Fonds : "L'Italie les veut sans obligation de restitution, l'Allemagne s'y oppose."
24/04/2020
Italie. Revue de presse.
Les médias italiens se concentrent toujours sur le Coronavirus, notamment sur le ''premier accord'' trouvé au Conseil européen sur les instruments pour contrer les répercussions économiques. Les observateurs relèvent dans l'ensemble un premier pas mais soulignent aussi la nécessité de trouver un accord pour financer le ''Recovery fund'' dans de courts délais : « Premier accord en Europe » - " Conte satisfait. Merkel : il faut voir comment financer le fonds '' (Corriere della Sera), « Conte : tout de suite un prêt-relai européen » - '' Bruxelles accélère sur les fonds du Recovery Fund'' - ''L'Italie les veut sans obligation de restitution, l'Allemagne s'y oppose'' (La Stampa) « Oui au fonds européen, manquent encore les modalités » (Sole 24 Ore), « Aides européennes, seulement un premier pas » - '' L'Europe dit oui au Recovey Fund malgré les divisions. Macron avec Conte : l'UE en péril'' (Il Messaggero), « Aides UE, un demi-accord » - ''Conte pour des prêts à fond perdu. Salvini : c'est une débâcle'' (Il Mattino) « Conte obtient le fonds, il faut maintenant le remplir '' (Il Fatto Quotidiano), « L'Europe dit oui au MES mais les aides d'ici la fin de l'année » - '' Les maires défient Conte sur la phase 2'' (Il Giornale).
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni, F. Sarzanini : « Les choix du gouvernement, quatre étapes pour repartir » : « Ce sont quatre dates-clé pour la phase 2, quatre lundi qui marquent les réouvertures après le confinement. Le calendrier a été fixé par le gouvernement pour les entreprises et les magasins du 4 mai jusqu'à la fin du mois et tout dépendra, évidemment, par le suivi des contagions. Une pression très forte arrive au Palais Chigi de la part des catégories productives, surtout par la filière des constructions et toutes les entreprises sont prêtes à repartir. Le calendrier sera au niveau national, même si les Régions devront suivre attentivement l'évolution de l'épidémie. Les dates sont les suivantes : 27 avril , les usines de machines industrielles, l'agriculture et la sylviculture; 4 mai, tous les chantiers, l'industrie textile et la mode ainsi que Lotto et Superenalotto, le sport en plein air et la circulation, toujours par auto-certification, hors de sa propre commune ; 11 mai, la vente au détail et tous les magasins, sauf les grands centres commerciaux ; 18 mai, les coiffeurs, les bars et les restaurants, mais avec des distances de sécurité ».
ARTICLE, La Stampa, A. Barbera, G. Paolucci : « 55 milliards pour la crise post-virus. Chute du PIB prévue à -8% » : « Croissance en chute de -8 %, déficit à -10,4 %, dette à 155,7%. Aucune crise précédente dans 70 dernières années n'avait fait pire. Au sein du gouvernement, ce sont des heures de chaos. Il faut trouver un accord avec l'Europe sur les aides et dans la majorité aussi sur le décret qui accompagnera le pays dans la phase 2. Le coût devrait être autour de 55 milliards d'euros, dont 10 pour indemniser à fond perdu les entreprises les plus touchées par l’arrêt prolongé. Gualtieri veut aussi se libérer des anciennes clauses de sauvegarde de la TVA, qui impose une augmentation l'année prochaine de la TVA si elles ne seront pas refinancées. Le Document qui sera présenté aux institutions européennes prévoit pour l'année prochaine un rebondissement de la croissance de 4,7%, un déficit divisé par deux (-5,7%), une dette qui descend de trois points à 152,7. Dans les conditions actuelles, ce ne sont que des promesses, mais ce qui compte c’est obtenir de l'Union et des marchés une marge pour faire redémarrer l'économie. La décision de la BCE d'accepter les « titres détériorés » comme garantie de la part des banques sera cruciale. Si ce soir Standards & Poors annoncera une dégradation de la notation souveraine, les titres italiens (Btp) seront à l'abri. Le M5S insiste pour introduire un 'revenu d'urgence' de 500 euros. Sont prévus aussi le déblocage des paiements de l'administration publique, 8 milliards d'indemnisations pour le confinement et 2 pour les factures et les loyers. Il faut aussi refinancer l'indemnité de chômage, augmenter de 600 à 800 euros le bonus pour les travailleurs indépendants, financer les garanties des banques pour les prêts aux entreprises. 4 milliards seront pour la Santé et à la Protection Civile. En ce moment rien n'est utile, tout est indispensable. Un conflit est en cours entre Gualtieri et sa vice-ministre du M5S, Laura Castelli. Le conseil des Ministres de ce matin sera le round décisif. »
