A la veille des élections locales, la Ligue se comporte comme si elle était le parti dominant au centre-droit.
03/05/2011
« Accord inévitable mais reste une ombre entre Berlusconi et Bossi » (Massimo Franco, Corriere della Sera) : « Une solution devrait être trouvée aujourd’hui au Parlement en début de séance. Pas de rupture en perspective : les réunions PdL-Ligue successives ont permis de ‘raboter’ les positions mais la longueur des négociations n’est pas de bon augure, ni non plus l’annonce puis le report d’une rencontre Berlusconi-Bossi. On ne sait si elle aura finalement lieu aujourd’hui. Le chef de l’Etat – qui, par un communiqué, a nié tout entretien téléphonique avec Bersani, secrétaire du PD – redit que ‘la décision’ quant aux suites des engagements pris par l’Italie demeure ‘de la responsabilité exclusive du gouvernement et du Parlement’. Il rappelle ainsi à chacun qu’il sera difficile de faire abstraction de l’adhésion au mandat de l’ONU sur la Libye, dont les incursions aériennes sont une conséquence et que toute motion devra en tenir compte. La Ligue voudrait voir fixée une date limite avant laquelle interrompre l’action militaire et Bossi avertit : ‘Berlusconi n’est pas idiot, il ne vote pas pour faire tomber le gouvernement’. Réponse du président du Conseil : la motion est ‘raisonnable’ et pourra être ‘adoptée telle quelle ou modifiée en partie, mais il faut en partager le sens’ ; ‘je ne vois pas de difficulté pour le gouvernement’. Mais, pour Casini, le texte léghiste est une ‘bouffonnerie’ : impossible de fixer une date limite à une mission de ce type. La mort de Ben Laden est prise pour argument par ceux qui ne veulent pas d’une des conditions mises par la Ligue. L’attaque de l’UdC vise moins le palais Chigi que Bossi, accusé de faire campagne ‘sur le dos des soldats italiens’. L’ensemble de l’affaire laisse augurer des effets possibles du scrutin, avec moins d’harmonie entre le PdL et la Ligue si les choses devaient mal tourner. Mais, dès aujourd’hui, l’issue de l’affrontement au Parlement pèsera sur l’avenir du centre droit. »
« Le Cavaliere évoque Ben Laden et convainc Bossi : ‘Les objectifs des guerres sont de long terme’ » (Carmelo Lopapa, La Repubblica) : « Aux léghistes de son gouvernement, un Berlusconi diplomate explique : ‘la mort de Ben Laden rappelle que la guerre a un objectif, mais que les résultats ne peuvent parfois être atteints qu’après des années’. Bossi refuse de lui parler – ‘il joue encore l’offensé’, dit le Cavaliere, que la mort de Ben Laden conforte, du point de vue des équilibres internes à sa coalition. Son allié lui tient tête mais Berlusconi n’en a cure : ‘ce sont des escarmouches, ce qui intéresse Umberto c’est de faire campagne à plein, mais je suis plus que confiant’. La partie qui se joue au niveau international est essentielle : le Cavaliere a mis au point lui-même, sous l’œil de Letta, les préliminaires de l’accord, aussitôt présentés aux ministres léghistes. La Ligue apprécie l’offre. Deux points clefs appellent une médiation de Berlusconi. Par rapport à la demande léghiste d’une date limite mise à l’action militaire, l’idée est de fixer une période durant laquelle devra être atteint un premier objectif de la campagne libyenne, après quoi l’Italie demanderait à ses alliés d’envisager le passage à l’option diplomatique – Frattini pourrait en parler avec H. Clinton, lors de sa venue à Rome le 5 mai, dans le cadre du groupe de contact pour la Libye. Sur ce point, la Ligue devrait donner son feu vert. Mais Bossi reste sur une ligne dure à propos d’immigration et du refus de crédits nouveaux pour l’action militaire. Berlusconi compte pouvoir le rassurer : ‘nous n’utilisons que 10 avions et il n’en décolle que deux par jour, d’où un impact financier très faible ; et le recours à des troupes au sol est déjà exclu par la résolution’. Des garanties qu’il espère vite pouvoir donner en personne à son allié – quand Bossi acceptera de le rencontrer. »
« La Ligue ‘pousse’ pour avoir Tremonti à la table des discussions » (Lina Palmerini, Il Sole 24 Ore) : « Le prochain sommet de la majorité s’annonce rude : la Ligue reste inflexible face à Berlusconi et fait une question de principe des six conditions de son texte, devenu ‘le’ seul texte possible pour atteindre un accord PdL-Ligue sur la Libye et éviter que l’exécutif ‘ne saute’. Berlusconi ayant qualifié la motion de ‘constructive’, Bossi compte que le Cavaliere soit cohérent et demande à ses fidèles de la voter. Pour accentuer la pression sur Berlusconi, Bossi exige la présence de Tremonti au sommet, même en cas de tête-à-tête Bossi-Berlusconi. Raison officielle : celui des six points ayant trait aux 700 M€ de coût des opérations mis en avant par La Padania (titre où certains au PdL ont vu la main du ministre de l’Economie). Raison politique : défendre Tremonti des attaques médiatiques à son encontre et relativiser l’axe Bossi-Berlusconi, pivot des moments critiques. Bon nombre tablent sur un accord Ligue-PdL, malgré une stratégie léghiste féroce : cuisson à petit feu jusqu’au dernier moment. Bref, même si on évite la crise gouvernementale, il y a avis d’expulsion pour Berlusconi et ‘saut’, déjà, vers l’après-Cavaliere. Les léghistes recherchent les voix de la base PdL. Dans le parti du Cavaliere, l’inquiétude grandit face aux prétentions hégémoniques affichées par la Ligue à la veille des élections locales, comme si elle était déjà le parti dominant au centre droit. On évoque un accord-cadre allant au-delà de la Libye (développement, postes de sous-secrétaires, fonctions-clefs à la mairie de Milan et projet de décret sur le délit d’immigration clandestine), qui vaudrait révision en profondeur d’un rapport de force altéré par le choix solitaire de Berlusconi de bombarder la Libye et le harcèlement médiatique visant Tremonti. »
(Traduction : ambassade de France à Rome).
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