Ligue : "Le Kremlin dément tout financement."
17/07/2019
Italie. Revue de presse.
L’affaire du financement russe de la Ligue fait toujours les gros titres des médias transalpins. La presse évoque notamment les tensions croissantes au sein de la majorité ainsi que les craintes du Président du Conseil sur la stabilité du gouvernement : « Le Palais Chigi craint de nouvelles révélations sur la Ligue et la Russie » - ‘’Conte tenté de faire convoquer Salvini devant une commission’’ (Corriere della Sera), « ‘’Moscoupoli’’ enflamme le Parlement » - ‘’Le PD et le M5S invitent Salvini à s’expliquer’’ – ‘’Les démocrates occupent l’hémicycle’’ (La Repubblica), « Ligue-Russie, un troisième homme impliqué » - ‘’Vannucci impliqué, le Kremlin dément tout financement’’ (Il Messaggero).
La nomination d’U. Von der Leyen à la tête de la Commission européenne est aussi largement reprise avec une large couverture photographique en Une. Les observateurs soulignent les votes divergents du M5S et de la Ligue qui mettent à mal l’unité du gouvernement (le M5S ayant voté pour elle alors que son allié au sein du gouvernement, la Ligue, a voté contre). La quasi-totalité des commentateurs s’interrogent sur les conséquences de ce vote : « Ursula, reine d’Europe pour une poignée de voix » (La Repubblica), « Colère de Conte : ‘’trahis par la Ligue’’ » - ‘’Le Président du Conseil déplore un vote ‘’contre les intérêts nationaux’’ de l’allié’’ (La Stampa), « Von der Leyen élue, les voix du M5S déterminantes » (Sole 24 Ore), « Von der Leyen présidente, la Ligue hors de l’Europe » (Il Giornale).
COMMENTAIRE Sole 24 Ore, L. Palmerini « Trop de déchirures et de marches-arrière, cela accélère l’option des élections anticipées » : « Visiblement, la cohabitation entre Di Maio et Salvini est en train de provoquer des déchirures et des marches-arrière de plus en plus fréquentes. Salvini se sent désormais la cible de ses alliés. Cette escalade des 5 Etoiles contre lui, outre l’attaque dure du Président du Conseil, commence à le faire réfléchir sur l’opportunité d’élections d’ici le prochain printemps. Hier, la rupture a eu lieu également en Europe, provoquant une faille profonde au sein de la majorité. Jusque-là, les deux partis semblaient faire cause commune contre Bruxelles. Maintenant, Conte et le M5S ont provoqué un écart important sur lequel Salvini ne pourra pas faire semblant de rien. Même pour le M5S, il est de plus en plus difficile d’aller de l’avant et de ne pas se tenir prêt à des élections anticipées. Bref, après un an de gouvernement, les médiations sont en train de devenir plus coûteuses pour les deux partis. La course vers les élections anticipées s’accélère ».
RETROSCENA (Coulisses), La Stampa, F. Schianchi, U. Magri : « Matteo : ‘’ Je n’exclus pas les élections ‘’. Mais la Ligue craint l’axe PD-M5S » : « Lors de la rencontre, à Gênes, avec le maire de la ville, le président de la Région Ligurie et d’autres autorités locales, le ministre de l’Intérieur Salvini a affirmé qu’il voudrait continuer son travail mais que maintenant il n’exclut plus rien. Il a fait comprendre que sa patience est à bout et que les élections anticipées représentent une possibilité concrète. Les deux dates utiles pour le vote pourraient être en début 2020, en regroupant, éventuellement, en un seul ‘’jour d’élection ‘’, aussi la date limite des élections régionales de l’Emilie-Romagne, prévue le 26 janvier, ou bien en juin 2020, quand aussi les autres grandes régions vont retourner au vote ».
ARTICLE Sole 24 Ore, M. Perrone « Russie et UE, colère de Salvini pour la convergence M5S-PD » : « Le chaos est tellement embrouillé que pour la première fois, avec les siens, le leader de la Ligue ouvre l’hypothèse d’élections : ‘’si ce n’est pas pour aujourd’hui, ce sera sans doute au printemps prochain’’. C’est une alerte qui a été explicitée aux micros de Radio24 par le vice-ministre de l’Economie M. Garavaglia ‘’si cette situation de tension ne cesse pas, il sera difficile d’aller de l’avant’’. Les fissures au sein du pacte Ligue-M5S se multiplient, entre marches-arrière, divergences et démentis ».
