chef de la Ligue, peu après que celui-ci ait signifié sa désapprobation au cours d’un entretien privé. Matteo Salvini en fait une question politique : ‘’Conte ne nous implique dans aucune de ses prises de décision, nous n’avons même pas été consultés sur les mesures du dernier décret, donc ça ne peut pas être aux régions, presque toutes de centre-droit, de couvrir ensuite ses arrières’’. Mais face à la gravité de la situation (4126 nouveaux cas ont été enregistrés hier pour la Lombardie) et après concertation avec les principaux maires, le président de région s’est vu contraint de réagir, en dépit de la ligne de Salvini et sans prendre le temps de l’informer. Cette action autonome a jeté un grand froid au sein de la Ligue qui se retrouve face au même problème qu’en mars dernier : la communication vague voire contradictoire de son leader quant à la politique à suivre pour combattre le virus. En privé, Luca Zaia (région Vénétie) rappelle que les manœuvres politiques ne doivent pas interférer pas avec la gestion de la crise sanitaire. Il s’est cependant abstenu de réagir publiquement. »
COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « La nouvelle voie de Conte dans le dialogue avec les régions » : « Le pari de Giuseppe Conte, en ce moment, est d’éviter le confinement. Le fait de tout fermer serait presque admettre qu’il a perdu un temps précieux sans avoir d’abord créé un rempart pour ralentir le nombre des contagions et rendre les chiffres compatibles avec les capacités sanitaires existantes. C’est un objectif que le Président s’est fixé lui-même, non pas sans une belle dose de courage, au vu de la journée d’hier. Ceci dit, le Président du Conseil aurait intérêt à signer un pacte avec les régions, même celles dirigées par le centre droit, qui sont d‘ailleurs les plus touchées par les contagions. Cela priverait Salvini et Meloni d’arguments ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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