"Il n’y a plus un sou."
01/04/2019
Italie. Revue de presse.
Les propos du ministre de l’Economie G. Tria (Indépendant) faisant état d’une stagnation de l’économie italienne pour 2019 font les gros titres des médias transalpins : « Alerte de Tria, querelle sur la croissance » (Il Messaggero), « Croissance, les inquiétudes du Trésor » - ‘’Le gouvernement se dispute sur chaque thème’’ (Il Mattino), « Il n’y a plus un sou » - Le ministre reconnaît une croissance nulle » (Il Giornale), « Attaque M5S contre Tria : ‘’un conflit d’intérêt’’. Le Ministre en danger » (La Stampa),
Les frictions au sein du gouvernement font également la Une : « Le rappel de Conte aux ministres » - ‘’Le chef du gouvernement demande plus de sobriété’’ (Corriere della Sera), « Salvini : c’est moi qui commande » - ‘’Après les querelles, le leader de la Ligue dicte les conditions pour la trêve’’ (La Repubblica).
Journaux télévisés : Ils ouvrent sur la rencontre d’aujourd’hui entre le Président du Conseil Conte et le Président de la Commission européenne J-C Juncker, sur les tensions entre la Ligue et le M5S et enfin sur la visite du Pape au Maroc.
ARTICLE La Stampa P. Baroni « Tria en route vers une collision avec Conte » : « La croissance nulle, les banques sous attaque et les réserves d’or : le ministre Tria au Festival de l’Economie civile à Florence met au clair certaines vérités difficiles à accepter et s’apprête inévitablement à une collision avec sa majorité. Et aussi avec le Président du Conseil. Ce dernier s’est montré particulièrement irrité par les mots prononcés par le ministre, hier, qui a évoqué pour la première fois une croissance nulle. Des mots qui n’ont pas été appréciés par Conte, selon lequel ‘’Tria montre qu’il ne croit pas dans le budget qu’il a contribué à définir’’. Si dans les bureaux du Ministère de l’Economie on dément toute friction avec le Président du Conseil ; au Palais Chigi on assiste à des états d’âme d’un tout autre ton. Tria, en donnant son avis sur les différentes initiatives du M5S et de la Ligue et sur les attaques répétées contre la Banque d’Italie, a expliqué que cela nuisait à l’intérêt national ‘’au moment où nous sommes en train de négocier comment arriver à l’Union bancaire’’. Plus tard, le Président du Conseil Conte, sur la même estrade du congrès de Florence, a dit l’inverse de son ministre ‘’je ne crois pas qu’il y ait les conditions pour évoquer des attaques aux banques. Nous devons plutôt adopter le décret pour les victimes des banques’’. Entretemps J-C Juncker, interviewé par F. Fazio [RaiUno – Che tempo che fa, ndt], a été très attentif à l’égard de l’Italie, excluant que les retards sur la croissance, pouvaient créer des problèmes à l’économie globale comme l’a dit le FMI ‘’même si les niveaux de dette sont parmi les plus élevés et il faudra les corriger’’ »
ENTRETIEN de Pier Carlo Padoan, ancien ministre de l’Economie : « ‘’ Le problème est de savoir qui payera la facture de la récession au sein du gouvernement ’’ » (La Repubblica) : « ‘‘ Il ne s’agit pas d’une récession technique, c’est une récession, c’est tout. Je suis réellement pessimiste sur la situation économique du pays. Je n’ai pas d’outils technique pour faire des prévisions mais il est évident que 2019 sera une année à croissance négative. Même le ministre de l’Economie Tria, qui avait parlé, jusqu’à il y a quelque temps, d’une croissance très faible, est en train d’affirmer que le PIB de l’Italie sera à zéro. La probable récession est due aussi à la difficile situation économique internationale, même l’Allemagne est en difficulté, mais les affirmations du gouvernement ainsi que leurs mesures adoptées mais pas encore totalement opérationnelles ont provoqué un climat de méfiance des entreprises et des familles. En cas de loi de finances rectificative, l’économie va empirer, tandis qu’avec une loi budgétaire expansive la dette et le spread augmenteront ‘’».
