Le principe du montisme.
02/04/2012
Italie. « Le principe du montisme » (Ilvo Diamanti, La Repubblica) : « Le gouvernement Monti est bien ‘politique’et Monti a tout à fait conscience de sa ‘mission’ : il incarne le ras-le-bol des Italiens envers les acteurs de la représentation – partis et syndicats. Il le dit ouvertement, comme à Tokyo : ‘l’exécutif a une popularité élevée, les partis non’. Propos incontestable, qu’on peut étendre aux syndicats et aux associations patronales. La réforme projetée de l’art. 18 a réduit le soutien dont jouit l’exécutif, mais sans renforcer la confiance dans les partis et les syndicats. L’action du gouvernement est vue positivement par plus de 56% des électeurs selon Ipsos, 54% selon l’Ispo de Mannheimer, des scores jamais atteints par l’exécutif Prodi de 2006 à 2008, ni par celui de Berlusconi après. A titre personnel, Monti a la confiance de 60% des Italiens. Malgré des politiques jugées dures socialement, le soutien reste fort. Entre les doutes actuels sur la légitimité de la démocratie représentative, le pouvoir plus fort que jamais des ‘experts’ au plan mondial, la défiance envers des partis incapables de se réformer et plombés par les scandales et un mode de scrutin discrédité et difficile à changer, les partis sont délégitimés Pour 52% d’Italiens, ‘la démocratie peut fonctionner sans eux’ et plus de 60% sont pour repousser les élections de 2013 et que Monti continue ‘jusqu’à ce que la crise soit réglée’. Le montisme est une ‘aristocratie démocratique’. ‘Démocratique’ car jouissant de l’appui du peuple, du Parlement et temporaire, mais ‘aristocratie’, car la légitimation de Monti et de ses ministres relève de motifs extérieurs à la politique – leur compétence. Quand Monti dit ‘le montisme n’existe pas’ qu’après les élections il s’en ira et que reviendront des exécutifs ‘politiques’, il est sincère. Mais le ‘montisme’ le dépasse. Pour beaucoup d’Italiens, l’idée du retour l’an prochain des ‘politiques’ est moins une promesse qu’une menace. Car Monti et le montisme sont vus, comme il y a 20 ans Tangentopoli, comme un moyen de ‘se libérer’ du système précédent – la Ière République alors, aujourd’hui les logiques et les acteurs qui ont régi la Seconde. Le montisme, le ‘pouvoir aux techniciens’, sans médiation des partis ni légitimation électorale, reflète le malaise des citoyens envers le système représentatif. Il vaut demande (confuse) de changement. ‘Se libérer’ de Monti en élisant un nouveau Parlement et un nouvel exécutif, avec ces règles, ces partis et ces hommes politiques ne suffira pas à faire oublier le montisme, mais risque d’aviver cette fatigue de la démocratie qui plane en Italie. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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