Salvini : "Je ne retournerai jamais avec le centre-droit."
26/02/2019
Italie. Revue de presse.
Presse écrite : Les résultats des élections régionales en Sardaigne font la Une de l’ensemble des médias italiens. La presse souligne notamment la défaite du M5S, passé de 42,5% aux élections législatives de 2018 à 11%, et la victoire de la coalition de la droite. Certains observateurs envisagent des répercussions au sein du gouvernement, le rapport de force s’étant désormais inversé entre le M5S et la Ligue : « Le centre droit l’emporte, le M5S dans le chaos » - ‘’La colère de Grillo contre Di Maio : vite un directoire’’ (Corriere della Sera), « M5S à son plus bas, Di Maio remis en doute » - ‘’Salvini : je ne retournerai pas avec Berlusconi’’ (La Repubblica), « Berlusconi à Salvini : ‘’maintenant c’est toi qui risque’’ » - ‘’Forza Italia à son allié de coalition : les gens ont ouverts les yeux sur les désastres du gouvernement’’ (La Stampa), « La Sardaigne au centre droit. M5S : Di Maio remis en cause » (Il Messaggero), « Débâcle M5S, Di Maio remis en cause » (Il Mattino), « La droite se reprend la Sardaigne, flop M5S » (Fatto Quotidiano), « Sardaigne, le M5S coule » (Avvenire), « Le gouvernement vacille » - ‘’En Sardaigne la coalition de gouvernement vacille. Haute tension. Tria (Indépendant) défend la TAV [Ligne à grande vitesse Lyon-Turin] et les ministres 5 Étoiles se mettent en colère (Il Giornale).
Journaux télévisés : Ils traitent principalement des résultats des élections régionales en Sardaigne et de la mise en garde du ministre Tria sur la TAV. Ils évoquent également Jeremy Corbyn, opposant de Theresa May, qui serait prêt à soutenir un nouveau référendum pour éviter le Brexit sans accord.
Réseaux sociaux : Ils traitent principalement des élections en Sardaigne, ainsi que de l’attaque de deux hommes armés d’un camion-citerne transportant du lait en Sardaigne.
ARTICLE La Repubblica S. Folli « Le conflit des deux gouvernements » : « Jusqu’à hier, le ministre Tria, comme le ministre des affaires étrangères Moavero et parfois même le Président du Conseil Conte, semblaient par moment, les représentants d’un gouvernement appartenant à un univers parallèle. Ce qu’ils disaient et faisaient était souvent séparé de l’activité de l’autre gouvernement, celui géré et monopolisé par les deux vice-présidents du Conseil Di Maio et Salvini. La liaison ferroviaire Lyon-Turin reste emblématique de ce double registre : une analyse coûts-bénéfices qui tente de cacher sous une couverture technique un « non » qui est exclusivement politique. Jusqu’à samedi dernier, Di Maio était un leader en déclin mais encore en position de force. Maintenant, c’est un personnage amoindri à 10%, comme le pourcentage de voix recueilli en Sardaigne. Maintenant, tous au gouvernement lèvent la tête et se sentent davantage libres pour soutenir la ligne du bon sens qui était jusqu’à hier mal vue. Il est probable que Salvini, même avec quelques contradictions, soutiendra toute initiative pour remettre en marche la machine industrielle. Le résultat des électeurs sardes pourrait faire sauter le gouvernement. Mais c’est justement ce qu’ils ne feront jamais pour ne pas compléter leur suicide politique car désormais leur « saison » antisystème est révolue. Par ailleurs, en Sardaigne, Forza Italia a perdu des voix mais celles dont elle dispose encore, lui permettent de ne pas se faire écraser par la Ligue, empêchant le ministre de l’Intérieur [Matteo Salvini] de modeler la droite à sa main. L’objectif est peut-être reporté après les élections européennes, mais le vote en Sardaigne illustre une droite berlusconienne qui résiste ».
ARTICLE, Sole 24 Ore, L. Palmerini, « Comment Salvini peut pousser les 5 Étoiles à la rupture » : « Le résultat d’hier en Sardaigne a confirmé la confiance des électeurs en la coalition de droite et la désaffection envers les 5 Étoiles, mettant Salvini face à la même question : pendant combien de temps encore et à quel prix peut-il continuer à jouer les deux rôles au niveau national et territorial ? Ce sont surtout les propos d’hier du Secrétaire d’Etat [à la présidence du Conseil des ministres] G. Giorgetti (Ligue) depuis Londres qui intéressent : « nous allons droits sur notre chemin, les électeurs nous choisissent. Si les autres ont quelques problèmes, il est juste qu’ils décident eux-mêmes comment les résoudre ». Giorgetti n’a pas seulement dit que la faiblesse de l’allié était désormais un dossier ouvert, mais que cela aura également une conséquence sur le gouvernement. Pourquoi Giorgetti est-il allé à l’étranger pour rassurer les investisseurs internationaux, chose qui relève plutôt d’un ministre de l’Economie ? Car le représentant de la Ligue est le visage le plus rassurant pour les marchés. C’est un choix concerté avec Salvini. Dans le gouvernement, il y a un glissement de l’équilibre politique vers la Ligue. Politique mais aussi économique. La Ligue veut s’emparer du rôle de premier plan. La stratégie de Salvini est de pousser le M5S à faire des choix sur une série de dossiers économiques »
ENTRETIEN, Matteo Salvini, vice-président du Conseil italien, ministre de l’Intérieur, Repubblica, « Je ne retournerai jamais avec le centre-droit. Le Trésor ? J’ai confiance dans le ministre » : « ‘’Je ne retournerai jamais avec la vieille droite, cela doit être clair. Nous gouvernons ensemble dans les régions et les villes, ça s’arrête là’’. Même si les 11% obtenus sont loin des 27 des Abruzzes, Salvini dit ‘’si ça c’est un flop, il est bienvenu, j’en voudrais beaucoup des comme ça’’. Sur le gouvernement, ‘’j’ai donné ma parole et elle est valable cinq ans, pas cinq mois, il y a une alliance de gouvernement et nous entendons respecter notre engagement’’, et encore ‘’le vote en Sardaigne a été un vote local, qui n’a pas d’incidence sur les choix nationaux. Je ne me sens pas plus fort et Luigi (Di Maio) ne doit pas se sentir plus faible’’. Sur la loi de finances : ‘’avec Conte et Di Maio nous parlerons d’économie’’- ‘’pas de loi de finances corrective prévue’’. Sur la TAV : ‘’nous sommes en train d’y travailler, je reste convaincu que la haute vitesse porte emploi et développement. Je ferai tout pour qu’elle se réalise, même avec des coupes et des économies’’ ».
