Les éditorialistes s’inquiètent des retombées de la condamnation de Silvio Berlusconi sur le gouvernement.
25/06/2013
Les principaux quotidiens annoncent une « Condamnation dure pour Berlusconi : 7 ans » (Corriere), « Berlusconi, la condamnation la plus dure » (Repubblica), « Sept ans à Berlusconi : ‘’je résisterai’’ » (Stampa, Messaggero). Les quotidiens proches de l’ancien président du Conseil titrent « Nous sommes tous des putains » (Foglio) et « Une boucherie » (Giornale), tandis que le Fatto estime que « la honte est de continuer à gouverner avec lui ».
Tous les quotidiens annoncent la « condamnation dans le Procès Ruby de S. Berlusconi à 7 ans de prison et l’interdiction à vie d’exercer des fonctions publiques. Un verdict plus lourd que celui demandé par les magistrats. Une enquête sur les témoins a été par ailleurs ouverte. Restent le recours en appel et à la Cassation » (Corriere).
L’ensemble des éditorialistes s’inquiète des retombées éventuelles de la condamnation de S. Berlusconi sur le gouvernement, relayant les déclarations du PdL sur « un coup dur pour la pacification » (Corriere). P. Battista, au Corriere, évoque « les doutes, les conséquences », estimant que « il serait hypocrite de nier le droit de commenter et de critiquer des sentences juridiques. Tout comme il serait hypocrite de nier qu’une condamnation très rigide (au-delà même de la demande de l’accusation) ne génère pas de conséquences politiques, dans la mesure où le chef d’une coalition qui participe de manière déterminante au gouvernement du pays est considéré comme le chef d’une bande commentant des délits moralement répréhensibles ». Pour lui, « depuis hier, le gouvernement de Letta est plus faible ». Dans le même quotidien, M. Franco pense que « dans l’immédiat, il ne se passera rien pour le gouvernement » mais « uniquement en apparence » car cette condamnation « remet en cause les tentatives de pacification ». S. Folli, au Sole, titre « Rien ne sera plus comme avant ». Pour lui, « Le gouvernement Letta ne tombera pas, mais ne pourra pas rester en dehors de la bourrasque ». La Stampa estime que « le rideau tombe ainsi sur l’ère du Cavaliere » et « plus généralement sur la Seconde République ».
E. Mauro, directeur de Repubblica, sous le titre « l’abus et la démesure », fustige le fait que « tous se demandent ce qui se passera après cette condamnation, mais personne ne se pose la vraie question : que s’est-il passé pour en arriver là ? ». Il rappelle que « la condamnation sanctionne deux délits extrêmement graves : concussion et prostitution de mineure ». Mauro estime que la « conséquence politique la plus nette, la plus claire, serait le retrait de Berlusconi de la vie politique » mais « que cela ne se produira pas, la politique étant son bouclier » : « il tentera donc de négocier, et s’il échoue, mettra le feu aux places ». Il conclut ainsi : « le populisme a cette conception de l’Etat, ou il le dirige, ou il le combat ».
Plus drastique encore, A. Padellaro, directeur du Fatto se réjouit d’une « bonne journée pour la Constitution », tandis qu’aux yeux de M. Travaglio « seul un pays irrémédiablement hypocrite, ou désinformé peut s’étonner face à un verdict parmi les plus évidents de l’histoire » et, pour lui, « tous savent que le Quirinal et le PD espéraient une sentence la plus faible possible pour que le précieux allié se tienne bien et éviter que les électeurs se souviennent qui il est ».
Totalement aux antipodes, G. Ferrara, directeur du Foglio, s’insurge lui contre cette condamnation, avec un titre provocateur : « nous sommes tous des putains » et annonce une « manifestation, à 19h, place Farnèse, contre le moralisme qui devient injustice pénale contre une sentence inhumaine » (également dans un entretien au Messaggero), estimant qu’à « une peine barbare il faut répondre par une protestation civile ». Pour lui, « à partir du moment où la sentence a été prononcée, nous vivons dans un pays moins libre ». Le directeur du Giornale (propriété de la famille Berlusconi) publie en Une un éditorial virulent envers la justice, évoquant l’enquête sur les témoins : « maintenant, après Berlusconi, c’est au tour des berlusconiens de passer sous le joug de ces fous déchaînés travestis en juges ».
Tous les quotidiens se font également l’écho de la démission de la Ministre Idem [Parti démocrate, de centre-gauche]. La Stampa écrit « Moi Ruby, toi Idem » : « Le politique italien le plus connu condamné à 7 ans de prison, une ministre de la République contrainte de quitter son poste pour avoir omis de payer l’impôt sur un bien immobilier. L’impression est, si l’on exclut les journalistes, les politiciens et leurs fans, que ces événements semblent glisser sur les Italiens, préoccupés par la crise ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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