"Trump mise maintenant sur Meloni."
28/11/2019
Italie. Revue de presse.
Le débat sur la réforme du mécanisme de sauvetage européen (MES) fait les gros titres des médias transalpins. La presse écrite reporte notamment les tensions entre la majorité et l’opposition, malgré l’intervention du ministre de l’Economie R. Gualtieri à la Chambre pour en expliquer les contenus. M. Salvini (Ligue) et G. Meloni (FdI) déplorent une entente ‘’nuisible pour les épargnants italiens’’ : « Dispute sur le fonds sauve-Etats » - ‘’Gualtieri défend l’entente avec l’Europe. Tension à la chambre’’ (Corriere della Sera), « Dispute sur la dette, hypothèse d’un report » - ‘’Ligue et FdI s’insurgent contre une entente ‘’non modifiable’’ (Il Messaggero), « Rixe sur le fonds de sauvetage » (Il Mattino).
L’investiture de la nouvelle Commission Européenne est aussi reprise en Une avec une large couverture photographique. Dans l’ensemble, les observateurs notent « les divisions au sein du M5S » qui a voté en ordre dispersé (Repubblica). Quant au discours de la nouvelle Présidente de la Commission, certains observateurs y voient « un message clair adressé à la Chine et aux Etats-Unis » (Repubblica). Selon le quotidien du Patronat italien, U. Von der Leyen sera amenée à privilégier un système de ‘’Grosse Koalition’’ (Sole 24 Ore) : « Von der Leyen : l’Europe sera verte » (La Repubblica), « Commission européenne, mainmise allemande dans l’équipe d’Ursula » (La Stampa), « L’Europe repart avec une large majorité » (Avvenire).
Le débat sur la réforme du Mécanisme de sauvetage européen (MES) et le vote de confiance sur la nouvelle Commission Européenne font l’ouverture des journaux télévisés.
ARTICLE La Repubblica A. Cuzzocrea « Gualtieri défend le MES et la droite se déchaine. Rixe à la Chambre » : « A un moment donné, les hurlements sont devenus si forts que les huissiers se sont précipités dans l’hémicycle. Le secrétaire de la Chambre de la Ligue Marzio Liuni avance, le doigt pointé contre Roberto Fico, menaçant. On l’arrête. Son collègue Daniel Belotti descend rapidement les marches et casse une chaise devant le banc des sténographes. Il insulte les députés démocrates. Depuis les bancs, s’élèvent les hurlements de Giorgetti, Risi et Molteni. Puis un autre député se précipite vers un collègue de Forza Italia l’accusant de filmer la scène. Mulè s’interpose pour expliquer que le portable était utilisé pour un appel, téléphonique : il s’en sort avec un poignet foulé. Fico suspend la session. Voilà comment s’est terminée hier la discussion sur le MES à la Chambre après que le député démocrate De Luca avait rappelé que les négociations avaient été faite par le précédent gouvernement M5S-Ligue ».
COULISSES Il Messaggero, M. Conti « L’axe Conte-Di Maio est de retour. Sur le MES, le M5S vise un report au sein de l’UE » : « Le dernier problème arrive de Strasbourg où le groupe M5S s’est divisé, et quatre des quatorze députés européens n’ont pas voté pour la Commission von der Leyen. Décisifs pour faire passer, il y a quatre mois, la candidature allemande, soutenue par G. Conte. Inquiétants désormais pour Rome, étant donné cette attitude de ‘’mouvement permanent’’ qui agace terriblement le PD. Reste le fait que Di Maio a immédiatement ‘’couvert’’ les dissidents, annonçant qu’il n’y aurait pas de procédure contre eux et qu’il en avait été informé. »
RETROSCENA (Coulisses), La Stampa, I. Lombardo : « Pression souverainiste, Di Maio s’aligne sur le report du MES » : « Une forte tension entre la majorité et l’opposition sur la réforme du mécanisme de sauvetage européen (MES) a caractérisé le climat politique d’hier, malgré l’intervention du ministre de l’Economie Roberto Gualtieri à la Chambre pour en expliquer le contenu. Au Palais Chigi, Giuseppe Conte est convaincu que Luigi Di Maio n’a aucune intention de rejeter cette réforme que l’Italie devrait signer en décembre. Au contraire, Conte et Di Maio se sont parlés plus que d’habitude, ces jours-ci, pour trouver la solution afin d’éviter la chute du gouvernement. Mais des sources au M5S affirment que l’intention du leader politique serait, en réalité, de reporter la signature de l’accord. L’option du report, vue par Bruxelles, serait retentissante et elle ne pourrait être atténuée que si d’autres pays de l’UE faisaient de même. Mais pour le moment, Di Maio a juste besoin de savoir que Gualtieri, même en défendant l’accord avec l’Europe, a assuré que la négociation n’avait pas encore été signée. Des mots qui confirment que le report de la signature est un scénario très probable ».
