"Conte dans l’hémicycle après Bruxelles : l’Italie a gagné."
23/07/2020
Italie. Revue de presse.
Les médias italiens se concentrent principalement sur deux thèmes :
- l’arrestation, à Plaisance, de six carabiniers, accusés de tortures et de trafic de drogue - « La caserne de la honte » - « Les militaires comme dans un film, écoutes téléphoniques : ‘’Nous comme dans ‘’Gomorra’’, personne ne peut nous identifier’’ » (Repubblica), « La caserne comme dans ‘’Gomorra’’ » (Stampa)
- et, suite aux déclarations de G. Conte (hier, devant les Chambres, après le « succès historique » bruxellois, qui ont été suivies d’un Conseil des ministres) sur les équilibres au sein de la majorité: « Le gouvernement demande 25 milliards supplémentaire de déficit, mais au Sénat la majorité est en danger » - « Conte dans l’hémicycle après Bruxelles : l’Italie a gagné » - « Le PD rouvre le front MES » (Corriere), « Et Salvini resta seul. Le Pd-MES gâche la fête à Conte » (Il Fatto Quotidiano), « Dégrèvements pour qui retourne au travail – Le gouvernement pour une nouvelle loi de finances de 25 milliards » (Messaggero), « Petites entreprises, un tiers est en péril » (Il Sole 24 Ore).
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « Les jeux de pouvoir sur les fonds européens » : « En termes politiques, l'argent du Recovery Fund est, bien sûr, surtout une question de pouvoir. Beaucoup de pouvoir, à tel point que l'on redéfinit les relations dans la majorité et dans tout le Parlement. Nous avons assisté hier, au Sénat, à un torrent d'applaudissements au président du Conseil comme l'on n'en a pas vu depuis presque cinquante ans, un hommage au général victorieux par la coalition et aussi quelque chose de plus. Conte est devenu aujourd'hui le leader naturel du pacte de majorité, surtout si la relation entre PD et M5S évolue, dans un avenir très proche, vers une plus grande forme d'intégration, presque dans un seul parti. Il faut attendre le résultat de prochaines élections régionales de septembre ainsi que les choix qui restent à faire, comme l'utilisation du MES. Mais le véritable instrument de pouvoir sera la gestion des fonds et c'est là que se déroulera le jeu entre le président du Conseil et les forces politiques réticentes à lâcher prise sur le grand plan de réformes et de modernisation du pays. Sur la vague de l'enthousiasme, l'hypothèse d'un contrôle direct de Palais Chigi est plausible, le président du Conseil étant assisté par un groupe de travail qui lui est loyal. Une autre solution pourrait être un Comité technique de haut niveau responsable devant le Parlement mais autonome dans ses choix. Ou encore la soi-disant " salle de contrôle " évoquée par Di Maio ou, quatrième solution, un Comité parlementaire formé par toutes les forces de la majorité et de l'opposition. Le scénario est complexe et le choix final montrera dans quelle mesure Conte a réussi à modeler le duopole PD-5S en exploitant également les divergences du centre-droit où Salvini est le grand perdant ».
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco, « Le M5S exalte la nouvelle Europe pour éluder ses ambiguïtés » : « Les oppositions face au recours au MES, soulignées par les représentants du M5S, semblent en contraste avec leurs éloges européistes. Mais soutenir l’inutilité du MES face à l’arrivée des milliards du fonds de relance pourrait cristalliser un élément d’ambiguïté dans la politique des 5S, qui pourrait refaire surface si le gouvernement devait faire un mauvais usage des fonds européens, ou si l’épidémie devait se représenter à l’automne, aggravant la crise économique. Devant la satisfaction pour les résultats obtenus au sein de l’Union, il ne faut pas non plus se faire des illusions et croire que la route sera désormais en descente. Le thème central est en effet l’utilisation des 209 milliards d’euros, une question qui hante la coalition gouvernementale et, surtout le M5S, à l’apparence déconcerté à son intérieur par la centralité et le succès de Giuseppe Conte ».
COULISSES, La Stampa, C. Bertini, « Le président du Conseil aux commandes avec 7 ministres. Mais la task force crée une confrontation » : « Pour dépenser les 209 milliards de l’Union européenne, le président du Conseil a avancé le projet de créer une task force qui devra traduire noir sur blanc les projets d’investissement à envoyer à Bruxelles au plus tard le 15 octobre. Selon les indiscrétions, la future organisation de cette structure de coordination pourrait résulter restreinte aux ministres de l’Economie (Gualtieri, Pd), de la Santé (Speranza, Leu), du Développement économique (Patuanelli, M5S), aux Infrastructures (De Micheli, Pd), du Travail (Catalfo, M5S), de l’Innovation (Pisano, M5S) et de l’Environnement (Costa, M5S). La crainte face à une possible centralisation des pouvoirs dans les mains du président Conte envahit la majorité, notamment le front d’Italia Viva et du PD. Pour Zingaretti, en effet, ‘’ce n’est pas le moment de commettre des erreurs mais il faut des idées claires pour l’utilisation des ressources européennes’’. »
ARTICLE, Corriere della Sera, E. Marro, L. Salvia, « Un plan par étapes avec 137 projets. Voici l’idée pour dépenser les fonds de l’Union européenne » : « Avant les négociations européennes pour l’attribution du fonds de relance, le gouvernement italien s’était activé au cours des Etats généraux pour formuler un plan pour la reprise du pays contenant 137 projets prioritaires à réaliser. Maintenant, forts de 209 milliards d’aides européennes, ces projets pourraient constituer la base d’un plan de dépenses plus général et ambitieux. Parmi les réalisations prioritaires figurent les infrastructures, à partir du projet de train à grande vitesse au Sud, la modernisation de l’administration publique, le renforcement des réseaux en fibre optique. D’autres domaines d’intervention sont la réforme des plans sociaux, en particulier en ce qui concerne les normes de réglementation des licenciements, la santé et le renforcement de la didactique scolaire. Seulement la Commission européenne pourra maintenant donner le feu vert pour l’utilisation des fonds. Mais le gouvernement se montre tranquille, comptant sur le responsable européen à l’Economie, l’italien Paolo Gentiloni ».
ARTICLE, La Repubblica, G. Foschini, « Elections régionales, l’idée de Conte. Dans les Pouilles avec Emiliano, même sans l’accord du M5S » : « Face à la candidature aux élections régionales dans les Pouilles d’Antonella Laricchia, conseillère régionale du M5S, les pressions de Rome pour trouver un accord entre M5S et PD se font plus insistantes. Rentré de Bruxelles, le président du Conseil, Conte, est en train de s’occuper personnellement de la question, affirmant qu’en cas d’accord manqué pour la présentation d’une liste commune M5S/PD, il sera prêt à fournir son aide en faveur de Michele Emiliano, candidat du PD, seule garantie pour former un front commun contre le centre-droit. L’engagement du président du Conseil à propos des élections des Pouilles cache une opposition plus interne au M5S avec le ministre des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, peu enclin à accepter Conte comme chef politique du Mouvement. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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