RETROSCENA La Repubblica, C. Bonini « L’autre mensonge de Salvini qui fait semblant de ne pas connaitre l’association du redresseur » : « Prisonnier du mensonge originel (« Savoini qui ? »), M. Salvini en a commis un second : « quelle association Lombardie Russie ?). Il a effet soutenu que, malgré le fait qu’ils partagent le même immeuble à Milan, la Ligue et l’Association Lombardie-Russie, dont Gianluca Savoini est président et le Conseiller au Palais Chigi, Claudio D’Amico, cadre dirigeant - n’ont aucun rapport l’un avec l’autre. Malheureusement, les faits montrent le contraire. En effet, pendant les années 2014-2016, Salvini voyage à Moscou cinq fois. Et, en novembre 2016, dans les Républiques du Donbass (Donetsk et Louhansk), débarque pour la première fois une délégation d’entrepreneurs originaires d’un pays étranger pour signer des accords commerciaux avec le vice-ministre de l’Economie de la République de Donetsk et le Président de la République de Louhansk. Ce pays est l’Italie. Les entrepreneurs sont des membres de la Ligue du Nord. Et ils sont là-bas pour mettre à disposition le savoir-faire italien pour aider à éviter des sanctions en échange de retours économiques hors-taxes ».
RETROSCENA Corriere della Sera, F. Sarzanini : « La Ligue a pris le contrôle du Forum italo-russe. Après Todini l’indication de Ferlenghi » : « Le nouveau président du Forum Italo-russe, Ernesto Ferlenghi, président de Confindustria Russia, a pris la place de Luisa Todini, en poste depuis 15 ans. Il est désormais évident que ce poste a été considéré comme stratégique par la Ligue. Ferlenghi était notamment lié au conseiller de Matteo Salvini, Claudio D’Amico, qui a par le passé organisé une rencontre entre Matteo Salvini et des personnalités politiques russes, dont Vladimir Poutine. De nombreuses personnes ont exprimé des perplexités quant au fait que Ferlenghi vivait à Moscou et disposait d’un passeport russe. Suite aux publications de BuzzFeed, qui dévoilent des présumés accords de financements russes vers la Ligue, les magistrats milanais doivent maintenant vérifier si la réunion du 18 octobre dans l’hôtel de Moscou a effectivement servi au parti pour obtenir 65 millions d’euros. Salvini se défend : « Je n’ai jamais pris un rouble, un euro, un dollar, ou un litre de vodka de financement de Russie ».
Lettre de L. Di Maio, leader du Mouvement 5 Etoiles, au directeur du Sole 24 Ore « La baisse du coin fiscal est prioritaire » : « Cher Directeur, pour mettre en place la phase 2 du gouvernement, le temps est venu de baisser les impôts. Certes, cela pourrait ressembler à un slogan, car je sais bien que nous ne disposons pas de ressources illimitées. Pour cela, il est fondamental de nous concentrer sur la classe moyenne, qui a payé le prix fort de la dernière crise. J’ai des réserves sur le fait qu’il soit possible de trouver les 30 milliards par an pour réaliser la flat tax, comme l’estime la Ligue. J’espère que les faits me démentiront. Entretemps, dans le périmètre des ressources disponibles, je crois que nos finances permettront une réaliser une intervention significative de réduction du coin fiscal. Pour cela, j’ai proposé au Président du Conseil un workshop au Palais Chigi sur le budget, avec les partenaires sociaux ».
ARTICLE, Sole 24 Ore G. Trovati « Tria : impôts, différentes hypothèses sont à l’étude » : « Auditionné à la commission budget du Sénat, le ministre de l’Economie G. Tria s’est prononcé sur la réforme fiscale ‘’des alternatives à la flat tax sont à l’étude’’. Cela fait un an que le ministère y travaille et la décision sera prise fin septembre, avec les chiffres à jour sur la finance publique ».
ARTICLE, Il Mattino « Lezzi : telle qu’elle est, l’autonomie n’est pas réalisable » : « A moins de trois jours de la réunion sur les autonomies régionales convoquée par le Président du Conseil Conte, la tension entre la Ligue et le M5S monte. Encore une fois, c’est la ministre pour le Sud, Barbara Lezzi, qui lance une pique contre le ‘’décret divise-Italie’’. Elle l’a dit hier à Naples ‘’les propositions d’autonomie des régions Lombardie et Vénétie sont impraticables’’. C’est une prise de position qui ne laisse pas d’espace à de possibles médiations d’ici la prochaine réunion. Un autre coup vient du Président de la Chambre R. Fico, qui précise que sur la thématique ‘’seul le Parlement peut se prononcer’’ ».
