"Le temps presse pour Salvini et Meloni."
28/04/2020
Italie. Revue de presse.
Le débat autour de la ''phase 2'' évoquée dimanche par le Président du Conseil fait les gros titres des médias italiens. La perplexités des commerçants, des présidents des régions et de la conférence des évêques italiens est reprise : « Phase 2, protestations et corrections » - " Les régions font pression pour la réouverture, Conte promet des modifications '' (Corriere della Sera), « Messe, marche arrière de Conte » - '' Les offices religieux reprendront en mai, mais masques obligatoires '' (La Repubblica), « Conte '''On m'attaque mais je referais tout'' » - ''Conte : je ne peux pas suivre l'opinion publique, il faut de la prudence'' (La Stampa), « La Banque d'Italie : Les entreprises ont besoin de fonds » (Sole 24 Ore), « Régions : le gouvernement prêt à s'opposer à des mesures risquées » (Il Messaggero), « De Luca : trop de gens dans la rue » (Il Mattino), « L'ISS prévient : si on rouvre tout, on risque l'implosion '' (Il Fatto Quotidiano), « Le discours de Conte met en colère les commerçants » (Il Giornale).
Les JT ouvrent sur le Coronavirus et notamment sur le débat autour des nouvelles règles de la ''phase 2'', sur le déplacement du Président du Conseil dans le Nord du pays et sur la pose du dernier pilier du pont de Gênes après la catastrophe de 2018.
Sur Twitter, le hashtag #Torniamoliberi (#redevenonslibres, en référence à l'initiative du journaliste et ancien parlementaire Daniele Capezzone qui lance un appel contre les mesures restrictives de la phase 2 ) domine.
ENTRETIEN, La Stampa, de Giuseppe Conte, Président du Conseil « Je n’ai pas de regrets, nous risquons une contagion exponentielle » : « Si je devais revenir en arrière, je ferais tout de la même façon. Je n’ai pas de regrets. J’ai une grande responsabilité envers le pays. Je ne peux pas me permettre de suivre les sentiments de l’opinion publique, dont je comprends les émotions. La courbe de contagion doit être contrôlée de toutes les manières. C’est pourquoi je suis tout à fait convaincu qu’il vaut mieux procéder sur la base d’un plan bien organisé pour minimiser au maximum le risque d’une rechute qui serait fatale. La boussole qui guide l’action et les choix du gouvernement sont les évaluations qui doivent continuer à avoir une base scientifique. C’est mon devoir de m’en tenir à celle-ci. Si un seul patient, le fameux patient un, a réussi à faire exploser un foyer et à déclencher une contagion telle qu’elle nous oblige à fermer toute l’Italie, pouvez-vous imaginer ce qui pourrait arriver avec 100.000 cas positifs ? L’indice de contagion « R0 » est en dessous de 1. S’il revenait à 2, cela signifierait en peu de temps 200.000 contaminés, puis 400.000, puis 800.000, puis 1,6 million et ainsi de suite. La courbe deviendrait exponentielle. Avec le taux de mortalité qu’il y a, ce serait impardonnable. On se précipiterait dans une situation bien pire et peut-être irréversible. En ce qui concerne les usines et les entreprises, nous avons ouvert à l’industrie et cela signifie 4 millions et demi de travailleurs qui vont se déplacer dans le pays. Aux citoyens nous avons voulu relâcher un peu la bride, pour répondre aux attentes, mais en évitant un sentiment de liberté totale et de transformer la liberté retrouvée en un diffuseur de la contagion entre les familles et les amis. C’est aussi pour cette raison que nous avons maintenu l’auto-certification, avec des motivations spécifiques. Nous continuerons par étapes, prêts à des corrections si nous voyons la courbe se relever. Nous utiliserons de nouvelles zones rouges si nécessaire. Avec la CEI, la Conférence des évêques d’Italie, nous travaillerons pour convenir d’un protocole spécifique de sécurité, afin de garantir à tous les citoyens qui participeront à des célébrations liturgiques des conditions de protection maximale. Ceci aussi pour protéger les prêtres contre le risque que se répande la contagion parmi les fidèles’’ »
ENTRETIEN, La Repubblica, de Matteo Renzi, ancien président du Conseil et fondateur d’Italia Viva « De cette manière le gouvernement piétine la Constitution » : « ‘’Le dernier décret du Conseil des ministres est un scandale constitutionnel. Nous ne pouvons pas piétiner les droits de la Constitution. Transformons donc ce texte en décret-loi et mettons-le au vote du Parlement. Je veux avoir la possibilité de pouvoir le modifier, avec aussi l’apport du PD. Le retour à la normale est trop lent, ils ne se rendent pas compte qu’en automne il y aura une hémorragie d’emplois. Suivre les experts est une erreur politique, car l’homme politique est en train de déléguer au comité scientifique un choix qui relève du politique : prendre en considération des risques. Et puis, si l’Ombrie et le Haut-Adige n’ont pas de contaminations, ils ne peuvent pas avoir les mêmes restrictions que dans la province de Piacenza. La sortie d’Italia Viva du gouvernement ? La priorité est de faire ressortir les gens. A ce stade, le gouvernement en charge est celui-ci. Nous verrons ensuite’’ »
