"Salvini-Berlusconi, tentative de parti unique."
05/09/2018
Italie. Revue de presse.
Budget/UE : Unes « Oui au respect des règles UE, moins d’impôt et plus de travail » (Sole 24 Ore), « Salvini ouvre à l’Europe : les réformes étalées sur 5 ans » (La Stampa), « Déficit à 2% et un plan commun d’investissements » (Il Messaggero), « Le plan de Savona : plus d’investissements et plus de pouvoirs à la BCE » (Il Mattino).
ENTRETIEN de Matteo Salvini, vice-président du Conseil et ministre de l’Intérieur « Plus de travail et moins d’impôts dans le respect des règles européennes » (Sole 24 Ore) : « ‘’Sur toutes les mesures, j’ai demandé à mes hommes de raisonner sur trois années. Nous avons l’intention de nous présenter aux marchés et à l’Europe avec un budget crédible, qui favorise la croissance italienne dans le respect de toutes les contraintes UE. Il est clair que nous ne ferons pas tout immédiatement. Les Italiens attendent beaucoup. Si nous voulons durer longtemps, nous ne pouvons pas faire sauter les comptes. Le déficit ? Les chiffres exacts arriveront à la fin. L’objectif est de maintenir le respect des règles. Nous travaillons pour réduire les impôts, d’abord pour les revenus les plus bas, tout comme pour éviter l’augmentation de la TVA. Le travail augmente non pas grâce à une loi mais en aidant ceux qui produisent, donc les entreprises privées. La flat-tax demeure notre objectif. Le revenu citoyen ? Ce ne relève pas de mes compétences mais, bien sûr, il sera réalisé. Le gazoduc TAP sera réalisé : les bénéfices dépassent largement les coûts. L’abolition de la réforme des retraites Fornero coutera environ 6-8 milliards mais elle se fera sur trois ans’’ ».
ARTICLE, A. Bassi, Messaggero, « Investissements et BCE plus forte : le plan Savona pour l’Europe » : « Savona, discret, devrait bientôt présenter un projet de réforme - qui sera mis en ligne sur le site du ministère - de toute la gouvernance européenne – sujet jusque-là traité par les Allemands et les Français. D’abord, la nécessité de réaliser le Traité de Lisbonne. Un retour à l’investissement et une volonté d’aller au-delà des vieux dogmes comme le seuil des 3%. Il se focaliserait sur le secteur des constructions, l’un des moteurs principaux de croissance économique. Son idée serait de permettre aux Etats de dépenser un chiffre équivalent à celui de son surplus commercial, les fameux 50 milliards pour l’Italie. Deux autres thèmes seraient présents dans le projet de Savona : la nécessité de doter la BCE d’un statut identique à celui des autres banques centrales ; un autre moteur de croissance se focalisant sur les exportations. »
Libye/Italie : Unes « Trêve de l’ONU à Tripoli » (La Repubblica), « Libye, accord sur le cessez-le-feu » - ‘’la conférence italienne à Sciacca’’ (Il Messaggero).
COMMENTAIRE, Corriere della Sera M. Nava « La Libye et les risques d’un procès d’intention à la France » : « Sur la Libye, la France a agi en tenant compte de ses propres intérêts (qui ne coïncident pas avec ceux des italiens) et a suivi sa propre évaluation de la situation sur le terrain, qui, que cela plaise ou non, reflète l’équilibre réel des forces, plus que l’unité nationale sous l’égide onusienne. Cela ne sert pas à grand-chose d’accuser Paris et d’évoquer des complots. Et encore moins d’attendre un soutien de Washington ou un sursaut d’une ‘’voix unique’’ européenne. Que cela plaise ou non, nous avons intérêt à un dialogue avec Paris, mettant de côté les boutades hostiles mais leur préférant un jeu à cartes sur table entre pays amis. Il n’y a pas une seconde à perdre. Seule, l’Italie ne peut rien faire. Il vaut mieux prendre le téléphone, respecter les règles de la diplomatie, choisir les amis et les alliés qui conviennent le plus, même s’il s’agit des Français ‘’nationalistes et arrogants’’ ».
