Italie : la majorité se dissout et pourtant le gouvernement ne tombe pas.
09/11/2010
« L’axe du nord » (Massimo Franco, Corriere della Sera) : « La tentation de faire comme si de rien n’était est évidente. Le silence de Silvio Berlusconi et la volonté de la Ligue d’aller de l’avant comme si Fini n’avait pas lancé d’ultimatum dimanche le prouvent. Mais il faut prendre acte qu’une phase s’achève et que la crise se rapproche, tout en évitant une implosion du centre droit qui nuirait au pays. C’est pour cela que Napolitano a rappelé que budget de l’Etat et pacte de stabilité sont des ‘engagements auxquels on ne peut déroger’, craignant que la situation ne s’accélère. Cependant, on ne se demande plus désormais si et quand le gouvernement tombera mais plutôt comment. La course contre la montre devient dramatique si l’on pense, par exemple, qu’à la mi-décembre la Cour constitutionnelle doit se prononcer sur l’empêchement légitime. On ne sait ce qui se produira ensuite. La rencontre d’hier entre Berlusconi et Bossi est un point en faveur du président du Conseil. Leur position est identique : aucune solution alternative à ce gouvernement quand il tombera mais des élections anticipées – bien que la Ligue cherche encore une médiation avec FLI. La voie d’issue suggérée par Fini est uniquement théorique : une coalition avec l’UdC de Casini signifierait admettre l’échec de l’axe du nord. Fini n’est pas toujours très clair dans son propos – il dit souhaiter renforcer le centre droit et menace en parallèle du retrait de ‘ses’ ministres sous 48h. En bref, à court terme, FLI et UdC poursuivent le même objectif : faire tomber Berlusconi et donner vie à un gouvernement qui change la loi électorale et leurs leaders proposent une alliance identique à celle rompue en 2008 quand Fini choisit le PdL, laissant Casini à son destin solitaire. Sur leur parcours pèsent des inconnues, dues en premier lieu à qui prendra la responsabilité de la crise. Si des élections avaient lieu au printemps avec le même mode de scrutin, les ambitions de l’UdC et des finiens pourraient se révéler difficiles, non seulement à imposer, mais à concilier. Dans les phases de transition, tous sont de plus en plus seuls. »
« Le soutien de Bossi, ses limites et les échéances de décembre » (Stefano Folli, Il Sole 24 Ore) : « La majorité se dissout et pourtant le gouvernement ne tombe pas : voilà comment on pourrait résumer la tragicomédie italienne actuelle après les propos de Fini à Pérouse. Ce dernier est désormais bien éloigné de Berlusconi, mais le Cavaliere peut compter sur l’appui de la Ligue. Un soutien décisif qui pourrait lui coûter cher. C’est désormais Bossi qui mène le jeu et Berlusconi est à sa merci. Le chef de file de la Ligue pourrait provoquer une crise immédiate, demander un remaniement du gouvernement, voire détrôner le Président du Conseil au profit de quelqu’un d’autre, ou demander une majorité différente de l’actuelle. Mais tout cela n’a pas lieu pour une série de raisons. D’abord il ne peut pas compter sur FLI et l’UdC, qui sont plutôt orientés vers un front anti-Ligue. Berlusconi est encore très utile à Bossi, à condition que le jeu ne dure pas trop car même au sein de la Ligue, on constate un malaise croissant à l’égard du Cavaliere. Bossi n’est pas pressé, et le voilà donc qui se rend avec Berlusconi vers les plaines alluvionnées de la région de Venise, administrée d’ailleurs par la Ligue. Il faut parler au pays, surtout au Nord, en vue des prochaines élections. Des gestes concrets, donc, comme la priorité du Budget, récemment rappelée par G. Napolitano. Ensuite le fédéralisme fiscal, réforme cruciale pour Bossi qui compte la réaliser pour décembre. Ensuite ? La situation pourra difficilement aller de l’avant ainsi. Quand la loi de finances et le fédéralisme seront passés, il n’y aura plus de raison de maintenir le château de cartes tel quel et un prétexte peut être facilement trouvé même si la suite n’est pas encore sûre : des élections selon toute probabilité. Mais le chef léghiste tente toujours d’avoir plusieurs cartes à jouer. Plus que Berlusconi, son objectif est d’avoir un poids dans la nouvelle législature, avec la nouvelle majorité qui sortira des urnes. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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