" L’Italie demande des délais plus longs à l’UE."
23/11/2018
Italie. Revue de presse.
Budget/UE : Unes - : « Alerte sur le spread et les emprunts » (Corriere della Sera), « Budget, Salvini freine Conte. Di Maio : ‘’arrêtons la guerre contre l’UE’’ » (La Repubblica), « Les Italiens n’ont pas confiance dans les BTP » (La Stampa), « Budget, Conte ouvre à des modifications » (Sole 24 Ore), « L’Italie demande des délais plus longs à l’UE » (Il Messaggero), « Conte gagne du temps avec l’UE : ‘’revoyons le budget’’ » (Il Mattino).
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco : « La négociation et le risque de ne pas avoir une issue » : « Giuseppe Conte aura une tâche très difficile : demander à l’UE davantage de temps pour « ajuster » la loi de finances. Ce report devrait permettre à l’Italie de démontrer la qualité du budget Italien, qui est sensé générer de la croissance et diminuer la dette publique. Mais il est très difficile que la Commission, considérée par la majorité des Italiens comme une ennemie, permette au gouvernement d’arriver aux prochaines élections européennes sans une procédure d’infraction ou une révision complète de la loi. Il faudra vérifier si, à la fin, ils arriveront à un compromis en extremis ».
EDITORIAL, Corriere della Sera, M. Ferrera : « Deux demi-vérités dangereuses » : « Pourquoi sommes-nous en train de nous disputer avec l’UE ? Selon le gouvernement, c’est à cause de Bruxelles qui est en train de s’obstiner sur des ‘’petits chiffres’’ et qui voudrait nous empêcher de dépenser ce qui est nécessaire pour les réformes. Mais alors, pourquoi le gouvernement veut-il faire ces réformes avec ces coûts ? Cette fois-ci, la réponse du gouvernement est la suivante : ‘’Nous l’avons promis aux Italiens‘’. Ces deux justifications sont en fait deux demi-vérités. Dans les programmes électoraux de la Ligue et du M5S, il y avait plusieurs réformes, (flat tax, réforme de la loi Fornero pour les retraites, revenu de citoyenneté), mais c’était des objectifs généraux. Et aucun des deux partis n’avait par la suite expliqué que ces réformes auraient dû être faites en déficit, en créant donc de nouvelles dettes. Un gouvernement doit aussi respecter la Constitution, sauvegarder ‘’l’intérêt tout entier‘’. Le gouvernement doit prendre des décisions responsables, en pensant à long terme et non aux prochaines élections. La loi de finances actuelle risque de provoquer une grave crise financière et de compromettre nos relations avec nos partenaires, voire de nous faire sortir de l’UE. Les institutions internationales ainsi que les autres gouvernements européens sont alarmés, tout comme les entreprises et les épargnants. Cette épreuve de force n’a rien à voir avec la lutte entre démocratie et marchés, elle est tout simplement un choix irresponsable ».
COMMENTAIRE La Repubblica S. Folli « La Ligue et le M5S misent encore sur les élections européennes » : « La stratégie du Président du Conseil pour résoudre l’imbroglio avec l’Europe, telle que présentée au Parlement, n’est pas grand-chose mais c’est la seule possible. On parie sur les délais longs de la procédure d’infraction dans l’espoir que quelque chose de positif puisse se passer entretemps [un sursaut du PIB et une baisse conséquente du déficit]. Il faudrait donc un brin de bienveillance de la part de ceux qui ont isolé l’Italie et retoqué son budget. L’objectif est d’avoir le temps de montrer les effets positifs sur l’économie, même si les prévisions des instituts les plus sérieux disent tout le contraire. Mais c’est un scénario improbable. C’est surtout la volonté de la Ligue et du M5S d’arriver jusqu’aux élections européennes qui devraient ouvrir, selon les ‘’souverainistes’’, la voie à une architecture européenne davantage favorable envers l’Italie. A ce stade, rien ne laisse penser qu’une Europe plus nationaliste puisse être davantage complaisante à l’égard des comptes publics italiens ».
EDITORIAL, G. Sabbatucci, Stampa, « Le populisme à l’épreuve des conflits » : « Déjà vue comme un ‘’laboratoire politique’’ en mesure de produire de nouvelles formules (du bipartisme imparfait au compromis historique), l’Italie est aujourd’hui le siège d’une expérience totalement inédite que nous pourrions appeler le « bipolarisme conflictuel ». En effet, dans une phase de croissance des partis populistes dans l’ensemble des pays européens, l’Italie peut expérimenter deux de ces forces, chacune autour de 30%, capables de conquérir la majorité de gouvernement s’il y a une coalition, comme cela s’est produit avec la Ligue et le M5S. Mais cette majorité est divisée par des différences profondes. La conflictualité qui anime leurs rapports n’aboutira pas forcément à une rupture. La difficile alliance entre les deux populismes introduit dans le système politique un élément de rigidité qui se reflète dans les choix du gouvernement, en premier lieu en matière économique et sur l’Europe. Les leaders des mouvements populistes sont souvent charismatiques et ont un fort contrôle sur leurs troupes. Pour parler de l’Italie, la résistance obstinée de Salvini-Di Maio sur quelque décimal de point de déficit pourrait être surtout due, plus qu’à des considérations d’orgueil national ou d’obscur plan de sortie de l’euro, à la crainte d’être considérés comme les responsables d’une capitulation et donc de céder. Si tel était le cas, le soupçon que nous avons engagé une folle bataille contre l’Europe entière pour une querelle domestique entre deux partis, ou mieux entre leurs deux chefs, serait justifié ».
