Les stratégies de la CDU-CSU face à l'AfD.
31/12/2014
Allemagne. Dans son combat contre le parti anti-euro AfD, la CDU-CSU discute de diverses stratégies possibles :
1 / Ne pas parler de l’AfD et ne pas accepter de débats avec ses représentants : trop tard, car le parti est déjà médiatisé, et difficile à cause de la diffusion des informations via Internet.
2 / Copier : la CSU a placé à sa vice-présidence un candidat eurosceptique, Peter Gauweiler. Cela n’a pas fonctionné car lors des élections européennes de mai 2014, l’AfD a percé et la CSU a obtenu un des plus mauvais résultats de son histoire.
3 / Reprendre les thèmes de l’AfD : difficile pour la CDU-CSU qui participe au gouvernement de capter des thèmes qui sont incompatibles avec la gestion que ces partis exercent et la crédibilité dont ces partis ont besoin pour gouverner. L’AfD désire mettre fin à l’euro. Frauke Petry, la tête de liste de l’AfD en Saxe, doute du fait que le CO2 ait un impact négatif sur l’environnement. Alexander Gauland, qui conduit l’AfD dans le Brandebourg, a une attitude compréhensive vis-à-vis de la Russie,…
4 / Pousser l’AfD dans le coin droit : la CDU est tellement proche du centre, que prétendre que l’AfD est un parti de droite radicale aide peu la CDU à se préserver du départ d’électeurs vers l’AfD.
5 / Déclarer l’AfD incapable de gouverner : une partie des électeurs de l'AfD expriment un vote de contestation et ne se soucient guère des capacités de ce parti.
6 / Expliquer que l’AfD se trompe : il y a quelques années, la CDU et la CSU ont aussi été favorables à l’énergie nucléaire, ont diabolisé la double nationalité, ne voulaient pas accepter que l’islam appartient à l’Allemagne,…
7 / Office de protection de la Constitution : lorsqu’en 1989 les Republikaner ont percé, les services secrets ont récolté des preuves indiquant que « ce parti était une menace pour l’ordre démocratique ». Cela ne marche pas avec l’AfD dont l’homme fort du parti Bernd Lucke fait tout pour se démarquer de tout extrémisme.
8 / Bien gouverner : malgré le fait que la population est contente des résultats obtenus par le gouvernement, les électeurs attirés par l’AfD ont peur pour leur argent et leur statut social. Ils craignent une descente économique du pays. De plus, les conflits en Ukraine, Syrie, Irak engendrent la peur.
9 / Amener l’AfD à gouverner : c’est ce que font les sociaux-démocrates en Thuringe avec les post-communistes. Le PVV (Pays-Bas), la Ligue du Nord (Italie), le FPÖ (Autriche),… ont été appelés à gouverner et ont perdu des plumes dans cette aventure avant de revenir en force.
La CDU-CSU qui dirige l’Allemagne avec les sociaux-démocrates du SPD a mis de côté ses racines conservatrices et s’est ouverte à une possibilité d’alliance avec les écologistes. Il lui est impossible de virer « à droite toute » afin de fermer la porte à l’AfD. Appliquer la devise de l’ancien homme fort de la CSU Franz Josef Strauß (1915-1988) n’est plus possible : « Rechts von der CSU darf es keine demokratisch legitimierte Partei geben. » (Il ne doit pas y avoir [de place] à droite de la CSU [pour] un parti démocratiquement légitimé.)
Franz Josef Strauß
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