ENTRETIEN de Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne : « ‘’ Maintenant pour l’Italie les problèmes vont augmenter ’’ » (La Repubblica) : « ‘‘ C’est une phase de transition et Bruxelles n’a pas encore décidé ses prochaines actions sur le budget italien ainsi que sur la ligne ferroviaire Lyon-Turin (Tav). Je voudrais calmer les choses mais je lance tout de même un avertissement à l’Italie : même si cela ne doit pas être exagéré, il faut tout de même rappeler que la croissance du PIB italien est presque à zéro et que donc le pays se trouve dans une situation de récession où ses problèmes continueront d’augmenter. Il est absolument nécessaire de corriger et de réduire la dette publique. Le gouvernement est en train de chercher des mesures pour la croissance, je veux y croire mais je n’en suis pas du tout sûr ‘’».
ARTICLE La Stampa A. Carugati « La Ligue accuse Conte : ‘’c’est l’avocat du M5S’’ » : « Selon un représentant de la Ligue ‘’Conte n’est plus l’avocat des Italiens mais plutôt l’avocat des 5 Etoiles en difficulté. S’il ne récupère pas un minimum d’impartialité, il sera difficile d’aller de l’avant’’. Et les frictions de ce weekend entre le ministre de l’Intérieur Salvini et le puissant Secrétaire d’Etat 5 Etoiles V. Spadafora sur les adoptions (Salvini lui avait attribué, par erreur, la compétence sur les adoptions). Conte a critiqué son ministre de l’Intérieur : ‘’qu’il étudie avant de parler’’. Cela n’est que la partie visible de l’iceberg : le malaise est prêt à exploser à tout moment. La même source a expliqué ‘’on n’a jamais vu le Président du Conseil défendre un ministre de la Ligue. Nous sommes traités comme les cousins pauvres. Désormais il fait le chef des 5 Etoiles depuis le Palais Chigi’’. Le mécontentement atteint même une ministre ‘’colombe’’ de la Ligue, G. Bongiorno (Administration publique) ‘’mais que fait-on encore ici ?’’. L. Fontana, ministre de la Famille, assure ‘’je ne sais pas combien de temps nous irons encore de l’avant avec le gouvernement. Salvini dit pendant des années, moi après 9 mois, je suis prêt à la retraite’’. A Florence, G. Conte et M. Salvini se sont rencontrés pour un café. Selon le Palais Chigi, ‘’une rencontre utile après les incompréhensions de samedi. Les incompréhensions ont été clarifiées’’. Or, aucun problème crucial n’a été réglé. Selon les léguistes, il s’agissait d’un dernier rappel ‘’tu dois récupérer ton rôle de médiateur entre les deux partis’’. Malgré les selfies en Toscane, le climat est plutôt celui d’un couple séparé vivant sous le même toit ».
ARTICLE Il Messaggero L. Cifoni et A. Gentinli « Les alliés divisés sur les coupes aux impôts et sur les œuvres publiques » : « Les 5 Etoiles mettent le frein sur les normes pour les appels d’offre publics, fortement voulues par la Ligue, craignant que celles-ci ne puissent favoriser des pratiques illicites. De son côté, la Ligue fait pression pour l’adoption d’un ‘’super amortissement’’ destiné aux entreprises. Mais là aussi les 5 Etoiles ont des réserves. Le décret serait ‘’soumis à des modifications continues’’ font savoir des sources du gouvernement, qui évoquent également le risque d’arriver à une ‘’boîte vide’’ avec des mesures peu incisives ».
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « Dans le labyrinthe de la convenance réciproque » : « Malgré les images joyeuses de la rencontre dans la campagne florentine entre le président du Conseil Conte et le ministre de l’Intérieur Salvini, peu sont ceux qui pensent que les malentendus au sein du gouvernement soient réglés. La fracture avec la Ligue existe, mais il est quand même difficile de croire que les dirigeants du M5S sont disposés à faire sauter le gouvernement pour défendre les homosexuels et les familles hétérodoxes, voire pour rouvrir la discussion sur le droit du sol, mesure typique de la gauche. Donc, si le gouvernement vacille, les raisons sont sûrement différentes et il faut peut-être les chercher dans la ‘’croissance zéro‘’ de l’économie. Il faudra considérer tous les chiffres de la prochaine loi de finances et constater que plusieurs milliards d’euros seront à récupérer, dans un cadre qui n’est pas celui de la croissance mais plutôt de la récession. Voilà le labyrinthe où le gouvernement se trouve, il ne peut pas avancer parce que la Ligue et le M5S ont épuisé leur agenda. Mais maintenant, ouvrir la crise est tellement dangereux qu’il vaut mieux faire un demi- pas en arrière face au bord du précipice. D’où un effet pervers : une majorité et un gouvernement divisés mais obligés par la convenance réciproque ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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