"Habitation, factures et cigarettes, les nouvelles taxes du budget PD-M5S."
31/10/2019
Italie. Revue de presse.
La loi de finances fait encore les gros titres des médias transalpins. La presse fait état d’une ultime réunion entre les partis de majorité pour adopter le budget : « Budget, mesures et tensions » - ‘’Impôts sur les cigarettes, tensions sur Radio Radicale’’ (Corriere della Sera), « Migrants et information, bras-de-fer entre le PD et Di Maio » - (La S
tampa), « Les nouvelles taxes du budget » - ‘’Accord sur les professions libérales, familles mais aussi de nouvelles taxes’’ (Il Messaggero), « Hausse d’impôt sur les voitures de société » (Sole 24 Ore), « Habitation, factures et cigarettes, les nouvelles taxes du budget PD-M5S » (Il Mattino).
INTERVENTION de Nicola Zingaretti, secrétaire du PD, Corriere della Sera : « ‘’Stop aux conflits, le PD doit être refondé ’’ » : « ‘‘ Salvini est très fort surtout pour sa présence sur le territoire et parce que la droite a été capable, beaucoup plus que nous, de saisir le désarroi des Italiens, le déracinement des anciens liens et la peur de la fragmentation. La mondialisation crée des opportunités mais aussi des fragilités et des incertitudes. Le PD n’a pas été capable de parler aux sentiments des gens, il doit être refondé pour pouvoir reconstruire une communauté ouverte. Pour cette raison, à Bologne, au mois de novembre, nous voulons engager un grand dialogue politique et culturel sur les perspectives des années 20 du nouveau siècle ‘’».
COMMENTAIRE, La Repubblica, C. Tito : « Le M5S dans un cul-de-sac » : « Ce qui est en train de se passer, ces jours-ci au sein du gouvernement, est en suscite une question assez urgente. Le chef politique du Mouvement est en train de miner systématiquement la base du gouvernement que lui-même a contribué à faire naître et où il joue un rôle crucial : la direction de la Farnesina. Il est en train de mettre à dure épreuve la survie de l’exécutif et propose chaque jour des terrains de bataille. Hier, il a dit qu’il n’y avait pas d’accord sur le Budget, et ensuite qu’il n’accepterait pas d’autres alliances avec le PD, puis il s’est opposé au renouvellement du financement à Radio Radicale, qui offre un service public en Parlement depuis des années. Qui est plus, il n’est plus reconnu comme le chef indiscuté du M5S. Et ce n’est pas un hasard si Beppe Grillo est entré en route de collision contre Di Maio. Cela retombe sur le gouvernement Conte II, enlisé sur l’indécision. Toutes ces questions représentent l’essence la plus explosive pour la droite de Salvini ».
COMMENTAIRE, La Stampa, M. Panarari « La parabole descendante des leaders M5S » : « Le dimaismo (de Di Maio) a été une tentative de réaliser une transition historique pour le Mouvement 5 Etoiles : de parti de protestation et mouvement anti-establishment à parti de gouvernement. Luigi Di Maio a essayé de créer un parti à moitié entre le personnel et le digital-maoïste, en démontrant aussi une certaine propension pour l’accumulation de postes de pouvoirs. Après la catastrophe électorale en Ombrie, il était inévitable que le chef finisse sur le banc des accusés. Di Maio est en train de réagir aux difficultés avec son hyper-activisme habituel. Mais l’impression est que sa ‘résilience’ se situe le long d’une voie sans issue, et que le manque d’harmonie avec Grillo est devenu irréversible. »
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, V. Piccolillo : « Le malaise anti-souverainiste parmi les modérés de Forza Italia » : « Des bruits circulaient hier, au Parlement, sur le fait qu’un groupe de parlementaires de Forza Italia aurait fait parvenir un document à Silvio Berlusconi pour le convaincre de ne pas céder au souverainisme de la Ligue. Il s’agirait de la tentative d’un groupe, dirigé par Mara Carfagna, de rompre avec le centre droit pour soutenir le gouvernement, peut-être de l’intérieur du parti de Matteo Renzi. Mara Carfagna a démenti, en soulignant qu’il n’y avait aucun document mais qu’une grande réflexion est en train d’être menée sur les valeurs à défendre qui sont totalement différentes que celles de Salvini. Un grand malaise anti-souverainistes s’installe parmi les modérés de Forza Italia convaincus que Berlusconi a décidé d’aligner le parti sur Salvini, l’homme fort du moment ».
ANALYSE, Il Foglio, C. Cerasa : « Ce qu’il faut faire compte davantage par rapport à ceux avec qui il faut rester. Tous les cadeaux que les ennemis de Salvini ne peuvent plus se permettre de faire à « l’ancien Truce (ndr : mauvais et cruel) » » : « Le problème, au fond, est simple : d’un côté il y a un modèle de leadership qui marche, de l’autre il y a un ensemble de leaderships qui, pour le moment, ne marche pas du tout. D’un côté, il y a Salvini, leader indiscuté du centre droit, incroyablement plus institutionnel aujourd’hui en tant que chef de l’opposition, qu’hier en tant que chef caché du gouvernement. De l’autre côté, il y a une situation compliquée au sein de la majorité de gouvernement parmi quatre leaderships très différents et à la recherche d’un anti-Salvini qui, pour le moment, n’existe pas. La caractéristique de ce gouvernement est une synthèse des faiblesses symétriques entre Luigi Di Maio et Nicola Zingaretti, qui sont les leaders des deux partis de gouvernement les plus importants mais qui ont de graves problèmes liés à leur leadership. Di Maio est otage du modèle Rousseau qui lui a donné le pouvoir par une démocratie numérique (« un vaut un »), mais il n’arrive pas à trouver un accord pour élire un chef de groupe du Mouvement à la Chambre par une volonté générale qui, en effet, n’existe pas. Zingaretti a un problème identique en termes de déficit de leadership, il se trouve dans une situation difficile et il a besoin d’être à nouveau légitimé par le PD. Mais il sait bien qu’il ne peut pas être perçu comme le véritable anti-Salvini, en ayant choisi, lui-même, le rôle de l’anti-leader. Ces deux faiblesses spéculaires auraient pu renforcer le leadership de Conte mais l’avenir du président du Conseil dépend totalement de ce que le M5S voudra lui faire faire. L’anti-Salvini n’existe pas aujourd’hui parce qu’il n’y a personne capable de jouer une vision populaire antithétique comme celle de ‘’ l’ancien Truce ! ‘’ et parce qu’il faut comprendre que, pour créer une véritable alternative à Salvini, l’identité compte beaucoup plus que la synthèse, et ce qu’il faut faire compte davantage par rapport à ceux avec qui il faut être. Les souverainistes sont populaires et ont un leader naturel. Les anti-souverainistes ne sont pas populaires et n’ont pas de leader naturel. De bonnes raisons pour prendre un peu de temps et ne pas aller aux élections tout de suite, pour pouvoir donner à l’Italie une bonne loi électorale proportionnelle capable de brider le nationalisme dans le réseau du compromis ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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