"Sanctions jusqu'à 3000 euros."
25/03/2020
Italie. Revue de presse.
Les médias italiens titrent aujourd’hui sur les nouvelles mesures de confinement mises en place, le durcissement des sanctions en cas de leur non-respect et sur la crainte d’une prolongation des mesures jusqu’en été. La Stampa titre quant à elle sur les difficiles négociations à Bruxelles sur les « eurobonds » demandées par l’Italie : « Interdictions, des amendes jusqu'à 3000 euros » - " La baisse des contaminations continue'' (Corriere della Sera), « Conte : ''les résultats sont visibles'' » - "Négociations pour éviter la grève générale'' (La Repubblica), « Conte : ''Je ne bloquerai pas l'Italie pendant des mois » - ''L'Europe enlisée sur les coronabonds'' (La Stampa), « Sanctions jusqu'à 3000 euros » - ''Feu vert au décret de loi'' (Sole 24 Ore), « Virus, un plan pour verrouiller l’Italie » - ''Hypothèse fermeture des frontières. 5 ans de prison pour les positifs qui ne respectent pas le confinement'' (Il Messaggero), « Campanie, les hôpitaux pleins » (Il Mattino), « Cauchemar 31 juillet » - '' Le gouvernement glisse puis dément sur l'hypothèse d'une prorogation des mesures pendant des mois '' (Il Giornale).
Les JT ouvrent sur les nouvelles mesures de confinement, sur la baisse du nombre de contaminations et des décès ainsi que sur le manque de masques et de respirateurs dans les hôpitaux.
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Iossa: « Le bilan de l'épidémie. Troisième baisse des contaminations. La croissance s’arrête à 8% » : « La contamination ralentit pour le troisième jour. Même si nous n'assistons pas à une diminution du nombre des positifs mais plutôt à une stabilisation (8,1% hier, 8,2% lundi), la baisse est là. Selon le conseiller régional de Lombardie Giulio Gallera le signal favorable arrive ''des hôpitaux qui enregistrent des réductions dans l'accès aux urgences''. En Lombardie hier, il y avait 30.703 cas au total, dont 1.942 nouveaux cas, un chiffre beaucoup plus bas que celui d’il y a trois jours quand ils étaient environ 3 000. '' Le risque était que la contamination puisse exploser à Milan, mais les milanais se sont comportés de façon responsable ''. Le nombre de personnes décédés a augmenté : 743 dans les dernières 24 heures, lundi ils étaient 601, mais 894 personnes sont guéries contre les 408 de lundi. Selon les chiffres de la Protection Civile, depuis le début de l'épidémie 69.176 personnes ont contracté le virus, 6.820 sont décédées et 8.326 sont guéries. 3.396 malades sont hospitalisés en soins intensifs, un pourcentage qui s'élève à 6%, en baisse par rapport au 10% des jours précédents. L'OMS parle d'''une lueur d'espoir pour l'Italie'' même s'il est trop tôt pour être optimiste. »
ENTRETIEN, Il Messaggero, de Giorgio Gori, maire de Bergame : « Toutes les limites de la Santé en Lombardie sont visibles » : « "Les camions militaires qui emportent les cercueils : ce sont les images de la douleur d'une ville qui ne parvient pas à enterrer ses morts. La province de Bergame a compté, uniquement la semaine dernière plus de 300 morts. Le système sanitaire n'a pas la solidité de celui de la Vénétie et de l'Emilie. Trop de gens arrivent en piteux état, tard, et doivent être intubés. Beaucoup meurent chez eux. Il faudra sans doute une décennie pour que les choses s'équilibrent, des années de travail ont été balayées par ce virus. Nous aurons en fin de semaine le nouvel hôpital de terrain construit par les militaires».
