"Lettre de Matteo Salvini au directeur du Corriere della Sera."
29/01/2019
Italie. Revue de presse.
Italie/migrants Unes : « Salvini : le procès ne doit pas avoir lieu » - ‘’Lettre du ministre au quotidien pour que le Sénat rejette l’autorisation sur l’enquête’’ (Corriere della Sera), « Procès contre Salvini, le gouvernement en danger » - ‘’La Ligue prévient le M5S, Di Maio freine ses parlementaires’’ (Il Messaggero), « Sea Watch-Italie, un défi en Europe » - ‘’L’ONG fait appel à la Cour européenne’’ (Il Mattino), « Le gouvernement à la dérive » - Chaos total, impasse sur le Sea Watch, Salvini au barreau’’ (Il Giornale).
LETTRE de Matteo Salvini, leader de la Ligue, vice-président du Conseil des ministres et ministre de l’Intérieur, au directeur du Corriere della Sera : « Je referai tout, je ne fais pas marche arrière » : « Cher Directeur, ma situation judiciaire est strictement liée à mon activité en tant que de ministre de l’Intérieur et à ma ferme volonté de maintenir les engagements de la campagne électorale. J’avais dit que je lutterai contre l’immigration clandestine et défendrai les frontières nationales. [...] Je ne veux pas échapper au jugement. Les juges m’accusent d’être allé contre la loi en imposant l’arrêt des débarquements. Je l’ai fait en vertu de mon rôle de ministre de l’Intérieur, pas en tant que citoyen ou leader d’un parti. En bref, c’était une décision qui n’aurait pas pu être prise si je n’avais pas ce rôle de responsable de l’Intérieur. [...]Du coup, toute comparaison avec d’autres situations sur l’article 96 de la Constitution est déplacée. [...]Quant à l’évaluation du Sénat, elle est contrainte de vérifier la présence de deux conditions (chacune suffisante pour rejeter l’autorisation de me mettre sous l’enquête) : un intérêt de l’Etat significatif du point de vue constitutionnel ou la poursuite d’un intérêt d’importance publique. [...] Après réflexion, j’estime que l’autorisation de procéder à l’enquête devrait être rejetée. La lutte contre l’immigration clandestine correspond à un intérêt public et reconnu même par le droit européen (article 79). [...]En deuxième ressort, qui n’est pas moins important, il y a des considérations politiques précises. C’est le gouvernement, et donc pas Matteo Salvini, qui a agi afin de vérifier la possibilité d’une répartition égalitaire entre les pays de l’UE des migrants à bord du navire Diciotti. [...] Pour terminer, je ne renie rien et j’assume mes responsabilités de ministre. Je suis convaincu d’avoir toujours agit dans l’intérêt supérieur du pays et dans le plein respect de mon mandat. Je referai tout, je ne fais pas marche arrière ».
COMMENTAIRE La Repubblica S. Folli « Une responsabilité partagée en cas d’absence de stratégie » : « Les derniers sondages publiés hier par Ilvo Diamanti nous indiquent que les deux partis au gouvernement obtiennent 58% du consensus des Italiens et que ces derniers semblent apprécier l’image d’un leader fort. Un leader fort est censé trouver des solutions, même avec des moyens expéditifs. Or l’affaire du navire Sea Watch semble aller vers une voie sans issue et devient un défi au bon sens avant même d’être une menace à la stabilité des institutions. Ce n’est pas un hasard si le Quirinal laisse filtrer les inquiétudes du Président Mattarella. Ce dernier voudrait une solution rapide. La limite de l’intransigeance de Salvini est justement là : ne pas être en mesure d’offrir une stratégie pour lutter contre l’immigration. Le ‘’fermez tous les ports’’ est à ce stade rentable du point de vue électoral mais il n’apporte pas de perspective, de vision stratégique sur le problème ».
ARTICLE, La Stampa, M. Bresolin « Des absences à la politique de report, l'Italie oublie les réfugiés dans l'UE » - « L'exécutif Ligue-M5S a fait ses débuts en Europe en faisant sauter le projet d'accord pour la réforme de Dublin. En 8 mois, Salvini n'a jamais assisté aux réunions officielles des Ministres de l'Intérieur de l’UE» : « L’exercice a été confié à l'ambassadeur italien auprès de l'UE, avec un objectif précis : faire sauter l'accord sur ce texte, qui pour le gouvernement était « trop peu ambitieux ». Mission accomplie, grâce à l'alliance sans précédent avec les pays de Višegrad, qui avait le même objectif que l'Italie, mais pour des raisons diamétralement opposées (« Non à la redistribution »).
