"Les 5 Étoiles attaquent Macron."
22/01/2019
Italie. Revue de presse.
France/Italie – convocation de l’ambassadrice d’Italie : Unes - : « Migrants, querelle Paris-Rome » - L’ambassadrice convoquée après les attaques de Di Maio : ‘’hostilité non motivée’’ (Corriere della Sera), « Italie-France, la rupture de Di Maio » - ‘’ Une stratégie étudiée en fonction des élections européennes, préoccupations du Palais Chigi et de la Farnesina’’ (La Repubblica), « Ligue-M5S : l’ennemi est la France » - ‘’Les deux vice-présidents du Conseil ont des stratégies différentes mais le même ennemi’’ (La Stampa), « L’affaire Di Maio, coup de froid avec Paris » - ‘’Les accusations M5S de colonialisme mettent en colère Macron. La Farnesina : des polémiques électorales’’ (Il Messaggero), « Les 5 Étoiles attaquent Macron mais butent sur le franc » (Il Giornale), « L’Italie attaque la France et le FMI » (Avvenire), « Di Maio, frictions avec Paris » (Il Mattino), « Macron s’en fiche des morts en mer et attaque l’Italie pour avoir la Libye » (Il Fatto Quotidiano).
RETROSCENA, La Repubblica C. Tito « Conte prévient les 5 Étoiles pour arrêter le mur contre mur : ‘’la limite a été atteinte’’ » : « Si quelqu’un au M5S s’attendait à une ‘’couverture’’ politique de la part du Palais Chigi et du gouvernement aux attaques de Di Maio et Di Battista, il sera déçu. Le Quirinal, la Présidence du Conseil et la Farnesina [ministère des Affaires étrangères] ont affronté ce qu’ils ont considéré non pas comme un différend mais comme une crise diplomatique. La protestation française est arrivée avec une force inattendue. Très dure. Mattarella, Conte et Moavero ont passé la journée à rattraper une situation qui était déjà largement mise à mal. Pour l’exécutif français, les attaques de Di Maio n’étaient pas adressées à Macron et à son parti mais contre la France et les Français. Une erreur reconnue par le gouvernement Conte. Conte et Moavero ont fait appel à tous leurs contacts dans l’espoir de convaincre Macron qu’il s’agissait d’un affrontement politique et pas d’un conflit entre États, le Président français étant devenu tout simplement la cible des eurosceptiques et des souverainistes en tant que symbole du projet européen. Or, ces justifications n’ont pas suffi. Ils ont juste eu l’effet de ne pas élever au niveau le plus haut la protestation contre l’ambassadrice italienne : elle a été convoquée par le directeur du cabinet de la Ministre et pas par la Ministre en personne. Entretemps, ni le chef du gouvernement ni le chef de la diplomatie italienne n’ont justifié les mots de Di Maio et de Di Battista. Le tout a eu lieu la veille du sommet franco-allemand entre Macron et Merkel. ‘’Si nous continuons ainsi’’, a prévenu Conte, ‘’nous resterons vraiment seuls’’. Conte et Moavero ont deux objectifs : ne pas rompre avec la France (organisant dès maintenant une stratégie de rapprochement avec les collègues français, tentant de clarifier les choses lors des réunions européennes) et convaincre le M5S qu’il n’est pas possible d’adopter ce comportement pour toute la campagne électorale ».
EDITORIAL La Stampa M. Sorgi « Un risque d’isolement pour l’Italie » : « Il y a la sensation que l’approche des deux alliés du gouvernement M5S-Ligue à la campagne électorale européennes est en train de glisser du souverainisme-populisme des origines, vers une sorte de nationalisme ».
ARTICLE Corriere della Sera P. Foschi « Paris accuse : Di Maio inacceptable sur l’Afrique » : « Haute tension le long de l’axe Rome-Paris sur la question des migrants. Le commissaire européen pour les affaires économiques Moscovici a commenté ‘’des phrases vides et irresponsables’’. Le bras-de-fer, selon des sources du Quirinal, a été suivi avec préoccupation par le Président Mattarella, ce dernier craignant une escalade des tons au fur et à mesure que l’on se rapproche des élections européennes. Salvini, à ce stade, s’est gardé à l’écart du bras-de-fer ».
