"Les mini-débarquements sont devenus la préoccupation du ministère de l'Intérieur."
10/07/2019
Italie. Revue de presse.
Les tensions entre les deux partis de majorité sur plusieurs thématiques (migrants, impôts, centres de protection pour les femmes victimes de violence) sont également reprises : « Bataille sur les impôts » - ‘’La Ligue propose une amnistie fiscale, le M5S s’y oppose’’ (Corriere della Sera), « Protection des femmes, polémiques » - ‘’L’accusation de sexisme du secrétaire d’Etat Spadafora (5 Etoiles) contre Salvini déclenche la polémique’’ (La Repubblica), « Non à une autonomie régionale qui divise » - ‘’Di Maio : il faut un fonds pour réduire l’écart Nord-Sud’’ (Il Mattino).
Le sort de la compagnie aérienne Alitalia fait les gros titres des médias transalpins. La presse écrite anticipe la possibilité d’une participation du groupe privé Atlantia dans le rachat de la compagnie: « Alitalia deviendrait publique à hauteur de 50% » - ‘’Mais sans actionnaires privés la compagnie risque la faillite’’ (La Stampa), « Alitalia, pressions sur Atlantia » (Sole 24 Ore), « Le consortium pour sauver Alitalia » (Il Messaggero).
ARTICLE La Repubblica C. Tito « Alitalia, Di Maio joue sa dernière carte : Atlanta et Toto actionnaires paritaires » : « Le leader du Mouvement 5 Etoiles veut clore d’ici lundi le dossier et tente d’éviter à tout prix d’offrir une ouverture à la famille Benetton (actionnaire du groupe Atlantia) sur le front de la société Autostrade. Les pressions viennent aussi du groupe américain Delta, qui demande des délais courts et des alliés forts. L’objectif de Di Maio est une implication d’Atlantia mais pas comme partenaire privé principal, plutôt comme actionnaire paritaire avec un autre privé (Toto). Le responsable du Développement Economique se heurte à une manœuvre compliquée et à des résultats incertains. La crainte des 5 Etoiles est que le dossier puisse se retourner contre eux comme ce fut le cas avec le gazoduc Tap, l’usine Ilva et enfin la ligne Lyon-Turin ».
ARTICLE La Repubblica C. Lopapa « Fontana sera le ministre pour les Affaires Européennes » : « Le mystère qui allait de l’avant depuis des jours s’est résolu mardi soir. Le siège jadis occupé par Savona sera pris par Lorenzo Fontana, collaborateur fidèle de Salvini, qui laissera sa place vide au ministère de la famille. D’après les déclarations de Salvini, le nom a déjà été évoqué dès le 3 juillet dernier. Du coup, reste à comprendre pourquoi le Président du Conseil Conte n’ait pas fait avancer la candidature. Or, le Palais Chigi a fait savoir hier soir qu’aucun véto n’avait été mis à la proposition de la Ligue. Le remaniement ne fait que commencer ».
COMMENTAIRE La Stampa M. Sorgi « Le gouvernement ne tombera pas, les démissions sont improbables » : « La querelle sur les déclarations dans Repubblica du secrétaire d’Etat V. Spadafora [accusant Salvini de sexisme envers la capitaine du navire Sea Watch III, ndt] a duré toute une journée. Le soir, Di Maio explique dans un communiqué que Spadafora ne démissionnera pas et il accuse l’allié de chercher des alibis pour ouvrir une crise. Si la tension reste haute, il n’y a pas de trace de rupture. La fenêtre sur des élections anticipées est en train de se refermer : la législature va de l’avant, le gouvernement ne tombe pas mais il est destiné à continuer ainsi, vivant au jour le jour ».
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco : « Une bataille stérile entre les deux alliés qui risque de mettre le pays en échec » : « Les variables de la conflictualité entre les deux partis de la majorité se basent sur plusieurs thématiques (sécurité, autonomie régionale, migrants, impôts et justice). On peut voir, ici, beaucoup plus les divergences que l’intérêt général. On peut mettre en évidence les différences de points de vue sur l’autonomie régionale, pour les façons opposées de concevoir les relations entre l’Etat et les autorités locales, ainsi qu’une grande méfiance sur la sécurité considérée, par les Cinq Etoiles, une mesure ‘’spot’’ au profit de Matteo Salvini. On peut dire la même chose sur les relations syndicales, qui sont un présage de chaos ultérieur. Salvini qui dépasse Di Maio et répond mal à Conte, en perpétuant ainsi un défi d’un an. Une certaine tension a également été ressentie au sujet de la nomination du ministre des Affaires Européennes, même si un accord pourrait maintenant être trouvé. Le président du Conseil Conte a affirmé qu’ils sont en train de faire redémarrer le pays, mais ses alliés promettent de le faire échouer dans une stérile bataille continuelle. Il sera de plus en plus difficile de rejeter la faute sur un ennemi externe, qu’il s’agisse d’oppositions exsangues ou de fantomatiques ‘’pouvoirs forts’’ nationaux et européens ».
