"Haute tension entre le M5S et le PD."
30/06/2020
Italie. Revue de presse.
Les thématiques économiques, et notamment le débat autour du Mécanisme Européen de Sauvetage (MES), relancé par le Parti démocrate et rejeté par le M5S, font les gros titres des médias italiens : « Epreuve de force sur le MES » - ‘’ Le M5S dit non ; le PD : ‘’vous êtes myopes’’. Conte temporise’’ (Corriere della Sera), « MES, le non de Conte » - ‘’Le Président du Conseil reporte la discussion en septembre’’ (La Repubblica), « MES et travaux publics, le gouvernement divisé » - ‘’Haute tension entre le M5S et le PD’’ (Il Messaggero), « Di Maio : ‘’une réforme des impôts au plus vite’’ » - ‘’ Le MES ? Conte dit que le Recovery Fund sera suffisant’’ (La Stampa), « Travaux publics, une année sans appels d’offre » (Sole 24 Ore), « Fonds européens, le risque d’une farce pour le Sud » - ‘’Dans le projet, la répartition favoriserait le Nord’’ (Il Mattino).
RETROSCENA, Corriere della Sera, M. Galluzzo et M. Guerzoni : « Les démocrates demandent le MES pour éviter davantage d’endettement. Conte temporise : nous ne pouvons pas être les premiers à y faire appel’’ » : « G. Conte a tenté hier de rassurer certains ministres du PD ‘’vous devez me donner le temps qu’il faut, le temps de compléter le cadre européen, de clore l’accord avec l’UE au prochain Conseil européen et ensuite je ferai mon possible pour convaincre le M5S’’. Si d’un côté Conte apparait comme un leader en otage d’une position intransigeante du M5S confirmée par Crimi, de l’autre il ne s’oppose pas au financement pour la Santé publique du Mécanisme européen de stabilité et il n’estime pas qu’il y ait des conditionnalités pouvant mettre en danger l’indépendance de la politique économique italienne. Toutefois, il ne veut pas affronter le vote du Parlement et voir le MES approuvé par une majorité qui pourrait ne pas être la même que celle qui soutient l’exécutif. La lettre de N. Zingaretti, leader du PD, au Corriere della Sera indiquant les ‘’10 bonnes raisons pour demander les aides du MES’’ a suscité des réactions. Cependant, le silence officiel de G. Conte montre que l’idée du Palais Chigi est que le sujet n’est pas encore mûr. Ainsi, Conte demande au PD de patienter, mais les démocrates sont pressés et le ministre de l’Economie Gualtieri est depuis des jours au travail avec ses techniciens sur le dépassement budgétaire. Le problème n’est pas uniquement politique (la votation au Parlement) mais aussi comment financer l’endettement pour le mois de juillet, si avec le MES en économisant sur les intérêts comme le veut le PD ou si financer toute l’opération en dette, comme prêché le M5S. Entretemps, au Palais Chigi on peut y voir une certaine crainte politique ‘’accéder au MES en premier serait une manifestation de faiblesse de l’Italie’’».
COMMENTAIRE, La Stampa, M. Sorgi « Les disputes sur le MES ne menacent pas la majorité PD-M5S » : « Même si une trentaine du M5S sont absolument contre le MES (dont 7 ou 8 au Sénat où la majorité du gouvernement est plus étroite) il n’y a pas de risque que Conte soit battu dans l’hémicycle. Dans toutes les récentes votations au Sénat, l’exécutif a obtenu plus de voix que prévu car le parti transversal de ceux qui craignent une crise (et donc de probables élections anticipées) est bien plus large que ce que l’on pourrait croire. Cela concerne aussi les ex-parlementaires 5 Etoiles, expulsés ou partis, qui veulent garder leur siège jusqu’à la conclusion naturelle de la législature. Le bras-de-fer entre Zingaretti d’une part et de Crimi, Patuanelli et Buffagni de l’autre s’explique par une campagne électorale administrative où les deux partis sont en difficulté, notamment dans les Pouilles et les Marches ».
ENTRETIEN, La Stampa, de Luigi Di Maio, ministre des Affaires Etrangères : « " Une réforme des impôts est prioritaire’’ » : « " L'Europe a répondu avec force à la crise, la BCE nous a donné un grand soutien et j'ai totalement confiance dans l'action de Ursula von der Leyen. Maintenant, c'est le gouvernement italien qui doit montrer être à la hauteur de ce défi et, si le président du Conseil Conte dit que le Recovery Fund est suffisant, je crois en ses paroles. Je partage avec Nicola Zingaretti l'idée de moderniser notre système national de santé, qui doit être public et accessible à tout le monde. Trop de fonds sont encore bloqués mais je ne peux pas m'exprimer sur le MES. Les instruments européens sont essentiels et les temps aussi : le système sanitaire doit être soutenu maintenant et pas dans un an. En dehors du Recovery Fund, nous devons débloquer notre argent et nous avons besoin d'une réforme fiscale qui commence par la révision de l'IRPEF (déclaration des revenus) et non du « Quota 100 », que nous ne toucherons pas. Nous ferons très attention à la manière dont l'argent européen sera dépensé et les droits des travailleurs ne seront pas touchés, parce que si les droits augmentent l'emploi aussi accroît. Il faut commencer à détaxer les entreprises qui doivent, au contraire, être encouragées et il faut simplifier le code des appels d'offre. Les relations avec Giuseppe Conte sont très bonnes et nous travaillons très bien ensemble. Le M5S a toujours été du côté des migrants : si nous accueillons les réfugiés nous devons aussi leur donner la possibilité de s'intégrer et de trouver un emploi sinon il y a un risque d'alimenter le conflit social’’ ».
LETTRE de Matteo Salvini, leader de la Ligue, au directeur du Corriere della Sera « Que Zingaretti n’hypothèque pas l’avenir de nos jeunes, le MES et un piège » : « ‘’Cher directeur […] une fois acceptées les ressources, l’Etat membre sera soumis à une surveillance renforcée de la part de la Commission et de la BCE. Il y aura, ainsi, la possibilité d’autres diktats. L’impôt sur la richesse, un coup de matraque sur les retraites, une hausse de la TVA. Une éventuelle adoption au Parlement du MES ne marquerait pas la défaite de la Ligue mais une défaite pour nos enfants et pour tous les Italiens. Réfléchissez-y bien ».
ARTICLE, La Repubblica, A. Ziniti : « Le modèle d'intégration sur les migrants est de retour. Oui du M5S pour réformer les décrets Sécurité, mais pas dans l’immédiat » : « La réforme des décrets Sécurité, prévue par le programme de gouvernement, doit représenter l'occasion pour une réforme du système d'accueil orientée à garantir l'ordre et l'intégration par un système diffusé sur le territoire. Le M5S est d'accord pour réformer les décrets : rouvrir les petits centres pour les demandeurs d'asile (SPRAR), l'extension des cas de protection spéciale, la réduction de moitié de la durée de détention des migrants en vue de leur rapatriement, de nouvelles formes de protection pour les mineurs étrangers et des cours de formation et d'activités d'utilité sociale. Donc, une ouverture significative aux modifications, qui s'approche des propositions de PD, LEU et IV, mais qui demande de reporter la réécriture des décrets à septembre ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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