Même si elle élève la voix, la Ligue n’est plus un parti de lutte.
05/12/2011
« Même si elle élève la voix, la Ligue n’est plus un parti de lutte » (Ilvo Diamanti, La Repubblica) : « Le soi-disant ‘parlement de Padanie’, réuni depuis hier à Vicence, n’a rien dit de neuf. Bossi a rappelé les fondamentaux léghistes : A/ sécession, à la façon tchéco-slovaque (séparation négociée) ; B/ lutte contre toute réforme des retraites, et annonce d’une initiative référendaire ; C/ à l’arrière-plan, polémique contre l’Europe de l’euro – et donc contre la nature de cet exécutif, non pas élu par le peuple, mais voulu par les banques et les banquiers. Des thèmes qui ont toujours marqué le rôle d’opposition de la Ligue, même au gouvernement (depuis 10 ans). Première nouveauté : aujourd’hui, elle est vraiment dans l’opposition, seul parti représenté au Parlement à être ouvertement contre l’exécutif Monti. Ce qui lui permet de remédier, en partie au moins, aux ambiguïtés des dernières années, où elle associait discours de lutte et place (centrale) au gouvernement. Mais même dans l’opposition, elle ne peut plus jouer le ‘parti de lutte’. 1/ Les années 90 sont finies, où le mot d’ordre était l’indépendance d’une Padanie plus apte à entrer dans l’Europe qu’une Italie très endettée ; aujourd’hui, nous sommes dans l’UE, dont le ‘directoire’ presse l’Italie, Padanie incluse, d’assainir ses finances. 2/ Au plan électoral, la Ligue a obtenu ses principaux succès à partir de 2008, quand revenue au gouvernement elle s’est comportée en ‘syndicat du Nord’. Sa base parmi les PME du Nord n’a nulle envie d’antagonisme envers l’Europe. La Ligue se rappelle son effondrement sous les 4% en 1999, aux européennes, après la marche sécessionniste de 1996. 3/ La ‘Ligue de lutte’ n’existe plus. Elle dirige 2 régions, 16 provinces, environ 400 communes et ses hommes sont à tous les échelons du pouvoir. 4/ La Ligue d’opposition, aujourd’hui, n’est plus la Ligue de lutte. Elle espère revenir au gouvernement. De l’Italie, pas de la Padanie. D’où des idées moins radicales que naguère – telle l’indépendance négociée, sans révolution ni référendum (qui pourrait trahir l’aspect marginal du sentiment sécessionniste). L’opposition léghiste est, à bien des égards, en retrait par rapport à celle de la CGIL [syndicat]. Lutter, soit, mais au Parlement, dit Bossi, qui en charge Maroni. L’opposition à ce stade arrange la Ligue : pour apaiser ses divisions et retrouver de l’élan, mais sans retour à une Ligue antagoniste. Elle se purifie en prenant ses distances d’avec Berlusconi, mais prépare les prochaines élections. Le plus tôt possible. Et avec le PdL. En politique, parfois, la solitude paye ; à la longue, elle nuit. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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