COMMENTAIRE La Repubblica, A .Bonanni « L’imbroglio de Strasbourg » : « Pour son élection, les suffrages des conservateurs polonais, des souverains d’Orbàn et du Mouvement 5 étoiles (appelés à compenser les nombreuses défections du champ socialiste et aussi quelques franc-tireur de camp libéral) ont été essentiels. Mais dans son discours de présentation, et aussi dans celui de son investiture, la chrétienne-démocrate allemande a dit clairement avoir comme référence politique la majorité européenne du Parlement, composée par les populaires, les socialistes et les libéraux. L’élection d’hier confirme aussi la fracture du front souverain : le groupe de Visegrad a voté majoritairement pour la candidate européenne, comme aussi a fait le Mouvement 5 étoiles, alors que les membres de la Ligue du Nord restent dans l’opposition du nouvel gouvernement européen avec toute l’extrême droite. La majorité jaune-verte en sort divisée, mais cela n’est pas une nouveauté ».
EDITORIAL, Il Messaggero M. Ajello, « La fragilité de l’Europe et celle de l’Italie » : « Avec la nomination à la tête de l’UE d’Ursula Von der Leyen, on entrevoit le début d’une nouvelle saison qui marque la division politico-culturelle entre deux Europes. Ce rideau de fer ne promet rien de bon et ne paraît pas adapté aux temps difficiles que nous traversons, où il faudrait un continent plus fort. La formule de la nouvelle présidente est celle d’une ouverture à gauche, aussi bien socialiste que verte, et que néo-libérale à la Macron. Dans la division des deux Europe, l’Italie est reléguée, bien au-delà de ses erreurs, dans la partie souverainiste et non-humanitaire – les passages du discours de VDL sur l’immigration ressemblent à ceux des ONG et son rejet de ‘’régimes autoritaires comme celui de Poutine’’ s’adresse aussi aux Italiens. Une marginalité dont les prémices étaient certains et dont la ratification officielle est désormais arrivée. Mais en fait, trois Italies se profilent : une Italie anti-VDL de Meloni et Salvini, la deuxième de Forza Italia, et la troisième, celle d’une drôle d’alliance (préfigure-t-elle des scénarii internes ?) où le PD se sent investi du nouvel ordre européen, tandis que le M5S a sauté sur le char gagnant, fort de son extrême faiblesse et d’un opportunisme maladroit. Cette fragmentation pèsera lourd dans la nouvelle saison européenne et notre pays pourrait finir par n’être qu’un spectateur. »
RETROSCENA (Coulisses), La Stampa, A. La Mattina : « Conte attaque Salvini : le choix de la Ligue contre les intérêts italiens » : « Le voix des Cinq Etoiles, déterminant pour l’élection de Von der Leyen, a provoqué une tempête au sein du gouvernement et de la majorité. Les conséquences ne sont pas calculables pour le moment et la tension est à la limite de la rupture, qui pourra seulement être reportée à l’année prochaine. On s’interroge sur la difficulté, pour cette alliance, d’affronter une discussion sur la prochaine loi de finances de 50 milliards d’euros. Conte, irrité, a commencé à parler ‘’d’impolitesse institutionnelle’’, suite à la convocation des syndicats au Viminal et, ensuite, il a souligné que le comportement de la Ligue « n’allait pas dans le sens de l’intérêt italien ». Salvini est furieux, il n’a jamais accepté la logique expliquée par Conte, dans un entretien à La Stampa, qui invitait les deux partis de son gouvernement à soutenir les nominations décidées lors du dernier sommet européen. Salvini a souligné que le vote européen de Von der Leyen est très grave, parce qu’elle a gagné grâce à l’axe Merkel, Macron, Renzi, Cinq Etoiles, la Ligue a été cohérente avec ses positions et ce vote aurait pu être un tournant historique. Il est clair que Salvini se réfère à Conte et à Di Maio, même s’il ne les nomme pas. Conte, de son côté, est satisfait de cette nomination qui représente un début encourageant et qui est un succès aussi pour lui, qui a convaincu le M5S à voter pour l’ancienne ministre allemande, dans l’intérêt italien. Salvini n’a pas fait de même et il devra assumer ses responsabilités. Est-ce que l’Italie ne peut plus prétendre à un poste de commissaire dans le domaine économique, qu’elle réclame depuis plusieurs semaines et qui lui revient ? La Ligue confirmera quand même le nom de Giancarlo Giorgetti et, pour le nom d’une femme, celui de Giulia Bongiorno ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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