"Salvini repart à l’attaque contre le MES."
12/05/2020
Italie. Revue de presse.
Les vétos croisés au sein de la majorité pour la mise en place du décret législatif réglant la "phase 2" font les gros titres des médias italiens : « Vétos et négociations pour le décret » - " Le M5S s'oppose à la régularisation des travailleurs immigrés '' (Corriere della Sera), « Di Maio, l'heure de la fronde » - '' Frictions au sein du M5S sur la régularisation des immigrés : Di Maio contredit Crimi'' (La Repubblica), « Le Nord en danger à cause les tensions sociales » - '' Le gouvernement en retard sur le décret. 7 Italiens sur 10 craignent des tensions dues à la crise économique'' (La Stampa), « Phase 2 : la parole aux régions » (Sole 24 Ore), « Régions, des réouvertures sur mesure » (Il Messaggero), « Réouverture : le Sud commence avant » (Il Mattino), « Lundi les bars et les restaurants rouvrent » (Il Fatto Quotidiano).
Les JT ouvrent sur l’imminente adoption du décret « Relance », les frictions au sein du M5S sur la régularisation des travailleurs migrants et sur la polémique autour des ‘’mystères’’ sur la libération de la coopératrice humanitaire S. Romano, séquestrée au Kenya.
ARTICLE Il Messaggero, « Régions, réouvertures à la carte » : « L’entente a été trouvée sur les coiffeurs, les restaurants et les bars à partir du 18 mai mais avec des parcours différenciés pour chaque territoire. Le gouvernement pourra tout bloquer si la courbe de contagion devait monter. Les présidents des Régions expriment leur satisfaction. Zaia (Vénétie) assure ‘’nous sommes prêts à une reprise totale’’. Le comité technique et scientifique est en train de clore les lignes directrices concernant le secteur de la restauration, pour les services et pour les établissements balnéaires afin de pouvoir rouvrir en toute sécurité. Lors de la visioconférence avec les régions, le gouvernement a souligné qu’elles seraient prêtes d’ici jeudi ou vendredi, juste après la diffusion des premières données sur les contrôles de ces 10 jours d’assouplissement de confinement. Si la courbe de la contagion devait remonter, les zones rouges seraient réactivées immédiatement selon les règles du confinement. Pour les magasins, s’il n’y a qu’une porte, les clients ne devront jamais se croiser. Les cafés et les restaurants devront assurer 4 mètres de distance entre chaque table. Pour les coiffeurs, la réservation sera obligatoire. Pour les musées, les entrées se feront par créneaux horaires, avec des ouvertures en nocturne ».
ENTRETIEN, Corriere della Sera, d’Enrico Rossi, président de la Région Toscane : « '' Il est juste de rouvrir progressivement si nous ne voulons pas revenir en arrière '' » : « Une réouverture totale et soudaine aurait été une erreur. Les réouvertures doivent être graduelles et seulement après d'attentives évaluations. Je ne suis pas d'accord pour rouvrir les bars, les restaurants et les plages simultanément. Je respecte les maires qui ont fait des choix différents mais si nous ne suivons pas un cadre de normes nationales nous ne nous en sortirons pas. En Toscane nous avons misé sur la différenciation des horaires de travail, sur les centres aérés pour les enfants et sur la mobilité verte. Il faut des aides pour le tourisme, de la liquidité pour les entreprises. Nous voulons donner la garantie à tous les touristes que la Toscane est sûre. Le gouvernement doit suivre le modèle Gênes. »
ARTICLE/SONDAGE, La Stampa, A. Ghisleri : « Le Nord risque des tensions sociales » : « Le coronavirus alimente les peurs des Italiens et la crise économique risque de créer de graves tensions sociales au Nord. L'accord sur la régularisation des migrants a sauté, le décret relance devrait être adopté aujourd'hui et l'intolérance à l'égard des retards politiques augmente au Nord. Selon le dernier rapport d'Euromedia Research, 7 personnes sur 10 craignent que la crise économique ne déclenche des révoltes sociales et seulement 5 % déclarent avoir confiance envers les politiciens. Le confinement a été respecté et seulement 1,3 % affirment être sortis de toute façon. La préoccupation pour la relance est forte : 56,8 craignent la détérioration de la situation économique tandis que 40 % restent focalisés sur la contagion ; 64,6 % des Italiens déclarent être conscients de la possibilité du risque d'importantes tensions sociales, surtout dans les zones les plus productives du pays ».
ARTICLE/SONDAGE, Sole 24 Ore, D’Alimonte « Conte, le défi d’amalgamer le M5S et le PD pour un leader sans parti » : « Conte est, comme il l’avoue lui-même, un leader sans parti. Il n’y a pas de cas similaire en Europe, voire dans le monde entier. Et surtout il n’est pas un ‘’technicien’’. C’est un homme politique à part. C’est ce qui rend son image anomale et à la fois intrigante. Par certains aspects, Conte nous rappelle Romano Prodi. Lui non plus n’avait pas de parti derrière lui : au lieu de former un parti il avait créé un projet : l’Olivier. Conte n’a pas de projet. Il joue le rôle de médiateur entre le PD et le M5S. Il le fait très bien à ce point qu’il est devenu indispensable aux uns et aux autres. Difficile d’imaginer un autre gouvernement avec cette même majorité sans lui. 35% des Italiens le considèrent un homme du M5S, alors que 39% l’identifient plutôt comme proche du PD. Et aux seins des électeurs de deux partis, 50% des 5 Étoiles le considèrent un des leurs ; 24% des électeurs du PD le considèrent un des leurs. Si ce gouvernement dure, la comparaison avec Prodi sera plus nécessaire car il pourrait devenir le leader d’un pôle de centre gauche dans un système qui n’est plus tripolaire. L’Exécutif actuel, fondé sur une alliance considérée par beaucoup comme non naturelle, est le seul qui permette d’avoir au gouvernement le seul grand parti pro-européen en un moment où la relation avec l’Europe est décisive. L’objectif d’amalgamer le M5S et le PD n’est pas uniquement un objectif pour la création d’un pôle alternatif à celui de droite mais aussi à celui de renforcer définitivement notre appartenance à l’Union ».
