"Le décret encore reporté, sur la régularisation des migrants, Conte défie la fronde M5S."
13/05/2020
Italie. Revue de presse.
L'accord, qui devrait être confirmé en Conseil des ministres aujourd'hui, pour le "décret relance" - et notamment la régularisation des travailleurs immigrés et les couvertures économiques, fait les gros titres des médias italiens : « Les discussions freinent le décret » - " L'entente annoncée après le report. Hausse des contagions, polémique Arcuri-régions sur les masques '' (Corriere della Sera), « Aides, l'Italie attend toujours » - '' Le décret encore reporté, sur la régularisation des migrants, Conte défie la fronde M5S'' (La Repubblica), « Conte : il n'y a pas encore d'entente sur la régularisation des immigrés » - '' Le décret sera adopté aujourd'hui au Conseil des ministres'' (La Stampa), « Décret, dernier bras-de-fer sur l'assurance chômage et les immigrés » (Sole 24 Ore), « Décret, le défi Conte-M5S » (Il Messaggero), « Phase chaos » (Il Mattino), « La relance enlisée, maintenant arrêtez le bras-de-fer » (Il Fatto Quotidiano).
ARTICLE, Stampa, P. Baroni : « Marathon nocturne pour le décret 'Relance'. Dans le 'paquet emploi' il manque 6 milliards' » : « Le décret a été encore reporté mais le Palais Chigi annonce qu'une entente politique a été trouvée. L'argent à dépenser est beaucoup, 55 milliards d'euros soit le double d'une normale loi de finances mais les demandes des ministères sont importantes. Différentes mesures ont été 'limitées' pour tenir les comptes en équilibre et des nouvelles lignes de recette ont été évalués, à partir d'un plan extraordinaire de vente d'immeubles publics. Sur la table il y a 10 milliards pour les micro et petites entreprises, 12 milliards pour les collectivités locales, 5 milliards pour la santé et la sûreté, 2 pour les mesures fiscales et 2,5 pour le tourisme et la culture. Sur les ressources, l'obstacle majeur est représenté par le « paquet-emploi » avec une hausse de 13 à 14,5 milliards d'euros de fonds pour le chômage technique et pour financer aussi les demandes du 'Cura Italia'. Le ministère des Finances a confirmé que la version finale du décret est prête et le Palais Chigi assure qu'il arrivera aujourd'hui en Conseil des Ministres. »
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, F. Verderami : « L'offensive (conjointe) contre le Président et l'usure de la majorité gouvernementale » : « La crise est en cours mais le gouvernement tient même si l'usure augmente dans les rapports à la fois à l'intérieur de la majorité et dans ceux de la majorité avec le Président Conte, qui est soumis à une délégitimation politique de la part de son actionnaire politique de référence : le M5S. La gravité de la situation est claire, au point que le chef de délégation du Pd, Franceschini, s'est montré 'très inquiet' en confiant à ses interlocuteurs ‘'qu'il n'y a pas de certitude sur la solidité du gouvernement'’. La seule certitude est que personne n'a intérêt ou l'intention aujourd'hui d'ouvrir la crise. Conte a confondu le "présentéisme" avec le présidentialisme. La méthode adoptée par le gouvernement a compliqué les négociations sur le décret 'Relance'. Le chaos risque de bloquer aussi le 'décret Liquidité' à la Chambre des députés. Et pendant qu'on enregistre la faillite des task force gouvernementale et de commissaires de plus en plus essoufflés, le gouvernement trouve le temps de se diviser aussi sur les nominations. Celles dans les services secrets seront une anticipation du règlement de comptes entre Di Maio, le Pd et le président du Conseil. »
COMMENTAIRE, Stampa, M. Sorgi : « Le dernier règlement de comptes. Le M5S sans paix et sans un leader » : « En Italie, depuis plus de trente ans, et avec une pointe d'hypocrisie, on a toujours fait semblant d'introduire de nouvelles normes pour bloquer les nouvelles régularisations des immigrés clandestins, en procédant en réalité à des régularisations de centaines de milliers de clandestins qui se trouvaient déjà sur le territoire national. Cela a été le cas au cours de la Première et de la Deuxième République. Mais la Troisième est paralysée par le populisme et l'impact des décisions sur le consensus dans les réseaux sociaux et dans les sondages. L'interminable règlement de comptes dans le M5S, qui après la démission de Di Maio n'a plus de leadership capable de le reconduire à l'unité, ne fait qu'empirer la situation. »