RETROSCENA Corriere della Sera S. Montefiori « Le mécontentement dans les bureaux de la ministre Loiseau : ‘’une campagne permanente’’ » : « Par la voix d’un conseiller de la ministre Loiseau : ‘’une campagne électorale permanente, faite par celui qui a des responsabilités de gouvernement en Italie. Les propos du vice-président du Conseil sont inacceptables’’. La surprise est encore là. ‘’La convocation de l’ambassadrice est un acte fort, sans doute. Nous avons exprimé notre mécontentement pour des phrases inacceptables et agressives à l’encontre de la France’’. Les deux ambassadeurs (Christian Masset à Rome et Teresa Castaldo à Paris) cultivent une relation intense pour accomplir leur double tâche, parfois paradoxale, de représenter de manière fidèle leurs deux gouvernements et de maintenir, voire relancer le dialogue. Il y a toujours eu des moments de tensions avec les ‘’sœurs latines’’, comme on disait jadis. Maintenant, les différends ne sont plus liés à des occasions spécifiques qu’il faut surmonter pour continuer à collaborer. Ce qui irrite le gouvernement français est que les personnalités politiques italiennes sont en train de prendre l’habitude de s’appuyer sur un sentiment nationaliste qui devient de manière générique antifrançais. La sensation de Paris est que Salvini a baissé de ton dans ses propos antifrançais et que son allié Di Maio a pris le témoin en vue des élections européennes. D’abord en offrant un soutien direct au mouvement des gilets jaunes, ensuite en accusant la France de causer le sous-développement obligeant les migrants à risquer la vie pour arriver en Europe. Dans l’entourage de la Ministre Loiseau, ces phrases n’ont pas de sens car ce n’est pas vrai. Pour la forme, il y a des tons agressifs ‘’nous désirons retrouver une coopération normale entre deux pays amis, alliés et historiquement proches. A l’Elysée on préfère ne pas laisser de commentaire, le choit étant de voir Mattarella comme interlocuteur naturel ».
ARTICLE La Repubblica A. ginori « Les attaques des 5 Étoiles ouvrent la crise Italie-France. L’ambassadrice convoquée » : « Les déclarations du vice-président du Conseil Di Maio, reprises ensuite à la télévision par Di Battista sont un pas inédit dans les relations entre Paris et Rome après l’énième attaque du gouvernement 5 Etoiles. Cette nouvelle attaque n’est pas passée inaperçue à l’Elysée, informé dès dimanche sur les propos des deux représentants du M5S. Le Président a donné son feu vert à une protestation formelle pour tenter d’arrêter une escalade qui semble ne pas avoir fin. L’entretien qui a duré moins d’une heure, risque de laisser un signe profond dans les relations diplomatiques déjà difficiles. Les sources diplomatiques proches du Quai d’Orsay font savoir que ce n’est pas la première fois que les autorités italiennes font des commentaires inacceptables et agressifs. Après avoir répondu directement en juin dernier à la rhétorique du gouvernement 5 Etoiles en parlant de ‘’lèpre nationaliste’’, Macron avait décidé de ne plus répondre à Salvini et Di Maio. Il s’était convaincu que chaque mot renforçait les deux vice-présidents du Conseil. Sur le cas des gilets jaunes, les conseillers de l’Elysée avait choisi de faire profil bas, soulignant la relation directe entre Macron et Conte. Le changement de ton du M5S a poussé Paris à modifier sa stratégie. Ceux qui connaissent le fonctionnement du ministère des Affaires étrangères français savent que, par tradition, l’on privilégie en France une médiation informelle, à travers les canaux diplomatiques et sans publicité. L’arrivée d’un gouvernement théoriquement ami, qui ne perd pas jamais une occasion d’attaquer la France, a modifié une procédure consolidée. Macron et Gentiloni avaient promis de lancer un Traité du Quirinal pour renforcer la collaboration entre les deux pays. C’était il y a un an. On dirait un siècle.
ARTICLE Sole 24 Ore G. Pelosi « Paris : les déclarations sur l’Afrique ‘’inacceptables’’ » : « Ce ne sera sans doute ni la première ni la dernière fois. Toutefois, la récente crise diplomatique entre Rome et Paris déclenchée par les propos du vice-président du Conseil Di Maio présente tous les éléments pour être quelque chose de très différent qu’une crise passagère. Gael Veyssière, directeur de cabinet de la ministre française pour les affaires européennes N. Loiseau, a convoqué hier soir l’ambassadrice italienne à Paris Teresa Castaldo pour exprimer les regrets du gouvernement français pour les phrases hostiles prononcé par Di Maio à l’adresse d’un pays amis, fondateur de l’Union Européenne avec l’Italie. Sur la rencontre, le Quai d’Orsay n’a pas voulu faire de commentaires. Outre à Paris, les déclarations ont suscité des commentaires négatifs à Bruxelles ».
