"La course pour le Sud agite les coalitions."
29/01/2020
Italie. Revue de presse.
La politique intérieure, et notamment le règlement de comptes au sein du M5S et de la Ligue au lendemain des élections régionales en Emilie-Romagne et en Calabre, est rapportée : « Chaos M5S sur l’alliance aux élections régionales » (Corriere della Sera), « Salvini, des problèmes au sein de la Ligue » - ‘’Giorgetti critique la campagne. Meloni et Berlusconi ne veulent pas de candidats de la Ligue pour le Sud’’ (La Repubblica), « M5S, course à la succession » (Il Fatto Quotidiano), « Alliances, vents de scission, le congrès reporté après le référendum’’ (Il Messaggero), « Prescription, bataille à la Chambre » (Il Riformista).
ANALYSE, Sole 24 Ore, L. Palmerini, « Le rôle de Conte après les élections en Emilie-Romagne » : « Avec le renvoi à la Commission du texte sur la réforme de la prescription, les partis tentent de trouver une issue du moment où une éventuelle rupture provoquerait une crise de gouvernement et la fin de la législature. La journée d’hier a vu la coalition paralysée par la nervosité des 5 Etoiles, d’où la nécessité d’un rôle plus actif du Président du Conseil. Conte a ainsi convoqué les chefs de délégation des partis de la majorité sur le chrono-programme pour affronter les thématiques encore en attente : la justice, les concessions de la société gérant les autoroutes puis ceux pris en main par le ministre de l’Economie Gualtieri : la révision de la réforme des retraites, dite ‘’Quota 100’’ sur laquelle les 5 Etoiles sont encore sur les barricades ».
EDITORIAL, Il Foglio, C. Cerasa, directeur « Pas d’alliances avec le M5S, grandes listes de centristes, créer la tarte avant d’en redistribuer des parts. L’Emilie-Romagne expliquée à ce qui ne veulent pas la comprendre. La Région peut apprendre énormément au gouvernement » : « Dans la liste du gagnant Bonaccini figuraient aussi des candidats du parti de Renzi (Italia Viva) et de celui de Calenda (Azione) : soit ceux qui proposent au PD d’offrir un soutien différent par rapport à celui des 5 Etoiles. Tous devraient alors cesser de se disputer et tenter de répéter la liste unique à l’occasion des prochaines élections régionales voire celle nationale. L’autre leçon : il est nécessaire de montrer une solution alternative pour offrir de la protection aux citoyens. Avant d’offrir une répartition du bien-être, il faut d’abord le créer. L’Emilie-Romagne est une région qui marche bien et où les fonds structurels européens sont bien utilisés dans l’internationalisation des entreprises. Les exportations ont augmenté de 4,7% et cela a créé une hausse de l’occupation à hauteur d’1,9% contre celui national qui est de 0,5%. Il faut alors comprendre que pour battre Salvini il faut faire comme les citoyens de l’Emilie-Romagne : se concentrer plus sur la consistance que sur les détails ».
ARTICLE La Repubblica C. Lopapa « Ligue et alliés, premiers problèmes pour Salvini » : « Depuis hier, M. Salvini est un homme de plus en plus seul aux commandes. Berlusconi et Meloni signent un pacte secret pour l’empêcher de débarquer dans les deux régions du Sud où se tiendront les élections au printemps : la Campanie et les Pouilles. Hier à Rome, M. Salvini et G. Giorgetti se sont vus. D’après ce qui filtre, ce fut un échange franc et dur. L’ancien secrétaire d’Etat a reproché à Salvini d’avoir fait une mauvaise campagne électorale en Emilie, se laissant aller à ses ‘’intempérances habituelles’’. Giorgetti est persuadé que la Ligue devrait plutôt tenter de récupérer l’électorat modéré qui a quitté Forza Italia. Salvini aurait fait mea culpa, il aurait reconnu que la Ligue a un problème à s’imposer dans les villes, que si elle est forte dans les campagnes et les banlieues, ce n’est pas suffisant. Les problèmes, pour la Ligue, commencent maintenant. Le gouvernement Conte est encore debout et le rêve léguiste de pouvoir s’imposer dans une des régions du Sud pourrait déjà s’envoler ».
ARTICLE Il Messaggero M. Ajello « La course pour le Sud agite les coalitions » : « Au Sud, la Ligue ne fait pas d’exploit et divise même par deux son score par rapport aux élections européennes, s’attestant à un maigre 12,2%. Après le revers en Emilie-Romagne, Salvini aura aussi des difficultés à s’imposer en Toscane, tout comme dans une autre région « rouge », les Marches. Du coup, le leader de la Ligue misera tout sur les Pouilles, et tentera d’écarter le candidat de Frères d’Italie, Fitto. Mais G. Meloni prévient son allié de coalition et lui rappelle l’importance de ‘’la parole donnée’’. Quant à Forza Italia, elle découvre qu’au Sud elle peut compter sur quelques enclaves où Salvini est faible ».