COULISSE, Repubblica, A. Cuzzocrea: « Le Mouvement divisé est une menace pour Conte. Le Pd : 'il ne respecte pas les pactes' » : « SA qui peut-il faire confiance, Giuseppe Conte ? Que doit-il penser quand il participe à une médiation pour un accord sur la régularisation des migrants avec le chef politique du M5S et presque tous les ministres du M5S, et que celui-ci est renié le lendemain ? Le parti politique qui l'a mené au gouvernement est dans la confusion, divisé, voire en guerre. Comme sur le MES, argument qui risque de se transformer en une scission pour le M5S. Le résultat est aussi que le PD n'a plus confiance en Di Maio qui, si d'une part se veut rassurant, de l'autre semble jouer le jeu des intolérants du M5S. »
ENTRETIEN, La Repubblica, de Teresa Bellanova, ministre de l'Agriculture : « " Il y a un accord avec le M5S. Il est temps de répondre aux problèmes du pays ’’ » : « " C'est le moment de donner des réponses au pays. S'il n'y avait pas cette urgence, il faudrait probablement chercher des raisons de poursuivre cette alliance de gouvernement. Je continue d'insister, il s'agit d'une question de crédibilité des fonctions institutionnelles parce que des thèmes comme l'urgence sanitaire, la justice sociale et la lutte à l’exploitation des journaliers, dans le but d'éviter d'aider les organisations mafieuses et criminelles, sont maintenant en jeu. Le permis sera lié à la durée du contrat, il n'y a aucune amnistie : nous sommes en train de parler de milliers de personnes exploitées aux limites de l'esclavage ainsi que des personnes qui aident les personnes âgées en Italie " ».
ARTICLE, La Repubblica, R. Saviano : « La non-régularisation des migrants dans les champs est une faveur à la mafia » : « La régularisation des travailleurs immigrés est très importante, d'autant plus en ce moment où les fruits et légumes doivent être arrosés et pourrissent déjà dans les champs. Ne pas avoir arrêté le « caporalato » pendant ces années a été une grave erreur et le grand mensonge qui se répand en ces heures est que la régularisation des travailleurs-migrants clandestins est un moyen de répandre l'esclavage. C'est aussi faux que le mensonge selon lequel le travail offert aux immigrés l'enlève aux Italiens puisque, malheureusement, beaucoup d'Italiens sont, eux aussi, exploités. La polémique de Salvini et du M5S contre la régularisation des immigrés peut devenir un acte de complicité avec l'entrepreneuriat mafieux et, en ce moment de peur et de contagion, l'Etat a une occasion unique pour battre ce phénomène non pas par des permis saisonniers qui conduiraient les travailleurs à retourner au " travail au noir ", mais plutôt par une régularisation permanente ».
ANALYSE, Sole 24 Ore, A. Cerretelli : « L’Italie paierait cher le non au prêt » : « Accepter ou ne pas accepter le MES ? Le dilemme déchire toujours le gouvernement italien. Quoi qu’il en soit, la réponse en Europe donnera aussi la mesure politique et culturelle de celui qui le prononcera car il déterminera la perception de notre pays en termes de sérieux dans les négociations sur le Recovery Fund, de crédibilité de sa classe politique et de fiabilité d’un système-pays surendetté, pauvre en ressources et exposé aux marchés s’il n’y avait pas le bouclier de la BCE. Un pays pourtant disposé à refuser une aide communautaire à hauteur de 36 milliards à des taux proches de zéro ».
ENTRETIEN, La Stampa, de Paolo Gentiloni, Commissaire européen pour l’économie : « Un Recovery Fund à hauteur de mille milliards pour freiner la spirale de la dette » : « L’ampleur de cette récession est claire mais son caractère inégal et surtout celui de la reprise à venir sont tout aussi évidents. Cette disparité constitue une menace existentielle pour les fondements de l’Union, car elle met en péril le marché unique et la convergence dans la zone euro.
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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