"Paris rappelle l’Ambassadeur."
08/02/2019
Italie. Revue de presse.
Presse écrite/Journaux télévisés : Le rappel de l’Ambassadeur à Paris pour consultations occupe la Une de tous les quotidiens italiens et fait l’ouverture de l’intégralité des journaux télévisés : « France-Italie, la journée de la crise » (Corriere della Sera), « France-Italie : rupture totale. Le Quirinal : besoin de sens des responsabilités » (La Repubblica), « Colère de Macron : les limites ont été dépassées » (La Stampa), « Paris rappelle l’Ambassadeur » (Il Messaggero), « France, l’Alarme du Quirinal » (Il Mattino) « Maintenant, ça suffit » la France rappelle l’Ambassadeur. Mattarella préoccupé. (Il Sole 24 Ore), « Macron contre l’Italie mais il oublie ses insultes » (Il Fatto quotidiano).
Réseaux sociaux : Ils traitent principalement de la relation franco-italienne, d’Emmanuel Macron ainsi que du parti politique Fratelli d’Italia. Sur Twitter, les hashtags #ItaliaFrancia, #Macron, #Fratelli sont parmi les plus actifs en ce moment.
Articles de Presse
EN COULISSES, T. Ciriaco, La Repubblica, « Mattarella fait pression sur Conte : au gouvernement, on doit se montrer responsable » : « Pour Mattarella, la dérive doit être freinée et il compte le dire à Conte. Moavero Milanesi est sur la même ligne. L’urgence à résoudre est cette catastrophe diplomatique avec la France. Conte, dans les prochaines heures, Conte tentera une approche avec E. Macron ».
ARTICLE, M. Galluzzo, Corriere, « ‘’Démonstration de muscles qui sent l’objectif électoral’’, la stupeur de Conte » : « ‘’Etonné’’ mais ‘’pas irrité’’ dit Conte par le rappel de l’ambassadeur français à Paris. Si à la Farnesina et au niveau médiatique, la secousse est ressentie, le palais Chigi réagit différemment : l’équipe de Conte se montre calme une fois le coup encaissé et revient à son agenda normal, on vise même ‘’les provocations du Président français qui ne nous a jamais aimés, qui nous a toujours considérés comme une erreur historique ». On donne pour évident que, dans quelques jours, tout sera rentré dans l’ordre. Peut-être un excès d’optimisme, une mauvaise évaluation, mais l’idée est la suivante : ‘’ne pas être victimes de la soumission psychologique envers Paris »
ARTICLE, V. Nigro, Repubblica, « Paris rappelle l’Ambassadeur. Di Maio ‘’eux contre nous’’ » - « Paris, ‘’attaques inacceptables’’, l’Elysée ouvre la crise après la rencontre M5S-‘’gilets jaunes’’ » - « Di Maio : ‘’rencontre légitime’’. Conte médiateur, le Quirinal ‘’défendons l’amitié avec la France’’» : « Le Quai d’Orsay est net : ‘‘Le diplomate reviendra à Rome quand des signaux clairs de calme seront donnés’’. L’ambassade à Rome n’a pas envie de commenter plus que le communiqué mais fait comprendre une chose : ‘’ L’ambassadeur reviendra quand il y aura eu une action claire pour reconstruire le rapport d’amitié entre les deux pays’’ ».
EN COULISSES, S. Montefiori, Corriere, « Ce ‘’ne lâchez pas prise’’ de Di Maio aux ‘’gilets jaunes’’ qui a déchaîné Paris » : « Une source diplomatique le dit : ‘’quand le vice-président du Conseil dit à qui détruit, agresse et brûle, ‘’ne cédez pas’’, que devons-nous penser ? C’est une incitation à l’insurrection dans un pays voisin et ami, élu démocratiquement. Les sources diplomatiques font noter que ‘’Christian Masset est un diplomate de très haut niveau, ancien secrétaire général du Quai d’Orsay, il connaît tout le monde et tout le monde le connaît. Sans lui, ce sera plus compliqué’’ et attendent ‘’un geste pour revenir à une relation normale’’».
ENTRETIEN de Luigi Di Maio, « Sur les ‘’gilets jaunes’’, je ne regrette pas. La Ligue ne regarde pas en arrière », S. Canettieri (Il Mattino) : « Notre rapport d’amitié avec le peuple français n’est pas en discussion. Le président Macron s’est lancé à plusieurs reprises contre le gouvernement italien, pour des raisons politiques en vue des élections européennes. Ma rencontre en tant que leader politique du M5S, avec les représentants des gilets jaunes et avec quelques candidats de la liste Ric, est tout à fait légitime. Et je revendique le droit au dialogue avec d’autres forces politiques qui représentent le peuple français. Je suis européen. Et être dans une Europe sans frontières, c'est aussi la liberté des relations politiques, pas seulement pour la circulation des biens et des personnes ».