ARTICLE, La Stampa, N. Pinna : « Alerte de l'OMS sur les personnes âgées : ''50 % des décès dans les RSA (Ehpad italiens) ; en Europe une situation grave'' » : « Certain l'ont appelé le carnage des grands-parents. En Lombardie, mais loin de l'Italie aussi, ce sont les personnes âgées qui ont payé le prix le plus cher de l'impitoyable virus venu d'Orient. '' La moitié des victimes se trouvaient dans des maisons de repos ou des structures de soin de santé à long terme '', a certifié l'OMS. Éloignés de leur famille, souvent ces patients n'ont pas été soignés. Dans les jours de la grande urgence, les hôpitaux ont dû choisir à qui laisser les quelques lits et ventilateurs restés libres. En Italie on compte 6.773 décès dans les RSA entre le 1 er février et le 14 avril. Dans 40% des cas les décès sont liés au Covid-19. En Espagne, 14 mille décès dans les hospices, mais seulement la moitié apparaît dans les statistiques officielles sur le coronavirus. En France, selon une analyse qui est encore provisoire, les patients des maisons de retraite sont 40% des victimes, environ 7 mille personnes. En Allemagne, 86% des victimes étaient âgée de plus de 70 ans. »
RETROSCENA (Coulisses), Corriere della Sera, F. Verderami : « Le retour de Berlusconi. Le démarquage de Salvini et Meloni, ainsi il récupéré du terrain » : « Avant la pandémie, Silvio Berlusconi s'était de fait retiré et vivait sa quarantaine politique en observant avec détachement le duel entre Salvini et Meloni, engagé à se battre pour le leadership de la coalition dont il avait été le fondateur. Maintenant, la tragédie du coronavirus a affaibli le gouvernement, en mettant en danger sa survie, et Berlusconi a été rapide à revenir sur le terrain, en surprenant les alliés souverainistes et en jouant un rôle qu'il aime, en tant qu'européiste et patriote. Il a retrouvé la centralité perdue, il a déclaré être favorable au MES et disposé à soutenir le président du Conseil Conte en ce moment de difficulté pour le pays. Mais l'idée que Berlusconi puisse se transformer en " responsable " est orthogonale avec ses objectifs réels et son rêve d'être élu Président de la République. Quelqu'un dit que Berlusconi est en train de poursuivre pragmatiquement un autre but : devenir le faiseur de roi d'un nouveau possible gouvernement d'unité nationale, soutenu aussi par un sondage qui souligne que 78 % des Italiens aimerait ce type de gouvernement à la fin de l'urgence sanitaire, et qu'il serait en train de se venger de ses anciens alliés qui l'avaient mis sur la touche ».
ARTICLE, Sole 24 Ore, M. Perrone « Conte encaisse le prêt-relai et refroidit le MES » : « G. Conte salue de cette manière, dans un message vidéo, le feu vert du Conseil européen au Recovery Fund : ‘’le principe d’un instrument urgent et nécessaire est passé. Un instrument jusque-là impensable et qui s’ajoute aux autres déjà adoptés’’. Le ‘’facteur temps’’ est la victoire que le président du Conseil peut revendiquer. Le ministre de l’Economie Gualtieri salue ‘’un succès pour l’Italie et les pays qui ont fait pression pour cette solution’’ considérée comme ‘’nécessaire et urgente’’. Parce que la formule est bien différente à celles initiale. On avait commencé avec ‘’on est d’accord pour travailler’’ et à l’entente franco-allemande qui évaluait même ‘’nous sommes d’accord pour explorer’’ des pistes. Une évolution pareille dans les textes officiels représente un passage tout sauf que prévisible. Un tel résultat contribue à retrouver un axe Conte-Gualtieri dans la gestion d’un combat interne difficle : le MES. Non seulement les oppositions (exception faite pour Forza Italia) s’y opposent farouchement, mais il faut aussi compter avec les divisions du M5S ».
