"Di Maio quitte la direction du M5S."
23/01/2020
Italie. Revue de presse.
Les Unes des médias Italiens (ouverture des JT et Une de la presse quotidienne) portent sur la démission de L. Di Maio de son poste de chef du M5S : « Di Maio quitte et accuse » (Corriere della Sera), « Cinq Etoiles, sauve qui peut » (La Repubblica), « M5S, adieu au poison de Di Maio » (La Stampa), « Di Maio attaque et quitte : ou le M5S change ou bien il meurt » (Il Fatto Quotidiano), « Di Maio adieu, on va devoir le regretter. Maintenant le chef est Travaglio » (Il Riformista), « Di Maio quitte, bombe au sein du gouvernement » (Il Messaggero), « Di Maio quitte la direction du M5S » (Sole 24 Ore).
EDITORIAL, Stampa, M. Sorgi, « Le gouvernement est désormais plus faible » : « Etant donné que Di Maio a promis de livrer bataille lors du vrai premier congrès du M5S convoqué en mars, il faudra voir si son adieu vénéneux d’hier en est vraiment un. Au-delà de la liste des réalisations des 27 derniers mois en tant que leader, il a soutenu clairement que l’erreur du mouvement a été de ne pas parvenir à faire comprendre à sa base que l’attente et la construction graduelle, ne sont pas synonymes de renoncement mais de réalisation. Sa démission aura des conséquences immédiates pour le M5S et pour le gouvernement. En effet, bien que Di Maio ait fait l’éloge de Conte, et assuré qu’il irait de l’avant, il est inutile de se cacher que la perte du rôle politique, unie à celle de chef de délégation ministérielle du M5S, affaiblit l’équilibre, déjà fragile, de l’alliance jaune-rouge. Même si on entend souvent s’élever des voix contre les doubles charges qui donnent trop de pouvoir à la même personne, à chaque fois que l’on a séparé les deux fonctions, les gouvernements, tôt ou tard, sont tombés. Trois cas historiques exemplaires : De Gasperi, Fanfani, De Mita. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « Le destin passe par Bologne » : « Comme un mauvais présage, la démission de Di Maio est arrivée presque à la veille des élections régionales en Emilie Romagne et en Calabre. C’est un détail assez particulier, si l’on pense que l’on dit adieu après une défaite et pas avant. La situation du M5S est si compromise que le Mouvement a préféré, peut-être, devancer les résultats. Toutefois, l’affaire Di Maio ne doit pas être surestimée, parce qu’il était déjà, depuis longtemps, le leader affaiblit d’un Mouvement empêtré dans une crise dramatique et il s’était déjà plaint d’avoir été poignardé par ses « soi-disant » amis. Ce qu’il faut comprendre maintenant c’est jusqu’à quel point le gouvernement Conte peut résister et qui sera le nouveau chef politique de ce qui reste du grillisme gouvernemental. La réponse pourrait déjà être devant nos yeux : Giuseppe Conte, qui représente, comme personne d’autre, le choix de fond qui vise à faire fonctionner une entente à long terme avec le PD de Zingaretti, dans le but d’arriver à la fin de la législature en 2023. Une bonne partie de cette affaire passe quand même par les élections en Emilie Romagne, dans quatre jours et les résultats décideront, probablement, aussi le sort du fragile gouvernement à Rome. Perdre l’Emilie Romagne pourrait signifier, pour le centre gauche, devoir recommencer dans le pays à partir de l’an zéro ».
EDITORIAL, Il Messaggero, A. Campi « la parabole du leader qui suit le peuple » : « Les leaders d’aujourd’hui ont les mêmes caractéristiques de nos jours : marqués par la virtualité, l’éphémère et par la voracité des consommations (même dans la sphère politique). Ces leaders viennent et disparaissent avec une rapidité incroyable. Ils flairent les humeurs collectives et adaptent à ces dernières leur pensée, par ailleurs bien changeante. Pour Di Maio, en effet, le tout est fini sans gloire, avec une démission ordinaire ».
COMMENTAIRE Corriere della Sera F. Verderami « Le défi encore ouvert au feu ami » : « Conscient d’être devenu le bouc émissaire du Mouvement, Di Maio a préféré donner sa démission. Il a enlevé sa cravate (symbole du système) mais c’est aussi la métaphore de la contradiction d’un parti qui est en train de suffoquer, divisé entre les pulsions originaires et l’engagement de gouvernement. Pour le gouvernement, le problème demeure : il ne sera pas facile de gérer un chaos d’une majorité qui continue à se décomposer et de réaliser la mission qui lui a été confiée : celle d’élire le prochain Président de la République ».
ARTICLE Il Sole 24 Ore L. Palmerini « Les tentatives de repousser la prophétie de la fin » : « Face au dilemme de débrancher le courant du gouvernement Conte II et tenter de redevenir ce qu’ils étaient aux débuts, les 5 Etoiles ont préféré rester au gouvernement et tenter de se auto-réformer dans les prochaines 3 années de législature. Un choix courageux car les prévisions, en politique, ne sont jamais faciles. Le choix de rester gouverner peut créer une distance avec les électeurs. Il faut maintenant retrouver l’harmonie au sein du M5S et tenter de faire mieux marcher l’alliance avec le PD. Une alliance qui, jusque-là, n’a pas encore pris de la hauteur ».