ARTICLE, A. Ginori, Repubblica, « Du toast porté à Rome à la campagne anti-française » : « Il avait vu Conte à Rome en juin dernier. Macron n’imaginait pasune ‘’salvinisation’’ de l’Italie aussi rapide et que le sentiment anti-français puisse prendre aussi vite sans qu’il y ait des anti-corps. L’Elysée a compris que la présumée « digue » Conte est faite en carton. Le départ de Masset ne laisse pas l’ambassade vacante. Claire Raulin, numéro 2, mènera les affaires courantes. Mais en attendant les relations diplomatiques sont congelées. Une crise est commencée dont nul ne connaît la fin ».
EN COULISSES, A. La Mattina-I. Lombardo, Stampa, « Le président du Conseil désarmé et Salvini en profite : ‘’je ne suis pas avec les ‘’gilets’’ » : « Le long silence de Conte est symptomatique de son embarras dans la déchirure avec la France. Il ne commente pas immédiatement et laisse ainsi Salvini prendre l’espace disponible. Ce dernier se démarque du M5S pour se donner un profil plus institutionnel en politique étrangère. Mattarella est inquiet de cette logique de campagne électorale et du fait que Conte ne parvient pas à contenir ses deux vice-présidents. Contre le M5S, Salvini argumente sur la Tav qu’il veut faire tout en tapant sur Macron sur les migrants, Stx-Fincantieri et Libye : le M5S ‘’n’a pas compris qu’il aide Macron qui peut nous attaquer pour sa campagne électorale. Pour lui, il est bon d’assimiler Ligue et M5S’’ ».
COMMENTAIRE, La Stampa, M. Sorgi, « Jamais aussi mal depuis 1940, renouer sera maintenant difficile » : « Après la convocation de l’ambassadrice Castaldo à Paris, les prémices étaient perceptibles. Et l’on peut dire que l’escalade qui a porté hier soir au rappel de l’ambassadeur Christian Masset et à l’ouverture de la crise diplomatique la plus grave entre la France et l’Italie depuis 1940 était en quelque sorte prévue, étant donné l’insistance de l’approche entre M5S et ‘’gilets jaunes’’. Il ne fait pas de doute que dans la réaction de Macron, il y a aussi un fort contenu de propagande électorale. La superficialité avec laquelle Di Maio et le M5S ont conduit leur ‘’campagne de France’’ a offert sur un plat d’argent au Président français l’occasion d’assimiler ses adversaires manifestants au M5S, qui a démontré ne pas avoir le sens des responsabilités du rôle institutionnel qu’il occupe. Salvini, dur envers Macron, mais disponible à ‘’s’asseoir autour d’une table’’ pour discuter du contentieux ouvert entre les deux pays sur terrorisme et immigration, se distingue de Di Maio. Le Quirinal a fait part de son inquiétude, l’habituelle déclaration de Conte est faite pour désamorcer la crise – ce que la Farnesina et Moavero tentent de faire depuis longtemps. Une toile de Pénélope destinée à subir d’autres accrocs à juger de la manière dont le M5S a accueilli hier la rupture avec Paris ».
ANALYSE, S. Stefanini, Stampa, « Une crise construite par le M5S » : « Autre succès international pour le gouvernement du changement. Succès douteux, changement évident. Paris a rappelé l’ambassadeur à Rome Christian Masset. Le rappel d’ambassadeurs ne se fait pas entre pays de l’UE ou de l’OTAN, ça ne s’était jamais produit entre la République italienne et la France. Les rapports ne sont pas toujours idylliques, impossible surtout entre voisins. Cela ne s’était jamais produit par choix et respect réciproque. Le respect côté italien, est venu à manquer ; Paris en a tiré les conséquences. Di Maio et Di Battista sont à la chasse à la poule aux œufs d’or électoraux, l’addition c’est l’Italie qui la paie. Christian Masset reviendra vite à Rome et recoudra patiemment la trame des rapports franco-italiens, trouvant sûrement beaucoup de sympathie dans la société civile italienne. Il fera son métier en professionnel. Mais les intérêts de l’Italie sur différents dossiers sont moins sûrs et son avenir à Bruxelles pour des postes clefs incertain ».
EDITORIAL, L. Carracciolo, Repubblica, « Désormais les Alpes sont plus hautes » : « C’est une crise sans précédent entre les deux nations. Italie et France sont des voisins qui n’ont jamais cherché à se comprendre, présumant sans doute que ce n’était pas la peine et cultivant des platitudes rhétoriques comme celle des ‘’cousins’’, évoqués avec une vénéneuse élégance dans le communiqué du Quai d’Orsay annonçant le rappel de Christian Masset, où l’on parle de ‘’destin commun’’. La maxime de Machiavel continue de circuler (De Natura Gallorum) dans ce qu’il reste de notre classe dirigeante, selon laquelle les cousins transalpins quand ils ne peuvent te faire du bien, te le promettent, et quand ils ne peuvent pas t’en faire, t’en font difficilement ou ne le font pas. Chez les français, prévaut l’opinion qu’il n’est pas nécessaire avoir une opinion de l’Italie. Si ceci est un destin, il est urgent de le changer ».
