"La visite du Président russe Vladimir Poutine à Rome."
06/07/2019
Italie. Revue de presse.
La visite du Président russe V. Poutine à Rome fait les gros titres des médias transalpins. La presse écrite évoque notamment les discussions entre Poutine et le Président du Conseil G. Conte, dont les thématiques affrontées portaient sur les sanctions européennes, l’Ukraine et la Libye. Si F. Venturini (Corriere) nous rappelle qu’il existe deux Poutine, l’un séduisant, l’autre héritier légitime d’un empire, raison pour laquelle il est indispensable pour l’Europe de comprendre sa stratégie : « affaiblir l’UE pour revenir aux relations bilatérales », L. Carracciolo (Repubblica), évoque plutôt l’ambiguïté historique de Rome, serrée entre Otan et Russie, et prône une prise de position claire de l’Italie afin de « ne pas rester isolée ». Enfin, M. Sorgi (la Stampa) souligne « la déception » de Poutine, qui n’a pu obtenir de Conte que le souhait que les sanctions européennes soient renégociées mais aussi la constatation que « l’Italie a renforcé sa position atlantique ». Toujours la Stampa (G. Orsina) évoque des ‘’noces à moitié’’ entre le Kremlin et le gouvernement Ligue-M5S, ces derniers étant sans doute « le fruit de la crise du libéralisme évoquée par le leader russe » mais « les différences culturelles et géopolitiques empêchent le mariage » : « Entente avec Poutine contre les sanctions » - ‘’Conte : la guerre commerciale nuit à tous’’ (Corriere della Sera), « Le Pape à Poutine : ‘’aider le Venezuela’’ » (La Repubblica), « Poutine, un jour à Rome entre le Pape et Conte » (La Stampa), « Sanctions et Libye, pacte avec Poutine » - ‘’Conte ouvre sur les sanctions et demande de l’aide pour stabiliser la Libye’’ (Il Messaggero), « Poutine, nous voulons un accord Amérique-Chine sur les droits commerciaux » (Sole 24 Ore), « Poutine écoute le Pape et trouve des soutiens sur les sanctions » (Avvenire).
EDITORIAL Corriere della Sera F. Venturini « Le double Poutine » : Il était prévu que V. Poutine confirme l’amitié entre Rome et Moscou qui, depuis des décennies, survit à notre fidélité atlantique. Cela a été le cas. La Libye a été évoquée, sans qu’aucune des parties n’ait de recettes allant au-delà de la cessation des hostilités (que par ailleurs Moscou, proche d’Haftar, a refusé de voter à l’ONU, tout comme les Etats-Unis). Le thème épineux des sanctions a également été évoqué. Poutine a là aussi fait preuve de pragmatisme, se limitant à dire ‘’plein respect à la participation aux sanctions européennes et regret d’avoir dû adopter à notre tour des contre-sanctions, touchant l’Italie plus que d’autres pays’’. Poutine fait semblant de ne pas se souvenir de la promesse de Salvini de faire disparaître les sanctions ‘’d’ici 2018’’. Attention, il existe deux Poutine, l’un séduisant, l’autre héritier légitime d’un empire, raison pour laquelle il est indispensable pour l’Europe de comprendre sa stratégie, soit affaiblir l’UE pour revenir aux relations bilatérales, qui favorisent toujours le plus fort »
COMMENTAIRE La Repubblica L. Caracciolo « Ce que veut vraiment Poutine » : « L’Italie n’a pas une stratégie alternative à celle de l’Otan. Poutine le sait bien. Nous restons tout au plus fidèles à notre tradition diplomatique. Rome a une renommée d’ambiguïté (ou d’habileté, selon les points de vue). Tout simplement, il nous est insupportable d’avoir des ennemis. Raison pour laquelle nous n’avons pas d’amis. Poutine mise sur le fait que l’Italie est le pays le plus prorusse de la Méditerranée européenne. Cela depuis longtemps et sans distinction de gouvernements. Il y a aussi un avantage, selon Poutine, le fait d’avoir chez Salvini un interlocuteur complaisant, comme le prouvent les relations spéciales entre le parti du Tsar et la Ligue. Les Américains le savent bien, puisqu’ils ont convoqué Salvini pour le prévenir en vue de la réunion avec Poutine. Après la Route de la Soie, un rapprochement ultérieur avec la Russie n’était pas tolérable. Une chose est sûre, l’Italie continuera sa navigation à vue, tergiversant de manière insouciante entre les rochers, comme si nous étions encore protégés par le calme de la guerre froide, quand la route était encore tracée. Nous devrions, aujourd’hui, la retrouver si nous voulons éviter l’isolement ».
