"Salvini : après l’Italie, l’Europe."
02/07/2018
Italie. Revue de presse.
Migrants/Allemagne : Unes « Migrants, le séisme allemand » (La Repubblica), « Migrants, le gouvernement Merkel vacille » (La Stampa), « Chaos migrants, Merkel vacille » (Il Messaggero), « Merkel vacille, bras-de-fer sur les migrants » (Il Mattino).
ANALYSE, F. Venturini, Corriere, « CSU entre sondages et frontières fermées. Pourquoi cette crise n’aide pas l’Italie – En Bavière, poussées à droite. Au final, les vainqueurs à Bruxelles ont été les puristes de l’Est » : « Le ministre de l’Intérieur offre sa démission et paradoxalement le gouvernement d’A. Merkel gagne un peu d’oxygène. Mais le cyclone migration est en plein sur l’Allemagne. Les Italiens peuvent le comprendre bien plus que d’autres. Seehofer exigeait une garantie ‘’anti-invasion’’, de ceux qui garantissent des voix et de bons scores dans les sondages, de la part d’A. Merkel depuis des semaines. Si vous avez reconnu quelque chose ou quelqu’un il s’agit d’une pure coïncidence, car le message qui arrive d’Allemagne, après avoir percé chez nous, est valable partout. Le CSU ne veut pas une chute immédiate du gouvernement (et donc Seehofer devait partir), mais veut mettre Merkel le dos au mur, l’affaiblir encore, presque l’obliger à trouver d’autres accords (pas avec l’Italie qui n’a pas besoin de débarquements au nord). L’équilibrisme de Macron en souffrira et l’Europe entière en souffrira probablement car il n’existe pas d’alternative convaincante à Merkel. Et l’Italie aussi en souffrira parce que tout autre que la Chancelière se montrera plus dur envers nous. Sur le thème des migrants mais aussi sur la dette publique et les finances. Hors Europe, le président Trump serait sûrement content si le gouvernement allemand tombait, il a la puissance économique allemande et l’européisme de la Chancelière dans le collimateur depuis son élection ».
COMMENTAIRE, La Repubblica, A. Bonanni : « La centralité perdue d’Angela » : « Angela Merkel apparaît aujourd’hui très affaiblie en Europe par la crise politique interne de ces heures. La Chancelière allemande a perdu dans l’UE la centralité politique qui lui conférait une autorité incontestée. Le panorama politique de l’Europe de 2005 était tout à fait différent de celui d’aujourd’hui et Merkel, leader du plus important parti populaire d’Europe, était le point de référence naturel des forces modérées du Continent, comme Italie, France, Espagne et Grande Bretagne, alors majoritaires. Aujourd’hui, le scénario a totalement changé et il y a une très grande résistance de la part des gouvernements souverains de l’Europe orientale, qui ont refusé les systèmes des quotas des migrants obligatoires demandés par l’Allemagne. En outre, la Chancelière doit également faire face à deux pays, comme l’Italie et l’Autriche, politiquement plus proches d’Orbán que de l’Allemagne. Il n’existe pas seulement la question migratoire, il y a aussi la réforme de la Zone euro, pour laquelle Merkel avait fait des avancées significatives avec le président français Macron. Dans une Europe qui s’est radicalement déplacée à droite, où les populistes et les souverainistes espèrent devenir le deuxième parti du Parlement européen, voire le premier, Merkel a perdu la centralité politique, parce que la droite européenne modérée et démocratique, en Europe comme en Italie, a été phagocytée par des forces réactionnaires beaucoup plus radicales. Ainsi, paradoxalement, Merkel et Macron deviennent un point de référence pour ces forces européistes, démocratiques, et souvent sociales-démocrates qui ont déjà assisté, avec consternation, à la pulvérisation de la gauche traditionnelle ».
ARTICLE, Il Messaggero A. Gentili « Le Quirinal et Conte inquiets : ‘’la tenue de l’UE est en danger’’ » : « La chute possible d’Angela Merkel inquiète le président Mattarella et le président du Conseil Conte. Des sources accréditées font savoir que Conte ‘’suit la situation avec préoccupation’’. L’adieu de la Chancelière, aux yeux du Quirinal, pourrait représenter un facteur de déstabilisation de l’UE, privée de son fort leadership européiste. Aussi parce que, en absence d’élections, cela pourrait ouvrir la voie à un Chancelier bien plus rigoriste : Wolfgang Schaeuble. ‘’Sans compter’’, ajoute une haute source diplomatique ‘’qu’une éventuelle évolution souverainiste en Allemagne nous ramènerait à des souvenirs bien tristes’’. D’ailleurs, le front populiste et souverainiste ne manque pas d’alliés. Le premier est Vladimir Poutine, qui veut amoindrir un concurrent difficile comme l’UE. Il a déjà accueilli deux fois Salvini à Moscou et il soutient ouvertement les 5 Etoiles : deux partis eurosceptiques qui ont annoncé au Parlement, à l’instar de Conte, un ‘’tournant dans les relations avec la Russie’’ ».
