"Les oppositions en sont réduites à s’accrocher au spread."
27/11/2018
Italie. Revue de presse.
Budget/UE : Unes - : « Gouvernement : retouches aux dépenses » - ‘’Salvini : les objectifs seront maintenus’’ (Corriere della Sera), « Le gouvernement à l’UE : ne nous sanctionnez pas jusqu’aux élections européennes » (La Repubblica), « Les coupes promises par Rome ne suffisent pas à l’Europe » - ‘’Draghi prévient contre les politiques insoutenables’’ (La Stampa), « Draghi : le QE terminera en décembre » - ‘’Il faut encore de la liquidité’’ (Sole 24 Ore), « Moins de dépenses et plus d’investissements » (Il Messaggero), « Marche arrière : le revenu citoyen et la réforme des retraites reportés » (Il Giornale), « Di Maio au Quirinal pour faire la paix avec l’UE » (Fatto Quotidiano).
COULISSES La Stampa M. Bresolin « L’Europe insiste : ‘’un déficit au-delà des 2% n’est pas acceptable » : « ‘’Nous pouvons être flexibles mais pas créatifs’’. La ligne établie par la Commission européenne est très claire : pour éviter l’ouverture de la procédure, il ne suffira pas de faire un petit rabotage du déficit. Il faudra un effort bien plus consistant par rapport à ce qui a été annoncé ces dernières heures. Dombrovskis et Moscovici ont été clairs : le problème n’est pas tant le niveau du déficit nominal mais plutôt l’évolution du déficit structurel. D’après les estimations de la Commission, tenant compte de toutes les marges de flexibilité possibles et d’interprétation des règles, le budget produit un dérapage supérieur à 1,2% du PIB (21 milliards). Et même si on utilisait les estimations du gouvernement italien, le « trou » qu’il faudrait couvrir serait à hauteur de 0,8%, soit 14 milliards ».
COULISSES, M. Conti, Messaggero, « Le président du Conseil : la loi de finances est à réécrire. Salvini ouvert aux modifications mais Di Maio doute » : « Afin d’éviter de devoir faire une campagne électorale avec le pays en récession, les deux vice-présidents du Conseil laissent à Conte et Tria l’initiative. Renoncer à 0,2% de déficit en plus, soit 3,6 milliards, et trouver des ressources pour renforcer la partie de la loi de finances relative à croissance et investissements signifie cependant ne pas ‘’re-moduler’’ le revenu de citoyenneté et les réformes de la Fornero sur la retraite. Si Salvini semble l’avoir pris en compte, Di Maio a du mal à lâcher sur le revenu. Hier soir Salvini et Di Maio se sont mis au travail avec le Trésor, tandis que Conte reste le gardien d’un accord politique qui, au minimum, sera revu dans le temps. »
ANALYSE, Il Mattino, L. Covatta, « Les oppositions en sont réduites à s’accrocher au spread » : « L’auteur Ennio Flaiano était coutumier des bons mots, comme ‘’je plie mais je ne m’explique pas’’, il n’imaginait pas que ce serait le cas de nos gouvernants, qui continuent de plier sans s’expliquer. Ils ont compris que la rhétorique des ‘’petits chiffres’’ et du ‘’zéro virgule’’ est réversible : bonne pour minimiser les raisons de l’Union européenne mais aussi pour justifier un ‘’retrait stratégique’’ comme celui annoncé par Conte après son dîner avec Juncker. Maintenant que le spread baisse et que la Bourse récupère, les oppositions devraient se faire une raison, elles qui ont laissé les marchés jouer leur rôle au lieu de demander au gouvernement de s’expliquer. « Indécis à tout » est un autre mot de Flaiano, et c’est ce que sont le PD et Forza Italia. Tout le système politique de la seconde République est tombé en morceaux et il vaudrait mieux que ses protagonistes s’en rendent compte ».
ARTICLE Corriere della Sera F. Fubini « L’UE veut des signes importants sur les mesures-phare » : « Depuis Bruxelles, on ne voit aucun tournant concret. L’Italie n’a qu’une vingtaine de jours pour désamorcer la procédure d’infraction. Une fois que la Commission aura obtenu l’aval de tous les autres pays, il sera trop tard pour sortir d’un piège où le gouvernement s’est lancé tout seul. Pour Bruxelles, l’Italie devrait obtenir 7-8 milliards provenant des coupes ou de nouvelles taxes. Il s’agit de revoir la structure même du budget et d’en discuter avec la Commission ».
COMMENTAIRE Sole 24 Ore L. Palmerini « Avancée ou marche arrière ? Les versions de la négociation » : « La vraie énigme pour les deux vice-présidents du Conseil est politique : comment transformer une marche arrière en un pas en avant. Comment expliquer un affaissement par rapport au totem des 2,4%. Hier, Mario Draghi a rappelé l’importance d’éviter une déchirure alors que le quantitative easing connaît bientôt sa fin ».
