La Ligue à 5 %. Le PdL à 17 % ou moins.
22/10/2012
« Adieu à la Seconde République. Mais la Troisième n’existe pas encore » (Ilvo Diamanti, La Repubblica de lundi) : « Elle est finie. La Seconde République. Déjà dépassée depuis longtemps, selon certains. Mais jamais de manière aussi évidente que ces derniers jours. Il suffit de parcourir les sondages des dernières semaines, dont émerge le retrait rapide des partis et acteurs politiques qui l’ont « fondée ». La Ligue et le PDL : la première surnage autour des 5%. Le PDL est désormais difficile à estimer, tant son poids électoral apparaît mouvant. Extension de Forza Italia, le « parti personnel » de Silvio Berlusconi est en baisse constante et se situe aujourd’hui entre 17 et 15%, encore moins selon certains instituts. L’Idv (Italia dei Valori), parti personnel d’Antonio di Pietro, symbole de Mani Pulite, l’anti-Berlusconi par définition, est en difficulté, comme tous les partis de la droite et du centre, qui sont tous désormais en-dessous du seuil des 7%. Les seules structures politiques qui connaissent une dynamique à la hausse sont le PD et le M5S (Movimento Cinque Stelle), pour des raisons diverses et opposées. Parce qu’ils représentent, respectivement, l’avant et l’après de la Deuxième République. Le PD, après être descendu un peu au-dessus des 20%, au début de l’année, est remonté progressivement, et sensiblement dans le dernier mois, et est aujourd’hui proche des 29%. Le M5S : difficile à définir car c’est un non-parti qui tourne autour de Beppe Grillo, et est estimé aujourd’hui à plus de 18%, selon certains plus de 20%. L’autre « phénomène » politique de cette période est la zone grise, composée d’électeurs qui ne disent pas et ne savent pas pour qui voter, qui viennent surtout, mais pas seulement, du centre-droit et représentent environ 45% de l’électorat. De ce fait, il est difficile de nier que la Seconde République est finie. Elle a décliné, avec ses membres fondateurs, avec les thèmes qui l’ont construite : la fracture centre-périphérie et la question septentrionale, au fondement de la crise des partis « nationaux » de la Première République. Berlusconi et Bossi, Berlusconi et la Ligue, ont porté le Nord à Rome, ont conquis la capitale, pas seulement le Parlement, mais aussi les collectivités locales, vu que le centre-droit a élu en 2008 le maire de Rome –Gianni Alemanno– et en 2010 le gouverneur de la région Latium, Renata Polverini, tous deux représentants de Alleanza Nazionale, la maison des post-fascistes, dédouanés et légitimés par Berlusconi, intégrés dans le PDL. Ce parti qui, en plus du Nord, a conquis Rome et le Sud. Eh bien, cette saison est finie, la Seconde République est finie, le berlusconisme est fini. Au-delà des sondages, le démontre la géopolitique du pays et, en particulier, du centre-droit. Aujourd’hui, il est impossible d’évoquer l’image de « Milan à Rome » (que j’ai utilisée pour commenter les élections de 1994). Banalement : c’est dans ces lieux que le centre-droit s’est perdu. Parfois, dissout. A Milan : c’est le centre-gauche et le maire Pisapia qui gouvernent. En Lombardie : la majorité conduite par Formigoni a implosé, emportée par les scandales, comme l’exécutif régional du Latium, tandis que la mairie de Rome apparaît, elle aussi, en difficulté. La crise de la Seconde République, donc, reflète la crise politique et géopolitique des structures qui l’ont inventée et imposée. Et, dans le même temps, reproduit l’affaiblissement des fractures qui l’ont créée. D’abord, la fracture territoriale, qui oppose la périphérie au centre, le nord productif à la capitale assistée et gaspilleuse. Aujourd’hui cette République a profondément changé : la question septentrionale a glissé dans la pénombre, avec le fédéralisme et l’élargissement des pouvoirs locaux. Tandis qu’a émergé encore, impérieuse, la fracture ancien/nouveau. Qui recoupe la fracture entre politique (partis) et société (civile), à l’origine de la Seconde République et qui revient aujourd’hui mais en renversant ceux qui l’avaient représentée (et captée) il y a vingt ans. En bénéficie d’abord le M5S, un sujet politique personnalisé et réticulaire, étranger à la « fracture territoriale ». Tandis que le PD remonte, avant tout, parce que ses traditions géopolitiques s’enracinent dans les régions rouges de l’Emilie Romagne et de l’Italie centrale, au-delà des confins de la Seconde République. Toutefois, le PD bénéficie aussi du fait que la question ancien/nouveau l’implique directement, dans la mesure où elle caractérise et traverse les primaires. Ainsi, nous assistons à la conclusion de la Seconde République, mais la Troisième n’a pas encore commencé. Le Nouvel ordre politique et géopolitique reste entièrement à tracer. Pour le moment, (pour faire écho à Berselli), nous sommes encore un ‘pays provisoire’. Privé de frontières et de points de référence (sociaux, idéologiques et religieux) qui confèrent orientation et stabilité. Je pense, pour cette raison, que la consultation électorale de 2013 marquera un tournant, comme en 1994. C’est-à-dire qu’elle imprimera un changement profond du système des partis et des logiques qui orientent le vote. Il serait donc opportun que ces élections soient ‘constituantes’. Pour éviter que la Troisième République ne finisse comme la Seconde. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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