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni: « Le gouvernement inflige des amendes jusqu'à 3 000 euros. '' Blocage jusqu'au 31 juillet ? C'est faux'' » : « Les nouvelles et fortes restrictions aux libertés personnelles sont écrites noir sur blanc dans un décret qui met de l'ordre dans le chaos normatif de la situation d'urgence, rétablit les hiérarchies entre l'État et les Régions et introduit des nouveautés importantes dans la lutte au coronavirus. L'article 1 du décret de loi limite non seulement la possibilité de s'éloigner de son lieu de résidence mais aussi celui d'entrer et de sortie du territoire national. Ceux qui ne respectent pas les règles risquent de lourdes amendes, de 400 à 3.000 euros. Si la violation est commise à bord d'un véhicule, l'amende sera augmentée ‘'jusqu'à un tiers'’. Une personne positive qui ne respecte pas la quarantaine risque une peine de prison de 1 à 5 ans. Les préfets pourront faire recours à l'armée pour faire respecter les règles. Conte rassure sur le fait que les restrictions puisse durer jusqu'au 31 juillet : '' Ce n'est absolument pas vrai. L'urgence nationale durera jusqu'à cette date mais nous espérons pouvoir desserrer l'étau rapidement. Nous sommes confiants qu'on pourra le faire bien avant.'' '' Beaucoup d'entreprises sont à court de liquidité et peuvent tenir au maximum jusqu’à mi-avril'' est l’alarme que lance le Ministre Stefano Patuanelli. Au Conseil des Ministres la discussion la plus tendue a été sur les pouvoirs de l'État et des Régions, le M5S aurait voulu limiter les pouvoirs des présidents, tandis que les démocrates et le ministre Boccia se sont battus pour laisser de la place aux territoires. Les présidents pourront adopter des mesures plus sévères mais seul le gouvernement pourra décider sur les réouvertures. »
ARTICLE, Repubblica, V. Conte : « Conte : “ce n’est pas le moment de faire grève” - “l’arrêt des distributeurs d’essence évité” » : « G. Conte a appelé les syndicats - ‘’nous devons faire un effort tous ensemble, le pays ne peut pas se permettre de grèves en ce moment’’, pour les convaincre à révoquer les mobilisations prévues ce mercredi dans divers secteurs : papier, métallurgistes lombards, call centers. Et l’arrêt de la distribution d’essence semble aussi évité. Conte a fait comprendre aux trois représentants, en les appelant à tour de rôle, Landini (Cgil), Furlan (Cisl), Barbagallo (Uil), que ‘’les portes pour les syndicats sont toujours ouvertes mais la saison des concertations années 90 est finie”. Les syndicats posent trois problèmes : 1. les petits rusés qui laissent ouvertes leurs entreprises ; 2. les dérogations admises par le décret après demande de l’entreprise au préfet et qui arrivent nombreuses ; 3. le protocole de sécurité sur les lieux de travail (signé le 14 mars entre Confindustria et syndicats) que de nombreuses entreprises ne respectent pas, générant les craintes des employés. »
EDITORIAL, Repubblica, M. Ainis : « Le virus de la décrétite » : « Alors que le coronavirus infecte les Italiens, un autre virus contamine nos institutions : la « décrétite ». Il ne se passe pas un jour sans qu’arrivent de nouvelles normes, de plus en plus rigides, confectionnées par le gouvernement et mise en œuvre à toute allure par les régions, les provinces autonomes, les villes. Elles sont tellement en contradiction entre elles, à tel point que le gouverneur de Lombardie Fontana a demandé les lumières du ministère de l’Intérieur pour savoir si dans sa région prévalait la norme régionale ou la norme nationale. En effet, l’incertitude sur les interdictions s’ajoute au risque sanitaire. Cette maladie institutionnelle dérive en partie, de la stratégie choisie par le gouvernement Conte. Et elle naît aussi de l’absence de règles claires, dans notre Constitution, sur l’état d’urgence qui n’est pas codifié. Il manque une loi générale qui distribue rôles et compétences, avec pour résultat une pluie d’ordonnances sans coordination. Par exemple, l’Emilie-Romagne et quatre autres régions ont fermé les supermarchés le dimanche, la Vénétie le samedi aussi. Ailleurs ils sont ouverts. La Province de Bolzano interdit de s’asseoir sur les bancs, le Piémont ferme les marchés, la Sicile décrète que l’on peut faire ses courses une fois par jour seulement, etc. Mais la palme revient à la Calabre, imitée par la Basilicate, qui interdit, et c’est anticonstitutionnel, l’entrée et la sortie de son territoire. Une solution existe : adopter une loi-cadre qui distribue le pouvoir normatif entre les différents niveaux du gouvernement. Une loi pour discipliner l’urgence, attribuer à chacun son propre espace sans envahir les attributions des autres. Si le Parlement n’est pas en mesure d’adopter de nouvelles lois, le gouvernement peut s’en occuper par décret, et il a commencé à le faire hier soir. Et ce décret peut même déroger à quelque compétence fixée par la Constitution, l’état d’urgence le consent. Mieux vaut une seule exception que trop de normes exceptionnelles ».
