" Exploit du M5S, le gouvernement est un rébus."
05/03/2018
Italie. Revue de presse.
Elections législatives en Italie – Unes : « Exploit du M5S, le gouvernement est un rébus » (Corriere della Sera), « L’Italie du M5S et de la Ligue. Défaite du PD, Renzi vers l’adieu » (La Repubblica), « Di Maio l’emporte, l’Italie ingouvernable » (La Stampa), « Avantage du centre droit, exploit du M5S » (Il Messaggero), « L’Italie sans une majorité » (Il Mattino), « L’Italie après les élections : l’État coûte 440 milliards » (Sole 24 Ore).
ARTICLE, La Repubblica S. Folli « Le bipolarisme populiste » : « Les projections confirment, voire accentuent, les prévisions de vote : il est clair que ces élections représentent un tournant. Un changement de scénario politique dont les conséquences pourraient être sensationnelles et devront être évaluées avec beaucoup d’attention dans les prochaines heures. Les tendances, même partielles, semblent se dessinées. L’exploit du M5S au-delà des prévisions (30%), notamment dans le Sud. Le succès symétrique du centre droit qui s’empare du Nord et qui débarque au Centre mais qui reste sous le seuil des 40% qui lui aurait assuré une majorité. Enfin, l’amoindrissement du PD de Renzi, battu un peu partout et le sort de la liste d’E. Bonino : il faut comprendre s’il atteindra le seuil des 3% pour qu’elle soit indépendante ou si ses voix retomberont dans le sac du PD comme un butin de guerre. La photographie, partielle mais vraisemblable, nous parle d’un éboulement dramatique propulsant en avant les partis dits ‘’populistes’’ (M5S, Ligue et en partie FdI). La défaite de Berlusconi fait de Salvini un Orbàn italien. On revient à un système bipolaire, avec une nouveauté importante : les deux pôles sont désormais le centre droit dirigé par la Ligue et le M5S version ‘’institutionnelle’’ avec Di Maio. L’Italie ne verra pas de large coalition européiste comme l’Allemagne. Plus rien ne sera comme avant ».
EDITORIAL, M. Sorgi, Stampa, « Le résultat qui inquiète l’Europe » : « Des urnes du 4 mars est sortie quelque chose que l’Europe craignait et à laquelle l’Italie ne s’attendait sans doute pas à ce niveau-là : la victoire d’un ensemble populiste et souverainiste qui va du Mouvement 5 étoiles à la Ligue. C’est un cadre bien confus qui est, depuis ce matin, sur le bureau du Président de la République : avec la rituelle démission du gouvernement, le processus pour trouver une solution débutera. Inutile de le cacher, il existe même la possibilité que Di Maio et Salvini tentent un accord, au nom d’un programme minimaliste : abolition de la loi Fornero, réécriture des Traités avec l’Europe, blocage de l’immigration clandestine. Même s’il serait plus logique pour le leader léghiste de prendre la tête du centre droit plutôt que de tenter l’alliance avec le M5S. Mais à ce stade, la logique et la normalité semblent avoir disparues »
ANALYSE, U. Magri, Stampa, « Mattarella partira du M5S – Le rébus entre les mains du Président de la République, Di Maio et Salvini comme acteurs principaux» :«Les seules certitudes pour Mattarella sont les chiffres. La clef pour un gouvernement ne passe plus par Silvio (Berlusconi) et Matteo (Renzi). Autre donnée : la hiérarchie change au centre droit. Berlusconi cédera-t-il son sceptre à Salvini ? Dernière donnée, sans doute la plus importante : il sera difficile voire impossible de se passer du M5S à l’avenir. De prime abord, les seules combinaisons possibles seraient entre M5S, PD et LeU ou, en alternative, entre le M5S et la Ligue. En fond, des larges ententes dont on n’entrevoit pas pour le moment les contours. Il faudra de la patience, et Mattarella en a. Le doute porte plutôt sur celle des italiens et des marchés. »
EDITORIAL, Il Messaggero A. Campi « L’Italie divisée en deux et sans majorité » : « L’Italie sort divisée en trois blocs électoraux qui semblent aussi indiquer une fracture géographique, économique et socio-culturelle. Et le pays semble aussi aller vers une phase d’instabilité politique. Nous devrons attendre demain pour connaître la traduction des voix en sièges parlementaires. Ce n’est qu’en connaissant la distribution réelle dans les deux Chambres qu’on pourra voir la possibilité de combinaisons ou d’alliances ».
