"Grande tension à la réunion nocturne sur le MES. Di Maio défie le PD."
02/12/2019
Italie. Revue de presse.
La réforme du Mécanisme européen de sauvetage (MES) fait encore les gros titres des médias transalpins. La presse quotidienne relève la « tension » au sein de la majorité, les deux principaux partis de la majorité gouvernementale (M5S et PD) étant toujours divisés. La presse (Messaggero, Stampa) indique que G. Conte compterait sur l’appui de Paris pour demander un report d’un mois, afin d’avoir le temps de dissiper les interrogations soulevées par Salvini (Ligue) et Meloni (Frères d’Italie), auxquelles a fini par adhérer L. Di Maio (M5S) : « Sauve-Etat, négociations avec l’UE » - ‘’Tension à la réunion, les « renziens » absents. Mandat à Gualtieri pour Bruxelles’’ (Corriere della Sera), « De cette manière tout saute » - ‘’Grande tension à la réunion nocturne sur le MES. Di Maio défie le PD : une motion pour le report du vote’’ (La Repubblica), « MES, le gouvernement ne tient qu’au renvoi » - ‘’L’exécutif mise sur l’appui de la France et d’autres Etats pour un report du vote à Bruxelles’’ (La Stampa), « Gouvernement divisé, défi au Parlement » (Il Messaggero, Il Mattino).
EDITORIAL, La Stampa, S. Lepri : « Le risque d’une double défaite » : « L’offensive de propagande de la droite, à laquelle le M5S a du mal à y résister, se fonde sur une émotion simple voire vulgaire : la méfiance envers les autres Européens. Il y a une tentative de les décrire comme des ennemis voués à « arnaquer » les Italiens. Dommage que le parti d’extrême droite allemand, l’AfD soit convaincu de l’inverse, qu’il s’agisse d’un instrument des Italiens pour « piquer » de l’argent aux Allemands. L’idée de demander un (inutile) délai de réflexion sur l’accord du MES pour renforcer la position de négociation de l’Italie apparait sans base. Face à un risque qui n’est pas pressant, demander un report finira par apparaitre aux autres pays membres comme un signe de manque de fiabilité de l’Italie. Le mécanisme de sauvetage, même avec ses défauts, est un instrument de solidarité envers les pays les plus faibles. Bref, les autres pourraient nous dire ‘’vous ne le voulez pas ? Tant pis pour vous’’. Et il est difficile que cela nous aide dans l’autre négociation, celle des mesures sur les banques »
ANALYSE, Corriere della Sera, F. Fubini : « La troisième voie qui peut sauver l’Italie sur le MES » : « Que peut faire l’Italie ? Si le gouvernement signe l’accord européen, il risque de tomber car une partie du M5S est en désaccord ; s’il le bloque, le pays risque des tensions sur les marchés de la dette publique, car les investisseurs penseraient qu’une frange d’extrémistes anti-euro ont encore le contrôle du pays. Il y a une troisième voie pour le gouvernement actuel, qui ne participa pas à la négociation de 2018 : prendre du temps avec l’Europe pour consulter son Parlement (Paris et Berlin le font régulièrement) et proposer ensuite une révision du traité qui démasquera « l’européisme de façade » de l’Allemagne. L’Italie peut conditionner son accord à la promotion du MES – avec les actuelles règles – au rang de véritable institution européenne qui rend uniquement compte au Parlement de Strasbourg. »
ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco : « Gouvernement en équilibre sur le sauve-Etat, Di Maio défie le PD : ‘’ Il faut voter sur le report ‘’» : « Dans le moment peut-être le plus difficile d’une rencontre qui sent la crise, le ministre de l’Economie, Roberto Gualtieri, se dérobe et affirme qu’il s’en tient à la décision du président du Conseil. Jusqu’à tard, l’affrontement au sein de la majorité est très dur et relève la grande tension, les deux principaux partis de la majorité gouvernementale (M5S et PD) étant toujours divisés. Luigi Di Maio, leader du M5S, qui a fini par adhérer aux positions des interrogations soulevées par Salvini (Ligue) et Meloni (FdI), voudrait la modification du mécanisme de restructuration automatique de la dette ainsi que la réalisation de l’union bancaire européenne. La position de Roberto Gualtieri, la même que celle du PD, est qu’il faudrait donner le feu vert au MES et à l’union bancaire en même temps, s’il y a les conditions et les garanties. Le président Conte est en difficulté, Gualtieri devra traiter avec l’UE mais ensuite ce sera au Parlement de décider et il espère pouvoir compter sur l’appui de la France et d’autres Etats pour un report du vote à Bruxelles, afin d’avoir le temps de dissiper toutes les interrogations et les doutes ».
