"Conte prévient l’UE : le gouvernement est le seul rempart contre la violence de la rue."
10/12/2018
Italie. Revue de presse.
Budget/UE: Unes - : « Revenu, retraites, les conditions dures de l’UE » (La Repubblica), « Salvini freine sur les coupes aux retraites d’or » (Corriere della Sera), Conte prévient l’UE :‘’le gouvernement est le seul rempart contre la violence de la rue’’ » (La Stampa), « Un plafond pour les retraites et le revenu de citoyenneté (Il Messaggero, Il Mattino).
ARTICLE La Repubblica, C. Tito. « Les conditions de Bruxelles au gouvernement : retraites anticipées uniquement en 2019 et revenu de citoyenneté limité » : « Le canal de communication entre Bruxelles et Rome est ouvert. L’accord demeure difficile, puisqu’il concerne les deux réformes-phare de la Ligue et du M5S sur lesquelles les deux partis veulent fonder leur campagne électorale pour les élections européennes de mai. La réforme des retraites ‘’Fornero’’ (sous le gouvernement Monti) est considérée comme la pierre angulaire pour l’Italie : une modification structurelle de cette loi constituerait une alarme pour la Commission. Quant au revenu de citoyenneté, la Commission n’a pas exprimé de commentaires négatifs. En revanche, elle est perplexe sur sa réalisation à ce stade, sans contrôles ou contrepoids. Il y a aussi un troisième facteur : les investissements. L’UE souhaiterait que l’Italie lie les investissements à des projets tels les ponts ou les écoles et pas à des micro-interventions (jusque-là privilégiées) incapables de générer des effets sur la croissance. Pour les commissaires, une extension de la ‘’flat tax’’ offrirait plus de certitudes du point de vue des résultats économiques. Les commissaires ont compris qu’en baissant de ton cela favoriserait le dialogue. Au Palais Chigi, on a compris que la procédure d’infraction serait désastreuse pour l’Italie, avec des coûts sociaux sans précédents ».
ARTICLE, La Stampa, A. La Mattina, F. Schianchi : « Conte à l’UE : après les désordres français, nous sommes le seul rempart contre la violence de la rue » : « Nous ne pouvons pas nous concentrer uniquement sur la stabilité financière, nous devons prêter attention à la stabilité sociale également ». Le président du Conseil Conte a lancé un message à l’Union européenne. Aujourd’hui, une énième rencontre du gouvernement se tiendra entre la Ligue et le M5S, pour décider les propositions et les marges de négociation avec lesquelles Conte se présentera au président de la Commission Juncker (peut-être mercredi après-midi). De Rome, Conte et ses deux vice-présidents du Conseil Salvini et Di Maio, observent ce qui est en train de se passer en France et ils donnent une clé de lecture différente : ils affirment qu’en Italie cela n’arrive pas, parce que le gouvernement, pour la loi de finances, a considéré les plus faibles en premier, et que ce gouvernement est le seul rempart contre la violence de la rue. Le seul risque pourrait être que l’Union européenne dise toujours et encore non ».
ENTRETIEN de Riccardo Fraccaro (M5S), ministre pour les rapports avec le Parlement « Le budget sera amendé au Sénat avec des facilitations sur l’emploi et des allègements pour ceux qui embauchent » : « ‘’Le ministre Di Maio est en train de préparer des dispositifs d’aides pour les entreprises qui privilégieront les CDI. Il y aura beaucoup d’amendements pour améliorer le décret. Nous misons beaucoup sur les investissements car nous croyons que tout ne se joue pas uniquement sur le PIB, mais aussi sur la confiance du pays : repartir du territoire avec de nombreux petits chantiers, partout. Sur les grands chantiers, nous sommes pour ceux qui sont utiles et contre ceux qui sont inutiles. Il est faux de dire que le M5S est contre le progrès et contre l’entreprise. Outre la dimension éthique, ceux qui sont sous le seuil de la pauvreté auront l’argent du revenu de citoyenneté et les dépenseront pour relancer la consommation’’ ».
ARTICLE, La Repubblica, C. Lopapa : « Salvini, rencontre avec les entreprises, une nouvelle gifle à Di Maio » : « Le Viminale à la place du Palais Chigi. L’étrange parade d’entrepreneurs, de commerçants, d’agriculteurs et d’artisans s’est déroulée dans le cabinet du ministre de l’Intérieur au lieu du Palais Chigi. C’est un fait inédit qui marque un saut dans le processus d’éloignement de Matteo Salvini envers le Président du Conseil Conte et de son allié Luigi Di Maio. En réponse, le Palais Chigi a communiqué sur la rencontre aujourd’hui avec les représentants syndicaux. Contrairement à Conte et Di Maio, Salvini se pose comme l’interlocuteur de référence pour la réalisation des grands travaux, à partir de la ligne ferroviaire Lyon-Turin (Tav). Ces infrastructures qui sont considérées comme incontournables par le président de la Confindustria Boccia. Le ministre de l’Intérieur a déclaré qu’il voulait maintenir toutes les promesses faites lors de sa campagne électorale. Maintenant, la véritable priorité est d’éviter la procédure d’infraction de l’Europe. La réunion du gouvernement pour mettre au point la stratégie à adopter – en vue de la rencontre de mercredi, encore à confirmer, entre Conte et le président de la Commission européenne Juncker – n’aura finalement pas lieu aujourd’hui. La disponibilité à réduire le rapport déficit/PIB du budget à 2,1 % arrive du Palais Chigi. Des sources du M5S ont communiqué la publication des mesures sur le revenu de citoyenneté et sur les retraites d’ici Noël. C’est la confirmation que Di Maio n’a aucune intention de les reporter à juin pour faire des économies supplémentaires ».