COULISSES (Retroscena), F. Verderami, Corriere, « Le grand brouillard au-delà des urnes, le scénario d’un exécutif à guide populiste» : « Les jeux sur les présidences des Chambres représenteront un premier crash-test. L’avenir est déjà là, dans la répartition des voix et des sièges qui dessine la ligne du défi entre un centre-droit post-berlusconien et un Mouvement post-Grillo. Le tripolarisme a porté un pôle à l’usure : la gauche dans son ensemble. »
ANALYSE, J. Iacoboni, Stampa, « L’Italie est la nouvelle frontière populiste : la moitié du pays est contre les élites et les migrants. Montée du M5S, Ligue et Frères d’Italie, Le Pen exulte : ‘’mauvaise soirée pour l’UE’’. Bannon, ex-gourou de Trump : ‘’Vous êtes un laboratoire’’ ».
ARTICLE, M. Bresolin, Stampa, « Alerte en Europe sur les partis anti-système mais la véritable crainte est la paralysie du gouvernement » : « L’attente en Italie pourrait se transformer en paralysie et la criant est qu’elle freine l’Europe. L’union économique et monétaire et bancaire sont à mener à bien, et il faut trouver un accord pour réécrire les règles sur le droit d’asile. Tout ça d’ici le mois de juin. Un nouveau report pourrait avoir lieu ou, pire, un accord entre les autres gouvernements sans que l’Italie ait voix au chapitre pourrait se faire. »
ARTICLE, F. Schianchi, Stampa, « Tajani : ‘’je retourne en Europe’’ » : « L’aspirant président du Conseil indiqué par Berlusconi dérouté par le succès de l’allié léghiste : ‘’mon mandat se termine en 2019, je suis bien là où je suis. Mais si le Quirinal m’appelle, je suis disponible’’ ».
ARTICLE, Il Mattino, P. Perone : « L’Italie suspendue entre les mains du Quirinal » : « Après cinq années dirigées par le PD, les électeurs ont privilégié le populisme de la Ligue qui n’a jamais obtenu un score si élevé. Le M5S a, quant à lui, comptabilisé 33% dans toutes les régions du Sud contrairement à des résultats très bas en Lombardie et Vénétie. Face au risque d’une alliance M5S-Ligue, on parle de gifle contre tous les partis pro-européens, dans un pays membre-fondateur de l’UE. Néanmoins le M5S pourrait perdre de son influence en s’alliant avec la Ligue, proche du FN à Bruxelles. Il faudra donc plusieurs semaines à l’Italie pour se restructurer dans cette période post-élection. »
ARTICLE, Il Mattino M. Adinolfi : « Les deux Italies» : « Les autres pays européens ont eux aussi vu des partis populistes être sur le devant de la scène. Il semblerait que tous les efforts politiques faits au cours de la Seconde République n’aient aucune utilité aujourd’hui avec des électeurs qui souhaitent repartir de zéro. En effet, un tiers du pays ne se sent plus concerné par la droite et la gauche : la confiance a disparu pendant que l’écart Nord/Sud se creuse de plus en plus avec un Sud sous-représenté. Il est possible, et souhaitable, que les électeurs du M5S ne soient pas uniquement dans la contestation mais aussi dans l’espoir d’un changement. Il est évident que toutes les voix récoltées par la Ligue, et le centre-droit de manière générale, sont aussi un aveu de volonté de changement. Ainsi le rôle de Di Maio sera de montrer à tous que le M5S n’est pas la maladie mais le médicament, pas un problème mais une solution. »
ARTICLE, La Repubblica A. Bonanni « Bienvenue à Visegrad » : « Les projections nous parlent d’une Italie ayant des maux de ventre, difficile à gouverner et qui se déplace aux marges de l’Europe, davantage proche de Budapest et de Varsovie plutôt que de Bruxelles. Aujourd’hui les marchés se prononceront. Si la réponse devait être négative et si les partis devaient maintenir les promesses électorales économiquement insoutenables, Bruxelles pourrait alors entamer une procédure d’infraction en mai. Le nouveau gouvernement devra alors renoncer à toutes les belles promesses ou même hausser le ton avec Bruxelles. Un danger pour l’Europe, certes, mais surtout pour l’Italie ».
ARTICLE, La Repubblica M. Giannini « Berlusconi a fini ses miracles » : « Au final, l’analyse qui plus se rapproche de la réalité est l’image de la fille appartenant au groupe ‘’Femen’’ qui a accueilli hier Berlusconi au bureau de vote avec écrit, sur son torse nu, ‘’ton temps est révolu’’. C’est maintenant un leader amoindri. Le vrai miracle, c’est Matteo Salvini qui l’a fait, arrivé quand la Ligue était à 4,1% des intentions. Nous nous retrouvons face à une course dangereuse pour celui qui se rapproche plus du groupe de Visegrad, la bande des 4 pays de l’Est ressemblant plus à des ‘’démocratures’’ néofascistes qu’à des démocraties parlementaires ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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