EDITORIAL, Repubblica, S. Folli, « Le temps presse pour Salvini et Meloni » : « Après le test télévisé de dimanche, l'opinion que G. Conte est en train de devenir le bouc émissaire d'un potentiel désastre se diffuse. Deux questions se posent. 1. La crise s'ouvrira-t-elle de manière traditionnelle, quand l'ensemble des protagonistes est dépassé par des circonstances exceptionnelles, et gérée en tant que telle ? 2. Si la crise restait entre les mains du pouvoir actuel, quelqu'un est-t-il prêt à gérer une situation si dramatique ? Au sein de la majorité le PD, poussé par Renzi, commence à se rendre compte que le status quo n'est pas viable. Les 5 étoiles (M5S) ont du mal déjà à se reconnaître totalement dans le pacte avec le PD et les derniers sondages, où il remonte un peu, ne le pousse pas vers l'élargissement des alliances. A droite, il est clair que le vieil équilibre est en train de changer. L'union Salvini-Meloni- Berlusconi ne semblait pas destinée à durer. Et la réalité est allée plus vite que les prévisions. Berlusconi n'avait pas de motif d'oublier son appartenance au PPE de Merkel et il a remis ce qui reste de Forza Italia dans une zone semi-gouvernementale, en s'appuyant sur le fameux ''oui'' au fatidique MES. Ce n'est pas un soutien à Conte : s'il s'effondre, Forza Italia est prêt pour la suite. Salvini vit, lui, une phase très incertaine et le thème va au-delà des ambitions de Zaia et de Giorgetti. C'est le projet d'une Ligue nationale sur le modèle "lepéniste" français qui ne marche pas. Ou bien qui n'a eu de succès que sur un thème : la peur des immigrés. Aujourd’hui, Salvini semble à court d'arguments. Fratelli d'Italia monte et ce n'est pas étonnant : Giorgia Meloni tient une position dure, eurosceptique, mais elle n'exclut pas la confrontation. Elle semble avoir des cartes à jouer meilleures que Salvini à ce stade ».
SONDAGE Sole 24 Ore R. D’Alimonte « Seuls 42% des Italiens croient dans l’UE » : « Depuis des années, la relation entre les Italiens et l’Europe est difficile. La pandémie risque de rendre cela encore plus problématique. Ce n’est pas un hasard si 70% des parlementaires appartiennent à des partis eurosceptiques ou ouvertement anti-européens. Parmi les principaux partis, seul le Parti Démocrate représente une majorité des électeurs pro-européens. Forza Italia tente de répondre mais se trouve dans une coalition qui est sur des positions opposées. Le sondage Winpool pour le Sole montre que le terrain est fertile : les thématiques comme l’austérité ou la sensation d’une absence de solidarité sont encore sensibles. 42% des Italiens ne croient pas dans l’Europe. Quant à la possibilité d’une utilisation du MES pour contrer les contrecoups économiques du virus, 62% des Italiens est défavorable ; 38% estiment qu’il faut l’utiliser. Pour ce qui est la côte de popularité des hommes politiques, le président de la région de Vénétie, Zaia, devance tous avec 46% des intentions, suivi de Conte (35%), Mattarella (32%) Meloni (28%), Salvini (19%), Fontana (17%), Berlusconi (11%), Zingaretti (9%) et Di Maio (7%) ».
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Rebotti : « '' MES, le désaccord des 5 étoiles s’étend’’. La sirène de Meloni sur les députés critiques » : « Le 24 avril non seulement 7 députés ont voté le document contre le MES présenté par Fratelli d'Italia, mais 11 autres n'ont pas participé au vote au lieu de voter contre et une autre s'est abstenue. Des contacts entre le groupe parlementaire de Giorgia Meloni et des députés du M5S seraient en cours, mais rien n'a été conclu pour l'instant. Dans les territoires quelque chose se passe aussi : l'ancienne chef de groupe M5S à la commune de Florence est passée dans les rangs de Meloni et les Meet-up, les groupes territoriaux qui ont donné origine au M5S, voient diminuer les activistes depuis que Di Maio n'est pas le chef du mouvement ; les Meet-Up sont passés de 544 à la fin janvier à 497 aujourd'hui. »
ARTICLE/ENQUETE, La Repubblica, G. Di Feo : « Le plan russe pour rester en Italie » : « L'Italie est en train de rouvrir et beaucoup, au sein du gouvernement, commencent à espérer que la brigade chimique russe, envoyée par Moscou suiteà la demande d'aide de Giuseppe Conte à Poutine, terminera bientôt sa mission. La générosité de la Russie a été remarquable mais, après un mois, la présence de cette mission au sein de l'OTAN, à moins de 50 km de la base américaine qui garde les bombes atomiques, est en train de créer des mécontentements de plus en plus forts parmi nos alliés. En revanche, le Kremlin propose une phase 2 parce que, comme confirmé par l'ambassade russe à Rome, plusieurs régions italiennes ont demandé la possible assistance dans cette phase délicate de lutte contre le coronavirus. Il est évident que la perspective de prolonger la mission est très appréciée par Moscou et l'activité des militaires russes en Italie est devenue l'objet de propagande, surtout par la chaîne en ligne Sputnik, très proche de Poutine et le site du ministère de la Défense russe présente tous les jours les succès de cette mission. L'ambassade russe en Italie insiste sur un point : toutes les régions, les villes et les associations qui se sont adressées à nous pour de l'assistance doivent formaliser leurs demandes auprès du gouvernement parce que la décision éventuelle de soutien à une région, qui pourrait impliquer la participation de militaires russes présents en Lombardie, pourra être prise uniquement après une demande formelle ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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