COMMENTAIRE La Repubblica S. Folli « UE, le dilemme de Salvini » : « Sur la candidature de von der Leyen, le vote de la Ligue n’est pas encore clair. Si cela n’aura pas une grande incidence sur le résultat, du point de vue politique ce sera un fait très important pour établir le positionnement du ‘’souverainisme’’ italien. Nous sommes ainsi à la veille d’un tournant qui sera peut-être de type idéologique en clé antieuropéen, ou pragmatique, voué à une cohabitation avec l’UE. Déjà la nomination de Lorenzo Fontana en tant que ministre des Affaires Européennes verrait un représentant appartenant au club des pragmatiques. Donc, si la Ligue veut être pragmatique, elle devra proposer comme commissaire un profil crédible et connu internationalement. A l’exclusion de Giorgetti, il n’y a pas de profils semblables au sein de la Ligue ».
RETROSCENA (coulisses) La Stampa F. Grignetti « Avions patrouilleurs et radar, voici le plan secret anti-débarquement » : « Voici donc le plan secret de Salvini, partagé au sein du gouvernement, pour contrer les départs de clandestins et aider les gardes-côtières de Tunisie et de Libye dans leur travail. Le dispositif aéronaval (impliquant le déploiement conjoint de la Marine et de l’Aéronautique italiennes) servira ainsi à anticiper les ONG dans l’identification des navires portant des migrants et à faire en sorte que les Tunisiens et les Libyens arrivent avant celles-ci. Il est clair que si ces navires n’atteignent pas les eaux territoriales, tout change. Le Ministre Salvini a par ailleurs écrit à son collègue tunisien déplorant l’absence de ‘’contrôles des frontières la part des autorités’’ locales ».
ARTICLE Il Messaggero V. Errante « ONG, des sanctions à hauteur d’un million et séquestrations de navires plus simples » : « L’accord entre la Ligue et le M5S a été trouvé. La Ligue retirera l’amendement conférant plus de pouvoirs au ministère de l’Intérieur sur les débarquements et les navires, en échange le M5S renonce aux modifications prévoyant une limitation du périmètre de compétences du ministre de l’Intérieur en faveur du Président du Conseil. La Ligue a ainsi présenté un amendement pour augmenter sensiblement les sanctions pour les ONG qui ne respecteraient pas le blocus. Par ailleurs, le commandant du navire ‘’responsable de résistance ou de violence contre un navire de guerre’’ serait automatiquement arrêté. Le M5S aurait demandé un nombre majeur de forces de l’ordre pour contrôler les frontières italiennes les plus exposées aux débarquements durant la période estivale ».
ARTICLE, Corriere della Sera, R. Frignani : « L’autre face des débarquements » : « Les canots rapides sont devenus la nouvelle préoccupation du ministère de l’Intérieur, et une rencontre sur ce thème a eu lieu au Viminal il y a quelques jours. Dès le début de l’année, les migrants débarqués de navires ‘’ fantômes ’’ sont 2 486 c’est-à-dire 117 cas recensés au 8 juillet de mini-débarquements (presque cinq par semaine), surtout en Sicile et en Sardaigne. Les données de l’ISPI (Institut de politique internationale) montrent que seulement 8 % de migrants sont arrivés par les ONG, soit moins de 600 personnes ».
REPORTAGE La Repubblica V. Nigro « Un bateau et un tournevis, ainsi la Marine italienne maintient à la surface la Marine libyenne » : « La Marine italienne est en train de reconstruire la Marine libyenne en la transformant de fait dans la première ‘’force armée’’ légale dans un Etat qui, pour tout le reste, fait appel aux milices. Vu par la Libye, l’action de notre Marine est un grand succès opérationnel mais qui demeure, en Italie, au centre des polémiques politiques. Quel est leur rôle dans le trafic de migrants entre l’Afrique et l’Italie ? Jouent-ils les méchants ou les gentils ? Les marins italiens expliquent : ‘’en Italie on ne fait attention qu’à la thématique des migrants, mais les Libyens se sont aperçus du travail que nous faisons pour remettre en marche leurs institutions. Nous avons constitué un centre de la marine militaire qui, avec des radars et d’autres instruments électroniques, ont le contrôle des eaux libyennes’’. Un des conseillers du gouvernement de Sarraj nous dit ‘’Je vois qu’en Italie il y a des polémiques mais nous n’arrivons pas à comprendre. Vous avez remis debout la garde côtière et la marine libyenne, il serait préférable d’améliorer, de continuer’’ ».
ARTICLE Il Messaggero « Libye, le gouvernement libère 350 immigrés, le spectre de la menace de Serraj plane sur l’Italie » : « Sur l’annonce de Sarraj de libérer quelques 6-7 mille migrants présents dans les camps de détention, seuls ceux du camp Tajoura, bombardé par Haftar, ont été libérés. Or, il y a environ 660 000 migrants en Libye en attente d’un navire pour arriver sur nos côtes. Des chiffres approximatifs puisqu’il n’y a pas de contrôles statistiques mais qui font comprendre la portée de la menace qui plane sur l’Italie si la Libye devait retomber dans le chaos ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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