ARTICLE, A. Cuzzocrea, Repubblica, « Le M5S et ces 300 000 voix perdues. Di Miao attaqué se blinde » : « L. Di Maio est mis sur la touche avec un résultat funeste : ne pas réussir à être la première liste en Sardaigne, s’arrêter à 9,7% avec un candidat à 11,2 %, perdre 300 000 voix par rapport à l’an passé : c’est une défaite inimaginable pour le M5S. Le chef politique sait qu’il a commis des erreurs de communication et il accélère sur une réorganisation qui est en réalité la construction d’une forteresse et il ne fait ainsi que s’affaiblir à l’intérieur du mouvement. Certains craignent qu’il ne mette le mouvement dans les mains de Salvini. La war room du Palais Chigi [siège du Premier ministre] semble vouloir opérer un changement de stratégie. Exemples : le rapport avec les entreprises, Maio a dit à Boccia (Confindustria) ‘’parlons-en’’ ; la campagne pour les Européennes commencée de manière erronée. Lors de sa rencontre avec l’Ambassadeur français au Palais Chigi, le leader M5S a fait machine arrière sur de nombreux points, à partir des Gilets jaunes que F. Castaldo (M5S), vice-président du Parlement européen, a lui-même renié ».
ARTICLE, Corriere della Sera, P. Foschi : « Fico met en garde : c’est la démocratie. Mais pour Di Maio le ‘’ M5S va de l’avant ‘’ » : « Le résultat des élections régionales en Sardaigne confirme l’effondrement du M5S, passé de 42,5% aux élections législatives de 2018 à 11%. Le M5S est dans le chaos, le leader Di Maio est remis en cause et Beppe Grillo, en colère, affirme qu’il faut organiser rapidement un directoire. En effet, les dissidents du Mouvement, par la voix de Paola Nugnes, sénatrice proche du président de la Chambre Roberto Fico, ont attaqué le leadership de Di Maio, alors que le vice-président du Conseil a montré sa tranquillité, au moins formellement. Il a déclaré qu’il y avait beaucoup de monde qui espérait que le M5S meure mais qu’il était bien vivant et continuait son parcours de changement du pays ».
RETROSCENA (coulisses), La Stampa, I. Lombardo « Le bouc émissaire est Tria. Di Maio : « s’il veut, il peut partir ». Et le directoire se réunit à 10h » - « Le TAV secoue le M5S : le détenteur du Trésor attaque, étincelle dans le gouvernement. Aujourd'hui sur le blog les nouvelles règles, demain le vote. Avec un œil sur le Piémont » : « Mais pourquoi a-t-il dit ça ? S'il veut partir, et qu'il veut nous forcer à demander sa démission, nous allons le satisfaire. Ça ne prendra qu'un instant ». La réaction de Luigi Di Maio dure aussi un moment, furieux des déclarations faites par Giovanni Tria à l'émission de la Quarta Repubblica. Le leader politique du M5S est barricadé lors d'une réunion ininterrompue avec son cabinet de guerre, avec l'intention d'expulser le cauchemar sans fin des élections régionales. Cette fois-ci, il ne veut pas commettre la même erreur commise dans les Abruzzes. La Sardaigne était une catastrophe attendue, une preuve de plus que tout doit changer au niveau local, afin que tout le M5S puisse rester tel qu'il est, au gouvernement. Il se peut que le ministre de l'Économie choisisse le mauvais lundi pour rappeler aux 5 étoiles que rejeter la TAV pourrait avoir des répercussions désagréables : « l'analyse coûts-avantages ne m’intéresse pas. Le problème, c'est que personne ne viendra en Italie pour investir si le pays montre qu'un gouvernement ne respecte pas les engagements, change les contrats et les lois et les rend rétroactives. C'est là le problème, pas la TAV ». Alitalia ? « Elle ne doit pas être publique, une solution de marché doit être trouvée, dans le respect des règles communautaires ». Il n'aime pas la solution du ministre du Développement économique Luigi Di Maio, qui prévoit l'implication de Ferrovie dello Stato, Poste, du Trésor autour de 15% puis EasyJet et Delta comme partenaires industriels minoritaires. « Bien sûr, il préfère le partenariat avec Lufthansa » évoque un membre de l’équipe de Di Maio, alors qu'il est décidé de confier au ministre Toninelli la réponse sur la TAV : « Tria a oublié qu'il existe un contrat gouvernemental. Tiens-t'en à ça ». Nous sommes à un pas de l'expulsion. Les 5 étoiles se demandent s'il faut aller jusqu'à demander sa démission. Mais quelqu'un signale à Di Maio les conséquences sur les marchés. Pour l'instant, Tria est prévenu ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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