Zone euro : le volcan de la crise recommence à fumer.
04/09/2012
« La voie étroite de Francfort » (Adriana Cerretelli, Il Sole 24 Ore) : « A 48 heures des décisions très attendues de Francfort, la tension Nord-Sud est de plus en plus marquée entre les 17 de la zone euro, avec la BCE dans le collimateur et son président, Draghi, qui fait le choix de confirmer fermement la ligne déjà exprimée le 2 août dernier : refus du financement monétaire des Etats membres mais accord pour l’achat sur le marché secondaire de bonds de courte durée (jusqu’à trois ans) des pays en difficulté. Bien qu’elle jouisse de l’appui d’une large majorité du Conseil de la BCE et de l’approbation de Merkel, la ligne Draghi, on le sait, n’est pas du goût de la Bundesbank. En ce début de campagne électorale en Allemagne, aux critiques des chrétiens-démocrates s’ajoutent celles des socialistes et des verts, car l’opinion publique reste durablement hostile, allergique même, à tous les risques (véritables ou présumés) que le sauvetage de l’euro pourrait entraîner. Quoi qu’il en soit, la douche froide est arrivée hier de Berlin. Selon Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances : ‘La politique monétaire ne doit pas être utilisée pour financer la dette publique, par conséquent toute action de ce genre doit être rejetée avec fermeté’. Après l’accalmie du mois d’août, le volcan de la crise recommence à fumer, menaçant d’exploser à nouveau. Car la voie sur lequel peut avancer la BCE est très étroite et celle de la politique, de Berlin à Athènes en passant par Madrid et Rome, l’est tout autant, si ce n’est plus. Le bouclier anti-spread devient nécessaire sur un marché européen fragmenté, où la perception des risques, souvent arbitraire, déforme les taux. Résultat : les pays à genoux se retrouvent à financer ceux qui se portent le mieux, creusant le fossé Nord-Sud, au lieu de favoriser la convergence. Après-demain, Draghi devrait lever le voile, même si la nécessité d’éviter toute rupture avec la Bundesbank pourrait faire éclore une série de lois par trop indigeste, politiquement et socialement impraticable surtout par temps de récession – et donc inutile et contreproductive. Comment réussir à l’éviter, dépasser la crise et relancer l’Europe : c’est le grand dilemme de la BCE et des gouvernements, avec leur lot d’intérêts contradictoires et d’ambitions en perpétuel conflit. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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