ARTICLE, Corriere della Sera, F. Verderami : « Combien de temps durera la législature ? » : « Chaque jour il y a un problème. Prêcher le bon sens avec les alliés grillini est désormais devenu un exercice quotidien pour le chef de délégation du PD, Franceschini. Il répète la nécessité d’être une équipe car ‘’quand un gouvernement est fort il peut se relever d’une glissade ‘’. Pour ouvrir une crise, un acte politique serait nécessaire, la décision d’un ou plusieurs partis de mettre formellement fin à l’expérience de gouvernement. Qui en prendra la responsabilité ? Le ministre Spadafora assure que Di Maio ne veut pas la tête de Conte ; il reconnaît que le ‘’moment est difficile mais qu’il est notre intention de continuer‘’. Demain les démocrates mettront au point un amendement pour bloquer la réforme de la prescription du Ministre Bonafede : sans un accord, une déflagration s’annonce. Le chaos semble être le seul fil conducteur. »
COMMENTAIRE La Repubblica S. Folli « L’affaire Renzi, un piège pour la coalition » : « Seul le temps nous dira qui a raison, les juges ou Matteo Renzi, au sujet des financements de la fondation Open. Et le scoop de L’Espresso sur l’achat d’une villa par Renzi ne fait que jeter de l’huile sur le feu. Toutefois, l’impression qui ressort est qu’un règlement de comptes est en cours. On comprend alors que Renzi est sorti du PD non pas par un acte de force (la création d’un nouveau parti) mais poussé par une fragilité croissante. Italia Viva est à 5% des intentions de vote, trop peu pour alimenter des ambitions auxquelles s’ajoutent des ombres judiciaires insistantes. L’affaire Renzi est un autre élément perturbateur qui témoigne du vacillement de la majorité. Et si un jour, début 2020, le gouvernement Conte devait tomber, personne n’en serait surpris ».
RETROSCENA (Coulisses), La Stampa, C. Bertini : « Le PD ne défend pas Renzi mais bloque Di Maio pour sauver le gouvernement » : « Aucun des anciens renziens, sauf Andrea Marcucci, n’a défendu hier l’ancien secrétaire du PD Matteo Renzi. Certains ont même fait remarquer que le PD ne dit jamais un mot lorsqu’il y a une enquête judiciaire. Avec le PD muré dans un silence gêné et avec les Cinq Etoiles sur les barricades, (le ministre de la Justice Bonafede demande le respect pour les magistrats), cette enquête sur Open est un autre coffre qui n’aide pas le travail de Conte pendant la session budgétaire. L’une des craintes du PD au Sénat est qu’Italia Viva pourra maintenant demander davantage sur la loi de finances. Le gouvernement est encore plus affaibli en ce moment, bien qu’il y ait beaucoup d’autres facteurs qui peuvent créer une déchirure. Mais le véritable problème qui pourrait faire tomber le gouvernement est bloqué immédiatement par le PD : la commission d’enquête, demandée par Di Maio, pour clarifier la question des financements aux partis, ne sera pas votée par la majorité, parce que le PD veut protéger l’exécutif ».
ARTICLE, La Repubblica, C. Tito : « Salvini étant trop proche de Poutine, Trump mise maintenant sur Meloni » : « Donal Trump veut soutenir les partis souverainistes anti-UE mais qui sont également fidèles à l’Otan, en vue aussi d’une possible consultation électorale anticipée. Mardi 12 décembre, Giorgia Meloni, leader du parti Fratelli d’Italia, a été invitée à la résidence de l’ambassadeur américain Lewis Eisenberg. L’administration de Washington transmet au parti post-fasciste son appréciation et offre sa disponibilité à organiser un voyage aux Etats-Unis de Meloni début 2020. Cela pourrait même se traduire en un soutien fort à une future campagne électorale. Le placet américain peut aussi exercer un poids sur les équilibres futurs et redéfinir les rapports de la droite italienne jusque-là sous l’hégémonie de Matteo Salvini. La sympathie américaine pour Giorgia Meloni sera ainsi un facteur non négligeable dans les prochains mois »
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, A. Panebianco : « Les chutes en politique étrangère » : « Il existe une cohérence évidente entre l’orientation illibérale des mouvements européens néo-nationalistes d’aujourd’hui et leur choix de politique étrangère. Ces mouvements préfèrent entretenir des rapports avec les sociétés fermées, autoritaires et illibérales, avec lesquelles ils savent avoir plus d’affinité. Ils mettent donc en discussion les ancrages occidentaux traditionnels de leur pays. Si les positions anti-européennes et pro-Poutine de Salvini ne changeront pas, et si malgré cela, il remportait les prochaines élections, le pays aura des ennuis : nous payerons cher, économiquement et politiquement, ces choix. Le M5S n’est pas moins dangereux, en ce qui concerne les conséquences que représentent ses choix. Peut-être, parmi les erreurs de Zingaretti e Renzi, il y a eu aussi celle d’avoir laissé aux grillini le Ministère des Affaires Etrangères. Le rapport avec l’Europe n’est pas encore en sécurité, comme le prouve l’axe Salvini-Di Maio sur le MES. Si la Ligue a choisi la Russie, le M5S a choisi la Chine. Il faudrait aussi une discussion parlementaire sur la Libye. La semaine prochaine le Parlement sera appelé à se prononcer sur la situation à Hong Kong. Ce sera aussi l’occasion pour comprendre ce que lie le M5S à la Chine. »
ARTICLE La Repubblica L. D’Albergo « Les plaques commémoratives antiracistes endommagées » : « Les néofascistes sont dans le collimateur. Les policiers sont convaincus que la couleur de la peinture, noire, est parlante. La vérité pourrait venir des caméras placées là où se trouvent les plaquettes en honneur de la chercheuse Nella Mortara et du docteur Mario Carrara, épurés pour s’être opposés à l’antisémitisme du régime fasciste. Tobia Zevi, président de ‘’Osservatorio Roma !’’ souligne : ‘’j’espère une condamnation claire et unanime de la part des responsables politiques. Sur ces thèmes il est temps de dire stop aux ambiguïtés ou pire à des dédouanements ou collusions dangereuses, culturelles et politiques’’. Le message était clairement adressé à Salvini. Or hier le leader léguiste, présent à Rome, s’est limité à tourner une vidéo sous le Capitole en vue des états généraux de la Ligue dans la capitale ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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