EDITORIAL, La Repubblica, S. Folli : « Unité nationale : difficultés en vue » : « La date du 31 juillet comme date de fin de la situation d’urgence, même si Conte a bien expliqué qu’il s’agissait d’un terme bureaucratique, est cependant restée suspendue pour nous rappeler la gravité de la période que nous vivons et l’incertitude des semaines à venir. Le président du Conseil, hier, a tenté de remédier aux problèmes institutionnels, après avoir fait l’erreur de ne pas se poser le problème du passage par les Chambres et de considérer la relation entre le gouvernement et le parlement (qui n’a jamais été fermé mais c’est comme s’il l’était dans la perception populaire) comme superflue. Maintenant que ceci est résolu, il faut voir combien de temps tiendra la cohésion PD-M5S-Leu. La crise constitue pour tous les gouvernements une épreuve dramatique, il suffit de voir ce qu’il se passe à Londres, Paris et Madrid. A part les grèves qui se profilent dans un pays déjà à genoux, notre rapport avec l’Europe pourrait être traumatisant et le MES demande une médiation supplémentaire. Enfin, près la confrontation entre majorité et opposition de lundi, de quelle manière s’entend la collaboration, voire la convergence souhaitée par Mattarella ? Ce n’est pas clair. La solution a minima est une discussion des chefs de groupe ; la solution maximale serait un “cabinet de guerre” mais c’est irréaliste. La troisième solution serait de mettre en place une “cabine de régie” pour mettre au point les normes les plus importantes et atténuer les tensions sur l’Europe. Une voie difficile mais inévitable sans doute à ce stade ».
RETROSCENA (Coulisses), La Stampa, I. Lombardo : « A la fin Conte cède à la pression : " Maintenant il faut davantage de partage » : « La gestion de l'urgence de l'épidémie du coronavirus a été très difficile cette dernière semaine même si les dirigeants du PD reconnaissent l'engagement du président du Conseil Conte qui a été bouleversé par un imprévu avec d'énormes retombées pour le pays. L'anxiété de communiquer sur un décret qui n'existait toujours pas, par un message vidéo samedi nuit, et ensuite les divergences avec les syndicats sur la liste des entreprises à fermer, ont provoqué beaucoup de critiques à Conte. Même le chef de la Protection civile, Angelo Borrelli, s'est aventuré dans des prévisions effrayantes, en parlant du nombre des contaminés, et a attaqué l'ancien gouvernement de Paolo Gentiloni pour avoir " affaibli " le département de la protection civile. La pression a été très forte pendant ces dernières 24 heures et l'attitude de Conte a changé hier, lors de la conférence de presse où il a confirmé son intervention à la Chambre aujourd'hui à 18 heures et où il a promis une déclaration tous les quinze jours devant le Parlement. Conte est donc sorti de la solitude de ces dernières semaines et est entré dans une nouvelle phase d'implication du Parlement ainsi que des partis de l'opposition, grâce à l'intervention du Président de la République Mattarella qui l'a invité à une plus grande prudence et à ouvrir une discussion importante avec l'opposition ».