ARTICLE, Fatto Quotidiano, Palombi « Conte encaisse le fonds mais il faut maintenant le remplir » : « Un autre pas en avant vers le fonds européens a été fait hier lors du somment et G. Conte peut revendiquer un succès. Reste encore le bras-de-fer avec les pays du Nord et l’Allemagne sur l’origine des financements (l’Italie, la France et compagnie veulent 1 500 milliards) et sur leur nature (à fonds perdu sans prêt). Un danger demeure : la proposition technique sera faite par la Commission, or celle présentée hier est très ‘’nordique’’. Si le texte reste proche, les pays du Nord auront cédé sur quelques points (peu de subventions, une ébauche de réponse commune) et ceux du Sud sur tout le reste. Sur le Recovery Fund, il y a un bras-de fer. Pour Macron et Sanchez, le fonds doit être bien plus grand (1000- 1500 milliards) et assigné uniquement via allocation calculée sur la base des dégâts réels provoqués par le virus. La même ligne posée par Conte qui a demandé des transferts bruts. Von der Leyen a déclaré ‘’nous sommes disposés à examiner des solutions-relais’’ et qu’il devait y avoir un ‘’équilibre entre subvention et prêts’’. Trop peu pour clamer victoire ».
ARTICLE, Il Foglio, D. Carretta « L’accord européen » : « Les limites de la construction européenne ont émergé avec l’urgence pandémique et il est impossible de modifier les traités en urgence puisqu’il faut le faire à l’unanimité. Toutefois, hier les deux fronts ont abandonné leurs positions idéologiques pour trouver une solution politique aux obligations. Merkel a annoncé que l’Allemagne est prête à augmenter ultérieurement sa contribution au budget communautaire. Les Pays-Bas ont abandonné la guerre idéologique des coronabonds pour pousser sur les obligations perpétuelles. Au sommet d’hier à Bruxelles ont a travaillé pour que le ‘’bond’’, outre son aspect financier, soit aussi politique. Par ailleurs, à Bruxelles, on n’a pas compris les péripéties du gouvernement italien. Salvini influence les 5 Etoiles qui, à leur tour, conditionnent la position de Conte. Du coup, l’Italie est obligée à jouer les équilibristes à Bruxelles. Voici donc les résultats européens d’une majorité qui vacille ».
ARTICLE, Il Giornale, L. Cesaretti « Conte exulte mais la seule arme qui reste est le MES » : « Le Président du Conseil Conte reste dans le sillage de la France et de l‘Espagne sur les contremesures à apporter à la crise épidémique et économique. Un tout petit pas en avant qui est toutefois présenté comme une grande victoire. Maintenant Conte devra faire l’énième pirouette pour expliquer pourquoi le recours au MES est en fait positif. Les critiques et attaques de Salvini et Meloni étaient inévitables. Quant au M5S, on parle de ‘’victoire du siècle de Conte’’ pour préparer l’énième volte-face sur le MES. »
COMMENTAIRE, La Stampa, A. Mingardi « L’UE a privé les souverainistes de leur alibi » : « Sous la régie d’A. Merkel, l’UE a enlevé un alibi aux souverainistes. Dans le nouveau bilan 2021-2027 la Commission se dotera d’un instrument pour des transferts sans précédents dans son histoire. Le Recovery Fund gèrera pour moitié les fonds structurels de manière directe et pour moitié il les canalisera vers les pays en difficulté. Ironie du sort, les attaques contre « l’Europe méchante » finissent par renforcer Bruxelles. France, Italie et Espagne semblent sortir gagnantes de ce match. Mais attention à penser que le gros ait été fait. Pour l’activation du fonds il faudra du temps. Or, la crise plane. Nos hommes politiques se sont déchaînés dans la course pour obtenir aujourd’hui la promesse de ressources à employer demain. L’Etat italien a déjà un problème de recettes destiné à empirer si la crise perdure ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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