ARTICLE, Il Fatto Quotidiano, C. Tecce : « Macron réagit à Di Maio : l’embarras de la Farnesina » : « Les Cinq Étoiles renversent l’agenda politique par quelques coups médiatiques : la question libyenne – les navires, les tragédies, les migrants – devient la question française. Suite aux déclarations de Di Maio, les Français réagissent immédiatement : Christian Masset, l’ambassadeur de France à Rome, a envoyé une lettre de protestation au ministère des Affaires Etrangères ; l’ambassadrice italienne à Paris, Teresa Castaldo, a été convoquée par Nathalie Loiseau, ministre aux Affaires Européennes ; le ministre Enzo Moavero Milanesi, à Bruxelles pour des rendez-vous institutionnels, a rencontré Jean-Yves Le Drian, son collègue transalpin. La synthèse des Français, soutenus par Pierre Moscovici, commissaire européen à l’Economie, a été : ‘’ des mots hostiles et inacceptables ‘’. Mais le duel verbal est simplement le préambule à une vengeance de Paris. Au ministère des Affaires Etrangères italien, les responsables, épuisés, répondent : ‘’ Qu’est-ce qu’il faut commenter ? Bienvenue dans la campagne électorale, pour la joie de ceux qui travaillent à la déstabilisation de l’Europe. Nous ne savons pas quoi dire à M. Masset. Maintenant, les Français auront une raison de plus pour ne pas soutenir nos positions lors des rencontres internationales ‘’. La durée du silence mesure l’épaisseur de l’embarras : ‘’ C’est un grand résultat pour la propagande politique et un très mauvais signal pour les intérêts italiens. Il faut toujours évaluer les conséquences des déclarations ‘’ ajoutent des sources diplomatiques italiennes. Afrique signifie surtout Libye et précisément la Libye est un terrain entre Rome et Paris. Seulement il y a une semaine, malgré la tension entre le M5S et Macron sur le mouvement des gilets jaunes, Giuseppe Conte s’est rendu en visite au Niger et au Tchad pour une mission autonome, mais ‘’ préparée ‘’ aussi avec Paris. Les oppositions exigent la convocation au Parlement de Moavero, mais le ministre est obligé de jouer les funambules : il ne peut pas désavouer une partie du gouvernement ni exacerber la crise avec Paris. Mais la distance entre Moavero et les Cinq Etoiles est évidente. Ces épisodes sont destinés à se reproduire à l’approche des élections européennes de mai. Ainsi l’Italie se dédouble en politique étrangère ».
ARTICLE, Il Fatto Quotidiano, L. De Carolis : « ‘’ C’est le Renzi français ‘’ : l’attaque convenue à l’ennemi parfait » : « L’ennemi est et restera E. Macron. Parce que pendant une campagne électorale il faut un ennemi extérieur qui représente l’establishment : c’est un commandement pour tout parti populiste. Et puis parce que, aux yeux des Cinq Etoiles, Macron est ‘’ le Renzi français, celui qui devait tout changer et qui n’a rien changé ‘’. Mais le M5S a aussi une autre urgence : expliquer que la ligne sur l’immigration n’est pas la même que celle de Matteo Salvini. Et aussi parce qu’il y a toujours la considération, faite lors des réunions internes, sur la possibilité que Macron puisse être le pivot d’alliances indirectes en Europe pour évincer le Mouvement, qui veut, en revanche, être la voix décisive à Bruxelles. Et l’idée de Di Maio de poser des candidatures de tête de liste, aux élections européennes, des personnes externes s’insère dans cette optique, pour récupérer des voix au centre, mais aussi pour se donner une image de parti ouvert et transversal, utile aussi à l’étranger. Les Cinq Etoiles veulent souligner les distances avec la Ligue sur les navires des migrants et sur les ONG, mais il est difficile d’expliquer la différence même à l’étranger ».
ARTICLE La Repubblica A. Cuzzocrea « Di Maio, Di Battista et la stratégie pour créer l’ennemi » : « Le 7 janvier Di Battista, Di Maio et Casaleggio se sont réunis à Rome pour décider comment mettre en place la campagne [du M5S] pour les élections européennes. Cherchant un bouc émissaire, le visage de Macron était apparu immédiatement à leurs esprits. Déçus par l’échec d’un accord avec En Marche pour former un groupe en Europe ; offensés par les mots du Président en juin sur la politique migratoire italienne vu comme ‘’cynique et irresponsable’’, Di Maio et Di Battista ont construit une stratégie pour proposer l’abolition du ‘’siège français’’ du parlement européen. La stratégie étant celle de dénoncer la France comme nouveau pays colonisateur et déstabilisateur du Continent africain ».
ENTRETIEN de Danilo Toninelli, ministre des transports et des infrastructures « Les patrouilleurs promis à Tripoli sont prêts. Cela fera diminuer les débarquements » (Corriere della Sera) : « ‘’Moins de navires partiront, moins de morts en mer nous aurons. Nous devons travailler pour réduire à zéro ces chiffres. La forte déstabilisation de la Libye a une cause précise qui date du bombardement de Sarkozy en 2011. Un accord avec les autorités de Tripoli sera bientôt signé. D’ici quelques semaines, des patrouilleurs seront à leur disposition. Ce qui signifie qu’il y aura encore moins de départs et moins de morts dans la Méditerranée. La proposition de Di Battista de faire débarquer les migrants à Marseille ? C’est une thématique liée aux responsabilités historiques des gouvernements français et à la nécessité d’une solidarité européenne qu’aujourd’hui, du côté de Paris, on ne voit pas du tout. Peut-être que seul un incident diplomatique pourrait faire comprendre à toute l’Europe qu’il faut s’occuper des causes des flux migratoires et pas uniquement des effets’’ ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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