Dernières consultations M5S-Parti Démocrate.
28/08/2019
Italie. Revue de presse.
Les négociations entre le M5S et le PD, en vue des dernières consultations au Quirinal prévues cet après-midi, font les gros titres des médias transalpins. La presse écrite fait part notamment de la décision, hier soir, du leader 5 Etoiles L. Di Maio de faire voter la base du parti, par le biais de la plateforme ‘’Rousseau’’, pour accepter ou pas une alliance de gouvernement avec les démocrates. Les observateurs soulignent une négociation ‘’difficile’’ à l’issue "incertaine". Le M5S a fait monter les enchères, alors que le Chef de l’Etat doit décider ce soir même de confier la mission à un gouvernement solide (éventuellement M5S-PD avec G. Conte à la Présidence du Conseil) ou de dissoudre le Parlement. Pour la plupart des quotidiens, L. Di Maio est ‘’fortement affaibli’’ au sein de son parti. « PD-M5S, négociations à obstacles » - ‘’Conte et Zingaretti au travail mais Di Maio insiste sur la vice-présidence’’ (Corriere della Sera), « Le Conte-bis est prêt » - ‘’Di Maio dernier obstacle à la naissance d’un gouvernement M5S-PD’’ (La Repubblica), « Conte tente de former un gouvernement » - ‘’Le match décisif se jouera sur Di Maio’’ (La Stampa), « Gouvernement, possible mission à Conte » (Sole 24 Ore), « Défi de Di Maio, gouvernement en difficulté » - ‘’Le PD ouvre à Conte mais rejette l’hypothèse de Di Maio comme vice-président’’ (Il Messaggero).
Journaux télévisés : Les négociations entre le M5S et le PD, avec les nouvelles consultations au Quirinal, et le naufrage d’un navire près de la Libye font l’ouverture des JT ce matin.
Réseaux sociaux : Sur Twitter, après l’habituel hashtag du jour, c’est l’hashtag #Rousseau (en référence à la décision du M5S de faire exprimer sa base sur l’éventuelle nouvelle majorité) qui domine.
RETROSCENA (Coulisses) Corriere della Sera M. Breda « Mattarella demandera au Président du Conseil d’être le vrai homme aux manettes de l’alliance PD-M5S » : « Le Président de la République a commencé ses nouvelles consultations hier après-midi avec davantage d’attentes, bien que tout puisse changer d’un moment à l’autre. Le moment de vérité aura lieu cet après-midi, quand les deux principaux partenaires potentiels, Zingaretti et Di Maio, se rendront au Quirinal. Afin d’éviter que Mattarella ne déclenche le coup d’envoi à un exécutif électoral, ils devront lui expliquer plusieurs choses : le périmètre de majorité qu’ils ont en tête et des bases de programme. Mattarella demandera à Conte de revenir à la tradition constitutionnelle, selon laquelle c’est le Président du Conseil qui s’engage à mener son exécutif à bon port. Le schéma de l’année passée, d’un chef de gouvernement ‘’avocat du peuple’’ signant un contrat écrit à 4 mains par d’autres et incluant même la composition des ministères, sera donc à mettre de côté. Au Quirinal, on considère que si Conte veut vraiment jouer son rôle de Président du Conseil, surtout après avoir encaissé le soutien de Trump hier, il devra mener le navire dès le début. Un petit coup de pouce a été donné par le PD qui a fait pression sur le M5S pour éviter le modèle du double vice-président. Conte a bien compris et il a pris ses responsabilités, donnant une autre allure à la journée ».
ARTICLE, La Stampa, U. Magri, «Ultimatum de Mattarella : sans accord, un gouvernement technique pré-élections sera nommé ce soir » : « Stop aux contrats stipulés entre partis, que le Parlement et le gouvernement subissent, passivement. Cette anomalie, introduite l’an passé, doit cesser très vite. Et si G. Conte, comme on s’y attend, devait mener le nouveau gouvernement, le Président de la République s’attend à ce qu’il prenne le gouvernail immédiatement, en traçant le parcours programmatique et en choisissant l’équipe des ministres : ce n’est pas le Quirinal qui le dit mais l’article 95 de la Constitution (le président du Conseil ‘’dirige la politique générale du gouvernement et en est responsable’’). Le Quirinal ne le pressera pas, s’il a besoin de quelques jours supplémentaires pour monter son équipe, aucun problème. Une semaine paraît raisonnable, pour marquer également la fin du gouvernement Ligue-5 étoiles et l’avènement de celui alliant PD et M5S. Le spectacle sans noblesse aucune offert au pays sur les bagarres autour du nom de Di Maio vice-président du Conseil ou non a, dit-on, déconcerté le Président. L’avidité pour les sièges de prestige montre que les protagonistes n’ont rien appris. Selon une source du Groupe mixte reçu hier au Quirinal, Mattarella aurait exprimé ouvertement sa désillusion et ses regrets face à de tels comportements. Et si l’accord ne se faisait pas, il mettrait en place, dès ce soir, un gouvernement technique ».
