"M5S : gouvernement de minorité, il offre la Chambre au Parti Démocrate."
06/03/2018
Italie. Revue de presse.
Elections législatives en Italie – Unes : « Renzi ne démissionne pas dans l’immédiat, querelles au sein du PD » (Corriere della Sera), « M5S, tentatives de gouvernement. Renzi exclut toute ‘’combine’’ » (La Repubblica), « Gouvernement, Di Maio cherche des alliés au sein du PD » (La Stampa), « Renzi reporte l’adieu, le PD se fissure » (Il Messaggero), « Ouverture de Di Maio, Renzi freine le PD » (Il Mattino), « Les marchés pas déstabilisés par les élections italiennes » (Sole 24 Ore) , « La démission de Renzi : un défi pour Mattarella et pour les ‘’grillini’’ du PD » (Il Foglio).
EDITORIAL, V. Cusenza, directeur, Messaggero, « Le gouvernement de protestation » : « C’est la fin d’une époque ; plus encore d’un monde : celui du centre gauche comme nous l’avons connu jusque-là. La scène est désormais occupée par deux autres protagonistes. Nous avons assisté à l’adieu de Renzi au PD et l’opposition des deux nouveaux leaders, Luigi di Maio et Matteo Salvini. C’est un nouveau bipolarisme mais c’est surtout un séisme politique. Un nouveau cycle s’ouvre. Souvenez-vous de ce qui se disait des décennies auparavant du PCI, parti de lutte et de gouvernement. Ce schéma a été repris et revitalisé : nous parlons de la protestation de gouvernement ou du gouvernement de protestation si vous préférez, dont Di Maio et Salvini sont les porte-drapeaux, génération des 30-40 ans, mis sous l’enseigne erronée du populisme. Or, ils ont un seul point commun : ils ne représentent pas seulement une nouvelle modalité de la révolte contre les élites mais aussi de la protestation à l’intérieur même de celles-ci. Le M5S a récupéré le peuple perdu par la gauche en unissant deux facteurs : d’une part l’agressivité anti-establishment, tout en s’y substituant en promettant protection et en rassurant. Une sorte de Ligue du Sud en contrepoids à la Ligue du nord de Salvini – laquelle a aussi un programme économique opposé. Des mondes très éloignés. Réflexion finale : pourquoi Salvini qui a l’occasion de récupérer tout le centre-droit devait s’allier avec Di Maio dont il serait le second ? Dans le marasme actuel il serait bon de ne pas perdre au moins la boussole du bon sens».
ARTICLE, Corriere della Sera M. Breda « La partie dans le noir de Mattarella et l’ ‘’examen’’ de l’européisme » : « Le Quirinal se prépare à confier la charge de constituer un gouvernement et est préoccupé du règlement de comptes qui va avoir lieu au sein du PD. Il s’agit d’une partie dans le noir, difficile et probablement très longue. Mattarella pourra commencer à miser sur l’option la plus simple et naturelle : confier la charge à qui sera en mesure de former une majorité parlementaire claire et solide. Tout en gardant sa propre neutralité. Aujourd’hui, la seule exclusion préalable venant du Quirinal serait une sorte « d’examen d’européisme » à soumettre à tous les partis politiques. Mattarella suit avec attention ce qui se passe au PD, avec Renzi qui restera le temps des négociations, lui qui a anticipé ne pas être disponible à soutenir des partis ‘’antisystème’’ ».
ARTICLE, La Stampa, P. Baroni : « PD, 5 millions d’électeurs en fuite dont un tiers a été happé par le M5S » : « Seulement 450 000 démocrates se sont tournés vers LeU. 25% des votes de la Lega proviennent des électeurs classiques de Forza Italia. La Ligue et le M5S ont attiré la majorité des abstentionnistes. »
ARTICLE, La Stampa, I. Lombardo : « Di Maio : ‘’Nous sommes toute l’Italie’’. Le leader M5S rêve de gouverner » : « Le leader des Cinq Etoiles : ‘’ Nous sommes les vainqueurs absolus, chaque parti devra nous trouver’’. Il insiste ensuite sur le terme ‘’responsabilité’’ et relance : ‘’ débarrassons-nous des idéologies’’. ‘’Nous sommes prêts à donner un gouvernement au pays et nous dialoguons avec tous les partis politiques’’. ‘’Nous sentons la responsabilité de notre victoire, on le dit surtout aux investisseurs’’.
COULISSES, La Stampa, I. Lombardo : « M5S : gouvernement de minorité, il offre la Chambre au PD » : « Alors que Renzi a démissionné du PD, le M5S indique que Renzi est ‘’prêt à décomposer le PD plutôt que le quitter’’. Di Maio craint que le Président Mattarella donne la présidence de la chambre à Renzi, et est prêt à de nombreux sacrifices pour ne pas le laisser prendre ce poste. En effet Di Maio a déclaré qu’il existait deux scénarios possibles : soit donner la Présidence de la Chambre au PD, tant que ce n’est pas un ancien soutien de Renzi, soit offrir quelques ministères au PD. Vraisemblablement le M5S préfère la première option, surtout suite à la situation similaire qui s’est produite en Espagne il y a deux ans. »
ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco : « Renzi reporte sa démission : ‘’ Je reste jusqu’au nouveau gouvernement‘’ » : « Matteo Renzi, secrétaire du PD, a annoncé hier soir sa démission, mais il est prêt à gérer la grave crise politique suite aux résultats des élections législatives. Les élections ont été une défaite nette pour le parti et maintenant il faut ouvrir une page nouvelle au sein du PD. Sa ligne de réaction est très claire : sans l’opposition, pas de magouilles avec les extrémistes. La direction nationale a été convoquée pour lundi prochain dans le but de préparer le Congrès du parti pour la succession ».
ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco : « Le défoulement du secrétaire : ‘’Je dois bloquer l’accord avec Grillo. Franceschini était déjà en train de traiter ’’ » : « Matteo Renzi donne libre cours à ses considérations après la défaite du PD aux élections du 4 mars. L’ancien président du Conseil refuse les combines et accuse les leaders de son parti : ‘’ Quelqu’un veut l’accord avec le M5S tout simplement pour obtenir la présidence des deux Chambres. Je suis tranquille. On va convoquer rapidement le congrès pour décider la succession ».
ARTICLE, Corriere della Sera F. Fubini « Les hauts et les bas de la Bourse et du Spread » : « A ce stade, il pourrait ne rien se passer. Les comptes publics demeurent dans un équilibre précaire mais positif, ce qui pourrait éviter des manœuvres correctives en 2018. Aucun, à Bruxelles, ne veut commenter ce qui se passe en Italie afin d’éviter de donner une impression d’ingérence dans un pays désormais eurosceptique. Et on sait que demander une manœuvre corrective de 3,5 milliards en avril, alors que le gouvernement ne sera probablement pas encore formé, pourrait se transformer en piège. Mais en septembre, le nouveau gouvernement devra décider comment empêcher une augmentation de la TVA à hauteur de 12 Mds, déjà décidée, et qui s’appliquera dans 10 mois. La bloquer et y ajouter une ‘’flat tax’’ voire un ‘’revenu d’inclusion’’ pourrait ouvrir un contentieux avec Bruxelles, au moment où la BCE décidera d’arrêter sa politique de rachat de bons d’Etat (Qe) ».
ARTICLE, Corriere della Sera S. Montefiori « Macron (désormais plus seul) cite la crise des migrants. Le Pen et Farage exultent » : « Le président français a dû avaler une piètre nouvelle : la victoire des partis antisystème en Italie. Macron mise tout sur la relance de l’Union Européenne, mais avec qui sera-t-il possible de faire cette Europe davantage intégrée et unie ? Avec l’Allemagne, sans doute, mais pas avec les pays de Visegrad. Avec la Grande-Bretagne (qui s’apprête à partir) non plus. Et, à ce stade, difficilement avec l’Italie. ‘’Je reste prudent, attendons les décisions du Président (Mattarella)’’– a-t-il dit à l’issue de la rencontre avec le Premier ministre québécois – ‘’l’Italie a souffert la pression dans laquelle elle vit depuis des mois et le contexte de forte pression migratoire. Nous devons garder cela à l’esprit’’. En soulignant le thème de la migration, Macron a évité de traiter l’aspect souverainiste et anti-européiste du vote italien ».
ARTICLE Sole 24 Ore A. Cerretelli « La réforme de l’UE en danger avec tant de nationalismes » : « La France d’Emmanuel Macron fait pression depuis des mois pour réécrire avec A. Merkel un projet franco-allemand pouvant fixer les paramètres, les règles et les politiques de la nouvelle UE. Or, toutes les ambitions doivent tenir compte de la réalité : les résistances, les hostilités et les alternatives plus ou moins destructrices de la pensée européenne unique et dominante. La carte politique de l’Europe indique qu’aujourd’hui les nationalismes, les populismes, les protectionnismes et les pulsions antieuropéennes ne sont plus des phénomènes mineurs »
ENTRETIEN de Pascal Lamy (Président de l’Institut Delors), La Stampa : « ‘’Le M5S n’est pas le Front National, ils critiquent Bruxelles et non l’Europe mais attention à ne pas toucher la règle des 3%’’ » : « ‘’ Les médias, français mais pas uniquement, ont exagéré en mettant sur le même plan les populistes italiens avec européens comme le FN et l’Alternative für Deutschland. Le populisme italien n’est pas contre l’Europe. Il est contre Bruxelles. Les Italiens reprochent à l’UE de les avoir laissés seuls gérer les flux migratoires. Ils critiquent l’Europe mais ils ne veulent pas la quitter.’’ »
COMMENTAIRE, La Repubblica, Marc Lazar « Cinq leçons pour l’Europe » : « Il y a beaucoup de leçons à tirer des élections italiennes du 4 mars. Cependant, cinq d'entre elles ne concernent pas seulement l’Italie mais toute l’Europe : 1) la gauche réformiste italienne n’échappe pas à la crise de la gauche européenne continentale ; 2) la droite modérée, qui en Italie s’est organisée autour de Forza Italia, vient de subir une grave mortification ; 3) le vote du 4 mars démontre que l’Italie reste plus que jamais un atelier des populismes ; 4) un électeur sur deux a voté pour des partis opposés à l’Union européenne ; 5) la dynamique des populistes ne va pas s’arrêter à ces élections : leur force et leur présence vont transformer les bases mêmes de nos démocraties. L’idée que le peuple est souverain et tout-puissant va peut-être ramener l’Italie dans une nouvelle phase de la démocratie qui s’appelle ‘’populocratie ’’ ».
ARTICLE, La Stampa, G. Agliastro : « L’exultation de Moscou : ’’Une nouvelle période pour supprimer les sanctions’’ » : « La victoire des partis eurosceptiques est une satisfaction, néanmoins les analystes sont prudents : ‘’Rome sera fidèle à l’OTAN’’. Selon le Président de la Commission des affaires extérieures de la Douma : ‘’Ces résultats permettront aux rapports italo-russes de progresser’’.
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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