"Le gouvernement suspendu aux doutes du M5S."
11/12/2019
Italie.
Les discussions autour du mécanisme européen de stabilité (MES) font toujours les gros titres des médias transalpins. La presse relève notamment les perplexités d’une partie du M5S, qui serait prête à s’abstenir voire à voter contre la résolution sur le MES, à la veille du Conseil européen : « Gouvernement, tensions au sein des 5 Etoiles » - ‘’Aujourd’hui la motion sur le MES, doutes du M5S, ultimatum de Zingaretti’’ (Corriere della Sera), « Le gouvernement suspendu aux doutes du M5S » - ‘’Les 5 Etoiles demandent plus de garanties » (Il Messaggero), « Le gouvernement lié aux dissentiments au sein des 5 Etoiles » (Il Mattino).
La manifestation de 600 maires à Milan en solidarité avec la sénatrice L. Segre (rescapée d’Auschwitz et menacée de mort) est également reprise avec une large couverture photographique en Une : « Les 600 maires avec Segre » (Corriere della Sera), « La marche des 600 » - ‘’Les maires contre l’antisémitisme et le racisme’’ (La Repubblica), « Les manifestations des valeurs » (La Stampa).
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Galluzzo : « MES, la majorité recherche l’unité » : « Le matin à la Chambre, l’après-midi au Sénat, le président du Conseil Giuseppe Conte présentera aujourd’hui le contenu du prochain Conseil européen et recevra un mandat de la part de la majorité pour les négociations que l’exécutif doit compléter au niveau européen. Il y a toutes les conditions pour une baisse de la tension. Le M5S votera uni sur la résolution de majorité de la réforme du MES, a confirmé la ministre pour les Politiques Sociales et du Travail, Nunzia Catalfo. Le ministre pour des Affaire Européennes, Enzo Amendola, souligne, lui-aussi de Bruxelles, qu’au Parlement il y aura une motion unitaire de toute la majorité et qu’on votera absolument tous unis. Le texte de la résolution de la majorité aurait été « très simplifié » par rapport aux versions précédentes : il reste la logique de l’ensemble des mesures MES, Union bancaire mais il sera adopté de manière progressive et, de toute façon, avec l’implication du Parlement. Aujourd’hui, l’opposition passera surement à l’offensive : Giorgia Meloni, présidente de FDI et Matteo Salvini, leader de la Ligue, qui a affirmé que le gouvernement était encore en train de se disputer sur les impôts, la justice, l’autonomie, le MES et qu’il sera au Sénat pour empêcher la signature d’un traité international qui est, pour l’énième fois, une attaque aux Italiens et un service à l’Allemagne. Salvini a ajouté : ‘’ Des services à l’Allemagne, nous en avons déjà assez rendus : avec l’argent des Italiens il faut aider les Italiens et pas quelqu’un d’autre ‘’ ».
RETROSCENA (Coulisses), Corriere della Sera, A. Trocino : « Di Maio tente de calmer les mauvaises humeurs mais un sénateur est prêt à partir » : « Un demi pas en arrière sur le MES, des provocations oubliées (au moins pour 24 heures) et de grands espoirs pour les mois à venir. Luigi Di Maio, convoqué par les 14 chefs des commissions parlementaires, donne une image souriante et réconciliatrice, la veille du vote à la Chambre et au Sénat, de la résolution sur le MES. La tentative du chef politique des 5 étoiles est celle de réunir un groupe de plus en plus inquiet, tentative qui n’a pas complètement réussi, étant donné que le sénateur Ugo Grassi, selon plusieurs rumeurs, serait prêt à partir vers la Ligue. Le matin commence par la rencontre entre Di Maio et les 14 chefs. La visibilité médiatique ainsi que l’habituelle appréhension révérencielle des assemblées suggèrent de ne pas trop hausser le ton, mais le contenu de la discussion reste dur. On demande à Di Maio une attitude plus responsable, de ne pas exagérer avec la propagande sur les réseaux sociaux et sur le blog. Zingaretti, de son côté, laisse échapper son irritation en affirmant que l’on a besoin d’actions concrètes, sinon le PD ne restera pas au gouvernement. La tension augmente, tous les sénateurs ne sont pas convaincus de la nécessité de voter pour le MES, ils sont pour le non ou pour l’abstention. Une quinzaine de personnes sont sur des positions critiques mais il sera difficile de dépasser les cinq votes contraires lors du vote. Les problèmes des Cinq Etoiles ne s’arrêtent pas là mais Di Maio a convaincu les adversaire à accorder une trêve et à former une liste unique ».