ARTICLE, C. Bertini-I. Lombardo, Stampa, « Offre à l’UE : loi de finances bis après les européennes » : « Il se pourrait que la phrase de Tria, énigmatique : ‘’il y aura des nouveautés quand il y aura négociation’’ fasse référence à la disponibilité du gouvernement italien pour faire une loi de finances corrigeant l’actuelle, mais uniquement après les européennes et demandant à Bruxelles entre trois et six mois, à compter de janvier. Conte ira samedi défendre sa cause lors d’un dîner avec Juncker, espérant une ouverture. Il l’a fait comprendre en expliquant hier matin en garantissant qu’il n’y aurait ‘’aucune rébellion contre l’UE’’, ‘’nous sommes responsables’’ a-t-il dit. Matteo Salvini lui a fait le dur, depuis la Sardaigne où il débute la campagne pour les européennes, déclarant ‘’nous l’enverrons nous la lettre à l’Europe pour lui dire qu’elle nous casse les pieds’’. »
ARTICLE, M. Conti, Messaggero, « Avec Bruxelles, négociations sur les délais, mais l’objectif de mai apparaît lointain » : « Une partie de l’électorat de la Ligue s’inquiète, craignant de payer cher les sanctions de Bruxelles et l’isolement en Europe. Mais Salvini, a besoin d’un prétexte. La chasse est ouverte ».
ENTRETIEN de Luigi Di Maio (M5S), Vice-président du Conseil et ministre pour l’Emploi « Stop à la guerre contre l’UE mais les mesures ne changent pas, les marchés comprendront » (La Repubblica) : « ‘’Le partage et le dialogue sont des valeurs qui sont à la base de notre permanence dans l’UE et puisque nous voulons y rester, il est juste que l’on dialogue. Il ne s’agit pas de faire la guerre contre l’Europe mais de respecter les promesses. Nous ne faisons pas tout immédiatement pour des exigences politiques : notre objectif est de mettre en sécurité des parties de la société qui ne peuvent plus attendre. Les différends avec la Ligue ? Nous connaissions dès le début les sujets sur lesquels nous ne sommes pas d’accord. Sur le détournement, nous le modifierons au Sénat et nous serons loyaux sur les décrets. Mes attaques contre la presse ? Je ne déments rien mais je ne m’adressais pas à tous. Il n’y a pas de conflit d’intérêt avec l’association Casaleggio car nous ne ferons pas de lois pouvant la favoriser. Sur la Ligne Grande Vitesse Lyon-Turin, si Salvini n’a pas changé d’idée [ce dernier y étant favorable, ndt.], nous non plus. Le non au projet est une position encore plus ancienne que le Mouvement lui-même. Le fait qu’un contrat existe ne signifie pas que le dialogue ne serve pas sur un chantier dont la partie principale doit encore être commencée ».
ARTICLE La Repubblica P. Griseri « M5S, Castelli joue les médiateurs avec le mouvement favorable à la ligne TAV, la place de Toninelli en doute » : « Il est important de faire vite. Nous seulement parce que la France et l’Europe nous le demandent mais surtout pour ne pas rompre définitivement le contact avec les industries du nord, notamment turinoises et piémontaises, qui sont désormais ouvertement contre le diktat du M5S. Il faut ainsi une ‘’exit strategy’’ qu’il faudra annoncer avant le 3 décembre, date à laquelle la Confindustria réunira sa direction à Turin pour donner une visibilité nationale à sa bataille en faveur de la réalisation de la ligne Lyon-Turin. L’idée est de faire démarrer les 2 milliards de travaux publics que la société Telt bloque depuis septembre en attente des résultats de l’évaluation coûts-bénéfices. Selon une loi française, pour Telt il est possible de lancer une offre publique et éventuellement de la révoquer avant l’assignation et sans remboursements pour les entreprises si un cas de force majeure devaient surgir. C’est donc Laura Caselli (M5S), sous-secrétaire à l’Economie, qui sera en première ligne pour désamorcer la situation. En se montrant favorable au dialogue, elle pourrait convoiter la place du ministre des transports Toninelli, de plus en plus visé ».
ENTRETIEN de Sergio Chiamparino, président de la Région Piémont : « ‘’ La LGV ? Appendino (M5S) est dirigée par les extrémistes et on ne l’entend pas beaucoup ’’ » (Corriere della Sera) : « ‘‘ Il ne faut pas penser à une croissance durable pour l’avenir de Turin exclusivement par la LGV, mais y arriver sans la faire est impossible. Nous sommes en train de vivre un moment très important, pour nous et pour tout le pays. La maire Appendino est dirigée par les extrémistes et elle ne fait pas entendre sa voix. Elle ne doit pas perdre le sens de l’intérêt commun. Nous continuons de collaborer, mais c’est toujours plus difficile ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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