COMMENTAIRE, Il Mattino, M. Gervasoni « La mauvaise décision de Macron le souverainiste » : « L’événement de trop était la rencontre de Di Maio avec les gilets jaunes. Politiquement, ce fut un geste peu concluant et dénué de sens, si les 5 étoiles avaient l'intention de mettre E. Macron en difficulté électorale, parce qu'une éventuelle liste de gilets jaunes aux européennes prendrait des votes de l'opposition. Une rencontre désagréable pour l'élite, bien sûr, mais l'insouciant Di Maio n'a pas serré la main des terroristes, mais des personnalités régulièrement invitées à débattre à la télévision française. Le geste du gouvernement français vise à mettre en difficulté le principal concurrent de Macron face aux européennes : Marine Le Pen, qui ne passe pas une journée sans se ranger du côté de Salvini, et risque maintenant de passer pour l'alliée de « l'ennemi » italien. Cet excès de réaction risque toutefois de créer des dommages permanents pour les deux pays, bien au-delà de la durée des gouvernements. Le Quirinal, avec ses déclarations inquiètes, l'a bien saisi. L'appel de l'ambassadeur jette également un éclairage sinistre sur la résilience de l'UE. Comment le président français peut-il encore parler de « souveraineté européenne » ? À notre avis, il s'agit d'un concept vide et dénué de sens. Mais si vous l'utilisez, vous ne pouvez pas réagir d'une manière aussi hâtive et radicale : d'une manière typiquement souveraine. Si l'intention de Macron était d'affaiblir le consensus du gouvernement, il est probable que son geste aura l'effet contraire. Bien qu'il soit probable que l'ambassadeur ne reviendra pas au Palais Farnèse avant les élections européennes ».
Article F. FUBINI, Corriere della Sera « Travaux et richesse, ces 10 milliards de Paris » : Cela ne ressort pas dans la rhétorique politique mais la France, pour l’Italie, ce n’est pas seulement ce grand voisin auquel nous lient deux millénaires d’histoire et de culture. En 2018, c’est la principale source de travail et de prospérité pour l’Italie hors des frontières. Plus que l’Allemagne, dans de nombreux sens, même plus que les Etats-Unis. La République ajoute chaque année une grosse part au PIB italien et c’est surtout vrai dans les échanges. Les deux républiques restent unies financièrement et commercialement comme des jumelles siamoises ».
ARTICLE, Il Sole 24 Ore, G. Santilli « LGV, la renonciation coûte 4 milliards » - « L'estimation dans un rapport secret joint à l'étude sur les coûts bénéfiques des travaux. Quatre postes de coûts : pénalités, réhabilitation des sites, fonds versés et interventions sur l'ancienne ligne. Rapports d'essai M5S-League : seul un compromis possible apparaît dans un référendum » : « Outre l'indemnisation de la France et la restitution à l'UE des fonds reçus, l'abandon de la construction du Turin-Lyon pourrait coûter à l'Italie entre 2,8 et 4 milliards d'euros si l'on considère, outre les aspects contractuels, ainsi que les fonds nécessaires à la réhabilitation des sites et à la modernisation de la ligne historique, comme le montre le rapport encore secret qui accompagne l'analyse coûts-avantages adressée à Paris et Bruxelles. Ce deuxième document sera un élément clé de la discussion entre la Ligue et le M5S. Le seul compromis possible semble être un référendum ».
ARTICLE, Il Sole 24 Ore, G. Chiellino, « L’Italie sous le feu des projecteurs de l’UE » - « Bruxelles lance une alerte à la dette : elle risque d’être insoutenable » : « Risques de débordement de la dette publique « sur le système bancaire, sur le financement des entreprises et des familles et sur la zone euro ». La prévision d'une baisse du ratio de la dette au PIB à 130,7 % est « irréaliste ». Le projet de rapport de l'UE envoyé à Rome dénonce de nombreuses critiques. Dans le même temps, l'UE a officialisé ses estimations de la baisse de la croissance en 2019 : + 1,3% dans la zone euro, l'Italie dernier à + 0,2%. Des données qui exacerbent la nervosité des marchés : en baisse sur les bourses, Piazza Affari - 2,59%. L'objectif de croissance du gouvernement de 1% de croissance du gouvernement devra laisser la place à des chiffres plus légers ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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