ARTICLE, La Stampa, M. Indice : « Enquête sur les comptes de la nouvelle Ligue, le trésorier est placé sous enquête » : « Le Parquet de Bergame est en train d’enquêter sur les finances de la ‘’ nouvelle ‘’ Ligue de Matteo Salvini. L’infraction présumée est le financement illégal aux partis ainsi que le soutien à l’entrepreneur de Bergame, Luca Parnasi. Le trésorier de la Ligue, Giulio Centemero, est placé sous enquête. Une enquête qui est encore dans sa phase préliminaire. Il y a la plus grande discrétion sur cette affaire ».
EDITORIAL, S. Folli, Repubblica, « Salvini, l’anti-européen modéré » : « Entre le Paris de Macron et les désordres en France et la Rome de Salvini et la manifestation de la ligue samedi, il existe un lien à ne pas sous-estimer. Macron et Salvini sont aux antipodes l’un de l’autre. Le premier est le champion de l’Europe et un rempart anti-populiste. Il aurait voulu, et veut certainement encore, être le grand réformateur de l’Union Européenne. Mais en ce moment, il doit avant tout sortir de la crise des « gilets jaunes ». Côté Salvini, vu les sondages, on peut se permettre d’adopter un ton rassurant et d’avoir l’air de celui quoi pense désormais représenter une force historique. En attendant, l’Italie vit depuis des années en campagne électorale permanente. Salvini a d’ailleurs précisé que le contrat de gouvernement pouvait être modifié, en bref que la Ligue n’est pas prête à faire trop de concessions à Di Maio et les siens. Salvini cependant vise vraiment l’Europe et c’est son point commun avec Macron, et il jouera l’anti-Macron au nom d’une Europe ‘’différente’’ et pas bien définie. Le but est fumeux, mais la nouveauté des derniers jours – comme l’ont noté des observateurs – est le ton moins agressif et moins extrémiste du ministre de l’Intérieur. Le fait est que Salvini, à tort ou à raison, rêve de la fin de l’hégémonie franco-allemande et l’avènement d’une Europe divisée en divers ‘’souverainismes’’. Les gilets jaunes sont donc ses alliés dans l’œuvre de déligitimisation d’E. Macron et avec lui de l’Europe que nous connaissons. La partie est ouverte et il n’est pas facile de prévoir comment elle finira ».
ARTICLE La Repubblica, P. Ignazi « Cette Italie sans gilets » : « L’insatisfaction est commune à la France et l’Italie mais la protestation française ne se diffuse pas chez nous. En effet, entre autres explications possibles, l’insatisfaction profonde et latente des Italiens n’a pas débouché en protestations violentes, parce qu’elle s’est tournée vers les 5 étoiles, qui leur ont donné une place politico-parlementaire. Leur échec ne déchainera pas non plus les manifestations car la Ligue est prête à les récupérer, à gérer le vent du mécontentement, éventuellement en désarçonnant les alliés ».
PROPOS de Beppe Grillo, co-fondateur du Mouvement 5 Etoiles, Il Fatto Quotidiano de dimanche « ‘’Les gilets jaunes ont 20 points de programme, ils ne parlent pas uniquement d’impôts, ils veulent le revenu de citoyenneté, des retraites plus élevées... des sujets que nous avons lancé, nous, mais qui ne sont pas reportés par les quotidiens, qui évoquent uniquement la contestation des taxes sur les carburants : la seule décision juste qu’a fait le Président Macron ».
EDITORIAL Il Messaggero A.Campi « Les adeptes italiens à l’assaut de la Bastille » : « En France, tout ce qui s’est traduit dans le phénomène difficilement déchiffrable des ‘’gilets jaunes’’ commence à avoir un soutien politique et intellectuel même dans d’autres pays. Le Président E. Macron représenterait le symbole principal d’un système encore au pouvoir retranché sur soi-même, souvent arrogant et qui ne sait plus reconnaitre (et donc gérer) les conflits sociaux. L’existence de requêtes diffusées et partagées par une grande partie des mouvements ‘’populistes’’ a poussé B. Grillo à considérer les ‘’gilets jaunes’’ comme une variante française et une imitation tardive du M5S, jusqu’à faire comprendre que la limite de ce dernier serait d’avoir pris la voie institutionnelle, en diluant ses batailles. Par ailleurs, les manifestants français n’ont pas de chefs reconnus ni une organisation pouvant en assurer la survivance dans le temps ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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