EDITORIAL, Repubblica, S. Messina, « Le drapeau de la simplicité » : « Nul hier ne s’est étonné à Milan, en assistant à un événement sans précédent telle que la marche de 600 maires qui traversent la ville en entonnant l’Inno di Mameli, non pour demander quelque chose à Rome mais pour bloquer le virus de la haine et la contagion de la violence. Nul n’a été surpris parce que ce cortège de manifestants avec le drapeau tricolore donnait corps et voix au désir de tourner la page. Et il interprétait le même sentiment qui fait que chaque jour de nombreux citoyens se rassemblent sur les places des mille villes d’Italie, acceptant de s’appeler ‘’sardines’’, comme le poisson le plus humble, le plus discipliné, le plus bleu, de tous les océans. Personne mieux que la sénatrice à vie Liliana Segre ne pouvait incarner cette transversalité, elle qui aujourd’hui encore ressent la mauvaise haleine de la haine de fanatiques, après avoir survécu à la violence sanguinaire de l’antisémitisme. Il n’y avait pas que les maires dans les rues de Milan, encore une fois capitale morale du pays, mais aussi des milliers de citoyens – et sans doute parmi les 25.000 qui ont envahi Piazza Duomo, sardines sous la pluie, contre une majorité silencieuse qui n’attend que de se soumettre aux pleins pouvoirs de Salvini. Il y avait aussi des maires léguistes dans le cortège même si tous savaient que Matteo Salvini est le premier destinataire de ce ‘’ça suffit’’. »
ARTICLE, La Stampa, G. Longo : « Alliance Carfagna – Boschi : ensemble pour la défense des droits » : « L’une est vice-présidente de la Chambre des Députes, élue dans les rangs de Forza Italia. L’autre, renzienne de fer, est la chef de groupe des députés d’Italia Viva. Cependant Mara Carfagna et Maria Elena Boschi parlent la même langue. Leurs interventions, pendant la présentation du livre ‘Assedio à l’occidente’ du directeur de La Stampa Maurizio Molinari, se caractérisent par une convergence de vues. Au centre de l’entente il y a la défense des droits, ceux des femmes, de la classe moyenne, des plus faibles. La lutte contre les inégalités est le point commun qui caractérise leur participation au débat. ‘’ Il faut travailler en partant des droits des femmes : il ne suffit pas de sauvegarder les objectifs qui ont déjà été rejoints ‘’ affirme Boschi. Un argument qui est à cœur aussi de Carfagna : ‘’ L’ambiguïté du gouvernement est évidente sur la gestion des rapports avec la Russie, de la part de la Ligue, et avec la Chine, de la part du M5S. Il faut s’opposer aux déstabilisations pour renforcer notre Pays et garantir la défense des droits. ‘’ Sinon, affirme Boschi : ‘’L’Italie risque d’être le maillon faible de l’Occident. ‘’
ARTICLE, Corriere della Sera, F. Sarzanini : « Les fonds de la Ligue, des entreprises perquisitionnées et une personne sous enquête » : « L’assesseur à l’Autonomie et à la Culture de la Région Lombardie, Stefano Bruno Galli, a été place sous enquête par le Parquet de Gênes dans le cadre de l’enquête sur le prétendu blanchiment d’une partie des 49 millions des fonds de la Ligue, remboursements électoraux que la Ligue aurait fait disparaitre. Il s’agit de reconstruire le parcours des 450 000 euros qui ont été transférés de la Ligue à l’association « Maroni président » et d’effectuer des contrôles aussi sur la société du député de la Ligue, Fabio Massimo Boniardi, qui a été perquisitionné et qui fait partie de cette association ».
ARTICLE, Fatto Quotidiano, D. Milosa et F. Sansa « Ligue, les opérations douteuses également pendant la direction de Salvini » : « Des opérations à hauteur de 450 000€ entre mars 2013 et avril 2018, quand Salvini était secrétaire de la Ligue. Selon les enquêteurs génois, cette somme ferait partie de ces 49 millions disparus que l’Etat réclame à la Ligue. Les enquêteurs veulent reconstruire le parcours de l’argent qui est passé par des sociétés (perquisitionnées par la brigade financière) et qui serait revenu au parti. Parmi les personnes placées sous enquête, figure Aurora Lussana, épouse de Nicola Molteni, l’ancien secrétaire d’Etat de Matteo Salvini. Faisait également partie du conseil d’administration d’une de ces sociétés Stefano Candiani, secrétaire d’Etat à l’Intérieur quand Salvini était ministre ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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