COMMENTAIRE La Repubblica S. Folli « Un psychodrame pour Di Maio » : « Le chemin vers le gouvernement le plus faible et contradictoire de l’histoire récente italienne est influencé par l’affaire Di Maio. C’est lui le dernier obstacle alors que toute l’attention était focalisée sur la question ‘’ Conte oui ou Conte non ?’’. Si cette question est désormais résolue, après le placet de Macron, Merkel, von der Leyen et même le roi des souverainistes, Trump, c’est l’affaire Di Maio qui demeure. L’homme pose des conditions et travaille pour lui-même. En réalité, nous nous retrouvons face à un psychodrame : celui qui réclame la vice-présidence, unie à un ministère de premier plan, est affaibli au sein de son Mouvement. S’il ne parvient pas à sortir de cette crise avec un rôle prestigieux, son sort sera tracé. C’est évident : il appartient à la saison passée, celle du pacte avec la Ligue. Par ailleurs, Di Maio est soupçonné de maintenir un dialogue avec Salvini et d’être sensible aux propositions, tardives, de ce dernier. Son insistance sur le rôle de vice-président est emblématique. Il voudrait revenir à la période d’or. Or, tout a changé. Le M5S ne soutient plus les ambitions de Di Maio ».
ARTICLE Fatto Quotidiano, P. Zanca « Di Maio dans le collimateur et Grillo fait un pas de côté » : « Après des jours de confrontations, Di Maio a dû céder encore une fois la place à Conte. Les stratèges de ‘’Rousseau’’ savent bien que la seule manière de convaincre les inscrits à donner le feu vert à la nouvelle majorité est de la cacher derrière le visage du Président du Conseil Conte, la personne qui a actuellement le plus de popularité auprès des Italiens. Quant à la consultation en ligne, il a été estimé que la faire pendant les consultations aurait pu démentir en direct les décisions du Chef de l’Etat. Mieux vaut alors le faire en fin de semaine, quand la mission à Conte sera formalisée et toute l’entente définie ».
ANALYSE La Repubblica C. Tito « L’anti-salvinisme ne suffira pas » : « Les pactes avec les adversaires ne sont pas exclus à priori. Ils font partie de l’histoire des hommes. Toutefois, il faut les remplir de contenus. Un nouveau gouvernement ne peut pas se baser sur une simple addition d’intérêts personnels : la peur des élections, la préparation pas encore mûre à une scission ou la recherche d’un rôle important. Il faut que le centre gauche soit conscient qu’il ne sera pas jugé à travers la loupe de l’antisalvinisme mais pour ce qu’il fera. Raison pour laquelle les slogans ne servent pas. Il faut des idées, des programmes et des visions ».
SONDAGES Corriere della Sera M. Rebotti « La cote de popularité de Salvini en chute, ceux qui demandent un gouvernement prévalent » : « Selon le sondage Ispos pour le Corriere, c’est l’arbitre de cette crise aoûtienne, Sergio Mattarella (57%), qui devance les autres acteurs en termes de popularité, suivi de G. Conte (passé de juin à août de 54 à 52%). En revanche, les deux leaders de l’ancienne majorité ont vu une baisse de popularité considérable : Salvini est passé de 54 à 36% en trois mois, Di Maio de 54 à 28%. La Ligue paye ainsi le prix d’avoir déclenché la crise, même si sa demande d’élections anticipées est partagée par 33% des sondés. Toutefois, la majorité demande des solutions différentes : 21% souhaite un gouvernement M5S-PD, 11% une réédition de l’ancienne alliance, 11% pour un gouvernement institutionnel pouvant adopter la loi de finances ».
ARTICLE, La Stampa, P. Mastrolilli, « Gifle à Salvini, Trump est pour Conte – tweet du Président américain espérant qu’il reste président du Conseil » : « Derrière ce soutien via twitter, il y a certes l’estime personnelle pour le président du Conseil italien (‘’qui a représenté l’Italie de manière énergique au G7’’) mais aussi (au-delà l’erreur dans son prénom ‘’Giuseppi’’ au lieu de ‘’Giuseppe’’), des doutes persistants sur la Ligue de Salvini, mais aussi des questions très concrètes, comme l’aide que notre pays a donné sur la Libye, ou l’espoir qu’il maintienne les engagements pris par le passé sur des programmes comme celui de l’achat de nouveaux avions de chasse F35 ».
ARTICLE, Stampa, L. Anello, « Méditerranée, des dizaines de migrants morts » – « Naufrage au large de la Libye, 40 victimes au moins sont à déplorer. Trenta et Toninelli arrêtent le bateau d’une ONG allemande avec 101 personnes à bord» : « Alors que le gouvernement se meurt et qu’un autre va naître, Salvini, encore ministre de l’Intérieur, exulte pour l’entente retrouvée sur le thème migrants. Il le fait après que Trenta et Toninelli (qui avaient pris leurs distances de Salvini lors de l’affaire Open arms) aient contresigné son refus d’entrée dans les eaux italiennes d’une autre embarcation, ‘’Eleonore’’, avec 101 réfugiés à bord. Au même moment arrivent la nouvelle d’un nouveau naufrage, au large des côtes africaines, avec au moins 40 victimes, et les protestations du maire de Lampedusa, Martello, avec un centre d’accueil surpeuplé, où 182 migrants sont là depuis des jours. Si vraiment le nouveau gouvernement PD-M5S devait naître, toutes les contradictions des 5 étoiles sur ce thème émergeraient. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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