Rejet par la Cour Constitutionnelle de la proposition de référendum déposée par la Ligue.
17/01/2020
Italie. Revue de presse.
Le rejet par la Cour Constitutionnelle de la proposition de référendum déposée par la Ligue fait les gros titres des médias. La presse écrite relève dans l’ensemble une « défaite » pour M. Salvini et une accélération vers une réforme du mode de scrutin proportionnel : « Non au référendum de la Ligue » - ‘’Rejeté car ‘’manipulateur’’ ‘’ (Corriere della Sera), « Loi électorale, Salvini rejeté » (La Repubblica), « Référendum, un revers pour Salvini » (La Stampa), « Le [scrutin] proportionnel plus proche » - ‘’Colère de Salvini, le gouvernement orienté vers le modèle allemand’’ (Il Messaggero), « Cour Constitutionnelle et ‘’Sardine’’, deux revers pour Salvini » (Il Fatto Quotidiano), « Elections, adieu au système majoritaire » (Il Mattino).
ARTICLE, Stampa, U. Magri, « Halte-là de la Cour Constitutionnelle à la Ligue : ‘’référendum trop manipulateur’’ » - « Pas de consultation sur la loi électorale. Le verdict après une journée de discussions » : « Au fond, Salvini ne se faisait pas d’illusion, peut-être même craignait-il, lui qui veut un retour rapide aux urnes, que la Ligue soit bloquée dans ces affaires de réformes, et il profitera de la décision des juges pour récupérer quelques voix en Emilie-Romagne. Du côté du gouvernement, en revanche, c’est le soulagement général. Les 5 étoiles et Italia Viva notamment veulent une loi proportionnelle, ou c’est la fin ».
ARTICLE Il Messaggero A. Gentili « Davantage de stabilité pour l’exécutif, la réforme va de l’avant » : « Giuseppe Conte a appris la ‘’très bonne nouvelle’’ alors qu’il partait d’Alger. Il s’en est félicité par téléphone avec Franceschini, Zingaretti et Di Maio : ‘’nous avons échappé à un danger, le gouvernement en sort renforcé et maintenant il a une perspective plus grande pour aller de l’avant’’, voici le commentaire partagé des différents interlocuteurs. Le prochain pas de la majorité est l’adoption d’une loi électorale proportionnelle à l’allemande, avec deux objectifs : ‘’éviter le danger d’un homme seul au pouvoir’’ explique un ministre du PD. Car le système proportionnel obligera Salvini à chercher des alliés. Selon un sondage de Youtrend, la Ligue obtiendrait le plus grand nombre de parlementaires mais insuffisant pour gouverner seuls. Le soutien de Fratelli d’Italia et de Forza Italia sera indispensable. Bref, le ‘’Germanicum’’ serait la solution pour ‘’gérer le danger Salvini’’, comme souligne Franceschini. L’issue pour éviter les embuscade des votes secrets, serait d’adopter un seuil de barrage à hauteur de 4% ».
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « Portes ouvertes au système proportionnel » : « Un vieux défenseur du système majoritaire, Arturo Parisi, a commenté la décision de la Cour Constitutionnelle comme « la fin de toutes les illusions ». Est-il possible que ce monsieur, ancien collaborateur de Prodi à l’époque de l’Ulivo, soit devenu un partisan de Salvini ? Est-il croyable que son amertume résulte du regret de l’échec de Calderoli, auteur d’une question jugée « excessivement manipulatrice » ? Parisi, et avec lui d’autres partisans du système majoritaire, sont seulement en train de dire adieu à une bataille qui a duré trente ans et est maintenant définitivement terminée. Car un point est clair : dorénavant, il ne sera plus du tout logique proposer d’autres référendums pour changer la loi électorale ».
COMMENTAIRE Sole 24 Ore L. Palmerini « Un rejet que Salvini utilise dans sa campagne pour l’Emilie » : « Le ‘’non’’ de la Cour Constitutionnelle a été transformé par Salvini en un argument à insérer dans sa campagne électorale pour l’Emilie-Romagne. Son but est de créer l’idée selon laquelle les institutions (et la majorité) sont en train d’empêcher le peuple de disposer de son droit de choisir et de s’exprimer. Il l’a dit ‘’c’est une honte, c’est le vieux système qui se défend. C’est un vol de démocratie’’. Il s’en prend aussi au PD ‘’ils fêtent le fait que les Italiens ne puissent pas aller voter’’. Bref, ce qui intéresse au leader léguiste, c’est d’affirmer l’idée de l’inaccessibilité du vote et de la transformer en frustration dans le but de stimuler même les plus résignés, de voter contre Bonaccini, le candidat du PD. Quant à Di Maio, ce dernier est soulagé car le modèle allemand est le seul mode de scrutin en mesure de garder uni un Mouvement désormais balkanisé. C’est un soulagement aussi pour Zingaretti, qui a choisi la construction d’une alliance stratégique avec le M5S. Mais il retiendra sa respiration jusqu’au 26 janvier ».