Italie/Afghanistan: Unes « Afghanistan, tension avec la Ligue et Moavero » (Corriere della Sera), « L’Italie retire ses soldats » (La Repubblica), « Retrait de Kaboul, l’Italie devient une affaire » - ‘’Moavero et l’Otan prudents’’ (Il Messaggero), « Le ‘’retrait’’ de Kaboul, le gouvernement divisé » (Avvenire).
RETROSCENA (coulisses) Corriere della Sera F. Sarzanini « ‘’Un choix inévitable’’, la Défense répond aux critiques et aux mécontentements » : « ‘’Un choix inévitable après l’annonce des Etats-Unis de réduire leur présence’’ mais surtout après l’issue des négociations entre les Talibans et Washington qui ‘’va vers l’accord final’’. Voilà comment au ministère de la Défense, on explique la décision de retrait du contingent italien d’ici 12 mois. Face à la surprise du ministre des Affaires étrangères Moavero (qui dit ne rien savoir de tout cela), on souligne que ‘’les réunions techniques avec la Farnesina suivent depuis longtemps les possibles évolutions de la mission. Aller vers cette solution est un fait acquis’’. L’exultation des 5 Etoiles est mitigée par la prudence de la Ligue, peu désireuse d’ouvrir un front également sur ce point. Le retrait avait déjà été pris en considération par le gouvernement précédent mais tout devra être renégocié avec l’Otan, afin de ne pas mettre en danger les militaires qui sont encore en Afghanistan ».
COMMENTAIRE Corriere della Sera M. Franco « L’ambiguïté du contrat sur les missions à l’étranger » : « Ces dernières heures, une superficialité et une confusion dangereuses pour la présence de nos militaires, émergent de la mission en Afghanistan. A la surprise génerale, des sources de la Défense ont informé que la ministre E. Trenta (M5S) aurait donné des dispositions pour le retrait de 900 soldats italiens d’ici fin 2019. La décision aurait été prise en accord avec des Etats-Unis, qui sont en train de négocier une trêve avec les Talibans. Le problème est que la Ligue dément l’existence de décisions déjà prises : il s’agirait uniquement d’une ‘’évaluation de la ministre Trenta’’. Et la réaction du chef de la diplomatie a été très froide ‘’je l’apprends maintenant. La ministre Trenta ne m’en n’a pas parlé’’. Or le Palais Chigi fait savoir qu’il s’agissait d’une question ’’partagée’’ avec E. Trenta. L’opacité augmente, avec les craintes que ces anticipations non concertées mettent en danger les soldats italiens en Afghanistan ».
COULISSES Il Messaggero M. Conti « Action du M5S en pensant aux élections, irritation de la Ligue et du Ministre Moavero » : « Sur indication de la ministre de la Défense Trenta hier, le retrait d’Afghanistan de 800 militaires italiens sera planifié en un an par le centre opérationnel inter-forces. Ce n’est pas un choix officiel du gouvernement : le ministre Moavero dit ne rien savoir, la Ligue ne cache pas son irritation et une note du palais Chigi est publié hier soir. Elle fait savoir en quelques mots que cette décision ‘’est partagée par le président du Conseil’’. La réaction du ministre des Affaires étrangères est entre surprise et inquiétude mais la réaction immédiate de satisfaction des parlementaires M5S explique le sens très électoral de l’annonce. La diplomatie, italienne se préoccupe du difficile rapport entre le gouvernement de Kaboul et les talibans. Mais dès que la Ministre Trenta a appris le plan américain, elle a pris ses dispositions et l’annonce, étant donné les tensions au sein du gouvernement a été jugée par beaucoup, ‘’trop rapide’’, soulevant des interrogations entre les forces politiques d’opposition et des hauts gradés de l’armée. Un coup de frein arrive également du quartier général de l’OTAN, Stoltenberg estimant qu’il est ‘’trop tôt pour spéculer sur le retrait’’ et affirme : ‘’nous ne laisserons pas l’Afghanistan avant d’avoir une situation qui nous permette de réduire le nombre de troupes. Notre objectif est celui d’empêcher que le pays ne redevienne un paradis pour le terrorisme international’’ ».
