"Salvini défie le M5S : ne plus répondre aux signaux de détresse en mer."
26/06/2018
Italie. Revue de presse.
Migrants/Italie-France-Afrique : Unes « Débarquements, tensions au sein du gouvernement » - ‘’Salvini défie le M5S : ne plus répondre aux signaux de détresse en mer’’ (Corriere della Sera), « Salvini choc : ‘’ne plus répondre aux signaux de détresse’’ (La Repubblica), « Salvini défie Macron : une zone d’influence italienne dans le Sahel » (La Stampa), « Salvini ‘’nous ne répondrons plus aux signaux de détresse ; doutes au sein du M5S » (Il Messaggero).
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « Macron – Salvini, le bras de fer est inévitable » : « Les jours qui pourraient détruire l’Europe que nous connaissons depuis vingt ans sont marqués par un bras de fer toujours plus intense entre la France et l’Italie. Ou plutôt, entre le président Macron et le ministre de l’Intérieur Salvini. Un conflit où tout se mélange : l’architecture européenne, les intérêts en Afrique du Nord des deux leaders ainsi que la politique intérieure française et italienne. Un mélange tout à fait inhabituel et sans précédent, étant donné que le duel est entre un chef d’Etat et un ministre (qui, quand même, adore être considéré comme le véritable président du Conseil). La campagne électorale pour les élections européennes de 2019 a déjà commencé, opposant les « européens orthodoxes » aux « souverainistes ». Macron se présente aujourd’hui en tant que leader des européens, avec l’intention de reproduire le succès de l’année dernière en France, quand il a battu Marine Le Pen. Maintenant, le président français souhaite reproduire le même schéma, en transformant l’Italien qui dirige la Ligue en ennemi numéro un. En gagnant contre lui, il gagnerait en même temps contre tous les ‘’ populistes ‘’, comme Orban. Salvini aussi a besoin d’un ennemi numéro un. Le conflit avec le Président français l’exalte et le place, même sur le plan psychologique, sur un piédestal inimaginable jusqu’à aujourd’hui. Macron réalise que la véritable menace à l’UE vient d’un pays comme l’Italie et Salvini se bat contre le Français parce qu’il le considère un cible plus convenable que l’Allemagne de Merkel, la Chancelière étant inaudible à cause de la crise interne qui touche sa coalition. La question est de savoir si l’on veut trouver une solution aux problèmes. Berlin est favorable à un accord, le président du Conseil italien Conte et le ministre des Affaires Etrangères, Moavero, sont en train de chercher eux aussi un accord parce qu’ils se rendent compte que la désintégration de l’Europe serait un dommage avec des conséquences incalculables. Ainsi tout se complique dramatiquement alors que les élections sont encore loin et l’Europe risque d’exploser maintenant ».
ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco : « Salvini : ‘’ Nous ne devons plus répondre aux SOS ‘’. Et ensuite il attaque Macron » : « Pour le ministre de l’Intérieur, le gouvernement ne devrait plus répondre aux messages de détresse des navires des ONG qui opèrent en Méditerranée, parfois avec des migrants à bord. Salvini a présenté ce ‘’plan ‘’ et il a souligné que c’est le ministre des Infrastructures et des Transports Toninelli qui doit décider. Le thème est très complexe, parce qu’il existait déjà une directive italienne qui précisait que les eaux situées près des côtes libyennes sont une zone de secours de Tripoli. Mais avant cette directive, l’Italie gérait la coordination des interventions militaires, parce que les Libyens ne disposaient pas de structures opérationnelles. Bien entendu, personne ne peut annuler le droit de la mer et, quand il y a des gens en danger de vie, le navire le plus proche doit intervenir. Mais, depuis la semaine dernière, tous les navires italiens ont été éloignés des côtes libyennes. En outre, le leader de la Ligue est contre l’activisme français, qu’il considère comme étant le fruit de l’expansionnisme économique de l’Elysée ».
