Matteo Salvini : « C’est l’heure de l’unité » / Giorgia Meloni : « Oui à la collaboration si cela est réciproque ».
09/03/2020
Italie. Revue de presse.
Le coronavirus sature l’espace médiatique transalpin. Il fait l’ouverture de l’ensemble des JT et les gros titres de l’ensemble de la presse écrite. Les quotidiens relèvent en particulier les critiques de certains présidents des régions du Nord contre la quarantaine mise en place ce weekend par le palais Chigi : « Le virus avance, querelles sur les interdictions » - ‘’Zone de sécurité, protestation des régions’’ (Corriere della Sera), « Conte : ‘’Un moment noir, mais nous devons résister’’ » - ‘’Entretien du Président du Conseil’’ (La Repubblica), « ‘’Restez chez vous ou nous bloquerons le pays’’ » - ‘’Alerte des experts, 60% de la population exposée’’ (La Stampa), « Le virus se propage, fuite vers le Sud » - ‘’Les trains pris d’assaut, 8 présidents de régions contre les nouvelles restrictions’’ (Il Messaggero), « ‘’Les personnes qui viennent aux Sud seront placées en quarantaine’’ » - ‘’Les présidents des régions du Sud adoptent des mesures après la fuite du Nord’’ (Il Mattino).
Sur twitter le hashtag dominant est #covid2019. A noter, l’appel lancé pour respecter les consignes de confinement avec le hashtag #iostoacasa (« je reste à la maison »).
ENTRETIEN, Corriere della Sera de G. Conte, Président du Conseil : « Nos sacrifices pour le biens de tous. Suivons les règles et l’Italie se remettra debout » : « ‘’Le gouvernement coordonne avec la plus grande intensité et concentration la machine de l’organisation. Il y a deux objectifs : limiter la diffusion du virus et renforcer les structures sanitaires pour qu’elles puissent relever ce défi. Nous sommes un pays fort. La tutelle sanitaire est en grande partie déléguée aux régions. Le gouvernement est compétent pour les principes fondamentaux et les niveaux essentiels des prestations. Le gouvernement, par le biais de la protection civile, assure une action de soutien, mais les régions doivent continuer de collaborer, comme elles sont en train de le faire, pour suivre une ligne unitaire d’action, qui soit partagée et efficace. Le Nord n’est pas vraiment une zone rouge, car nous n’avons imposé aucune restriction absolue d’entrée ou de sortie entre les deux grandes zones du pays. Nous avons cependant introduit des limitations à la circulation des personnes, qui sont valables aussi à l’intérieur de la zone septentrionale. Tout le monde est invité à limiter les déplacements en les limitant à des occasions de travail et, de manière exceptionnelle à celles de santé. Il n’est pas facile de modifier d’un jour à l’autre nos habitudes et d’accepter des sacrifices personnels en vue du bien collectif. Ce sont les citoyens qui feront la vraie différence. Continuons à suivre la ligne de la plus grande précaution et de la proportionnalité des mesures déployées. Je lance un appel à tous les Italiens : nous devons avoir confiance dans les experts. Gardons un mètre de distance avec les personnes, évitons les bises, de nous serrer la main et respectons les autres règles. Nous avons mis sur la table 7,5 Mds pour soutenir les entreprises touchées directement mais aussi les familles et les travailleurs, avec des amortisseurs sociaux opportuns. Pour sortir de cette urgence, nous utiliserons toutes nos ressources humaines et économiques. J’ai apprécié les signes clairs de collaboration de la Commission Européenne. Dans des cas exceptionnels comme ceux que nous vivons, il est prévu une flexibilité budgétaire, que nous utiliserons à fond. Il est clair que l’Europe ne peut pas affronter une situation exceptionnelle avec des mesures ordinaires. Aujourd’hui plus que jamais, la politique doit s’occuper du bien-être des Italiens et de parler en manière responsable. Je rencontrerai à nouveau, aujourd’hui ou demain, les partis d’opposition pour discuter des mesures économiques’’ ».
