L'agonie du gouvernement Berlusconi.
07/11/2011
« Le gouvernement de plus en plus en péril » (Corriere della Sera)
« Maroni : ‘Inutile de s’acharner, c’est fini’ » (La Repubblica)
« Départs du PdL : les rebelles sont déjà 20 » (La Repubblica)
« FMI et Europe : double surveillance pour l’Italie » (Marco Zatterin, La Stampa)
« Les dangers de l’agonie prolongée » (Marcello Sorgi, La Stampa)
« La paralysie que l’Italie ne peut se permettre » (St. Folli, Il Sole 24 Ore de dimanche) : « La fin politique de Berlusconi n’est pas une affaire banale. Il s’agit de la personnalité qui, pour le meilleur et pour le pire, a marqué une époque, de la figure dominante des 18 dernières années, chef et même propriétaire, au sens patrimonial, de la droite italienne. Rien d’étonnant à ce que son crépuscule ait valeur de psychodrame ou à ce qu’il soit si difficile d’identifier une issue parlementaire sans scrutin anticipé. En l’état, il n’y aurait qu’une façon de sortir de l’impasse : que tous les partis prennent de la hauteur au nom d’une vision commune de l’Europe pour tenir les engagements pris, en déposant les armes aux pieds du chef de l’Etat et en s’en remettant à ses décisions – issue hautement improbable. Hier encore, G. Napolitano dénonçait le ‘climat de guerre’ dans le pays. Berlusconi n’a pas intérêt à sortir de scène sans lutter ; par tempérament et par calcul, il résistera jusqu’au bout, en tentant d’inculquer aux députés qui le lâchent une idée simple : ‘après moi le déluge’ – les élections et rien d’autre. L’hypothèse que la législature se poursuive avec un autre chef n’est plus guère plausible. Le président du Conseil jouera son dernier acte de résistance, d’abord sur la loi de règlement, puis sur la loi de stabilité (au Sénat et à la Chambre). Le paradoxe est total : d’un côté une majorité qui se dissout mais a encore la force de se battre au Parlement, de l’autre aucune alternative toute prête. Au fond, tout le monde se prépare aux élections sans le dire. Casini et Fini demandent un exécutif sans Berlusconi mais en réalité leur regard est tourné vers les urnes. Idem pour le PD : penser aux élections est la seule façon de faire tenir l’alliance avec Di Pietro et Vendola. A la manifestation de samedi, à Rome, Bersani a fait un discours très européen mais aussi, à l’évidence, électoral. Bref, pas de sursaut, pas de convergence et un élan inexorable vers des élections. Mais on ne se débarrasse pas d’une figure comme Berlusconi par de petits jeux tactiques au jour le jour. Il faudra un affrontement dans les urnes au grand jour. Ensuite seulement on pourra tenter de bâtir une majorité pour l’Europe. Sans barrières idéologiques. »
« Le dénouement : des élections avec sortie sur le Quirinal » (Lina Palmerini, Il Sole 24 Ore) : « Cette semaine va tourner autour d’une seule question : des élections ou un exécutif de responsabilité nationale ? Le super-amendement et la loi de règlement, attendus pour examen au Sénat et à la Chambre, seront un test crucial pour la majorité. Si, à la Chambre, les chiffres n’y sont pas, on commencera à travailler sur ces deux options. Bien sûr la décision relève du Quirinal, mais chacun a sa vision du ‘happy end’. En faveur des élections, il y a d’abord Berlusconi et la partie du PdL qui lui reste fidèle ; le meilleur indice en est le super-amendement à la loi de stabilité : si le Cavaliere est allé au G20 de jeudi avec un texte à moitié vide par rapport aux engagements de la lettre adressée à l’UE, c’est parce qu’aspirant à des élections il n’a nul intérêt à accabler les Italiens de sacrifices. S’il voulait vraiment tenir jusqu’en 2013, comme il le prétend, il aurait donné plus de gages de rigueur dans le respect des engagements – au lieu de quoi il a exposé l’Italie à passer sous ‘surveillance spéciale’ de l’Europe et du FMI. Conscient qu’il dispose d’une majorité trop fragile, il espère gagner du fait de l’alternative trop à gauche qu’offre l’axe Bersani-Vendola-Di Pietro. Les élections sont la seule carte à jouer pour ne pas finir hors du jeu avec des procès en cours. Elles sont aussi la seule carte pour une Ligue qui n’a aucun intérêt à participer à un exécutif technico-institutionnel avec au programme la réforme des retraites. Bossi sait qu’avec des élections rapides il peut encore déterminer les choix du parti et fixer les équilibres internes en vue de la succession : les élections sont un tonique à prendre tout de suite. Bersani aussi a intérêt à des élections : c’est son heure ; au contraire, en cas d’exécutif de responsabilité nationale, Renzi ou d’autres pourraient menacer son rôle dirigeant. Il n’a rallié qu’à contrecœur les ténors du PD (D’Alema, Veltroni, Letta) partisans d’un exécutif Monti (qui justement pourrait donner au parti le temps de revoir ses alliances et son leadership). Qui ne veut pas des élections ? Une partie du PD qui ne veut pas y aller dans le cadre de l’alliance avec Vendola ou Di Pietro. Et Casini (UDC) qui veut revenir au centre du jeu pour participer à la restructuration du centre droit sans Berlusconi et à un nouveau mode de scrutin proportionnel – le gouvernement technique étant vu comme le moyen de gérer la fin du berlusconisme, permettant ainsi au PdL et aux centristes de se retrouver (pour Casini, une belle rampe de lancement vers le Quirinal. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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