ARTICLE La Stampa A. La Mattina « Salvini défie Macron, un zone d’influence italienne dans le Sahel » : « Le conflit avec la France est devenu le mantra du gouvernement italien. C’est surtout Salvini qui est en faveur d’une attitude plus dure à l’égard de Macron qui agirait selon ‘’ses propres intérêts’’ en Libye et dans les pays plus au Sud, où les migrants passent. Avec le gouvernement du Niger, il y avait un accord pour une présence militaire italienne. Ensuite, on a empêché environ 500 soldats italiens de participer au contrôle de ce passage alimentant l’immigration vers la Méditerranée. Au final, seuls 54 soldats sont arrivés car Paris s’y oppose. La Ministre Trenta (Défense) a expliqué que le changement d’avis venait du gouvernement du Niger. Des sources du gouvernement expliquent que Rome veut être présente au Sud et au Nord, au-delà des frontières libyennes, pour reprendre les programmes économiques interrompus en 2011. La cible est toujours la France à laquelle Salvini veut prendre une part de son influence dans ce pays. Le retour de l’Italie en Libye serait, d’après le ministère de l’Intérieur, ce que les Libyens eux-mêmes auraient demandé. L’heure est au règlement des comptes avec Macron».
ARTICLE La Stampa F. Paci « Salvini en Libye pour créer des hotspot mais Tripoli s’oppose catégoriquement » : « ‘’Le ministre français est ignorant, dans ce sens qu’il ignore la situation de ce navire (Lifeline) qui a agi ignorant les signalements du garde-côte italien et libyen : c’est un navire hors-la-loi qui doit être placé sous séquestre. Les mots du vice-président du Conseil et ministre de l’Intérieur Salvini, de retour d’une visite de 5 heures en Libye sont clairs : campagne électorale ou pas, l’immigration demeure le thème de prédilection du leader de la Ligue. Le bras-de-fer avec Paris en est son point de force. Entretemps, La Valette est en tranchée, l’Espagne est en doute après la réouverture de la route vers l’Andalousie et la France est décidée, coûte que coûte, à isoler les souverainistes. Le plan de l’Italie est un partenariat fort avec Tripoli. D’ici le mois d’août, la ministre de la Défense Trenta et Di Maio devraient se rendre à Tripoli. A Bruxelles, Conte a obtenu le veut vert pour le financement du Trust Fund Africa (en échange, l’Italie ne mettra pas son véto à celui destiné à la Turquie) ».
ARTICLE Sole 24 Ore G. Pelosi « Al-Sarraj demande l’achevement de l’autoroute promise par l’Italie » : « Cela a été demandé le président Fayez Serraj au ministre Matteo Salvini et répété par le chef de la diplomatie libyenne Taher Siala. La Libye veut ‘’réactiver un lien économique et commercial préférentiel avec l’Italie’’, réactivant l’ancien accord d’amitié et de coopération de 2008 signé entre Berlusconi et Kadhafi. Dans cet accord, figurait également la construction d’une autoroute de 1 700 km le long de la frontière avec la Tunisie. Un projet à hauteur de 5 milliards en 20 ans avec des fonds mis à disposition par ENI. Cela avait permis l’arrêt des flux migratoires jusqu’à la révolution de 2011 ».
ARTICLE, La Repubblica, V. Nigro : « Le ministre reçoit de Maitig le ‘’non‘’ aux hot-spots en territoire libyen » : « La visite du ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, à Tripoli a été très rapide. Salvini a présenté au vice-président libyen sa proposition de créer des centres d’identifications à la frontière Sud de la Libye et de ne plus répondre aux signaux de détresse des navires de migrants en Méditerranée. Le ministre de l’Intérieur a rencontré aussi le président Al- Sarraj et son homologue libyen. Mais Ahmed Maitig a confirmé le ‘’non’’ de son gouvernement aux hot spots en Libye, parce qu’ils sont contraires aux lois du pays ».
ENTRETIEN, Elisabetta Alberti Casellati, présidente du Sénat [Forza Italia], « Bien ancrés dans l’atlantisme mais que l’OTAN et l’ONU ne nous laissent pas seuls. Sur les migrations il faut un engagement partagé en Méditerranée » (Corriere della Sera) : « L’Italie s’est engagée à respecter ses engagements sur les dépenses pour la Défense, malgré la conjoncture difficile. Toutefois, les chiffres ne mettent pas en avant son excellente contribution aux diverses opérations’’. Avec la Russie, ‘’il faut une position commune européenne, mais les leaders sont appelés à exercer leur propre rôle et à favoriser la reprise de négociations constructives’’. ‘’Nous avons été et nous restons les plus accueillants, seuls pour affronter les flux’’ de migrants, la distinction entre demandeurs d’asile et migrants économiques est le vrai thème».
