"Salvini passe à l’offensive."
30/08/2019
Italie. Revue de presse.
Les tractations de G. Conte, chargé par le Chef de l’Etat de former un gouvernement, avec les différents partis font les gros titres des médias transalpins. La presse écrite reprend notamment le discours de G. Conte fait au Quirinal, anticipant un exécutif « de nouveauté » avec une « orientation euro-atlantique ». Les observateurs soulignent dans l’ensemble la « dure épreuve » de Conte dans son choix sur les ministres avec la nécessité de maintenir un équilibre entre les deux partis de majorité M5S-PD : « Conte, une mission avec des épines » - ‘’Négociations difficiles avec le M5S et le PD. Salvini annonce une manifestation’’ (Corriere della Sera), « Conte, moins 5 jours à l’aube » - ‘’Craintes du Quirinal sur le programme’’ (La Repubblica), « Conte promet l’unité » - ‘’Mais c’est le bras-de-fer PD-M5S sur l’Europe et le Trésor’’ (La Stampa), « Conte : un gouvernement ouvert à l’Europe » (Sole 24 Ore), « Conte démarre entre les fissures du M5S » (Il Messaggero)
Journaux télévisés : Les tractations de G. Conte en vue de former un nouvel exécutif, le débarquement d’une partie des migrants (enfants et femmes) présents sur le navire Mare Jonio et les manifestations à Hong-Kong font l’ouverture des JT ce matin.
ARTICLE La Stampa, F. Schianchi, « La métamorphose du président du Conseil : de ‘’peuple’’ à ‘’citoyens’’. Parmi les priorités, de nombreux thèmes de centre gauche. Pas un mot sur les migrants » : « Le costume est comme toujours sur mesure, impeccable. Le ton professoral est bien celui que nous connaissons. Giuseppe Conte s’est présenté au Quirinal tel que nous le connaissons, mais quand il a commencé à parler, annonçant qu’il avait accepté sous réserve la mission confiée par le Chef de l’Etat, on comprend qu’il a changé de posture, de mot d’ordre. Il n’est plus tout d’abord ‘’l’avocat défenseur du peuple italien’’ : par le passé orgueilleusement populiste, le mot ‘’peuple’’ a disparu hier. Le peuple devient ainsi ‘’les citoyens’’, souvent cités. C’est pour eux qu’il garantit que le pacte PD-M5S deviendra un ‘’gouvernement placé sous le signe de la nouveauté’’. Il ne le définit pas de ‘’rupture’’ comme l’a dit Zingaretti, mais il insiste sur le concept de nouveauté. Parmi les thèmes abordés, l’Europe : ‘’nous sommes à l’aube d’une nouvelle législature européenne et devons récupérer le temps perdu pour permettre à l’Italie de jouer un rôle de protagoniste’’, une critique à Ligue mais aussi une autocritique – le temps a été perdu aussi par le gouvernement qu’il guidait. Il fait appel également aux valeurs de la Constitution évoquant un ‘’nouvel humanisme, horizon idéal pour le pays tout entier’’. Salvini de loin attaque : ‘’il ne manque que la paix dans le monde et la repousse des cheveux’’. Pour ce qui est des omissions dans son discours : toute référence au thème de l’immigration brille par son absence. L’an passé, Conte évoquait la réforme du droit d’asile, et dans ses paroles pour obtenir la confiance du Sénat, il parlait clairement de ‘’mettre fin au business de l’immigration’’. Hier, pas un mot sur ce thème qui, après des mois de rhétorique de ports fermés et d’attaques aux Ong, pourrait faire se heurter les nouveaux alliés PD-M5S. Il promet seulement l’ouverture d’une ‘’nouvelle saison plus juste, plus solidaire, plus inclusive’’. Celle qu’il y a deux jours invoquait Zingaretti au Quirinal ».
ARTICLE Il Messaggero M. Conti « Le Quirinal veut un exécutif politique. Focus sur les 5 ministères les plus en vue » : « Un gouvernement très politique avec un Président du Conseil prêt à revendiquer, Constitution à l’appui, son rôle. C’est avec cette attitude que G. Conte s’est présenté hier devant les journalistes après son colloque avec Sergio Mattarella. Conte a promis au Chef de l’Etat des délais courts pour boucler le programme et la liste des ministres. Conte tiendra ainsi informé Mattarella des noms qu’il choisira, notamment pour les ministères de poids tels les Affaires Etrangères, l’Economie, l’Intérieur et la Justice, sur lesquels le Quirinal sera très attentif. Toutefois, le délai pour marquer un tournant net par rapport au passé est très court. Surtout si les deux partis qui le soutiennent ont la majorité au Parlement mais pas dans les sondages ».
EDITORIAL La Repubblica M. Giannini « Ces distances qu’il faudra combler » « G. Conte est en train d’accomplir sa transformation miraculeuse, entre les velléités d’un ‘’nouvel humanisme’’ et les ambiguïtés de la vieille politique. Jadis ‘’pantin’’ des deux patrons M5S-Ligue, il se retrouve malgré lui le grand homme d’Etat ‘’prêt-à-porter’’. Avec un discours plein de sophismes et de transformismes, il clôt la saison du ‘’gouvernement du changement’’ et ouvre celui ‘’sous le signe de la nouveauté’’. Difficile de dire ce que cela signifie mais il peut néanmoins compter sur l’appui de Trump, Bill Gates, Merkel et von der Leyen. Le gouvernement n’ayant pas le temps ni la culture de faire des ‘’contrats à l’allemande’’, les noms des ministres deviendront de fait son programme et révèleront sa crédibilité ainsi que le gré d’implication des deux partis PD et M5S. Le M5S a une occasion très importante pour sortir de son irresponsabilité d’adolescent. Quant au sens de responsabilité du PD, il s’agit de tenter de durer une législature ».
