Revue de presse italienne à propos des résultats des élections législatives.
26/02/2013
Source : Ambassade de France à Rome :
Italie. Les Unes des quotidiens de ce mardi 26 février 2013 : aujourd’hui dominées par l’ingouvernabilité et le boom de Grillo, après le résultat des élections.
Les Unes : Aujourd’hui dominées par l’ingouvernabilité et le boom de Grillo, après le résultat des élections.
Élections en Italie :
1. Réactions des quotidiens :
Presse mainstream : "vote-choc : il n’y a pas de majorité" (Corriere), "boom Grillo - Italie ingouvernable" (Repubblica), "boom de Grillo - Parlement bloqué" (Stampa), "Sénat bloqué : tensions sur les marchés" (Sole 24 Ore), "l’ingouvernabilité a gagné" (Messagero)
Satisfaction exprimée par les quotidiens de droite sur la performance de Berlusconi : "le lion Silvio dévore le jaguar (en référence à Bersani)" (Libero), "Miracle Berlusconi" (Giornale), "la surprise du Cavaliere dans le chapeau" (Foglio)
Pour les journaux de gauche : "la Chambre au centre gauche, le Sénat paralysé, Grillo triomphe" (L’Unità, proche PD), "échec et mat" (Manifesto), "le boom de Grillo les bat tous et les pousse à des arrangements" (Fatto, gauche alternative).
Enfin, Avvenire (catholique) titre sur "un mécontentement stellaire" (en référence aux étoiles du M5S)
2. Éditoriaux – tonalité générale très inquiète quant à la législature qui s’annonce :
Large convergence pour désigner les « gagnants » (M5S et PDL) et les « perdants » (PD, Monti).
Large convergence aussi pour souligner la dimension "eurosceptique" ou en tous cas critique de l’Europe telle qu’elle est, et pour souligner 2 facteurs expliquant le vote : désespérance sociale et mécontentement fort à l’égard d’une classe politique qui n’a pas su se réformer (absence de réforme de la loi électorale abondamment soulignée). Pour la Repubblica (édito du vice-directeur M. Giannini) "ont prévalu les populismes" et la « colère sociale s’est exprimée contre l’Europe et contre les taxes ».
Enfin, insistance sur "l’alarme dans les chancelleries européennes et aux États-Unis", avec le voyage de J. Kerry présenté comme une occasion pour faire le point sur l’Italie.
2.1. Europe : le thème est au centre de plusieurs éditos qui soulignent le caractère historique du vote, certains évoquant le risque de mise sous tutelle d’une Italie ingouvernable.
celui du Corriere della Sera ("faire face à la réalité", M. Franco) : "c’est une ’ Italie eurosceptique’ qui a gagné, au moins face à la politique de rigueur économique. Un troisième pôle a émergé, mais ce n’est pas celui de Monti : modéré, européen, de gouvernement (…) paradoxalement, P.-L. Bersani perd politiquement, même s’il gagne la prime de majorité à la chambre (..). Le soutien de l’Europe à Monti n’a eu aucun effet ; au contraire, il en a peut-être eu un négatif. C’est comme si l’Italie avait intériorisé l’idée d’une suspension de la démocratie et s’était refusée à analyser les répercussions internationales du vote. Et même plus : elle a décidé de les défier, satisfaisant les sentiments hostiles à une austérité évaluée non pour ses effets bénéfiques sur les comptes publics, mais pour ses effets négatifs sur la croissance et l’emploi (…) S’il ne se trouve pas un accord sur une unité et certaines réformes, la perspective d’une législature courte deviendrait vraisemblable. Avec le risque d’une mise sous tutelle (commissariamento) bien plus traumatique que celle perçue dans les derniers mois ».
également celui du Sole 24 Ore (S. Folli, "la tempête parfaite") qui évoque l’Europe juste après la crise du système politique italien dans les principaux facteurs d’explication du vote. "la méfiance à l’égard de la monnaie unique et à l’égard des sacrifices imposés par l’UE (ou par l’Allemagne ?) a produit une nouveauté sans précédent dans notre histoire politique : un Parlement dans lequel le sentiment anti-européen devient pour la 1ère fois majoritaire. (..). Cette convergence singulière sous le signe d’ ‘une autre Europe est possible’ est très significative. Parce que, en attendant de trouver cette autre Europe, elle se traduit en hostilité à l’égard des institutions communautaires actuelles". L’éditorialiste marque son accord avec P. Krugman (p.m. article paru dans le FT) : ces élections ont bien été un référendum sur l’austérité en Europe. Interrogation aussi : "comment exorciser une possible mise sous tutelle de la part de la troïka UE-BCE-FMI" ?
pour l’Unità (directeur C. Sardo – cf infra) : "l’Europe aussi doit réfléchir attentivement : si elle ne change pas de voie le plus vite possible, si elle ne fait pas siennes les suggestions d’Obama sur les politiques pour l’emploi et la croissance, elle tuera justement les forces politiques européistes qui cherchent à maintenir liées perspective communautaire et plus grande égalité sociale".
la Stampa (cf infra) dans l’éditorial de son directeur, souligne également que l’impact social des politiques d’austérité a été largement sous-estimé et le Sole, dans son édito économique, parle d’une obligation de répondre aux souffrances de l’économie réelle du pays.
2.2. S’agissant des scénarios, la perplexité domine avec des avis divergents sur l’opportunité d’une grande coalition pour faire au moins une réforme de la loi électorale :
pour la Repubblica (édito déjà cité), "faire un gouvernement dans ces conditions est impossible", excluant d’abord un gouvernement de gauche avant de présenter deux options difficiles : un gouvernement large (avec PDL) pour faire au moins la réforme de la loi électorale, ou bien un retour immédiat aux urnes.
la Stampa dans l’éditorial de son directeur "le devoir de décisions courageuses" (cf infra) prend clairement parti contre une telle hypothèse de grande coalition, parce qu’il est illusoire de croire que des partis qui n’ont pas réussi à réformer la loi électorale en un an le feront et parce qu’un retour aux urnes après ne pourrait qu’aggraver la révolte contre le système des partis (le soupçon étant que ceux ci n’ont cherché qu’à sauver leur peau). Une seule solution : "voir au Parlement si des convergences sont possibles pour donner des réponses claires aux citoyens", avec une obligation de clarté et de transparence totale. Ces convergences sont à trouver entre partis traditionnels mais aussi avec les parlementaires grillistes qui doivent être traités comme une ressource, non comme des ennemis.
le Sole (éditorial déjà cité) souligne qu’une grande coalition est un "tabou absolu" et qu’une réédition de la majorité précédente, si elle ne faisait rien, ferait encore monter Grillo, mais n’exclut pas qu’une telle grande coalition, en faisant 3 ou 4 réformes utiles et claires, puisse donner le signal de renouveau qu’attend le pays. Il conclut que dans ce contexte confus l’hypothèse d’une réelection de Napolitano a maintenant une certaine légitimité.
Outre la Stampa, Avvenire appelle aussi au sens de responsabilité pour donner un gouvernement sans entrer toutefois dans le détail des implications de cet appel.
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