EDITORIAL, Stampa, M. Sorgi, « La stratégie du Capitaine – A la place du sweat, le costume » : « Nous ne voterons pas à l’anglaise, plutôt à l’allemande, si la course pour un retour au proportionnel continue à ce rythme. Les juges de la Cour constitutionnelle ont considéré que le référendum proposé par Salvini était trop ‘’manipulateur’’. Malgré la réaction très dure de Salvini, le Capitaine savait parfaitement que ça finirait ainsi. Il l’a surtout fait pour attirer l’attention de la nécessité d’un retour aux urnes. La faiblesse du gouvernement, exposée chaque jour par les divisions au sein de la majorité (prescription, révocation de la concession à Atlantia), le pousse à parier que le gouvernement ne résistera pas longtemps. La tentative de le liquider par voie judiciaire lui offrait une scène sans pareil, lui permettant de parler aux Italiens dans le rôle du persécuté. Pour cette raison, Salvini continue de se comporter pratiquement comme si de rien n’était et travaille à une redéfinition de son image de candidat à la présidence du Conseil. Le changement annoncé hier sur l’antisémitisme et un positionnement pro-Israël, après sa coupable indulgence envers la vulgarité de certains groupes néonazis, va dans le sens d’une nouvelle phase : le plus imprévisible des leaders politiques se prépare à troquer le sweat contre un costume trois-pièces ».
RETROSCENA (Coulisses), La Repubblica, C. Lopapa : « Les enquêtes et le piège du système proportionnel. La colère de Salvini » : « Il y a des journées plus noires que les autres, où Matteo Salvini se rend compte que les portes du Palais risquent de ne plus se réouvrir pour lui. Malgré les sondages et malgré les victoires aux élections régionales (jusqu’à maintenant et celles qu’il espère remporter bientôt). Et hier, pour le leader de la Ligue, c’était véritablement une « très mauvaise journée », utilisant les mots de son découragement à la fin de sa visite rapide à Lamezia Terme, en Calabre. Parce que, avec le rejet par la Cour Constitutionnelle de la proposition de référendum, déposé par la Ligue, qui aurait dû modifier la loi électorale en système majoritaire, le cauchemar que Salvini avait tenté d’étouffer, c’est-à-dire le retour au système proportionnel, se matérialise. Salvini prévoit ainsi le danger de ne pas gagner et lance la campagne pour l’élection directe du Président de la République ».
PROPOS, Il Messaggero, de Giancarlo Giorgetti, vice-président de la Ligue « Ce sont des morts-vivants, la Cour Constitutionnelle ne favorise pas la gouvernabilité » : « ‘’C’est regrettable pour l’Italie, mais pour nous rien ne change car tôt ou tard, la Ligue qui reviendra au pouvoir. Ce gouvernement et cette majorité peuvent adopter n’importe quelle loi électorale, ce sont des morts vivants. La Ligue l’emportera, comme l’indiquent les sondages, même avec un système proportionnel. Ma proposition personnelle serait un retour au système mixte dit ‘’Mattarellum’’, qui a montré d’être en mesure de favoriser la gouvernabilité’’ ».
ARTICLE, La Repubblica, G. Vitale : « Le PD attaque Renzi : « Il a dépassé les limites, et veut aider la Ligue » : « Après des mois à supporter « toutes les intempérances de Renzi », le PD a changé de tactique et a attaqué l’ancien secrétaire du parti, surtout après son alliance avec la droite sur la prescription et ses polémiques sur la candidature de Callipo aux prochaines élections régionales en Calabre. C’est la classique goutte d’eau qui fait déborder le vase ! Les proches de Zingaretti soulignent ainsi que ce sont les très mauvais sondages qui lui montent à la tête et ils déclarent qu’il y a le soupçon que le leader d’Italia Viva ait commencé le boycottage en vue de prochaines élections régionales ».
ENTRETIEN de Stefano Patuanelli, ministre du Développement Economique : « ‘’ Je veux les Cinq Etoiles parmi les réformateurs ’’ » (La Repubblica) : « ‘‘ Je confirme l’annulation de la concession autoroutière à Austostrade et je lance un appel aux chefs de groupe de la majorité. Nous devons écrire ensemble un plan industriel pour les dix prochaines années. L’annulation des concessions est le résultat des 43 personnes mortes lors de l’effondrement du pont Morandi à Gênes. Ce sont les responsables de la société Autostrade, et non les travailleurs, qui doivent payer pour ce qui est arrivé ainsi que pour le mauvais entretien des routes. Les investisseurs étrangers doivent rester en Italie et ils doivent garantir les engagements pris à l’égard de notre pays et des travailleurs qu’ils embauchent. La position naturelle du M5S est dans le cadre des réformateurs et il est temps d’un leadership collégial ‘’ ».
ARTICLE, Corriere della Sera, Al. T. : « Gregoretti, l’escamotage de la majorité pour un report » : « Le PD et le M5S ont deux possibilités : voter en faveur de l’autorisation de procéder contre Salvini, en le transformant en « victime » - une arme polémique en vue des élections en Emilie-Romagne, ou s’abstenir, en le sauvant momentanément et reportant la décision de vote au Sénat, en février. Rien n’a encore été décidé ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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