ARTICLE, La Stampa, G. Orsina : « Mariage à moitié entre le Kremlin et les jaune-verts » : « Les mots de Poutine nous permettent de mieux comprendre quels rapports le gouvernement italien a et peut avoir avec la Russie. D’un point de vue idéologique, le Mouvement 5 Etoiles et la Ligue sont fils de la crise du libéralisme que le président russe proclame. Le grillisme et le salvinisme ont-ils les mêmes racines que le poutinisme ? La question est un peu plus complexe. La différence est tout d’abord culturelle : en Occident les réactions à la crise du libéralisme se sont produites dans des frontières libérales. On ne sait pas encore si elles vont développer un nouvel équilibre libéral. La différence est ensuite géopolitique. Avec la Russie nous pouvons faire des tours de valse, mais le mariage est hors de question ».
ARTICLE, Sole 24 Ore, M. Rogari et G. Trovati « Tria : une correction minimale en 2020 » : « Auditionné au Sénat, le ministre de l’Economie Tria a voulu revendiquer le succès des négociations qui ont évité une procédure d’infraction. Avec ‘’une correction structurelle la plus importante de ces dernières années’’ et un parcours qui sera poursuivi également avec la loi de finances de 2020 avec un ajustement, « très limité »’. Le passage parlementaire sera ‘’verrouillé’’ car, dans les intentions du gouvernement, il y a la volonté de clore de dossier avant la pause estivale »
RETROSCENA (Coulisses), La Repubblica, C. Lopapa : « Salvini veut Giorgetti en Europe. Remaniement à crédit pour le gouvernement » : « Les membres de la Ligues utilisent l’euphémisme d’‘’irritation ‘’ pour décrire l’état d’âme de leur leader, Salvini, après ‘’l’affront ‘’ que le gouvernement a subi par le tandem Merkel-Macron et par l’élection de David Sassoli, du PD, à la présidence du Parlement européen. Les souverainistes commencent à ressentir le goût amer de l’isolement et donc le ministre de l’Intérieur a relancé, en affirmant que l’homme de la Ligue pour les Politiques Européennes est sûrement Alberto Bagnai, économiste anti-euro. Une véritable provocation à l’égard de Bruxelles. Au contraire, il faudra un peu plus de temps pour la place de commissaire européen de compétence du gouvernement italien pour laquelle Salvini semble miser sur son proche collaborateur, Giancarlo Giorgetti ».
ARTICLE, La Repubblica, A. Cuzzocrea : « Ligne ferroviaire Lyon-Turin (TAV), les Cinq Etoiles veulent un vote pour éviter la colère de Grillo » : « Beppe Grillo, garant du M5S, est de plus en plus éloigné de sa créature et il s’est rendu à l’idée qu’elle puisse prendre des chemins différents. Mais il y a des sujets sur lesquels il continue de faire entendre sa voix, par exemple les thèmes énergétiques et les questions environnementales. La ligne Maginot de la patience de Grillo existe et s’appelle ligne ferroviaire Lyon-Turin (TAV). Une bataille que le fondateur du M5S ne peut pas oublier. Le défier sur cette question réellement politique ne serait pas tout-à-fait sage de la part des leaders du Mouvement. Ainsi, Di Maio a décidé de ranger son groupe pour le ‘’ non ‘’, mais sans que cela puisse bloquer les travaux que, même l’aile ‘’ gouvernementale ‘’ du Mouvement en est convaincue, on ne peut pas arrêter. Ainsi, quand le gouvernement demandera un vote au Parlement pour révoquer le traité Italie-France sur la TAV, et la Ligue votera ‘’oui ‘’ avec le PD et Forza Italia, le M5S dira ‘’ non ‘’ et personne ne pourra plus le reprocher. Une solution qui pourrait ainsi sauver l’âme des Cinq Etoiles et le gouvernement Ligue-M5S ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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