ARTICLE, La Repubblica G. De Marchis « Rome songe à une régie européenne avec les Américains et la Russie » : « Sur la Libye, le ministre Moavero (Indépendant) corrige la mire après les attaques de Salvini à l’égard de Macron : parler avec la France, penser à une gestion européenne avec le soutien des Etats-Unis et de la Russie, favoriser la pacification et penser plus tard à des élections. La vedette de la réunion au Palais Chigi avec le Président du Conseil Conte, la ministre de la Défense Trenta et le ministre de l’Intérieur légiste a été le chef de la diplomatie. Pendant la réunion, Moavero a expliqué avoir eu au téléphone son homologue Le Drian pour lui faire comprendre que la rupture avec Paris ne profite à personne, à l’Italie non plus. Moavero veut même aller plus loin et se met au travail pour un communiqué conjoint de soutien au cessez-le-feu libyen, signé par la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’Italie. Aucune ‘’guerre’’ à déclarer à Paris, donc, lors de la réunion au Palais Chigi. On reconnaît, au contraire, que l’Italie joue un rôle-clé. Paris aussi a sa place, grâce aux relations avec le général Haftar. Moavero, Salvini et tout le gouvernement sont néanmoins d’accord sur un point (et en désaccord avec Macron) : l’idée d’élections en décembre est prématurée ».
RETROSCENA La Stampa L. Martinelli « Macron ignore Salvini et se réfère à Conte ‘’La France n’œuvre pas contre l’Italie’’ » : « Salvini fait tout son possible pour se faire remarquer par Macron, passant par des tweets agressifs. Macron a confiance en Giuseppe Conte comme antidote aux excès de son ministre de l’Intérieur. Après deux jours d’attaques, hier Paris a réagi. C’est le porte-parole du ministère des Affaires Etrangères qui l’a fait : ‘’Les efforts de la France ne sont adressés contre personne, encore moins contre l’Italie’’. Certaines sources proches du ministère parlent plus franchement ‘’nous nous n’intéressons pas aux gesticulations de certains représentants du gouvernement actuel. Sur certains dossiers, tels la Libye, nous sommes en train de collaborer avec nos collègues de la Farnesina. Nous voulons trouver une solution à la crise de Tripoli et permettre les élections en Libye le 10 décembre, comme prévu’’. Macron mise beaucoup sur la relation créée avec le président du Conseil, depuis l’invitation à Paris du 15 juin. Macron insiste à voir en Conte le ‘’chef’’. C’est son pari ».
ARTICLE, V. Nigro, Repubblica, « Accord entre les seigneurs de la guerre. En Libye, c’est le temps de la trêve » - « Accord en sept points fait devant l’envoyé de l’ONU après des jours de combat – mais les inconnues sur la durée effective du pacte sont nombreuses. Migrants en fuite des camps de détention » : « C’est maintenant à président Sarraj d’œuvrer pour garantir qu’en quelque sorte la nouvelle réalité militaire de la ville (où sont entrées des milices qui n’étaient plus à Tripoli depuis des années) soit reconnue par des accords politiques. »
Effondrement du pont Morandi de Gênes Unes : « Bras-de-fer politique sur Gênes » - ‘’Frictions Di Maio-Toti sur la gestion de l’urgence’’ (Corriere della Sera) « Gênes, la protestation des déplacés. Les travaux prévus en 2015 reportés » (La Repubblica)
EDITORIAL Corriere della Sera, A. Polito « La petite Yalta italienne » : « A Gênes, l’effondrement du pont a été rejeté sur la responsabilité du gouvernement précédent. Mais sur la reconstruction, ceux qui sont là seront rapidement jugés. Comme cela est déjà en train de se passer pour la remise des clés des nouveaux logements pour les personnes déplacées. La même chose est valable, à plus grande échelle, pour la loi de budget ».
COULISSES, M. Conti, Messaggero, « Salvini-Berlusconi, tentative de parti unique » : « Une rencontre ou un appel téléphonique, top secret, a eu lieu entre Berlusconi et Salvini pour renouer les fils de la coalition, un accord pourrait être trouvé pour les régionales. Salvini aurait en effet rassuré le Cavaliere (qui, à Arcore, a rencontré notamment Antonio Tajani [président du Parlement européen] (Forza Italia)) sur le fait que son alliance avec le M5S est ‘’transitoire’’ et qu’il ne veut pas les suivre sur le sentier de la rupture avec Bruxelles. Un dégel sur la nomination de Foa à la Rai pourrait avoir lieu, après l’opposition de Berlusconi ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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