Non-lieu par prescription pour Berlusconi dans l’affaire Mills
27/02/2012
« Y a-t-il démocratie sans les partis ? » (Ilvo Diamanti, Repubblica) : « Par-delà les polémiques inévitables, le non-lieu par prescription pour Berlusconi dans l’affaire Mills crée aussi un peu d’inquiétude : non seulement le Cavaliere a réussi à se soustraire à la justice, mais il est toujours là, tel qu’en lui-même, en chef du principal parti de la majorité soutenant Monti. Mais cette affaire, entre autres, suggère aussi que le vent a tourné. L’intérêt qu’on y porte a diminué. La position politique du Cavaliere, passé des feux de la rampe aux coulisses, a dédramatisé les choses. D’ailleurs, les acteurs politiques qui appuient l’exécutif redoutent des fractures propres à miner la législature – et Berlusconi en tête : Monti doit tenir jusqu’en 2013 car pour l’heure le PdL n’est qu’à 22% dans les sondages. La droite dans son ensemble n’obtient que 33%, soit 4 points de moins que la gauche (PD, IdV, SEL). Et dans un match à trois, en comptant le 3e pôle (20%), l’écart entre droite et gauche monterait à 10 points. Trop pour courir le risque d’aller aux urnes. Un retour de Berlusconi est improbable car le climat a changé dans l’opinion. Vingt ans durant, il a incarné une phase ‘faste’ de la société italienne, dominée par l’infotainment (des programmes télévisés mêlant politique et divertissement). Or la crise a rompu le lien entre image et réalité, rendant l’image in-croyable. Le monde rutilant et amoral de Berlusconi est devenu trop éloigné du sens commun : la fraude fiscale, tolérée par la société ces dernières années, par exemple, et justifiée par Berlusconi, ne passe plus. En outre, la crise a délégitimé le modèle du ‘politique-sans-qualité’, non pas meilleur que nous mais comme nous (ou pire), recruté pour des mérites esthétiques plus qu’éthiques ou par loyauté au chef. Le pays a tourné la page. Monti représente un nouveau modèle : le technicien qui fait de la politique et, vice-versa, le politique compétent qui se mesure aux partis sans en faire partie. Avec Monti, le post-berlusconisme se traduit par un ‘populisme aristocratique’ où le président du Conseil s’adresse directement, sobrement, aux électeurs, les partis restant à l’arrière-plan. Berlusconi ne reviendra pas, le berlusconisme est fini – l’antiberlusconisme aussi. D’où la nécessité de déplacer nos préoccupations ‘au-delà’ de Berlusconi. Dans un pays où les partis – décrédibilisés – pèsent bien moins que leurs dirigeants, et où les dirigeants des partis jouissent de peu de crédit, la question est de savoir si une démocratie représentative sans partis est possible. J’en doute. Même si au berlusconisme faisait suite le montisme. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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