ARTICLE, La Stampa, A. Barbera et I. Lombardo : « Di Maio veut un report du bouclier européen » : « L’hypothèse de travail discutée lors la réunion de majorité convoquée par Conte au Palais Chigi serait un mois de moratoire grâce au soutien de la France et de quelques autres pays pour ‘’faire lumière’’ sur les points les plus délicats du traité de la réforme du Fonds de sauvetage. Pour le PD, la réforme est considérée comme un acquis et les démocrates en font une question de survie du gouvernement. Italia Viva de Renzi déserte la réunion ‘’c’est une dispute entre le PD et le M5S, qu’ils voient cela entre eux’’. La solution possible pour faire sortir la majorité de cette impasse arrive de Paris. Selon des sources gouvernementales, les Français (avec une dette qui frôle les 100% du PIB) seraient d’accord avec l’Italie et craignent les contrecoups imprévus des modalités d’application d’une éventuelle demande d’assistance financière. L’Italie a déjà obtenu que le mécanisme de sauvetage ne soit pas automatique. Toutefois, plusieurs, dont la Banque d’Italie, ont exprimé leur perplexité sur une formule qui laisse de l’espace à des hypothèses de coupes aux épargnants. Un scénario qui a déclenché la fronde souverainiste du M5S avec les oppositions. En premier Salvini, qui défiera aujourd’hui Conte au Sénat. Le Président du Conseil a invité Di Maio à prendre en considération tout le ‘’paquet’’ des réformes, le mettant en garde ‘’le vrai danger pour l’Italie vient de l’Union bancaire’’ »
COULISSE, Corriere della Sera, M. Guerzoni : « La pression de Di Maio : c’est le Parlement qui doit décider. Bras-de-fer avec le ministre de l’Économie » : Plus de quatre heures de discussion, jusqu’à la médiation de Conte qui a fait baisser le ton et a trouvé un accord sur le MES. L’enjeu est le destin du gouvernement. En ouvrant la réunion, Conte incite ‘’à trouver une position commune, qui puisse obtenir l’approbation du Parlement. Luigi Di Maio lui a confié sa crainte que ses troupes ne supportent pas le poids du traité, car pour le M5S ‘’beaucoup de choses de l’Union économique et monétaire doivent être revues. Son groupe parlementaire est en révolte et il est très contrarié car le Ministère de l’Économie aurait négocié avec l’UE ‘’sans le soutien politique ‘’ du parti majoritaire. Gualtieri défend le texte, jusqu’à ce que Di Maio, en plein conflit avec le ministre de l’Économie lance son avertissement : « Il n’y a pas les chiffres pour approuver le MES. Le gouvernement doit se mettre de côté et laisser au Parlement souverain, prendre une décision aussi délicate ‘’. L’objectif de l’Italie est d’obtenir des améliorations sur le texte de l’Union bancaire et sur les documents d’accompagnement. Et si la négociation devait mal se passer à cause de la dure opposition de l’Allemagne qui défend ses intérêts ? Selon le M5S Gualtieri devrait mettre un veto de l’Italie. Sans aucun renvoi. »
ENTRETIEN (La Repubblica) de David Sassoli, président du Parlement européen : « ‘’ Bloquer la réforme est un choix à haut risque pour la crédibilité de l’Italie ’’ » : « On ne parle du MES (Mécanisme européen de stabilité) qu’en Italie. Dans les capitales de l’UE, personne n’en parle parce qu’il s’agit d’un fonds à utiliser uniquement en cas d’urgence si un pays est en difficulté. Le réforme de ce mécanisme ne nuit pas à l’Italie ; il y a, bien sûr, certains aspects qui peuvent être améliorés, mais à l’intérieur de l’ensemble des mesures de réforme de la zone euro et non du traité du MES. Les règles du MES peuvent être améliorées, même en introduisant des mécanismes qui prévoient l’implication du Parlement européen, mais ne pas le signer serait comme conduire une Ferrari non assurée et comme ne pas avoir un parachute dans un moment de difficulté. Pourquoi y renoncer ? ».
ARTICLE, Il Messaggero V. Errante « L’accord de Malte devient opérationnel : les premiers 210 migrants iront à l’UE » : « L’accord trouvé en septembre à Malte semblait destiné à devenir lettre morte. Or, Bruxelles, qui a géré directement l’affaire, a assuré de fait le dépassement du Traité de Dublin. La redistribution, en effet, ne regarde pas uniquement les demandeurs d’asile mais aussi les migrants économiques. Cette redistribution concerne les débarquements de ces dernières semaines de migrants sauvés en mer par le navire Ocean Viking et ceux sauvés par Open Arms. De ces 353 migrants, 90 iront en France, 69 en Allemagne, 20 au Portugal et 25 en Espagne et en Irlande. L’entente ne prévoit pas de quotas fixes mais la répartition se fait sous la régie de Bruxelles ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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