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco : « Les retards qu'il faut combler » : «Le président Conte avait dit que tout le possible aurait été fait pour approuver le décret 'Relance' avant la fin de la semaine dernière. Il n'est pas certain que les mesures arrivent aujourd'hui en Conseil des ministres, elles pourraient être encore reportées. L'ampleur du décret, environ 500 pages, ne rassure pas non plus. Le risque concret est que le flou des normes en empêche l'application dans l'urgence, et que la promesse solennelle du Palais Chigi de donner des réponses rapides soit ainsi trahie. Déjà avoir reporté le décret d'avril à mai a donné l'impression d'une indécision palpable. Les problèmes des dernières heures ajoutent de la perplexité sur la capacité de gérer la sortie de l'urgence. Il y a toutefois une Italie qui attend avec confiance et impatience des indications et des instruments, financiers aussi, pour essayer de redémarrer. Pour l'instant elle en a reçu beaucoup oralement, mais très peu dans les faits. À leur place sont arrivés les interférences des partis de la coalition, prêts à planter leurs propres drapeaux dans le décret, comme des picadors qui affaiblissent le taureau pendant la corrida avant le coup final du torero. Les polémiques et les pertes de temps multiplient et rendent plus graves les blessures sociales du coronavirus. Elles accentuent le conflit entre le gouvernement et les Régions sur les réouvertures. Une crise de gouvernement serait en ce moment risquée et inutile. La phase qui s'ouvre nécessite d'une approche nouvelle et d'alliances définies. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « On ne tombe pas et on n'avance pas » : « La condition du gouvernement Conte et de sa majorité triangulaire PD-M5S-LEU, ainsi que le petit segment à peine toléré d'Italia Viva, est désormais presque sans issue, parce qu'il ne peut pas se tenir debout et donc il n'est pas en mesure de se donner un horizon convaincant mais, en même temps, il ne tombe pas dans une crise qui serait utile uniquement si elle pouvait servir à reconstruire un tissu politique usé. Il s'agit d'une précarité quotidienne qui semble avoir trouvé son étrange stabilité dans l'incertitude. Un compromis sur le " décret Relance " et sur la régularisation des migrants est sûrement à prévoir puisque défaire la coalition équivaudrait, en ce moment, à un suicide politique et cela signifierait offrir à la Ligue " un extraordinaire tonique ". Mais il s'agit d'une agonie quotidienne, sans une vision de notre avenir et la seule chose que le président du Conseil Conte arrive à faire, étant un juriste sans une histoire politique, est de résister aussi longtemps que possible. Conte doit donc servir de médiateur pour les différends de sa majorité et entre le PD, qui représente la gauche, et le M5S, qui a glissé vers la droite, peut-être dans l'espoir de déranger Salvini. La situation n'est pas du tout claire, le véritable désaccord devrait se situer entre ceux conscients du désastre économique imminent et ceux qui s'attardent dans les vieux systèmes bureaucratiques, entre ceux qui sont disposés à faire tomber le gouvernement, si nécessaire, afin de secouer le système productif et couper la charge fiscale, et ceux qui croient toujours aux prestations sociales de l'Etat et au revenu de citoyenneté. La majorité est en train de discuter, depuis des semaines, sur le MES, même si le gouvernement presque certainement l'utilisera pour des raisons politiques et toutefois ce n'est pas sur cette question qu'il faut définir le profil de l'exécutif et on reste sur un chemin brumeux où on ne tombe pas et on n'avance pas ».
ARTICLE, La Stampa, M. Bresolin, « Salvini repart à l’attaque contre le MES. L’UE prévient : en italien un débat à piège » - ‘’ Avec le feu vert du gouvernement, le financement se ferait avec des tranches de 5,5 milliards par mois’’ : « Le Directeur Général Klaus Regling a fait la liste des détails sur le MES qui parviendront sur la table des 19 ministres des finances de l’eurozone. Pourtant, en Italie les polémiques ne cessent pas. Selon Matteo Salvini ‘’accepter le MES est un danger’’. Valdis Dombrovskis lui répond en définissant cette narration ‘’piégeuse’’. Pour accéder au MES, la dernière date utile est le 31 décembre 2022. La somme versée s’élève à 2% du PIB, ce qui voudrait dire pour l’Italie un prêt total d’environ 36-37 milliards avec un taux d’intérêt aux alentours de 0,1% et un remboursement en 10 ans. La seule condition : Il faut les utiliser pour les dépenses sanitaires directes et indirectes. Une partie de l’opposition (à exception de Forza Italia) continue de souffler sur les braises. Entretemps, à Bruxelles continue la négociation sur le Recovery Fund. Ursula von der Leyen est en train de mener un intense travail de négociation avec les leaders nationaux mais les positions demeurent plutôt distantes et le compromis reste lointain ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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