ARTICLE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Le retour forcé de Conte devant les Chambres » : « Aujourd’hui, après les sollicitations du Président Fico, le Président du Conseil ira à la Chambre puis au Sénat après une absence qui a été remarquée et qui a laissé des marques. Ce vide a soulevé les critiques de ceux qui y ont vu une impolitesse vis-à-vis des règles démocratiques et une sorte d’affirmation d’autosuffisance en raison de la cote de popularité dans les sondages de Conte au-delà des 50 points. Le Président Conte a fait savoir lors de la conférence de presse d’hier qu’il y aurait une discussion tous les 15 jours avec le Parlement. Il s’agit d’un changement de pas. Que s’est-il passé ? On raconte que, lors de la réunion d’hier pour préparer le texte final, il y a eu des pressions pour modifier la partie des informations au Parlement de la part du Parti Démocrate par le biais de son chef de délégation Franceschini. Ce dernier est, et ce n’est pas par hasard, le ministre le plus proche au Quirinal. Nous savons qu’un appel pour une reprise des contacts avec l’opposition est arrivée par Mattarella et que le Parlement est le lieu où cette discussion peut murir et soutenir un parcours d’un décret aussi large et délicat sur les relations Etat-régions et aussi invasif sur les libertés personnelles. Il est clair que ces deux passages mensuels au Parlement ne peuvent qu’être appréciés par le Quirinal. Le PD a voulu que l’on cherche une forme structurelle de collaboration avec l’opposition, étant conscients que d’ici un mois tout sera plus compliqué pour gérer tous les fronts qui s’ouvriront. L’image des Chambres vides face au travail des médecins, des infirmiers ou des employés des supermarchés, pharmaciens ou encore des ouvriers, aurait pu générer une hostilité. Surtout quand il s’agira de faire face aux chiffres importants non seulement des morts mais aussi des chômeurs et des entreprises fermées ».
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Giorgia Meloni, leader et fondatrice de Fratelli d’Italia : « Une cabine de régie au Parlement, pas la peine d’un gouvernement de large coalition » : « Pour collaborer, nous n’avons pas besoin de fauteuils. Et peut-être n’y a-t-il plus le temps, ni la possibilité de dresser une liste de ministres, de cabinets, de délégations, etc. En somme, il n’y a pas besoin d’un gouvernement d’unité nationale. Il est possible de collaborer si on crée un lieu permanent de confrontation, et cela ne peut être que le Parlement. Il faut créer une cellule de crise parlementaire, un organisme qui peut même être la conférence des chefs de groupe, peut-être élargie, où l’on pourrait faire le point, dans la vie quotidienne. Un gouvernement d’unité pour reconstruire l’Italie après cette crise ? L’urgence est une chose, l’ordinaire est autre chose. La reconstruction et la relance du pays ne prendra pas quelques mois, mais des années. Et je pense que, après cette première phase terrible, on ne pourra pas continuer avec la mélasse, car on reviendra à la politique, aux différentes visions qu’il faudra confronter et expliquer aux citoyens qui devront ensuite choisir et donner un mandat long, stable, bien sûr, de cinq ans à celui qui gouvernera " ».
ENTRETIEN, La Stampa, de Matteo Salvini, leader de la Ligue : « '' Il faut tout dépenser, même 100 milliards ou ce sera la révolte '' » : « Les sanctions adoptées pour faire face à la crise sanitaire sont sacro-saintes, il ne faut pas mettre en danger la santé des autres. Je ne me permets pas d'entrer dans le vif des décisions du Président de la République même s'il est quand même étrange que le jour après son intervention, nous avons reçu l'invitation du président du Conseil. C’est peut-être une coïncidence. Notre objectif est celui de donner un coup de main et de présenter nos propositions ou d'exprimer nos idées de désaccord, quand il y en a besoin. J'ai pris note de la décision de Conte à propos d'une discussion constante avec les partis de l'opposition, c'est normal, même s'il aurait dû le faire immédiatement. Nous avons présenté beaucoup de propositions au ministre de l'Economie Gualtieri et il nous a toujours répondu qu'il n'y avait pas d'argent dans le décret, il y en aura peut-être dans celui d'avril et nous espérons, à ce moment-là, être consultés avant et non pas après les décisions à adopter. Il n'existe aucune opposition entre les Régions du Nord et le gouvernement de Rome, les présidents locaux sont en train d'affronter tous les jours des problèmes concrets, l'autonomie est importante et je ne permettrai pas de décharger les inefficacités évidentes de l'Etat central sur eux. Les citoyens sont en train de se comporter très bien mais ils exigent des garanties, surtout sur l'emploi : il y a des problèmes énormes, la crise sanitaire et la crise économique, l'urgence des investissements et la garantie d'une nouvelle croissance pour notre pays. La colère des personnes pourrait exploser à tout moment et il faut donner des certitudes avant d'arriver à l'affrontement social. Pas besoin d’eurobonds, il suffirait que la BCE achète des titres italiens ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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