SONDAGE Institut Piepoli, N. Piepoli, La Stampa, « 55% des Italiens contre le gouvernement PD-M5S, mais sept sur dix sont contre les élections » : « Ce sondage a été mené avant que G. Conte ne soit chargé par Mattarella de faire un nouveau gouvernement. Conte est en effet parmi les plus recherché comme président du Conseil à 38% contre 20% pour M. Salvini. Le seul des partis ayant enregistré un changement important dans les intentions de vote est la Ligue qui passe de 36 à 32%, mais maintient un bon score. »
ENTRETIEN de Matteo Renzi, ancien Président du Conseil et ancien secrétaire du Parti Démocrate « La durée du gouvernement dépendra aussi de la qualité de ses ministres » (Il Messaggero): « ‘’A mon sens, la législature durera 5 ans. Ce gouvernement y parviendra selon la qualité des ministres qui seront choisis. J’espère que le Président du Conseil placera les meilleurs, surtout à l’Intérieur et à l’Economie. L’unité du PD dans cette phase a été vraie. Difficile, certes, mais vraie. La proposition de Grillo sur des ministres techniciens ? Celui qui fait le ministre n’est jamais simplement un technicien. Mais j’aime l’idée de Grillo sur le choix sur des personnes de grande qualité. Le prochain rôle de Di Maio ? C’est lui, avec Conte et Zingaretti, qui en décideront. Mais qu’il n’aille pas à l’Intérieur : il faut là un professionnel. Di Maio serait alors l’ennemi idéal pour Salvini. Pour Bruxelles je vois bien Gentiloni ou Delrio’’ ».
ARTICLE Il Messaggero S. Canettieri « Di Maio prévient Conte : ‘’c’est la plateforme Rousseau qui en décidera’’ » : « Di Maio et ses fidèles continuent à envoyer au locataire du Palais Chigi des messages qui sont de véritables avertissements. Le premier vient du Blog du Mouvement : ‘’l’avis des inscrits est pour nous fondamental’’. C’est une façon de faire pression sur Conte pour que ce dernier ne soit pas trop indépendant dans ses choix car ‘’ce seront nos députés et nos sénateurs qui voteront la confiance au Président du Conseil’’. Dans cette phase, Di Maio se retrouve face à l’interventionnisme de Grillo, en axe avec Conte. La pique du ‘’Garant’’ a fait mal à Di Maio, qui a fait dire par ses chefs de groupe au Parlement que l’hypothèse de techniciens n’est pas une méthode universelle car ‘’il faut de la politique’’ ».
ARTICLE Corriere della Sera C. Zapperi: « Salvini passe à l’offensive » : « Salvini n’épargne personne : ‘’je suis déçu par Mattarella. Je m’attendais à ce qu’on fasse voter les Italiens’’. Après les tentatives tardives de renouer avec l’ancien allié Di Maio, Salvini est persuadé qu’une nouvelle phase est en train de s’ouvrir ‘’quelques mois d’opposition, saine et forte, et nous reviendrons victorieux : nous gouvernerons sans cages et pendant des années, pour redonner fierté et richesse au peuple italien’’. Deux manifestations ont été annoncées : celle du 15 septembre à Pontida, comme chaque année, et celle du 19 octobre à Rome. Une semaine avant les élections régionales en Ombrie. ‘’Une grande journée d’orgueil national’’ assure-t-il ».
ARTICLE La Repubblica A. D’Argenio « Les 5 Etoiles courtisent Macron pour entrer parmi les libéraux de l’Union » : « Le mariage ferait sensation : Luigi Di Maio et Emmanuel Macron pourraient s’allier en Europe. C’est du moins ce qu’espèrent les 5 Etoiles six mois après le soutien controversé au mouvement des ‘’gilets jaunes’’ et les nombreuses querelles sur la liaison Lyon-Turin. S’il est trop tôt pour parler de fiançailles, le vice-président du Parlement européen, F. M Castaldo a entamé toutefois un dialogue avec S. Gozi, l’ancien Secrétaire d’Etat pour l’Europe de M. Renzi et qui fait désormais partie de la formation macronienne à Strasbourg. Mais les Verts s’y opposent ‘’le changement d’alliance en Italie n’est pas suffisant. Il faut une discontinuité’’. Toutefois, les 5 Etoiles, qui se sont libérés de Salvini et qui peuvent revendiquer d’avoir été décisifs dans la nomination d’U. Von der Leyen, lancent leurs hameçons ».
ENCADRE, Corriere, « Parlement européen. Macron, Verts et gauche, le M5S peut maintenant rouvrir le dialogue » : « Le divorce entre le M5S et la Ligue pourrait permettre aux 5 étoiles de trouver un groupe au Parlement européen ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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