"La longue nuit des disputes, les craintes sur Renzi et Di Maio : ainsi nous n’avançons pas beaucoup."
01/10/2019
Italie. Revue de presse.
L’élaboration de loi de finances fait toujours les gros titres des médias transalpins. La presse reprend les propos du Président du Conseil assurant que l’augmentation de la TVA sera évitée et que les couvertures financières seront trouvées. Les commentateurs se font l’écho de tensions entre les partis de gouvernement, reprenant les « ultimatums » lancés par M. Renzi et L. Di Maio. Les médias soulignent la « drôle d’alliance » (Repubblica) entre Di Maio (M5S) et Italia Viva (Renzi) contre la hausse sélective de la TVA (hypothèse initialement avancée par le ministre de l’économie Gualtieri (Pd) , ainsi que la gêne de Zingaretti (PD) de passer pour celui qui voulait cette augmentation alors qu’il plaidait plutôt pour une ligne prudente envers Bruxelles : « Budget, la TVA n’augmentera pas » - ‘’Le gouvernement adopte un plan à hauteur de 30 mlds’’ (Corriere della Sera), « Le gouvernement en manœuvre » - ‘’L’axe Di Maio-Renzi bloque l’augmentation sélective de la TVA’’ (La Repubblica), « TVA gelée, il faut trouver 7 milliards » - ‘’Conte optimiste : nous les trouverons grâce à la lutte contre l’évasion fiscale’’ (La Stampa), « Un budget à hauteur de 30 milliards » - ‘’La TVA n’augmentera pas’’ (Sole 24 Ore), « Stop à la TVA, 5 milliards à trouver » - ‘’Bras-de-fer Renzi-PD’’ – (Il Messaggero), « La baisse du coin fiscal reportée » (Il Mattino).
RETROSCENA (Coulisses), Corriere della Sera, A. Trocino : « La longue nuit des disputes, les craintes sur Renzi et Di Maio : ainsi nous n’avançons pas beaucoup » : « La journée de travail qui a conduit à la définition de la Note de mise à jour du Document d’économie et finances (Nadef), avant-projet de la Loi des finances, a été caractérisée par un climat électrique et par des tensions entre les partis de gouvernement. D’un côté, Dario Franceschini, qui s’adresse implicitement aux renziens et aux Cinq Etoiles, en leur attribuant « un besoin quotidien de visibilité qui épuise le gouvernement ». De l’autre, une note de Conte, en accord avec le PD, qui s’adresse, elle-aussi, à un seul destinataire : les renziens. Renzi et Di Maio sont considérés par Franceschini et Conte en tant que possibles destructeurs du gouvernement. Le chef de la délégation du PD a affronté ouvertement, mais sans colère, avant-hier soir, Di Maio qui venait de participer à l’émission télévisée Non è l’Arena, en lui contestant de ne pas s’être accordés avant sur les mesures ».
COULISSE, M. Conti, Messaggero, « La crainte de négociations usantes entre PD et M5S. Et Franceschini : ‘’ainsi tout risque de sauter’’ » : « Les négociations devront se poursuivre jusqu’au 20 octobre, avec la loi de finances, tandis que le fossé se creuse entre PD et M5S. Et la tension entre PD et Renziens n’est pas des moindres. Bien que le Document économique et financier ait été voté hier, le problème des ressources n’est pas clos. »
COMMENTAIRE La Repubblica S. Folli « Le compromis et les pièges » : « Le Président du Conseil a annoncé avec satisfaction que 23 milliards avaient été repérés afin d’éviter la hausse automatique de la TVA. C’est une nouvelle qui ne peut que faire plaisir. Reste la question : que s’est-il passé entre l’annonce du ministre de l’Economie Gualtieri d’une TVA ‘’remodulée’’ et le démenti qui a suivi ? Du coup, ce budget semble le plus bienveillant possible pour les électeurs. Et si les élections anticipées ont été évitées, les régionales en Ombrie peuvent se traduire en un piège, un bucher sur lequel l’opposition salvinienne voudra faire cuire la majorité avec ses contradictions. A part l’augmentation du déficit, tout le reste semble une liste de bonnes intentions. Pour gagner du temps, on fait appel aux bonnes relations rabibochées en Europe avec la Commission von der Leyen. Toutefois, le vrai ‘’bonus’’ dont dispose l’Italie est la neutralisation du danger Salvini, le personnage qui hante le plus les chancelleries étrangères. Ce Salvini que Renzi considère comme son véritable ennemi. En réalité les deux Matteo (le léguiste, avec 34% des intentions de vote, et le fondateur d’Italia Viva, qui est entre 4-5%) ont intérêt à se mesurer entre eux, en excluant les autres. Raison pour laquelle, à la veille des élections (décisives) en Ombrie, la confrontation sera entre le probable vainqueur dans la région et le chef d’un parti à peine né et qui ne se présentera pas aux élections regionales. Sur la TVA, le Président du Conseil a fait un pas en avant mais le chemin est parsemé de pièges ».
EDITORIAL il Fatto Quotidiano M. Travaglio « Le plaisir de l’honnêteté » : « Ces alliés jaune-rose sont bien curieux. Ils ont l’occasion historique de changer l’Italie avec un budget qui lutte pour la première fois contre l’évasion fiscale, qui rend même profitable de payer ses impôts et qui envoie en prison ceux qui continuent à ne pas les payer. Au lieu de se disputer pour assumer le mérite de cette campagne, les leaders de la majorité font tout leur possible pour faire les snobs. Le premier des vices italiens est le fait que notre pays est le dernier, derrière la Grèce, pour les paiements électroniques. L’idée est celle de faire payer une TVA plus élevée pour ceux qui paient en cash et la baisser pour ceux qui utilisent la carte. De cette manière, personne ne paierait plus de TVA, sauf ceux qui décident de continuer à payer en cash. Un vrai politicien se vanterait de cette révolution et pourrait même augmenter sa côte de popularité. Mais que veulent ces alliés M5S-PD ? »
COMMENTAIRE, La Stampa, S. Lepri « Aucun rabais par l’UE » : « L’Union européenne ne fera pas de rabais au gouvernement Conte 2 même si elle acceptera un déficit du 2,2% en 2020, après avoir accepté seulement au 2% en 2019 pour le Conte 1. L’Italie continue de recevoir un traitement de faveur, sous l’étiquette de la ‘flexibilité’. Le problème est que malgré la baisse des taux d’intérêt encouragé par la BCE, s’endetter pour l’Italie est encore relativement cher par rapport aux autres pays de l’Euro. L’Italie a regagné un peu de confiance mais pas assez. Le gouvernement Conte 1 qui avait tenté la voie des menaces, a échoué. Le gouvernement Conte 2 pour l’instant semble avoir peur de marcher sur les pieds de tout le monde. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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