"Défi du gouvernement : Bruxelles peut retoquer notre budget mais nous ne lui obéirons pas."
04/10/2018
Italie. Revue de presse.
Budget/gouvernement/UE : Unes - « M5S-Ligue, duel sur les chiffres » - ‘’10 milliards pour le revenu’’ ‘’non, pour les retraites’’ (Corriere della Sera), « Budget, 10 milliards pour le revenu » - ‘’Di Maio : mais aucune dépense immorale’’ (La Repubblica), « Défi du gouvernement : Bruxelles peut retoquer notre budget mais nous ne lui obéirons pas’’ (La Stampa), « Revenu en avril, les retraites immédiatement » - ‘’Les banques paient le prix fort’’ (Sole 24 Ore), « Baisse du déficit, duel sur les couvertures » (Il Messaggero), « Budget, le déficit baissé » (Il Mattino).
ARTICLE, Corriere della Sera, A. Ducci : « Vingt milliards pour les mesures symboliques. L’accord du gouvernement sur la loi des finances » : « Le gouvernement italien revoit la loi des finances et rectifie le rapport déficit/PIB. Ce rapport, qui avait été fixé à 2,4% du PIB au cours des trois prochaines années - 2019, 2020 et 2021 – restera à 2,4 % pour l’année 2019 et sera réduit ensuite à 2,1 % en 2020 et à 1,8 % en 2021. Lors d’une rencontre du ministre de l’Economie Tria avec Di Maio, Salvini et Giuseppe Conte, le président du Conseil a déclaré : ‘’ Nous sommes prêts à envoyer la loi des finances à Bruxelles, nous sommes en train de respecter l’engagement avec une loi sérieuse, responsable et courageuse, par laquelle le pays pourra repartir. La croissance économique sera relancée et toutes les mesures seront financées par des couvertures de 20 milliards d’euros : ‘’10 milliards pour le revenu, 7 pour les retraites, 2 pour la flat tax et 1 pour les embauches exceptionnelles’’ ».
EDITORIAL du directeur du Messaggero, V. Cusenza, « Révolution trahie et retour vers le passé » : « Avec un euphémisme, on a dit ces derniers mois que les Italiens avaient voté pour le ‘’changement’’. En vérité, il s’agissait de quelque chose de plus, d’une demande de véritable révolution qui aurait transformé le pays en un pays sain, robuste, et projeté vers le futur, après des années où, pour respecter des règles européennes rigides, il a survécu comme il pouvait. La révolution économico-sociale aurait dû s’ajouter à la révolution politique : dommage qu’il n’y en ait pas trace dans le document économique et financier tout juste validé par le gouvernement Ligue-M5S. Il n’y a pas même le début de la cure de choc, faite non pas de pourboires électoraux comme le revenu de citoyenneté mais d’investissements massifs qui, eux, auraient justifié un dépassement ».
EDITORIAL La Stampa M. Deaglio « La limite de l’argent facile » : « Tel que conçu par le gouvernement, le revenu de citoyenneté aura des effets limités : s’il fonctionne, il pourra alléger plusieurs situations dramatiques mais à un coût très élevé et avec un effet de stimulation sur l’économie très faible. L’argent chargeable sur des cartes, comme celle sur la Santé, n’est pas de l’argent réel : s’ils ne sont pas utilisés dans les délais prévus, ils ne pourront pas être mis de côté. Cela rappelle la fameuse ‘’carte de la faim’’ au temps de la deuxième guerre mondiale. Si la même somme était utilisée pour des investissements publics, cela créerait des emplois. Un système d’ampleur, bien plus immédiat et une vraie solution contre la pauvreté ».
ARTICLE La Stampa A. Lamattina « Vers un affrontement direct, Bruxelles ne cède pas : ‘’c’est l’année 2019 qui compte’’ » : « La correction proposée par le gouvernement italien pour 2020 et 2021 ne suffit pas pour les partenaires européens. Ils craignent que s’ils cédaient sur le 2,4% de déficit, cela favoriserait les populistes de tous les pays lors des élections européennes. A Bruxelles, on est désormais convaincus que le choc avec l’Italie sera inévitable. C’est l’opération Coventry : sacrifier Rome pour sauver le reste de l’Europe. Il y a aussi la certitude d’un exploit des partis populistes en Italie lors des élections européennes. Du coup, le gouvernement M5S-Ligue sera affronté avec le maximum d’intransigeance. Après les propos de Moscovici sur ‘’un gouvernement ouvertement eurosceptique et xénophobe’’, le climat se fait plus pesant ».