COMMENTAIRE La Stampa M. Sorgi « Le pied sur le frein » : « Difficile de dire si les changements au budget décidés – ou plutôt esquissés – par l’énième réunion au Palais Chigi (chez le Premier ministre) serviront à adoucir l’attitude de la Commission européenne et à éviter la procédure d’infraction. Après des semaines passées à se moquer des autorités européennes, les deux vice-présidents du Conseil ont mis le pied sur le frein et ont envoyé G. Conte à Bruxelles à négocier, la tête basse. Mieux vaut tard que jamais. Mais une question est légitime : pourquoi ne pas y avoir pensé avant ? Était-il nécessaire d’attendre deux mois et de brûler 5 milliards d’euros ? ».
ARTICLE Corriere della Sera I. Caizzi « Draghi : ‘’Des politiques insoutenables, un danger pour l’UE’’ » : « Le président de la BCE Mario Draghi soutient un compromis entre l’Italie et l’UE sur la loi de finances pour 2019, tout en rappelant l’importance de la part de Rome de maintenir bas l’endettement afin d’éviter des problèmes en cas de nouvelles crises économiques. Draghi a rappelé qu’en baissant sa dette, un pays se renforçait, autrement ‘’la vulnérabilité augmente’’. Car des ‘’politiques nationales insoutenables forcent à la fin à des ajustements économiques socialement douloureux et financièrement coûteux’’. Le président de la BCE partage le projet franco-allemand prévoyant des financements uniquement pour ceux qui respectent les règles européennes ».
ARTICLE, La Repubblica, C. Lopapa : « La Ligue prête aux réductions sur les fonds pour les retraites. Revenu, le M5S ne cède pas » : « C’est le moment crucial : le gouvernement est à un tournant très important, il faut décider s’il faut prendre la voie du dialogue avec l’Europe et réduire ainsi le rapport déficit-PIB sous la prévision actuelle des 2,4 %. Les deux vice-présidents du Conseil se sont rencontrés encore une fois avec Giuseppe Conte, le ministre de l’Economie Tria et leurs collaborateurs, mais ils n’ont pas encore décidé les mesures concrètes à prendre pour réduire le budget. La mise en œuvre de certaines promesses coûteuses serait reportée de trois mois, la Ligue serait prête à réduire les fonds pour les retraites, mais le M5S ne veut pas faire marche arrière. Le cœur de la question se trouve derrière ce report et il est uniquement politique. Le gouvernement affirme que les objectifs seront maintenus mais voudrait quand même gagner du temps pour arriver aux prochaines élections européennes sans être sanctionné »
RETROSCENA (Coulisses), La Repubblica, C. Tito : « L’objectif de Salvini et Di Maio : arriver aux élections européennes sans sanctions » : « Les leaders de la Ligue et du M5S, Salvini et Di Maio, veulent attendre les prochaines élections européennes et voudraient y arriver sans sanctions. Di Maio et Salvini visent maintenant à prolonger la procédure d’infraction mais, pour avoir le feu vert de Juncker, ils seront obligés à modifier le budget et donc réduire le déficit initialement prévu à hauteur de 2,4%, pour arriver entre 2 et 2,2 % du PIB. La négociation entre l’Italie et la Commission européenne est désormais focalisée sur cette possibilité et, en effet, le dîner de samedi soir entre le président du Conseil Conte, le ministre de l’Economie Tria et le président de la Commission Juncker est en train de parvenir à ce résultat. Jean-Claude Juncker a quand même demandé aux représentants italiens d’arriver à la prochaine rencontre avec des mesures concrètes, parce que le seul moyen d’éviter une procédure d’infraction pour l’Italie est de changer la loi de finances. Et donc le gouvernement tente maintenant de gagner du temps ».
ARTICLE, Il Messaggero, S. Canettieri, « OK au Troisième Tunnel (Gênes) mais Toninelli (M5S) garde l’acte secret » : « Le rapport donnant le feu vert sur l’analyse coûts-bénéfices pour la réalisation du ‘’Terzo Valico’’ (tunnel) serait sur la table du ministre depuis trois semaines. Il semblerait que Toninelli craigne les réactions de la base du M5S, et tente d’éviter une réplique de la ‘’réaction Tap’’ ayant eu lieu dans les Pouilles après le oui au gazoduc. »
ARTICLE Corriere della Sera « La ministre depuis Paris : ‘’Que Rome prenne sa décision sinon la ligne Lyon-Turin (TAV) s’arrêtera’’ » : « La ministre des transports Elisabeth Borne demande au gouvernement italien de décider ‘’rapidement’’ ‘’d’ici le début de 2019’’ s’il souhaite continuer ou pas les travaux de la Ligne Grande Vitesse Lyon-Turin. E. Borne a dit ‘’nous ne pouvons que respecter la position du gouvernement italien’’. Le nouveau calendrier, initialement attendu pour l’automne, lui aurait été communiqué directement par son collègue Toninelli, lors de leur entrevue d’il y a un mois. Pour sa part, le commissaire extraordinaire de la TAV parle de ‘’tergiversations hypocrites de la part du gouvernement’’ italien ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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