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17/06/2010
« La stratégie pour écarter Fini » (Marcello Sorgi, La Stampa) :
« L’intervention, très dure, du président du Conseil à la fédération des commerçants (Confcommercio) s’explique par les changements survenus à la dernière réunion de la majorité, dans sa résidence romaine du palais Grazioli : hier, le Cavaliere a ajouté à ses sorties récentes – sur son pouvoir réduit, la lenteur du Parlement et contre la Cour constitutionnelle – un coup de semonce sur les écoutes, chiffres (un peu approximatifs) à l’appui sur le nombre d’Italiens espionnés. Le PdL a en effet décidé de ne pas passer en force à la Chambre, en laissant ouvert l’ordre du jour jusqu’à mi-août, mais plutôt de chercher un compromis en vue de l’adoption dans des délais raisonnables tant de la loi très contestée tout juste examinée au Sénat que de celles concernant la ‘manœuvre’ économique et la réforme universitaire. Ministres et conseillers ont expliqué au Cavaliere combien serait délétère un nouvel affrontement avec Fini. Bref, si Fini persiste à réclamer plus de temps sur les écoutes, il devrait être suivi par le PdL mais il aura moins de raisons de s’opposer à l’adoption définitive, d’autant qu’il a déçu le centre gauche. Et, si la loi sur les écoutes était reportée, il devrait s’engager à fond pour que loi de finances rectificative et réforme universitaire passent à la Chambre avant la pause estivale. Décisive a été l’attitude de Bossi qui, après les protestations des régions, a œuvré pour le dialogue et souhaité qu’on avance sur la ‘manœuvre’ plutôt que se braquer sur les écoutes : on va vers une négociation, difficile, sur les mesures anticrise. Le retour au réalisme et la campagne de pacification déplaisent forcément à Berlusconi qui craint que la loi sur les écoutes ne finisse aux oubliettes et garde une dent personnelle contre le texte budgétaire de Tremonti. Ayant dû faire contre mauvaise fortune bon cœur, il n’a pu se défouler que face aux commerçants. »
« Le signal de Bossi rouvre le jeu sur les écoutes » (Massimo Franco, Corriere) :
« Le report de la loi sur les écoutes en septembre est probable, à ce stade, sans être inévitable. La concomitance avec la loi de finances rectificative, rejetée par les régions, et la résistance du président de la Chambre pourraient y pousser le gouvernement. Hier, il a suffi d’un signe de Bossi, qui accepte l’idée qu’on puisse amender le texte budgétaire, pour que l’idée d’un report gagne du terrain. Les procédures parlementaires rappelées par Fini, l’exigence d’un débat approfondi et le silence de Napolitano ont convergé vers cette idée : un ‘oui’ avant l’été, à moins d’un passage en force, est impensable. La frustration de Berlusconi s’est vue face aux commerçants. Quand Bossi admet qu’un amendement ‘ne se met pas d’office à la corbeille’, c’est un appel du pied à l’opposition, une façon de faire apparaître Fini moins isolé et de confirmer son rôle d’interlocuteur du Quirinal. Au Palais Chigi, on admet un ‘télescopage dans l’ordre du jour de trois projets de loi d’égale importance’ (écoutes, ‘manœuvre’ et réforme universitaire), indice le plus sérieux d’un possible report au sujet des écoutes – tout en confirmant – paradoxalement – le ‘verrouillage’. En gros, le centre droit cherche la façon la meilleure de faire tout adopter dans ‘les meilleurs délais possibles’. On va vite voir si ‘télescopage’ est un euphémisme masquant une reculade ou s’il prélude à un bras de fer. »
« Régions : Berlusconi prêt à revoir les coupes budgétaires » (Roberto Petrini, La Repubblica) :
« Berlusconi fait des ouvertures aux régions mécontentes des mesures prévues par la loi de finances rectificative : il a reçu hier dans sa résidence romaine les gouverneurs PdL, emmenés par R. Formigoni (Lombardie) et R. Polverini (Latium), et les a assurés que serait proposé un réaménagement des coupes – quoique sans ‘toucher au montant total validé par l’UE’. Aujourd’hui, R. Fitto, ministre des Affaires régionales, a convoqué une réunion avec les régions pour engager le débat. Bossi a toutefois apporté un bémol aux remontrances des gouverneurs : ‘on ne touche pas au fédéralisme’, a-t-il assuré, ‘que Formigoni n’exagère pas’. Les ennuis sont loin d’être finis pour le gouvernement : sur la table se trouvent la Santé (protestation des médecins qui rencontrent aujourd’hui le ministre Fazio), l’école et la magistrature (aujourd’hui, blocage des audiences pour une heure), qui évoque un ‘coup de grâce’ porté à la justice. Les communes commencent aussi à s’organiser pour protester. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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