ARTICLE La Stampa A. Barbera « 20 milliards manquent à l’appel. Le M5S et la Ligue se disputent pour les priorités » : « Le ministre de l’Economie G. Tria (Indépendant) est à nouveau dans une situation difficile. Le ballet sur les chiffres de la loi de finances a atteint des niveaux grotesques. Les porte-paroles des deux partis, en fin de soirée, indiquent qu’ils ont des requêtes à hauteur de 20 milliards. Comment Tria va-t-il faire en sorte que les comptes soient justes ? Mystère. Et c’est la même question que se posent les investisseurs internationaux. Il y a un risque d’une réédition de 2011 : quand le gouvernement Berlusconi, sous l’attaque des marchés, avait été contraint de démissionner ».
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni : « ‘’ Il n’est pas sobre ‘’. ‘’ Vous le voyez, il titube ‘’. Les attaques de Salvini contre Juncker » : « La bagarre verbale entre Matteo Salvini et Jean Claude Juncker se poursuit depuis cinq ans. Salvini a fait allusion à l’alcool, en soulignant qu’il parle uniquement aux personnes sobres tandis que Junker avait défini Salvini ‘’ d’idiot d’extrême droite ‘’».
ENTRETIEN A. Tajani (Forza Italia), président du Parlement européen, Messaggero « Certaines attaques ne sont utiles ni au gouvernement ni à l’Union. Le nouveau document économique et financier ? Une légère retouche » : « Tous doivent baisser d’un ton. Je le dis aussi à Moscovici. Le gouvernement italien doit utiliser un autre langage, et de même la Commission. Utiliser le budget pour faire une campagne électorale est une grosse erreur, aux dépends aussi des Italiens ».
ARTICLE Sole 24 Ore « Coup de frein de la croissance économique, un plan d’investissement s’impose » : « Le centre d’étude de Confindustria, le patronat italien, table sur une croissance revue à la baisse (-0,2%) »
ARTICLE Sole 24 Ore « Boccia, un appel au gouvernement : dépasser les paramètres uniquement si cela favorise la croissance » : « Le président des industriels, Vincenzo Boccia, a indiqué au gouvernement les propositions de Confindustria sur le budget. ‘’Détaxation de la production et un grand projet d’inclusion pour les jeunes ».
ARTICLE, Messaggero M. Conti-S. Menafra « Décret migrants, le Quirinal bloque l’automatisme entre plainte-expulsion » : « Sur le décret migrants, des négociations sont en cours sur l’article 10 mais le ministre de l’Intérieur Salvini tient bon : ‘’avec ce décret, ceux qui vendent de la drogue sont hors de chez nous en quelques heures’’. La signature du chef de l’Etat est attendue aujourd’hui. Mattarella décide de convoquer Salvini : plusieurs doutes sur le décret outre l’aspect des couvertures. Il faudra, s’il le rejette, un nouveau texte ».
ARTICLE, La Repubblica S. Folli « Les deux Europes dans le conflit Rome-Paris » : « Les propos de Moscovici proviennent d’un commissaire qui représente la France, ancien partenaire et allié. Pour une fois, laissons tomber Salvini. Hier le ministre aux Affaires européennes Savona a lancé une polémique basée sur des données techniques envers la France. Le gouvernement Macron n’a pas un droit supérieur par rapport à l’Italie dans le dépassement des paramètres sur le déficit, la situation n’est pas meilleure mais différente. Comme on peut le constater, le conflit politique est ouvert. On reproche à Moscovici non pas le pouvoir d’évaluer le budget italien. On lui reproche de fermer les yeux devant la situation française, donnant une impression que Paris serait parfaitement en règle tandis que l’Italie mérite d’être traitée comme la dernière de la classe. La critique de Savona représente une critique de l’establishment européen, qui tourne autour à l’axe franco-allemand. Jamais auparavant, on a discuté autant d’Europe dans les mois qui précèdent les élections européennes».
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Nava : « Dette à 100 % et réformes bloquées. Les ennuis transalpins » : « La dette française a explosé depuis la présidence Sarkozy et a continué d’augmenter. L’écart avec l’Allemagne, premier partenaire commercial, est de 40 points. Avec un déficit à 2,8 % du PIB, la France n’est certainement pas un élève modèle, en dépassant l’Espagne et l’Italie et en restant loin de la baisse totale de la zone euro. Les réformes annoncées progressent lentement et, pour le moment, avec de mauvais résultats. Mais « faire comme la France » reste une illusion dangereuse, parce que Paris peut se vanter d’avoir une stabilité politique, une cohésion de l’Etat, une influence plus importante au sein de l’UE et une crédibilité sur les marchés. Cela peut ne pas plaire, mais ce ne seront pas ni les méchancetés ni les polémiques qui changeront les choses ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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