Meeting annuel de la Ligue à Pontida : Unes « Salvini lance la ‘’super-Ligue’’ » - ‘’Une fédération européenne des souverainistes’’ (Corriere della Sera), « Salvini : après l’Italie, l’Europe » (La Repubblica).
RETROSCENA (Coulisses), La Stampa, A. La Mattina « La fédération souverainiste pour les élections européennes de 2019 se constitue » : « L’objectif du secrétaire de la Ligue Matteo Salvini est de chambouler les équilibres à Bruxelles, notamment d’enlever aux populaires et aux socialistes la majorité au sein du parlement européen. Le slogan cher à Salvini était ‘’chasser les Merkel, Hollande et Renzi’’. Contre Renzi, Salvini a réussi son pari. Marine Le Pen n’y est pas arrivée mais avec son ami désormais vice-président du Conseil, il n’y a pas un jour qui passe sans que piques soient lancées contre le Président français. L’union des ultra-nationalistes : Salvini se trouve dans ce projet qu’il cultive depuis des années. Le leader de la Ligue a resserré ses liens avec le Premier ministre hongrois, avec les Autrichiens Kurz et Strache, le Hollandais Wilders. Dans les prochaines semaines, Salvini entamera une tournée en Europe sous sa double casquette de ministre de l’Intérieur et de secrétaire de la Ligue. Salvini veut conquérir le Parlement européen avec ses amis souverainistes et placer dans la nouvelle Commission un de ses hommes. A Pontida, Salvini a souligné ‘’l’Italie est un contribuable au net et jusqu’à présent nous n’avons pas eu de grands avantages’’ ».
ARTICLE, La Repubblica B. Giovara, « Les convertis du Sud, ‘’Bossi nous insultait, maintenant tout le monde est gentil’’» : « Cette année le rassemblement de Pontida des supporters de la Ligue du Nord de Matteo Salvini comptait parmi ses milliers de participants de nombreux représentants des régions du Sud de l’Italie. Salvini représente pour eux une forme de renouveau politique pour la Ligue du Nord, se détachant des critiques du Sud du pays qui la caractérisaient sous Bossi. C’est aussi un renouveau pour l’Italie, qu’ils voient comme unie et plus proche de leurs problèmes, notamment en matière du support à l’agriculture ou du problème de « l’invasion » étrangère de la part des demandeurs d’asile débarquant au Sud du pays ».
ARTICLE, La Repubblica I.Diamanti, « La Ligue Nationale, un parti personnel à la conquête du pays » : « Le Rassemblement de Pontida a été l’occasion d’exposer la transformation de la Ligue du Nord, que l’on pourrait désormais définir la LNS, Ligue Nationale de Salvini. D’une part, en considérant son détachement par rapport au régionalisme et à l’indépendantisme la caractérisant dans le passé qui a permis de recueillir le support de l’électorat du Sud. D’autre part, par la personnalisation du parti, centré autour de la figure clé de Matteo Salvini. Son intervention au rassemblement a été la représentation théâtrale spectaculaire d’un ‘’acteur’’ représentant des préoccupations en matière de migration et de la lutte contre les élites et la bureaucratie européenne. Ce sont celles d’un électorat chez qui, d’après les statistiques, la ‘’peur des étrangers’’ et le ‘’manque de confiance envers les institutions européennes’’ sont particulièrement élevées par rapport aux moyennes nationales. En jouant sur ces thèmes dans ses stratégies politiques, Salvini écrit le programme d’un gouvernement que l’on pourrait caractériser de « vice-présidentiel ».
ARTICLE, Il Messaggero M. Allegri « 2 500 réfugiés ramenés en Libye en 7 jours. Tripoli demande d’autres navires à l’Italie » : « La garde-côtière libyenne aurait ainsi reporté en Libye 2 425 migrants. Ce sont les chiffres donnés dans le rapport hebdomadaire de l’Unhcr. La situation des centres de détention est aussi inquiétante. Malgré les drames en mer, la ligne dure du gouvernement italien ne change pas. Entretemps, Tripoli, par le biais du chef d’Etat-major libyen, a demandé à Rome d’autres patrouilleurs pour ‘’une collaboration positive’’ afin de mener également une ‘’action humanitaire’’ ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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