Elections locales : Unes « Le déclin des régions ‘’rouges’’. Prodi ‘’allons au-delà du PD’’ » (La Repubblica), « L’effondrement du PD change le visage des villes » - ‘’L’heure est à la réflexion pour le PD’’ (Il Messaggero).
ARTICLE, La Repubblica, I. Diamanti : « La propagande de Salvini gagne. L’espace des Cinq Etoiles diminue » : « Les élections locales montrent les changements politiques en cours ainsi que le rapport toujours plus instable entre société, politique et territoire. La propagande de Salvini a gagné en utilisant comme levier le ressentiment des Italiens. Le PD a été pénalisé par les divisions et il est trop loin du territoire ».
ARTICLE, Corriere della Sera « ‘’Il s’agit d’un contrat et non d’une alliance’’, Di Maio et la compétition avec Salvini » : « L’axe M5S-Ligue remporte également le défi des ballotages aux municipales contre l’ennemi commun, le PD, mais les électeurs restent bien distincts. Et même les dirigeants, unis par la realpolitik et un gouvernement revendiquent chacun leur succès. Di Maio exulte pour la victoire de Immola, arrachée à la gauche après 70 ans d’hégémonie et d’Avellino. Il peut revendiquer les succès obtenus avec une liste unique. Di Maio revendique l’autonomie du M5S mais la guerre médiatique et politique est insidieuse pour son parti. Et la compétition avec Salvini repart : il annonce des nominations, négocie, avertit Macron. Il y a aussi une partie du mouvement décidément pas en harmonie avec la Ligue comme le démontre hier le débat à la Chambre, avec le président Fico qui prononce un discours œcuménique sur l’Europe et les migrants, contestant la ‘’vision identitaire et nationaliste qui porte à se fermer’’ ».
ARTICLE, Sole 24 Ore C. Marroni et B. Romano « UE, plateformes régionales de débarquement dans les pays tiers » : « La nouvelle ébauche des conclusions du prochain sommet accueille une question de principe et, surtout, considère un point essentiel pour l’Italie : l’absence de politiques de débarquement (mouvements primaires) et la concentration de la part d’autres pays (notamment l’Allemagne et la France) sur les mouvements secondaires. L’ébauche reconnaît que les ‘’mouvements secondaires des demandeurs d‘asile entre pays membres risquent de mettre en danger l’intégrité du système commun européen d’asile et celui de Schengen’’. Sans citer le problème de l’enregistrement des migrants, c’est sur les lois internes et sur la coopération bilatérale dans les ‘’secondaires’’ que l’on. Les plateformes de débarquement seront confirmées, en lien étroit avec les pays tiers insiste, l’Unhcr et l’Oim ».
ARTICLE La Repubblica, A. D’Argenio/T. Mastrobuoni, « Le plan UE isole l’Italie, ceux qui fuient dans d’autres pays doivent être renvoyés d’où ils viennent » - « Sur la table une hypothèse qui ne satisfait pas les demandes de Conte. Quotas non obligatoires divisés par pays ‘’de bonne volonté’’ » : « Le schéma pour contraindre l’Italie se définit, un compromis, selon une source allemande, devrait permettre à Giuseppe Conte et Angela Merkel ‘’de revenir chez eux avec un succès sur les migrants à vendre à leurs opinions publiques respectives et calmer les ministres de l’Intérieur Salvini et Seehofer’’. Mais la proposition est loin de la rhétorique légiste. Les Allemands préparent une carte à découvrir jeudi : une coopération renforcée, un groupe de gouvernements de bonne volonté (16 actuellement) qui ferait un accord sur le retour des migrants dans le pays où ils ont été enregistrés en échange d’une répartition des réfugiés sur la base des quotas offerts par les capitales impliquées. Sur une base volontaire, non pas automatique comme le demande l’Italie. C’est peu pour Conte qui, isolé en Europe, devra décider s’il doit accepter ou risquer de faire tomber Schengen et dans le même temps Merkel. Or il y a une certitude, celui qui la remplacera sera plus dur et moins pro-européen qu’elle ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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