ARTICLE Corriere della Sera M. Galluzzo « Une réunion à Chypre entre Macron et Conte, dialogue après les querelles » : « Difficile qu’ils puissent s’ignorer pendant tout le sommet. Improbable, aussi, qu’ils puissent tout clarifier. Aujourd’hui E. Macron et G. Conte se rencontreront et se salueront lors du 5e sommet des pays de l’euro de la Méditerranée, à Nicosie. Ils auront chacun une bilatérale avec le président Chypriote, ils affronteront chacun des thématiques internationales qui ont jusque-là vu Rome et Paris distants, notamment sur les migrants, mais aussi les réformes économiques européennes et les stratégies énergétiques. Le président chypriote a en agenda des rencontres avec les deux, incluant les explorations d’ENI et de Total dans les eaux de l’île. ‘’L’évaluation que les leaders soient ou non à la hauteur ne peut que relever du peuple. Les Italiens l’ont établi et sont constants dans cette conviction, comme le prouve le consensus de ce gouvernement, qui est parmi les plus important parmi les autres gouvernements européens’’, fait savoir Conte en répondant aux récents propos du Président Macron au Caire. Entre Rome et Paris, les relations institutionnelles et formelles restent proches même si les tensions n’ont pas manqué entre Macron et Conte. A Davos, par exemple, Conte s’était opposé à l’axe entre Paris et Berlin sur le siège permanent à l’ONU, en proposant que ce dernier aille plutôt à l’Union Européenne. Les distances entre le gouvernement italien et celui français, aggravées aussi par le rapprochement de la campagne électorale européenne, sont visibles sur différents dossiers, de la ligne Lyon-Turin (Tav) à Fincantieri ».
Ligne Lyon-Turin (Tav) – Une « La Ligue présente les motivations pour continuer la Tav » - ‘’L’analyse voulue par Salvini dément celle de la commission’’ (La Stampa)
ARTICLE, Il Fatto Quotidiano, L. De Carolis « Luigi agrippé à Matteo : unis pour survivre » - « Ligne Lyon-Turin et ennemis internes : les deux premiers ministres se donnent en spectacle mais cherchent un compromis sur tout : à présent, c’est à la LGV entre Lyon-Turin de jouer » : « Salvini et Di Maio savent qu'ils ont besoin l’un de l’autre pour maintenir le gouvernement à flot et pour se défendre contre leurs pires adversaires internes. Ils cherchent donc un point de chute commun. Di Maio a pensé à une médiation sur la LGV ces dernières semaines. A tel point que quelques membres du gouvernement se voient confier la tâche de maintenir le contact avec les différentes parties concernées. Mais négocier sur le Turin-Lyon n'est plus possible. « Le non à la LGV est l'identité du M5S », a-t-il rappelé. Les deux dirigeants Ligue-M5S doivent donc s’accorder pour survivre : au moins jusqu'au vote de mai. Pour cette raison, Di Maio a anticipé que la ligne du M5S sera de voter oui au renvoi en jugement au Sénat, « parce que sinon le groupe ne serait pas debout, nous ne pouvons pas déroger à un de nos principes. Et le ministre de l'Intérieur a montré qu'il comprenait. Mais maintenant, la crainte d'un éventuel procès s'est accrue ». Hier, les discussions sur les mentions présentées par le Parti démocrate, Forza Italia et Fratelli d’Italia, tous en faveur de la LGV, ont commencé. Fratelli d’Italia a présenté un texte dans lequel il demande au gouvernement d'organiser un référendum consultatif sur la mise en œuvre des travaux « dans les régions concernées ». La difficulté est la description de la phase qui suit l'analyse coûts-bénéfices parce que le M5S veut rester vague, tandis que la Ligue aimerait un engagement précis. Pourtant, le gouvernement espère que le vote sur les motions sera reporté à plus tard. Parce que cette semaine, le projet de loi constitutionnelle sur le référendum se tiendra, et la semaine prochaine, les décrets seront discutés, à commencer par les simplifications. « Le thème de la LGV pourrait glisser jusqu'à la mi-février ».
ARTICLE, La Stampa, A. La Mattina et A. Rossi « Contre-dossier de Salvini : la suspension de la ligne LGV, ça nous couterait 24 milliards d’euros » : « Matteo Salvini ne veut plus entendre de raisons, surtout qu'il ne veut pas être lié à ce qu'il appelle les « ruminations » du M5S et Alessandro Di Battisti. Pour le leader de la Ligue, la LGV doit être faite parce que les chiffres en sa possession, que la presse publie aujourd'hui, disent que « la suspendre coûte plus cher que la terminer ». Les ministres, sous-secrétaires et techniciens de la Ligue n'ont jamais reçu le texte de l'analyse coûts-avantages que le ministre Danilo Toninelli garde. Certains à la Ligue ont eu la « chance » de le consulter. Les coûts qui n'existent pas ou qui sont présumés exister sont supposés : augmentation de la TVA, absence de recettes provenant des droits d'accises sur les carburants. Celles du document de la Ligue, en revanche, sont le fruit du travail de certains professeurs d'université. Ils se concentrent sur trois aspects : les avantages de la LGV, les coûts directs d'un demi-tour italien et les coûts indirects. Tout d'abord, le dossier de la Ligue contredit le ministre des Infrastructures, chiffrant à 20 milliards le coût des travaux. Le tunnel vaut 8,6 milliards, la construction totale n'en vaut pas plus de 14, dont les 4,6 milliards de Toninelli sont à des années-lumière ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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