ANALYSE, Il Foglio, C. Cerasa : « Et oui, le réalité est plus forte que le grillisme » : « Au-delà de toute ironie, la chute du chef politique du M5S est une culbute plus symbolique que liée au leadership. Le titre de cette défaite pourrait être : le prix de l’antipolitique. Contrairement à ce que beaucoup pourraient croire, ce que Di Maio paie aujourd’hui, ce n’est pas d’avoir trahi les promesses du M5S mais plutôt d’avoir accepté des promesses empoisonnées tout en tentant de s’en démarquer. Di Maio paie sa dévotion à la culture de l’incompétence. Il a vu, de ses yeux, ce que signifie gouverner un mouvement qui a fait de « l’antipolitique » et de « la politique du non » son unique boussole. Il s’est rendu compte, après deux ans de gouvernement, qu’il ne pouvait être crédible qu’à condition d’annuler une bonne partie de ces promesses. Malgré les nombreux (malheureusement) succès obtenus, Di Maio a dû faire face à un problème appelé « principe de réalité » qui a contribué à faire baisser le M5S, en douze mois, de 32 % à 17 %. Cet affrontement avec la réalité a donc mis en évidence l’idéologie toxique du grillisme parce que, pour des raisons pratiques et de survie, le Mouvement a dû accepter des compromis et a dû adopter plusieurs mesures politiques et économiques. Enfin, Di Maio s’est rendu compte que même les partis populistes, pour pouvoir survivre, doivent choisir un camp. Mais la bonne nouvelle est que le sacrifice de Luigi Di Maio a eu un mérite : démontrer que les populismes « antisystème » sont destinés à être un accident de l’histoire ».
RETROSCENA, Il Messaggero, M. Conti « Conte craint le piège Di Maio, le M5S sans un leader » : « Les mots rassurants répétés à plusieurs reprises hier par Giuseppe Conte tentent de cacher une inquiétude pour une décision qui prive le Palais Chigi d’un interlocuteur en mesure de pouvoir parler à tout le Mouvement. Il est probable que le rôle de capitaine de l’équipe gouvernementale 5 Etoiles sera confiée au ministre du Développement économique Patuanelli mais la perspective que le régent du Mouvement soit jusqu’en avril, par statut, V. Crimi (figure pas très souple) n’est guère rassurante pour Conte ».
ARTICLE, Il Fatto Quotidiano, L. De Carolis M. Conti « Le silence de Grillo, qui savait de l’adieu mais qui n’a rien fait pour arrêter Di Maio » : « Beppe Grillo a laissé Di Maio faire son choix, conscient que leur distance sur la route politique était abyssale. Par ailleurs, les groupes parlementaires étaient (et sont toujours) un archipel de petits groupes unis pour ne pas répondre au chef. Grillo s’est limité à tranquilliser certains ténors. Les soupçons sur son soutien silencieux à un axe Di Maio-Casaleggio demeurent. Mais une chose est certaine, Grillo n’a pas envie de gérer personnellement les choses. Il mise plutôt sur Conte et sur un avenir du M5S au sein du centre gauche. D’où la fracture avec Di Maio ».
ENTRETIEN, Il Messaggero, de M. Renzi, ancien président du Conseil et fondateur d’Italia Viva « Pour les 5 Etoiles une crise inévitable, maintenant Conte doit changer de vitesse » : « ‘’Je crois que les 5 Etoiles ont commencé une pente descendante inévitable. Ils étaient la nouveauté, ils représentent maintenant le passé. Du reste, il est facile de jouer les populistes quand tu es dans l’opposition. Quand tu es au pouvoir, tout change. Le problème maintenant c’est la croissance. Il faut que Conte change de vitesse. Pour cette raison, le 1er et le 2 février Italia Viva présentera lors de son assemblée un « plan de choc ». L’Italie a besoin d’un gouvernement qui stabilise et qui n’exaspère pas les tensions Et qu’elle retrouve son rôle en Europe et en Méditerranée’’ ».
ARTICLE Corriere della Sera C. Zapperi « Polémique sur Salvini et sa boutade à l’interphone. Le PD critique Rai Uno pour un spot pour le leader de la Ligue » : « Le Lendemain, malgré les polémiques qui risquent l’incident diplomatique avec un pays étranger, Salvini ne fait pas marche arrière et assure ‘’je serais prêt à refaire cette chose-là’’ car ‘’le problème n’est pas être Italien ou étranger, le problème est de lutter contre la drogue rue par rue, interphone après interphone’’. Entretemps, hier soir, Salvini apparait sur la principale chaine publique en début de soirée, juste pendant la pause du match Juve-Rome, en pleine campagne électorale pour l’Emilie-Romagne. Chose déplorée par le leader du PD, N. Zingaretti ‘’jamais la télévision publique n’était descendue aussi bas’’. Pour revenir à la polémique de l’interphone, son alliée Giorgia Meloni prend ses distances ‘’personnellement, je ne l’aurais jamais fait. Toutefois, le problème de la drogue existe bien’’. Berlusconi le défend timidement ‘’Salvini est un peu comme ça. Un peu théâtral, un peu provocateur’’. Pour Vittorio Sgarbi, en revanche ‘’ Salvini a fait un geste qui lui fera gagner les élections. Un geste politiquement incorrect et critiquable, mais qui a une signification de vérité’’ ». geste qui lui fera gagner les élections. Un geste politiquement incorrect et critiquable, mais qui a une signification de vérité’’ ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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