ENTRETIEN, Sole 24 Ore de samedi de Giorgia Meloni, leader et fondatrice de Fratelli d’Italia « Nous sommes prêts à soutenir le dépassement budgétaire, oui à la collaboration si cela est réciproque » : « ‘’Dès le début, nous avons offert notre collaboration totale. Nous avons adressé nos propositions, nous avons soutenu le premier décret d’urgence et nous sommes prêts à soutenir le dépassement budgétaire demandé par le gouvernement pour couvrir les nouvelles interventions. Mais la collaboration implique une réciprocité et cela a manqué jusque-là. J’espère que les mots du Président Mattarella aient eu leur effet aussi auprès de l’exécutif. Pour nous, les 7 milliards [de flexibilité demandée à l’UE, ndt.] ne sont qu’un point de départ. Je fais remarquer que cette somme est même inférieure à celle du revenu de citoyenneté. Nous avons besoin de plus de médecins, d’infirmiers, de structures. C’est pour cela que je partage l’appel du Président de Confindustria [Patronat, ndt.] qui demande une implication de la BCE et un grand plan d’investissements européens’’ ».
ENTRETIEN, Milano Finanza de samedi, de Matteo Salvini, leader de la Ligue « C’est l’heure de l’unité » : « ‘’Il n’y a aucune hache de guerre enterrée, c’est avant-même le début de l’urgence que la Ligue est impliquée tous les jours à demander plus de contrôles aux frontières, plus de ressources pour les hôpitaux, des mesures urgentes pour défendre l’économie. La Ligue a fait ses analyses et ses propositions pour agir avant qu’il ne soit trop tard. Je dis aux partenaires européens : l’Italie ne doit pas être laissée seule, diabolisée voire frappée économiquement en ce moment difficile. Les 7,5 milliards proposés par le gouvernement ? S’il s’agissait encore d’une première urgence, peut-être que nous serions d’accord. Sinon, non. D’après nos calculs, il en faudrait 30. Il faut un bazooka financier. Il faut que l’Union Européenne laisse les Etats libres d’intervenir là où nécessaire, libérés une fois pour toute de tous ces paramètres qui ne tiennent pas compte de la vie des personnes. Qu’ils ne viennent pas nous dire qu’il n’y a pas d’argent pour sauver la vie aux femmes, aux hommes et aux entreprises. Tous les efforts doivent être finalisés à résoudre l’urgence sanitaire et économique’’ ».
ARTICLE, La Stampa, A. La Mattina : « La fermeture agite les présidents des régions du Nord. Les industriels de la Vénétie : mesures disproportionnées ».
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Gal : « Mesures confuses et ambiguës, les Régions demandent des modifications » : « Les présidents de nombreuses régions, Vénétie, Lombardie, Ligurie, Sardaigne, Piémont, Sicile, Abruzzes, Ombrie, ont signé une demande de réunion en vidéo conférence avec le président du Conseil Conte pour discuter des dernières dispositions du décret sur l’urgence du coronavirus. Ils ne sont pas satisfaits des mesures adoptées par le gouvernement et ils ont parlé d’un texte confus avec beaucoup d’ambiguïtés, surtout pour ce qui concerne la mobilité des travailleurs de régions limitrophes et la fermeture d’établissements publics. Le président de la Région Vénétie, Luca Zaia (Ligue), a aussi critiqué le décret qu’il considère exagéré et inopportun. Mais le Viminal a répondu à ces polémiques en affirmant que, sans préjudice de l’autonomie des régions dans leurs secteurs de compétence, en matière de sécurité publique il faut répondre uniquement à l’Autorité nationale ».
RETROSCENA (Coulisses), Corriere della Sera, M. Guerzoni : « Entre doutes et fuites en avant, la longue nuit du décret » : « Des retards, des doutes, des fuites pendant la longue nuit du décret qui a isolé la Lombardie et une partie du Nord, la concertation entre le gouvernement et les Régions a produit de fausses notes et beaucoup de confusion. Le ministre des Affaires Régionales, Francesco Boccia, a dû réunir le ministre de la Santé, Roberto Speranza, ainsi que les présidents des régions pour travailler ensemble dans le but d’annuler les décisions unilatérales des autorités locales. Le niveau d’alerte est très élevé et le retentissement des dissonances est arrivé jusqu’au Président de la République, qui considérerait favorablement la nomination d’un super commissaire pour permettre au gouvernement de parler d’une seule voix. Matteo Salvini, Matteo Renzi et Gianni Letta auraient donné à Mattarella le nom de Guido Bertolaso, médecin et ancien directeur de la Protection Civile italienne ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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