ENTRETIEN La Stampa de Stefano Bonaccini, président de la Région Emilie Romagne : « ‘’ Il faut maintenant que cessent les disputes au sein du gouvernement. Et les grillini doivent se rendre compte qu’ils ont tort de se présenter seuls ‘’ » : « ‘’J’ai demandé de voter pour l’Emilie Romagne et non pour le gouvernement national, mais il est évident que la défaite de Salvini, qui a voulu transformer ces élections en un référendum personnel, peut redonner de la force à la majorité qui soutient Conte. Il faut quand même faire attention parce que la droite est toujours forte. Il faut relancer l’action politique ainsi que celle du gouvernement. Cet exécutif est le seul qui s’est accordé avec les régions pour allouer 4 milliards en plus pour la santé. J’ai remporté les élections sans un accord avec les Cinq Etoiles, mais ce sont eux qui se sont retirés de la confrontation. Il faut unir le centre gauche et l’ouvrir au civisme et à toute la société civile pour sortir de l’impasse qui bloque le pays ‘’ ».
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Dario Franceschini, Ministre de la Culture et chef de délégation au gouvernement du PD, « En avant avec le scrutin proportionnel. Il y aura un bipolarisme Ligue-Pd » F. Verderami : « ‘’Sur le résultat en Émilie-Romagne, la personnalisation excessive que Matteo Salvini a fait du défi a pesé : il est à sa deuxième erreur en quelques mois, et cela laisse à penser qu’il en commettra d’autres. Mais je ne voudrais pas que l’on passe d’un pessimisme excessif à un optimisme excessif. Avoir gagné en Émilie-Romagne ne veut pas dire avoir gagné en Italie. Au cours de cette phase, le Pd ne doit pas avoir de tentations hégémoniques ni l’instinct de l’autosuffisance : en ce sens l’action inclusive de Nicola Zingaretti est intelligente. Il est évident que nos choix au gouvernement devront avoir une fonction proactive. Il faut construire un champ de forces réformistes. Je pense que le proportionnel avec un seuil électoral de 5% simplifiera ultérieurement le cadre politique. Et portera à un bipolarisme de la Ligue et du Pd, chacun avec ses propres alliés. Le proportionnel est utile au Pays. ‘’ »
ENTRETIEN, de Silvio Berlusconi, leader de Forza Italia et ancien Président du Conseil, Corriere della Sera, P. Di Caro : « ‘’ Matteo Salvini est tenté par une course en solitaire ? Non, il n’est pas suicidaire. Salvini a son propre style, qui naturellement n’est pas le mien, et il a ses contenus, qui ne sont pas les mêmes que les nôtres, sinon nous serions au sein du même parti. Avec Meloni et lui, nous avons un bon programme à réaliser. Le proportionnel livrerait le pays à l’ingouvernabilité. Ce modèle doit être corrigé en prévoyant un quota majoritaire qui permet à la coalition gagnante de pouvoir gouverner. ‘’ ».
ARTICLE, La Repubblica, R. Luna « Facebook efface la vidéo de l’interphone. La démocratie est peut-être sauve » : « Dans un message envoyé à ses usagers, le réseau social informe que la vidéo virale de Salvini dans le quartier difficile de Bologne, il Pilastro, demandant par interphone à un jeune Tunisien s’il est bien un dealer ‘’va contre les standards de la communauté ». Une vidéo qui avait été signalée dès le premier jour, le 22 janvier. Alors, la démocratie est sauve, dira-t-on. Vraiment ? C’est comme si nous étions en train de déléguer l’administration de la justice en matière de liberté d’expression et de pensée au mystérieux tribunal de Mark Zuckerberg. Il aurait été préférable de voir un magistrat décider de suspendre cette vidéo, soit un processus démocratique. Ce n’est pas suffisant que cela soit décidé juste après le résultat des élections, qui ont vu par ailleurs la première défaite de Salvini. Salvini a été pendant ce mois le ‘’top spender’’ sur FB, il a investi 50 000€ : cela a-t-elle eu une influence sur le timing de Facebook ? ».
ARTICLE, Corriere della Sera, F. Sarzanini : « Migrants, des milliers en fuite de la Libye. Salvini attaque : ‘’Je dénonce Conte ‘’ : « Les 403 migrants qui débarquent aujourd’hui à Tarente et les autres 300 qui ont été secourus par le Alan Kurdi et le Open Arms, pourrait bientôt être rejoints par des milliers d’autres personnes en fuite du conflit libyen. Mais aussi depuis la Tunisie. Le gouvernement jaune-vert, avec Salvini ministre de l’Intérieur, avait nettement réduit les financements pour les centres qui s’occupent des demandeurs d’asile. On craint une situation d’urgence et Rome demandera aux pays de l’UE de respecter les accords sur la redistribution. Il y a eu des tensions avec Malte et il n’est pas exclu que d’autres pays se défilent si les arrivées continuent à augmenter. Le feu vert au débarquement pour les migrants d’Océan Viking est arrivé après l’accord avec la France et l’Allemagne pour l’accueil, mais il faudra voir quelle sera vraiment la destination finale. Dans le gouvernement certains voudraient une révision des normes des décrets-sécurité, comme le souhaite le président Mattarella. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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